« Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire, c'est de l'épargner », Louis XV
Tom Clancy oblige, EndWar se déroule dans un univers plus ou moins contemporain. Plus ou moins, car en réalité c'est dans notre proche futur que le jeu de stratégie temps réel d'Ubisoft Shanghai cherche à nous plonger. Alors que l'Union européenne a progressé à grande vitesse, les États-Unis et la Vieille Europe sont parvenus à mettre au point un véritable réseau satellitaire antimissile. Dans ce futur proche, la menace nucléaire n'est plus qu'un mauvais souvenir, mais cela n'a pas mis un terme aux tensions. Au contraire, avec l'enfoncement de l'Arabie Saoudite dans le chaos, c'est toute la planète qui est en manque de pétrole.Il n'en fallait bien sûr pas plus pour mettre le feu aux poudres et en oubliant un peu rapidement la Chine notamment, les scénaristes en panne d'inspiration d'Ubisoft ont imaginé un affrontement façon Troisième Guerre Mondiale entre forces américaines, troupes européennes et armée russe. Cela dit, même un scénario mille fois ressassé peut aboutir à un jeu intéressant pourvu que l'ensemble tienne la route et surtout, que le gameplay soit à la hauteur. À ce niveau, Ubisoft a donc fait confiance au système de reconnaissance vocale imaginée pour la version console dont les commandes essentielles nous sont expliquées au travers d'un didacticiel pas mal conçu.
Une simple pression sur la barre d'espace permet de passer en mode « vocal » et de déclamer les ordres suivant un modèle relativement simple : unité du joueur / type d'action / destination. Par exemple, cela peut donner « Unité 1 / Attaquer / Ennemi 3 ». Comme la reconnaissance est bien fichue, le système s'apprend en quelques secondes et aucun risque à avoir : même en ne parlant pas très distinctement, l'ordinateur est capable de nous comprendre et reproduire l'ordre ainsi donné sans aucun problème. En réalité, il faut reconnaître que durant les premières minutes de jeu, la fonction est tout simplement bluffante.
Durant les premières minutes ? Oui, parce qu'ensuite les choses se corsent comme aurait pu dire Napoléon en se rendant sur l'île de Beauté. Notre brave général aurait même tendance à qualifier cet EndWar de Bérézina tant le jeu en lui-même n'est que succession d'approximations tactiques, de stratégies à l'emporte-pièce et de combats dérisoires. Mais précisons les choses et commençons en expliquant qu'EndWar ne propose aucune ressource à récolter, aucune base à construire. Il s'agit donc d'un jeu purement tactique dans lequel le joueur doit le plus souvent occuper des points de contrôle ou résister à l'offensive ennemie.
Une réalisation sommaire, une caméra pénible et des messages un rien « encombrants » !
« La guerre est faite par des gens qui ne se connaissent pas et qui se tuent, au profit de gens qui eux, se connaissent et ne se font jamais de mal », Paul Valéry
Hélas, l'intelligence artificielle est horriblement limitée alors que le gameplay repose intégralement sur le fameux papier / ciseaux / caillou. Le système triangulaire est ici utilisé à l'extrême et une unité « papier » n'a absolument aucune chance de résister face à ses « ciseaux ». Sur l'immense majorité des missions de la campagne, le joueur n'a finalement qu'à bien appréhender le rôle de chaque unité ennemie et envoyer, au bon moment, la Némésis de celle contrôlée par l'intelligence artificielle. Une IA qui ne trouve jamais la parade contre cette stratégie pourtant on ne peut plus sommaire.Après seulement quelques missions, le joueur se rend donc compte des limites de son adversaire et rien dans les objectifs ne le pousse vraiment à aller plus loin. Pire, il est même découragé par de grosses lacunes techniques comme la gestion parfois très aléatoire du pathfinding ou un système de caméra qui a surtout le chic pour nous présenter des angles de visions complètement « foireux ». Non vraiment, à moins d'être masochiste ou testeur de jeux vidéo, il n'y a aucune raison de pousser cette campagne jusqu'à son terme et guère plus de motifs pour se lancer dans le mode multijoueur.
Ce dernier partait pourtant plutôt pas mal avec un mode, Théâtre de Guerre, assez original dans lequel la planète de la campagne solo sert de cadre à un affrontement global. Selon les progrès de chaque camp en présence, la carte du monde est actualisée pour refléter l'avancée des factions. Hélas, cette actualisation ne se fait qu'une fois par jour et tous les affrontements de la journée se font donc sur la même carte : vite lassant. Pour le reste des modes multi, ce sont, là encore, ses limitations tactiques qui plombent EndWar : les parties se résument à un rush quasi systématique aux offensives sans aucune surprise.
Alors bien sûr, le néophyte complet, le nouveau venu dans le monde de la stratégie temps réel trouvera sans doute de quoi s'amuser. Mais alors que même sa réalisation ne lui permet pas de tirer son épingle du jeu, comment EndWar compte-t-il s'imposer face à la concurrence redoutable qui sévit en ce moment sur PC ? En réalité, c'est simple, le jeu d'Ubisoft n'en a tout bonnement pas les moyens : World In Conflict est plus spectaculaire, Dawn Of War II est plus tactique et Empire Total War est plus global... Reste l'originalité du mode de contrôle, en espérant qu'un développeur parvienne à en faire quelque chose de plus intéressant à l'avenir.
Conclusion
Pas question de juger de l'intérêt des versions PS3 ou Xbox 360 et pas question de critiquer les tentatives pour réaliser des jeux STR sur ces supports. En revanche, il n'est pas question non plus d'accepter tout et n'importe quoi de la part des éditeurs et c'est pourtant ce qu'Ubisoft nous propose avec EndWar version PC. Sur le papier, le contrôle vocal est intéressant, mais il est ici au service d'un titre loupé. Sur le plan technique, EndWar est à peine correct avec des unités qui répondent mal aux sollicitations du joueur, une réalisation graphique largement dépassée et une intelligence artificielle aux pâquerettes. En réalité, ce dernier point est le plus gênant, car il rend caduque toute appréciation tactique des choses. Les affrontements sont parmi les plus basiques qu'il nous ait été donné de voir depuis un moment avec une application bien trop rigide du système papier / ciseaux / caillou. Les objectifs de missions sont ennuyeux au possible et ce n'est pas l'intensité des conflits qui risque de réveiller le joueur... Les amateurs de tactique pure feraient mieux de se tourner vers Warhammer 40K : Dawn Of War II ou d'attendre World In Conflict : Soviet Assault pour un armement plus contemporain.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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