Les incendies qui traversent actuellement l'Australie ont déjà suscité d'intenses réactions sur les réseaux sociaux, également pavés de fausses informations. Ces derniers jours, une reconstitution 3D a été considérée par certains internautes comme une image satellite, alors que son auteur précisait bien que celle-ci exagérait les feux réellement déclarés.
Désormais, Twitter est aussi le théâtre d'une campagne de désinformation concernant ces feux, qui ont déjà brûlé une superficie équivalente à deux fois la taille de la Belgique.
#ArsonEmergency
C'est essentiellement sous le hashtag #ArsonEmergency que l'on peut retrouver ce qui s'apparente à des théories du complot. Le terme « Arson » désigne un incendie volontaire : les personnes utilisant ce hashtag estiment ainsi que les incendies ayant lieu en Australie sont d'origine criminelle. Une origine déjà démentie : le chef des pompiers en charge de la gestion des incendies de l'Etat de Victoria, Chris Hardman, a déclaré dans une interview donnée à FranceTVinfo que « les feux de brousse ont débuté le 21 novembre ici. Ils ont été causés par une série d'impacts de foudre qui ont touché le nord-est et l'est de l'Etat ». Il ajoute : « Les incendies sont habituels dans l'état de Victoria. Mais avec des températures très élevées, des vents forts et peu d'humidité, ces feux deviennent extrêmes ».Pourtant, le hashtag #ArsonEmergency prend « de plus en plus d'ampleur », d'après une analyse menée par Timothy Graham, de l'Université technologique du Queensland. Selon lui, « [ les internautes ] se concentrent sur le déni climatique et le fait que les Verts (les militants écologistes, ndlr.) sont responsables de feux criminels, eux-mêmes responsables des feux de brousse » que l'on connaît actuellement.
Bot or not ?
Les incendies criminels existent en Australie, comme partout. Néanmoins rien n'indique que cette région ou que cette période de l'année n'aient été particulièrement théâtre de ces feux volontaires. Le Sydney Morning Herald rapporte qu'en Nouvelle-Galles du Sud, l'un des états les plus touchés actuellement par les feux de brousse, 24 personnes ont été accusées de tels actes.Timothy Graham a collecté des tweets postés avec des hashtags renvoyant aux incendies australiens et les a fait analyser par un logiciel nommé Tweetbotornot. Celui-ci affecte une note entre 0 et 1 à chaque tweet, 0 signifiant que le tweet concerné n'est « pas du tout un bot », et 1 signifiant que le tweet est « clairement celui d'un bot ». Les résultats, lisibles ci-dessous, montrent une importante proportion de tweets postés par des robots.
Timothy Graham a déclaré : « Cela a montré qu'il y avait une proportion très élevée de bots, beaucoup plus élevée que ce à quoi nous nous attendions ». Le chercheur se dit « au moins convaincu » que ces chiffres illustrent l'existence d'une campagne de désinformation.
Le gouvernement australien a déjà appelé à la vigilance face à des hackers se faisant passer pour des sociétés de charité, qui cherchent à lever des fonds prétendument destinés à aider la flore, la faune ou les habitants de l'Australie. Ce qui, bien sûr, ne sera jamais le cas.
Source : ZDNet