Le lanceur d'alerte Edward Snowden, devenu mondialement connu en 2013 pour avoir révélé le système de surveillance massif de la NSA et de la CIA, s'est exprimé lors d'une interview avec France 24.
Depuis la Russie, où il vit en exil depuis la publication de ces informations dans de nombreux médias internationaux, Snowden a partagé ses réflexions et ses opinions quant à l'état de la surveillance globalisée actuelle.
Des changements de pratique... pour entrer dans la légalité
Durant cette interview, diffusée ce lundi 9 septembre sur France 24 et disponible en intégralité et en français sur YouTube, le lanceur d'alerte a expliqué que les programmes de surveillance de la NSA avaient été en partie « revus et modifiés ».« Mais pas de la façon dont vous et moi l'aurions souhaité », explique-t-il, « les programmes n'ont pas été revus avec une vision systématique et en profondeur. Ce qu'on voit, c'est un changement de loi aux États-Unis et dans certains pays dan le monde pour, disons, essayer de légitimer la surveillance en la légalisant ».
Edward Snowden affirme que le « même niveau d'espionnage » est maintenu grâce « à une sorte de pacte diabolique », entre les sociétés de télécommunication et les agences gouvernementales, comme la NSA, pour que les premières « conservent les enregistrements des abonnés ».
Une prise de conscience globale autour de la surveillance technologique
Edward Snowden a exprimé son opinion sur plusieurs autres sujets liés à la surveillance de masse, notamment celle réalisée par les géants du web. Tout en soulignant les problématiques inhérentes à l'enregistrement des données par Google ou Facebook, il considère qu'il y a eu une prise de conscience populaire depuis « l'affaire Snowden - NSA ».« Ce qui a changé entre 2013 et aujourd'hui, c'est que tout le monde sait que Google ou Facebook font des choses mauvaises et tentent d'influencer notre société, nos habitudes d'achats et notre façon de vivre, de manière extrêmement ciblée », affirme-t-il. « Ça ne résout pas le problème, mais la seule manière de le résoudre c'est d'abord de créer un sentiment de compréhension global. De connaître les faits, et on les connaît en partie ». Il a également souligné que les juges, aux États-Unis, commencent à s'intéresser à ces sujets.
Concernant sa situation personnelle, Edward Snowden est revenu sur son exil en Russie et sa « souffrance » de ne pas voir sa famille. S'il ne s'attend pas à un procès équitable aux États-Unis, il a le sentiment que l'opinion publique est en sa faveur. « Nous voyons des personnes ordinaires arriver au consensus selon lequel, même s'ils ne m'aiment pas personnellement... sur la balance, il vaut mieux savoir ce que notre gouvernement fait en secret. Cela (ses révélations, ndlr.) n'a pas mis des vies en danger, ça en a sauvé », a-t-il conclu.
Source : France 24