Afin de quantifier les besoins des sociétés en matière de compétences, Cap Digital vient d'éditer un baromètre portant sur l'emploi dans l'informatique. Le document doit servir d'indicateur afin de comprendre les attentes des professionnels mais également celles des demandeurs d'emplois.
Pour ce faire, Cap Digital a mené une collaboration avec la start-up Multiposting. Pour éditer son baromètre, cette dernière précise s'être appuyée sur une base d'un million d'offres uniques d'emploi diffusées auprès des sites spécialisés mais également auprès du réseau de professionnels, établissement publics et écoles partenaires de Cap Digital.
Pour Simon Bouchez, directeur général de Multiposting, le constat est clair : « on ne produit pas suffisamment de talents en relation avec les demandes des professionnels. Nous constatons que le nombre d'offres est en augmentation mais ces mêmes annonces perdent en attractivité car peu de personnes ont finalement le bon profil ».
Selon le baromètre, les profils les plus recherchés par les professionnels sont, en fonction du nombre d'annonces proposées :
- Les développeurs (Web, Webdesigner...)
- Les profils « spécialisés » (Juriste Internet, expert en sécurité informatique...)
- Les chefs de projet (Consultant IT, chef de projet Web)
- Les analystes de l'information (veilleur stratégique, knowledge manager...)
- Les administrateurs (réseaux, gestionnaires de bases de données)
- Les chargés du marketing, de la communication et de la vente (rédacteur Web, Webmarketeur, acheteur d'espace publicitaire Web)
L'ensemble de ces professions (excepté le marketing) est en plein essor et le nombre d'annonces est en forte augmentation (entre 18 et 30%). Malgré tout, le baromètre précise que ces postes sont « peu attractifs », dans la mesure où encore peu de personnes sont à même de postuler.
Cap Digital cherche ici à mettre en avant l'inadéquation entre ce que recherchent les professionnels et la pénurie de « bras » dans certains postes. Des manques particulièrement criants d'autant que certains profils peuvent ne plus correspondre aux attentes des professionnels. A titre d'exemple, si, pour les développeurs, la maîtrise de Java reste quasiment incontournable, la demande se fait à présent plus forte pour intégrer des personnes capables de travailler avec le langage Python.
Un chômage en hausse en France
Si la situation dépend donc en partie du profil de celui qui cherche un emploi, le marché reste loin d'être optimal. Selon les dernières informations rapportées par le ministère du Travail et de l'Emploi, le chômage de la catégorie systèmes d'information et de télécommunication a été touchée de plein fouet par le ralentissement économique.Si le quatrième trimestre s'est révélé stable, l'année dernière a vu le nombre de chômeurs de la branche croître de 7,5%. L'impact est donc lourd sur ces professions en France d'autant que certaines personnes formées sur le territoire n'hésitent à présent plus à quitter le pays. A ce sujet, Stéphane Distinguin, président de Cap Digital et PDG de Fabernovel explique : « La recherche de compétences est importante. Il s'agit là d'un enjeu de rapidité et d'accélération car si un développeur ne trouve pas de travail en France, il partira ailleurs, dans la Silicon Valley. Certains stagiaires y touchent d'ailleurs, pendant une période de 1 à 3 mois, jusqu'à 10 000 dollars mensuels ».
Certaines réussites actuelles servent en effet d'alerte pour le secteur. Docker, l'une des start-up actuellement les plus en vues dans l'IT a été fondée par des Français. Toutefois, malgré un début d'activité sur le territoire, la société a été contrainte de trouver des fonds aux Etats-Unis. Après un passage réussi par la plateforme de financement participatif Ycombinator, la société s'est développée outre-Atlantique.
A présent, de nombreux anciens élèves de l'Epitech (l'école des fondateurs de Docker) travaillent à San Francisco pour Docker. Une stratégie compréhensible pour la société mais qui tranche avec les ambitions de la France en matière d'emploi dans le numérique.
Apprendre la programmation à l'école
Pour que chacun puisse, dès le plus jeune âge, avoir une notion de ce que représente l'informatique. Le gouvernement a entrepris un vaste chantier visant à faire apprendre les bases de la programmation aux plus jeunes. François Hollande a ainsi lancé un « grand plan numérique » pour l'école.Parmi les mesures découlant de cette annonce, le chef de l'Etat a confirmé les débuts de l'apprentissage du code à l'école primaire dès les rentrées prochaines. Cette discipline sera inscrite dans le socle commun du conseil supérieur des programmes. Des efforts devront enfin être réalisés sur l'orientation des jeunes vers des filières moins longues, à condition que les professionnels jouent le jeu et fassent confiance à des profils disposant de formations moins longues mais plus spécialisées.
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