Plutôt que de payer les auteurs autoédités au livre téléchargé, Amazon proposera de les rétribuer, dès le 1er juillet, au nombre de pages lues. L'américain assure répondre à un besoin des auteurs eux-mêmes, voulant aligner leurs revenus au volume de texte lu. Ce modèle économique est également pensé comme une adaptation à l'offre sur abonnement lancée il y a un an, Kindle Unlimited (10 euros par mois) et à celle de location, Kindle Online Lending Library.
Jusqu'à présent, l'américain rémunérait les auteurs indépendants via ces deux formules, seulement si les lecteurs allaient plus loin que 10 % du livre. Un système qui favorisait, selon certains, les ouvrages courts. Le décompte (uniquement sur support électronique, évidemment), reposera sur un nouveau procédé, baptisé « Kindle Edition Normalized Page Count », qui prend en compte la taille des caractères, leur espacement et un ensemble d'autres critères.
Amazon affirme que les éléments non-textuels comme les images et les graphiques seront comptabilisés, de même que le genre littéraire, afin de ne pas pénaliser les livres plus complexes demandant plus de densité. Une appréciation qui paraît assez subjective dans les faits.
La rémunération par page lue puisera dans un fonds mensuel de 10 millions de dollars - Crédit : Amazon.
Amazon prend l'exemple d'un livre de 100 pages lu entièrement 100 fois. Dans ce cas, l'auteur toucherait 1 000 dollars. Pour un ouvrage de 200 pages lu entièrement 100 fois, le gain serait de 2 000 dollars. Mais dans le cas d'un livre de 200 pages lu totalement 100 fois, la rémunération tomberait à 1 000 dollars.
Avec un niveau de rémunération désormais directement lié au nombre de pages lues, que feront les auteurs voulant accroître le niveau de leurs revenus ? S'ils ne pourront pas augmenter la taille de la police, formatée par Amazon, le scénario le plus probable est d'introduire une dose de suspense à la fin de chaque page, peu importe le style. Dans ce nouveau cadre, il sera aussi tentant de finir un paragraphe sur la page suivante.
Des émules chez Apple & cie ?
Pour le moment, ce modèle de rétribution à la page se limitera à la plateforme d'autoédition Kindle Direct Publishing. L'enjeu, derrière, est d'attirer de plus en plus d'auteurs et de désintermédier la relation entre la librairie et le lecteur, afin de court-circuiter l'éditeur. Dans ce schéma, l'auteur devient ainsi complètement dépendant de la capacité de son ouvrage à capter l'attention. Et de l'algorithme d'Amazon qui la mesure.Cette mécanique de rémunération « à la performance » est assez proche de ce que l'on trouve dans la publicité, où le nombre de clics sur une bannière (ou toute autre action prédéterminée) peut conditionner le niveau de rétribution d'un éditeur. Si Amazon prouve le viabilité de ce modèle, on peut penser que d'autres plateformes comme Apple avec la musique, Facebook avec la presse ou Google avec la vidéo, s'y penchent.
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