La bulle des tests ADN bon marché aurait-elle déjà éclaté ? C'est en tout cas ce que l'on peut comprendre des explications fournies par la P-.D.G. de 23andMe suite au licenciement de 14 % de ses effectifs.
23andMe, entreprise américaine spécialisée dans les tests ADN à destination des particuliers, a annoncé hier avoir remercié 100 de ses salariés. Une décision pragmatique, motivée par le « surprenant » déclin des ventes, explique Anne Wojcicki, patronne de la start-up.
Un marché en perte de vitesse
Interrogée par la chaîne américaine CNBC, Anne Wojcicki semble tomber de haut. Elle peine à s'expliquer pourquoi le marché encore récent des tests ADN pour particuliers est au point mort. Rationnelle, elle avance que le marché « n'est pas prêt à aller plus loin » pour le moment.L'entreprise, qui aurait récemment levé quelque 786 millions de dollars pour du recrutement et de l'acquisition, enregistrait pourtant d'excellents résultats jusqu'à l'année dernière. Après des débuts chaotiques qui ont vu son développement enrayé à cause de relations tendues avec la Food and Drug Administration (FDA), 23andMe a véritablement commencé à prospérer à partir de 2015. Une période durant laquelle, raconte CNBC, l'entreprise employait plus de 700 personnes.
Ce n'est donc que récemment que du plomb est venu se loger dans son aile. Des signaux faibles auraient pourtant dû lui mettre la puce à l'oreille : Francis DeSouza, dirigeant d'Illumina, constructeur de séquenceurs ADN — qui compte 23andMe parmi ses clients — prévenait l'an dernier que ses ventes étaient en déclin. La banqueroute du concurrent Veritas Genetics en 2019 ne disait d'ailleurs pas autre chose.
Des interrogations quant à la confidentialité des données
Mais pour Anne Wojcicki, il est évident que les questions liées à la notion de confidentialité des données ont joué un rôle dans le ralentissement du marché. Et pour cause : l'ADN est probablement la donnée la plus personnelle que l'on puisse détenir. Les débats de plus en plus virulents sur la surveillance généralisée, ou encore l'instauration récente du CCPA (équivalent californien du RGPD) auraient pu échauder la clientèle de 23andMe ?« Je pense que le monde de la tech doit mieux communiquer sur les normes de confidentialité pour établir la confiance », déclare la cheffe d'entreprise, dont la sœur est Directrice Générale de YouTube. « Je veux me lancer et m'approprier cette confiance ».
Aux États-Unis, la potentielle utilisation de l'ADN à des fins de contrôle de la population est un sujet brûlant. En octobre dernier, l'administration Trump a fait connaître son intention de prélever systématiquement un échantillon ADN de tout immigré entré illégalement sur son territoire. Une aberration, pour l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), qui juge la mesure « contraire aux notions basiques de liberté et d'autonomie ».
Via : CNBC