Visiblement agacé, notamment par les récentes acquisitions aux enchères de divers portefeuilles de brevets par ses concurrents, Google s'est fendu d'un billet sur son blog. Signé par David Drummond, l'un des vices présidents de Google, le billet (que vous pouvez lire ici) revient sur la situation, et dresse le constat que de telles activités freinent l'innovation. Dans son argumentation Google remet en question la pertinence de certains brevets, brandit le spectre d'une hausse du prix des terminaux Android et s'interroge sur les motivations qui ont poussé Apple et Microsoft à s'entendre pour racheter les brevets de Nortel notamment.
En plaçant le débat sur le terrain de la morale, et en se positionnant comme victime d'une guerre des brevets, Google prend des risques. Bien sûr la compagnie est jeune et ne dispose pas du portefeuille de brevets d'un Microsoft ou d'un Apple qui les accumulent depuis plus de vingt ans et cela peut constituer un handicap pour elle. Mais à première vue, le fait qu'Apple et Microsoft fassent valoir leur droit sur les brevets en question n'est pas illégal. En revanche, cela semble peut être injuste et l'on peut comprendre que Google soit agacé que ses concurrents utilisent les brevets comme une arme industrielle. Alors... est-ce anti-compétitif ? Vraisemblablement cette question trouvera une réponse à l'avenir...
En attendant, le retour de flamme ne s'est pas fait attendre. Dans un simple tweet, Brad Smith, l'un des vice-présidents de Microsoft s'étonne :
« Google dit que nous avons acheté les brevets Novell pour les en priver. Vraiment ? Nous leur avons demandé de faire une enchère commune avec nous. Ils ont dit non. »
En clair Microsoft s'est rapproché de Google pour leur proposer une acquisition commune des brevets de Novell et Google aurait répondu par la négative. Une telle révélation, qui s'il n'est pas confirmée officiellement par Google semble des plus crédibles vu son origine, remet en question toute l'argumentation de Google. Alors que Google nous explique que les enchères à 4,5 milliards de dollars dépassent largement la valeur initialement estimée à 1 milliard, le Tweet de Microsoft nous rappelle que le même Google était prêt à enchérir et suivait le dossier de près alors même qu'il qualifie ces brevets de suspects et discutables.
Dans tous les cas, il y a fort à parier que les autorités de la concurrence se pencheront sur le dossier dans les semaines ou mois à venir. En attendant, la guerre entre les géants de l'informatique pourrait reprendre de plus belle.