Crysis pacem para bellum
Question de principe, commençons si vous le voulez bien par le commencement. Nous sommes en 2020 et alors qu'une équipe d'archéologues américains travaillait sur une île de la mer des Philippines, le gouvernement des États-Unis perd tout contact. Plus gênant encore, la dernière communication du chef d'équipe, le Dr. Rosenthal, indique que l'île a été envahie par les forces nord-coréennes. Si la situation internationale est pour le moins tendue, rien ne laissait imaginer pareille opération de l'Armée Populaire de Corée (APC) et les États-Unis souhaitent donc intervenir de manière aussi discrète que possible. C'est pourquoi la mission d'infiltration / sauvetage a été confiée à quatre soldats des Forces Spéciales et à leur fameuse combinaison, la NanoSuit.Il suffit d'un Nord-coréen mégalo pour vous ruiner de belles vacances sous les tropiques
Sur le plan scénaristique, rien de bien exaltant donc. Crytek s'inspire du contexte international actuel pour nous pondre une trame pas très inspirée certes, mais largement suffisante pour garantir un jeu d'action rythmé avec ce qu'il faut de rebondissements. Afin de ne pas gâcher la surprise, nous n'entrerons cependant pas dans les détails. Disons donc que l'attaque des Nord-coréens avait pour but de sécuriser une découverte archéologique majeure, mais que les choses ont, comme toujours dans ce genre de situations, très mal tourné. Les vilains coréens se sont fait botter le derrière par des extra-terrestres encore plus méchants qu'eux et c'est à nous qu'incombe la lourde tâche de leur montrer la sortie, de la manière la plus musclée qui soit si possible.
En mode armure, la NanoSuit ne consomme que lorsqu'elle est touchée, en mode vitesse que lorsque Nomad court, et en mode Force que lorsqu'il frappe. Du coup, le mode camouflage est évidemment le plus gourmand puisqu'actif dès lors qu'il est enclenché. Une bonne partie de l'intérêt du jeu repose donc sur l'utilisation de ces différents pouvoirs qui fonctionnent comme autant de moyens de varier chaque situation. Obligé de traverser un camp coréen, Nomad peut ainsi opter pour un passage en mode furtif au nez et à la barbe de tous ou au contraire y aller en force. Même si cela demande un peu de pratique, il est bien sûr possible de mélanger ces approches en enchaînant très rapidement camouflage, vitesse et force avant de terminer sur armure... le facteur survie !
Si la NanoSuit est très utile, il ne faut pas oublier les nombreuses armes et leurs multiples accessoires
Au fur et à mesure du jeu, nous apprenons d'ailleurs à affiner l'utilisation de la NanoSuit et à multiplier les enchaînements pour surprendre nos adversaires. Le camouflage permet de s'approcher discrètement des ennemis alors qu'un petit coup de force suffira pour en saisir un et le balancer sur ses copains ! Le mode force, encore lui, s'avère également très utile lors des séances de tir de précision puisqu'il permet de stabiliser notre arme. Enfin, le mode armure est pratique lors des chutes ce qui, combiné à la fonction course, permettra de fuir devant un ennemi légèrement sous-estimé. Cette variété des utilisations de la NanoSuit est clairement le gros point fort du jeu et ce qui amènera des joueurs à refaire certains passages, voire la campagne dans son ensemble.
Zones montagneuses, petites rivières, bases complètes et complexes, plages, entrepôts, ancienne mine, rizière... Les environnements sont aussi nombreux que diversifiés. Selon le cas, le joueur a d'ailleurs à sa disposition toute une panoplie de véhicules (bateaux, camions, tanks, hummers, pickups...) qui renouvellent là encore notre expérience et apportent une certaine liberté. De manière générale, les chapitres de la campagne débutent tous avec un objectif principal relativement simple. Au cours de la mission, des objectifs secondaires apparaissent le plus souvent et l'objectif principal peut changer du tout au tout. Peu importe à la rigueur, car ce qu'il est intéressant de noter, c'est la liberté d'action qui est laissée au joueur.
Un Nomad pas casanier pour un sou
Far Cry avait effleuré la chose, mais avec Crysis, les développeurs ont décidé d'aller beaucoup plus loin. La touche tabulation fait apparaître une carte sur laquelle il est possible de zoomer et de voir la position des objectifs à atteindre. Dès lors, le joueur est laissé entièrement libre. S'il a un tank « sous la main », il peut très bien foncer dans le tas, mais il est tout à fait possible de se la jouer Sam Fisher pour passer incognito. Quoique relativement courte, la démo jouable publiée par Electronic Arts donne un bon aperçu de ces approches complètement différentes qu'il est possible d'adopter. Ainsi, certains joueurs se sont amusés à la terminer sans tuer un seul ennemi et si ce n'est pas toujours possible, on peut se donner toutes sortes de défis.Le plus évident de ces défis est évidemment de terminer le jeu au niveau de difficulté maximum (« delta »). Quatre modes différents sont accessibles afin que chacun puisse trouver chaussure à son pied et si la progression est bien fichue, les puristes regretteront sans doute que le « delta » ne soit pas aussi ardu que dans Far Cry. Cela dit, la campagne solo devrait malgré tout offrir une bonne quinzaine d'heures de jeu, même aux meilleurs d'entre nous. Compte tenu de la « rejouabilité » de l'ensemble, ce n'est pas mal du tout. Histoire de critiquer, on pestera tout de même un peu contre ces soldats nord-coréens qui malgré la minceur de leur gilet pare-balles, résistent à un chargeur complet plutôt bien ajusté !
Entre l'andouille qui balance une grenade alors que ses potes avaient décidé de me charger et celui qui reste immobile alors que je suis à deux centimètres de lui... Nous ne sommes pas aidés, ou plutôt si nous le sommes ! Cela dit et si nous espérons les voir très rapidement corrigés, ces problèmes ne viennent jamais plomber le jeu. Mieux, Crytek s'est nettement amélioré depuis Far Cry tant dans la narration que dans la restitution de l'atmosphère et nous ne parlons même pas de la rencontre avec les extra-terrestres ! Qui dit atmosphère, dit évidemment réalisation technique et il était impossible de ne pas en parler dans un test de Crysis.
Les décors et environnements de Crysis sont parmi les plus beaux du jeu vidéo
Alors évidemment, le jeu de Crytek est une petite merveille graphique, cela ne surprendra personne. Testé sur une machine puissante (Core 2 Duo, 2 Go de mémoire, 8800 Ultra), le jeu tournait de manière parfaitement fluide détails en 'élevé' en 1680x1050. Qu'il s'agisse de la végétation, de la plage ou des différentes habitations / structures, tout est alors magnifique. Les textures sont belles et détaillées, les éclairages dynamiques omniprésents sans en faire trop et même les animations des personnages, un peu raides aux yeux de certains, passent finalement pas mal du tout. Là, nous parlions du mode DirectX 9, car autant être clair, le mode DirectX 10 ne change pas grand-chose, mais provoque en revanche une belle chute des performances.
Ainsi équipé, vous jouerez avec tous les effets graphiques, et ce, sans saccade... Un élément utile en solo, mais capital en multijoueur. Notez l'habile transition pour aborder le jeu en réseau. Ici, Crytek a voulu faire dans l'efficacité. Du coup, seulement deux modes sont proposés et destinés à des publics radicalement différents : le deathmatch est un défouloir où tout le monde massacre tout le monde alors que power struggle se veut plus fin. Ce second mode oppose deux équipes dont le but est de détruire le QG adverse. Cette destruction passe par le contrôle du laboratoire (situé au milieu de la carte), seul capable de produire les armes nécessaires à l'assaut. À cela s'ajoutent des bâtiments pour le respawn, d'autres pour l'achat de véhicules et un système de points de prestige qui fonctionne comme l'argent dans Counter-Strike. Il est hélas trop tôt pour dire si oui ou non les joueurs suivront, mais les différents essais que nous avons pu faire avant la sortie de Crysis se sont révélés très concluants. Sans être du niveau de Battlefield 2 par exemple, le multi de Crysis est un excellent complément à la campagne solo... Une bonne façon de rentabiliser son investissement.
Conclusion
En définitive, que retenir de Crysis ? Bien sûr, il ne mérite pas le tapage qui a entouré sa sortie... Franchement, quel titre pourrait en être digne ? Mettons donc l'aspect marketing de côté pour nous focaliser sur le jeu et de ce point de vue là, pas grand-chose à reprocher à Crytek. Les développeurs ont su réagir aux critiques formulées à l'encontre de Far Cry et si jamais rien n'est parfait, le bilan est impressionnant. Techniquement d'abord, Crysis est bien la claque annoncée. Il faut certes une machine puissante pour en profiter, mais cela n'a rien d'anormal et l'optimisation de l'ensemble n'est pas en cause. Point faible de Far Cry, le scénario n'est guère plus original ici, mais la narration est intéressante et permet de mieux exploiter le gameplay ouvert du jeu : les quatre usages de la combinaison, les multiples chemins accessibles ou la variété des environnements permettent à chacun d'adopter un style de jeu différent. Pour ne rien gâcher, la durée de vie de la campagne est loin d'être ridicule (environ 15 heures) et il est envisageable de la refaire pour changer de style justement. Côté multijoueur, Crytek n'est pas encore au niveau des ténors, mais les progrès sont indiscutables et pourvu que vous trouviez des joueurs habitués, le mode power struggle est une réussite. Nous nous étonnerons tout de même de l'absence de mode team deathmatch alors que le deathmatch seul est au rendez-vous. Conforme à ce que nous attendions, Crysis est donc ni plus ni moins que le FPS de cette fin d'année : il ne lui manque finalement qu'un petit brin de folie, une âme diront certains, pour surprendre le joueur comme a pu le faire un BioShock.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
Comme souvent, nous terminons cet article en « récompensant » ceux qui lisent jusqu'au bout avec des captures de Crysis en bi-écran : pas très jouable, cette résolution est tout de même très impressionnante.