Il fut un temps où il était bien délicat de choisir une carte graphique. Les plus anciens écraseront une larme en repensant à 3DFX, Rendition ou Virge. Si les choses sont aujourd’hui plus simples, le renouvellement interroge toujours. Quand et pour quels bénéfices ? Est-il nécessaire de troquer sa GeForce RTX 2070 pour une RTX 3070, voire une RTX 4070 ?

Sans parler des RTX 4080/4090, la RTX 4070 est-elle l'incontournable du joueur ? © Clubic
Sans parler des RTX 4080/4090, la RTX 4070 est-elle l'incontournable du joueur ? © Clubic

Au travers de l’exemple de deux des plus grosses sorties de l’été, nous allons vous aider à y voir plus clair. Plutôt que de parler des cartes les plus haut de gamme – inaccessibles à la majorité des joueurs – ce sont les RTX 2070 SUPER, RTX 3070 Ti et RTX 4070 SUPER qui ont été retenues pour identifier l’intérêt et les bénéfices d’un remplacement « poste pour poste ».

Une petite histoire de DLSS…

Année après année, les moteurs graphiques utilisés sur nos jeux favoris se sont enrichis et les jeux sont devenus de plus en plus complexes, toujours plus exigeants pour nos cartes graphiques. Nous parlons ici de la qualité des textures bien sûr, mais aussi des jeux de lumière, des ombres, des reflets et des projections. Autant d’éléments qui flattent la rétine autant qu’ils mettent à genoux les GPU.

Le réalisme des moteurs physiques et la complexité des animations sont également là pour faire un peu plus trembler des cartes graphiques qui peinent parfois à assurer un rendu de qualité tout en maintenant un haut niveau de fluidité et vous vous en doutez, l’arrivée en force du ray tracing n’est pas pour simplifier les choses. Heureusement, des solutions existent.

DLSS 1 a posé les bases de la technologie de NVIDIA © Clubic
DLSS 1 a posé les bases de la technologie de NVIDIA © Clubic

Dès 2019, NVIDIA a imaginé le Deep Learning Super Sampling ou DLSS qui s’appuie sur l’intelligence artificielle pour assister le GPU et mettre en branle de puissants algorithmes afin de simplifier la tâche de ce dernier. Si DLSS 1.0 n’avait pas forcément convaincu, la sortie de DLSS 2.0 en avril 2020 a corrigé le tir… et mis presque tout le monde d’accord. Pour en profiter, il faut toutefois que le GPU dispose de Tensor Cores, c’est pour cette raison qu’une GeForce RTX est souvent considéré comme « le minimum pour jouer dans de bonnes conditions ».

DLSS 2 (en haut) vs. DLSS 3 (en bas) : des différences fondamentales © NVIDIA

Un peu plus de deux ans plus tard, DLSS 3.0 est venu apporter une nouvelle pierre à l’édifice avec la fonction frame generation : il s’agit pour l’IA de créer une image sur deux, laissant l’autre à la charge du GPU. Pour créer chacune de ses images, l’IA se base sur celle d’avant/celle d’après et peut aussi compter sur l’analyse des vecteurs de mouvement afin d’établir quelque chose d’aussi réaliste que possible. Très vite, le rendu impressionne et, en dehors de cas très particuliers, il est difficile de faire la différence entre les images rendues par le GPU et celles imaginées par l’IA.

DLSS 3.5 apporte une pierre supplémentaire pour un rendu de qualité © NVIDIA

Encore un an plus tard, avec la sortie des GeForce RTX 4000, NVIDIA introduit DLSS 3.5 lequel ajoute une brique supplémentaire : la reconstruction de rayons. De plus en plus populaire, le ray tracing gagne avec cette technologie un module d’IA capable de remplacer – avantageusement bien sûr – les denoisers utilisés jusqu’alors. Mieux, maintenant en mesure d’associer le travail de génération d'images et de reconstruction de rayons, l’IA dope encore qualité du rendu et niveau de performances.

Quel DLSS pour quelle(s) génération(s) de GeForce RTX ? © NVIDIA

Malgré les efforts des studios de développement et des évangélisateurs de NVIDIA, l’adoption de ces technologies est encore inégale et tous les jeux ne combinent pas forcément toutes les options.

Ainsi, sur les deux jeux que nous avons retenus, le rendu est différent : quand Black Myth: Wukong met le ray tracing à toutes les sauces (ombres, reflets, particules, rebonds multiples…), c’est moins complet sur Star Wars Outlaws. Est-ce à dire qu’une carte comme la RTX 2070 SUPER n'a plus sa place sur les jeux d'aujourd'hui ? Dans quelle mesure le passage à une RTX 3070 Ti est-il utile et, surtout, à partir de quand c’est RTX 4070/4070 SUPER sinon rien ?

Le cas Star Wars Outlaws

Développé par Massive Entertainment pour le compte d’Ubisoft, Star Wars Outlaws exploite le Snowdrop Engine pour afficher son monde ouvert. Un moteur qui a la particularité de ne pas être « exclusif » à NVIDIA et qui autorise, par exemple, la génération d'images via la technologie AMD sur les cartes qui ne pourraient pas faire tourner celle de NVIDIA. Mouais.

Les configurations recommandées par le studio © Ubisoft

Les configurations de référence publiées par Ubisoft ne sont pas tendres avec la GeForce RTX 2070 SUPER qui est à cheval entre minimale et recommandée. Cela dit, la RTX 3070 Ti n’est pas bien mieux lotie et pour parler aux joueurs « enthousiastes », point de salut sous la RTX 4070.

À gauche, détails graphiques sur « bas » ; à droite, en « ultra » © Clubic
À gauche, détails graphiques sur « ultra » ; à droite, avec l'option de ray reconstruction © Clubic
À gauche, détails graphiques sur « bas » ; à droite, en « ultra » © Clubic
À gauche, détails graphiques sur « ultra » ; à droite, avec l'option RTX Dynamic Illumination © Clubic
Attention, Star Wars Outlaws est juste avec 8 Go de VRAM dès le 1440p © Clubic

Ci-dessous à gauche, les mesures sont faites avec le temporal anti aliasing, un rendu sans DLSS, et en activant toutes les options ray tracing, même le RTX Dynamic Lightning. Le résultat ne se fait pas attendre.

Les cartes dotées de 8 Go de VRAM ne peuvent monter au-delà du 1 080p. Pour garder 60 images par seconde en moyenne, la RTX 2070 SUPER impose de réduire le niveau de détails alors que « ça passe » pour la RTX 3070 Ti.

En revanche, pour jouer en 1 440p ou supérieur, même la RTX 4070 SUPER est insuffisante alors qu’elle brille en 1 080p. Heureusement, DLSS et sa génération d'images est là.

À gauche, avec TAA détails au maximum. À droite, avec DLSS et frame generation... si possible © Clubic

À droite, nous avons donc activé DLSS en mode qualité cependant. Nous avons aussi profité de la reconstruction de rayons pour nous flatter la rétine et, donc, de la génération d'images DLSS. Mais cette dernière n’est exploitable que sur la RTX 4070 SUPER et cela se ressent immédiatement.

Sur la RTX 2070 SUPER, on voit que DLSS fait déjà de très belles choses et la quantité de VRAM n’est plus un blocage pour le 1 440p : mais il faudra baisser le niveau de détails pour que ça soit jouable.

C’est un peu moins vrai sur la RTX 3070 Ti qui profite à plein de DLSS, véritable bouffée d’air frais qui rend le 1 080p impeccable en étant pratiquement toujours au-dessus des 60 ips.

Reste que pour jouer confortablement en 1 440p et profiter de tous les atouts visuels, la génération d'images DLSS de la RTX 4070 SUPER est une merveille : 87,2 ips de moyenne détails au maximum, c'est bien davantage que sur la RTX 3070 Ti même lorsque celle-ci est en 1 080p.

Le cas Black Myth: Wukong

Développé en Chine par Game Science, Black Myth: Wukong est un produit Unreal Engine 5 et il entend le faire savoir. Le ray tracing est ici utilisé abondamment, depuis les reflets – sur l’eau par exemple – jusqu’aux particules en passant par les ombres et l’éclairage indirect « multi-rebonds » : les rebonds en cascade du ray tracing offrent un rendu plus précis des lumières.

Les configurations recommandées par le studio © Game Science

Les configurations pour Black Myth: Wukong laisse davantage de « chances » à notre RTX 2070 SUPER (en « recommandée ») et la RTX 3070 Ti est un peu au-dessus du minimum pour le ray tracing. Mais pour profiter au mieux des atouts du jeu, la RTX 4070 SUPER reste une référence pour le studio.

À gauche, détails graphiques sur « bas » ; à droite, en « ultra » © Clubic
À gauche, sans ray tracing ; à droite, avec © Clubic
À gauche, sans ray tracing ; à droite, avec © Clubic
La génération d'images est indissociable de la génération RTX 4000 © Clubic

Ci-dessous à gauche, les mesures sont réalisées avec les détails au maximum – ray tracing compris – mais sans technologie de super-échantillonnage… et cela se voit ! Black Myth: Wukong est alors injouable sur RTX 2070/3070 et même la RTX 4070 SUPER est en difficulté en 1 080p. Cela dit, on voit que moins de détails graphiques seront à supprimer pour que cette dernière dépasse les 60 ips.

À gauche, détails au maximum sans DLSS. À droite, avec DLSS et frame generation... si possible © Clubic

Sur les jeux les plus exigeants graphiquement, DLSS est un passage presque obligé et Black Myth: Wukong nous en apporte une nouvelle preuve. Ci-dessus, nous avons gardé les détails au maximum, mais nous avons activé DLSS ainsi que la génération d'images DLSS… quand c’est possible.

Black Myth: Wukong souligne de manière beaucoup plus claire que Star Wars Outlaws l’importance des Tensor Cores de 4ᵉ génération pour jouer dans de bonnes conditions : alors que même en 1 080p, les RTX 2070/3070 ne sont pas jouables, la RTX 4070 SUPER permet d’être confortable même en 1 440p. Aujourd’hui, la génération d'images DLSS n’est certes pas indispensable, mais elle aide tellement.

Que conclure ?

Est-il possible de jouer en 2024 avec une carte graphique de génération Turing ? Faire tourner des jeux aussi gourmands que Black Myth: Wukong ou Star Wars Outlaws sur notre GeForce RTX 2070 SUPER tend à prouver que cela reste possible, mais inégal.

Ainsi, Black Myth: Wukong ne permet pas de jouer de manière confortable, la faute à sa richesse graphique et son utilisation, intensive, du ray tracing. L’impossibilité d’activer les options de génération d'images DLSS constitue un handicap. En revanche, sur Star Wars Outlaws, le résultat est plus engageant, et ce, même sans technologie particulière. Votre RTX 2070 SUPER n’est pas à jeter.

La RTX 2070 SUPER commence à sérieusement avoir du mal © Game Science

Il n’en reste pas moins qu’elle montre ses limites face aux apports graphiques des moteurs les plus modernes, Unreal Engine 5 en tête. À ce petit jeu, la génération Ampere apporte un grand bol d’air et notre RTX 3070 Ti fait d’importants progrès, sur Black Myth: Wukong notamment où l’activation de DLSS rend le jeu presque jouable. Hélas, « presque », ce n’est pas suffisant.

Alors que Black Myth: Wukong illustre davantage l’avenir des jeux vidéo que Star Wars Outlaws, force est de constater que le passage à une RTX 4070 SUPER débloque pas mal la situation. La RTX 3070 Ti reste une carte performante, mais si vous rêvez d’activer un maximum d’options graphiques et de jouer avec le ray tracing, la génération Ada Lovelace s’impose.

Génération d'images et reconstruction de rayons de la RTX 4070 métamorphosent les jeux © Ubisoft

Plus en phase avec son temps, la RTX 4070 SUPER est dotée de 12 Go de mémoire vive mais surtout, elle intègre ces Tensor Cores de 4ᵉ génération qui rendent possible l’activation de la génération d'images DLSS. Certes, on peut passer par la solution AMD, mais ce n’est pas la même mayonnaise et le rendu NVIDIA est à la fois plus propre et plus efficace.

Alors que les jeux – au moins les grosses sorties – font étalage de leurs atouts graphiques, une carte du type de la RTX 4070 SUPER devient LE point d’entrée pour les joueurs exigeants. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si elle ou sa petite sœur 4070 sont plébiscitées sur les configurations recommandées par les studios.

MSI GeForce RTX 4070 SUPER 12G VENTUS 2X OC

Gainward GeForce RTX 4070 SUPER Ghost