Jean-Pierre Clamadieu a dénoncé l'attitude de Suez au moment de discuter de l'offre transmise par Veolia, notamment sur les potentiels emplois menacés à terme.
Le 9 octobre dernier, une ordonnance de référé a suspendu le rachat par Veolia des parts détenues par Engie dans Suez (29,9% du capital), jusqu'à ce que les comités sociaux et économiques de Suez et Suez Eau soient consultés. Et alors que le groupe Veolia conteste cette ordonnance, la Cour d'appel de Paris doit rendre son verdict s'agissant de la première décision, verdict de confirmation ou infirmation du rachat des parts, attendu pour le 19 novembre. Engie a très officiellement apporté son soutien au projet d'OPA de Veolia encore cette semaine.
Engie affirme que Suez avait connaissance du projet de Veolia depuis un an et demi
Le président d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu, a réitéré le soutien apporté par son entreprise dans le processus de rachat des parts détenues dans Suez, lors d'une audition au Sénat le mercredi 4 novembre. Le 5 octobre, le conseil d'administration d'Engie avait d'ailleurs approuvé l'offre de Veolia, d'un montant de 3,4 milliards d'euros. « Malgré les appels depuis presque 18 mois maintenant à se préparer à une situation comme celle-ci, je crois qu’ils n’ont pas réalisé qu’elle pouvait se cristalliser et que les choses pouvaient avancer vite », a-t-il déclaré face aux sénateurs.
La veille du passage de Jean-Pierre Clamadieu devant les sages, le directeur général de Suez, Bertrand Camus, lui aussi auditionné, appelait la France à « éviter la disparition d'un fleuron français », dénonçant une nouvelle fois « une opération hostile » menée par Veolia, qui par ailleurs menacerait 4 000 à 5 000 emplois en France, estime Suez.
Sur cette question de l'emploi, Engie accuse Suez d'exagérer et d'avoir créé la panique notamment au sein des effectifs du groupe de gestion de l'eau et des syndicats. « Veolia dit aujourd’hui qu’il garantit l’emploi jusqu’en 2023 (…). Ces métiers de services ne se prêtent pas à des réductions massives d’effectifs », affirme le patron d'Engie, qui trouve « un peu dommage d'avoir inquiété le corps social de Suez de cette manière-là ».
Engie, tout comme l'État, est favorable à une nouvelle offre de Veolia
Sur la chronologie des événements, Jean-Pierre Clamadieu semble vouloir ménager la chèvre et le chou en affirmant, d'un côté, avoir été surpris par l'offre de Veolia, dont Engie n'a eu connaissance que « le dimanche 30 août au matin », et avoir été étonné du délai de réponse d'un mois fixé par la multinationale.
D'un autre côté, le président d'Engie affirme que les dirigeants de Suez ont « refusé tout dialogue avec Veolia », alors même qu'une telle offre couvait en réalité depuis un bon moment. Jean-Pierre Clamadieu prétend bien avoir prévenu Bertrand Camus, le directeur général de Suez, en marge de sa prise de fonction en mai 2019, quant à une évolution de la participation d'Engie dans Suez.
Affirmant par ailleurs que l'État, qui détient 24% des parts d'Engie, ne fait pas la pluie et le beau temps dans ce dossier (il ne possède que trois administrateurs sur treize au sein du conseil d'administration du groupe), monsieur Clamadieu précise néanmoins que le processus a été mené « en très bonne intelligence avec l'État », qui sur la forme n'était pas d'accord avec la première offre, mais qui invite Veolia à formuler une nouvelle offre pour renouer un dialogue plus sain avec Suez. Et ce n'est pas gagné.
Source : Public Sénat