Si la géothermie est une piste envisagée en tant qu'énergie propre, les profonds forages qu'elle nécessite pour les applications de grande envergure impliquent une augmentation de l'activité sismique. L'ETH de Zürich a publié un article complet sur le sujet.
Une étude publiée le 26 janvier dernier dans le Journal of Geophysical Research donne cependant l'exemple d'un forage qui n'a pas montré de changement important de son activité sismique. Bien que le projet se caractérise par la profondeur de ses puits, il n'aurait pas provoqué de séisme majeur.
De la réputation de la géothermie
L'année dernière, les forages géothermiques auraient été responsables du second plus grand séisme jamais enregistré en Corée du Sud. En France également, une augmentation de l'activité sismique observée en 2019 pourrait avoir été causée par l'activité géothermique.Cependant, pour Riccardo Minetto, chercheur à l'université de Genève, le public entend essentiellement parler des cas d'exploitation géothermique qui tournent mal, soulignant qu'« il y a également de nombreux cas de puits forés à des fins géothermiques qui sont positifs ». Les auteurs de l'étude, qui ont analysé l'activité sismique dans le champ géothermique de Larderello-Travale, en Italie, entre juin 2017 et janvier 2018, espèrent dissiper les peurs concernant cette méthode. Leur étude souligne que les forages à cet endroit n'ont pas engendré d'activité sismique notable.
Trop tôt pour des conclusions
Le site de Larderello-Travale a une longue histoire derrière lui. Lancé en 1904, il produit aujourd'hui environ 10 % de l'électricité mondiale issue de la géothermie. En 2015, des sociétés énergétiques et des instituts de recherches y ont lancé un projet nommé Descramble, qui vise à déterminer les possibilités d'exploitation des eaux « supercritiques », une phase obtenue lorsque le fluide est porté à une température supérieure à 374°C et à une pression supérieure à 218 bars. Le chantier a commencé son forage en 2017, mais a été ralenti par des températures 200°C plus élevées qu'attendues.Pendant ce processus de forage, les scientifiques ont observé l'activité sismique au moyen de sismomètres ultra-sensibles. Alors que le chantier atteignait, selon Wired, « des régions bien plus chaudes que pour n'importe quel autre puits géothermique », l'équipe a enregistré une activité sismique à des niveaux normaux.
Les résultats sont encourageants pour le secteur de la géothermique, même s'il est impossible de les généraliser. Bien que Riccardo Minetto souhaite restaurer la réputation de la géothermie dans la quête des énergies propres, il admet que le forage des fluides supercritiques « pourrait induire des événements sismiques plus importants ». À l'inverse, il est également impossible de savoir si le forage des fluides supercritiques, qui reste une activité émergente, comporte davantage de risques qu'un forage de puits géothermique conventionnel. À ce sujet, le chercheur a déclaré qu'« il y a encore trop d'inconnues sur les fluides supercritiques pour donner une réponse appropriée ».
Peut-être ces données arriveront-elles bientôt : le département américain de l'Energie vient d'annoncer un financement de 25 millions de dollars dans des tests géothermiques.
Source : Wired