Face au nouveau coronavirus, nombreux sont les géants économiques à s'être temporairement reconvertis dans la production de respirateurs. PSA, Valeo, Dyson, Lamborghini... Tous vont réaliser du matériel médical.
General Motors aussi va produire des respirateurs. Mais suite à des négociations, l'administration Trump a annoncé qu'elle paierait 489 millions de dollars au géant de l'automobile pour la production de 30 000 respirateurs d'ici le mois d'août.
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Fierté relative
Dans son communiqué de presse, GM se dit « fière de déployer sa capacité d'achat et de fabrication aux côtés de l'expertise en soins respiratoires de Ventec ». En effet, General Motors n'étant pas spécialisée dans le domaine médical, elle utilisera les plans mis au point par la société Ventec Life Systems, avec qui elle a conclu un partenariat il y a plus de deux semaines. Au même titre que PSA, Valeo, Dyson, ou encore Lamborghini, l'entreprise bouleverse ses habitudes pour venir en aide en ces temps de crise. Des personnalités de la tech comme Elon Musk et Bill Gates mettent également la main à la pâte.Le communiqué ajoute : « GM et Ventec Life Systems travaillent avec rapidité et urgence pour doter les professionnels de la santé de première ligne des ventilateurs de soins intensifs dont ils ont besoin pour traiter les patients gravement malades ».
La fierté de General Motors semble pourtant toute relative. Si la production de 30 000 respirateurs s'accompagnera d'une belle contrepartie, l'entreprise n'a toutefois pas eu d'autre choix que de coopérer. Il y a deux semaines, Donald Trump a obligé le géant à faire équipe avec son département de la Santé et des Services sociaux (HHS) en invoquant le Defense Production Act (DPA), un texte datant de 1950 et offrant au gouvernement américain plus de contrôle sur la production industrielle du pays. Un rapport du Congressional Research Service précise que celui-ci peut être utilisé « par l'ensemble du gouvernement fédéral pour façonner la base industrielle nationale de sorte que, lorsqu'elle est sollicitée, elle soit capable de fournir les matériaux et les biens essentiels nécessaires à la défense nationale ».
Entre tensions et délais à respecter
Donald Trump a eu recours à l'argument de la sécurité nationale parce qu'il estimait que GM « perdait du temps » en négociations. Alors que le président américain a annoncé le mois dernier un objectif global de 100 000 respirateurs pour le 1er juillet prochain, il a publié le 27 mars un tweet assassin envers le géant automobile, assénant que « comme d'habitude avec "cette" General Motors, les choses ne semblent jamais aller comme prévu. Ils ont dit qu'ils allaient "très rapidement" nous donner 40 000 respirateurs indispensables. Maintenant, ils disent que ce ne sera que 6 000, fin avril ».Dans un second tweet, il a donné à Ford et GM un ordre simple : « COMMENCEZ À FABRIQUER DES RESPIRATEURS, VITE !!!!! ».
General Motors MUST immediately open their stupidly abandoned Lordstown plant in Ohio, or some other plant, and START MAKING VENTILATORS, NOW!!!!!! FORD, GET GOING ON VENTILATORS, FAST!!!!!! @GeneralMotors @Ford
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 27, 2020
Le DPA doit aussi aider General Motors à « obtenir le plus rapidement possible les fournitures dont ils ont besoin pour produire des respirateurs ». Mais en fin de compte, General Motors fournira ses respirateurs encore plus lentement. Si l'entreprise a des délais à tenir face à une épidémie qui s'annonce extrêmement meurtrière aux États-Unis, et ce malgré la mobilisation face à la menace, le groupe n'aura que 6 132 respirateurs à livrer d'ici fin mai. D'autres échéances sont prévues pour les mois suivants, les 30 000 respirateurs devant être assemblés d'ici la fin du mois d'août.
Source : Ars Technica