Employé chez Microsoft depuis plus de 20 ans, David Thompson est aujourd'hui vice-président à la tête de la division Online services du groupe. Il était de passage à Paris ce matin, à l'occasion d'une tournée européenne, et a accepté de nous consacrer quelques instants pour revenir sur l'effervescence de Microsoft autour du cloud. Perspectives, enjeux, et relations avec les partenaires : David Thompson fait le tour de ce que signifie le nouveau modèle pour Microsoft.
Bonjour, David Thompson. Il y a une activité débordante chez Microsoft autour du cloud ces derniers temps. C'est un changement de modèle de taille par rapport au Microsoft à l'ancienne.
Je crois qu'on peut dire que le passage au cloud est une transformation pour Microsoft. C'est un changement pour Microsoft, ses clients, et ses partenaires. Mais c'est une transformation qui va permettre à plus de personnes d'utiliser nos solutions, et donc d'accroître nos ventes. Notre activité connaîtra de meilleurs revenus, mais aussi de meilleurs profits, car les canaux de distribution sont plus faciles et moins coûteux. Il y a lieu de penser que nous verrons nos marges augmenter.
Le cloud, c'est une façon de délivrer plus facilement le logiciel au client. Avec le modèle de paiement au mois, on va permettre aux entreprises d'accéder facilement à nos solutions, quelque soit leur taille, puisqu'elles paient en fonction du nombre d'utilisateurs, et quelques soient leurs compétences. Du côté de Microsoft, plutôt que de se concentrer sur une assistance technique du type « Comment installer nos produits », nous allons pouvoir aller vers un service d'aide à l'utilisation.
Est-ce que ce n'est pas aussi l'aveu d'un certain retard sur certaines entreprises comme Salesforce.com ou Google qui ont pris les devants ?
En tant qu'ancien ingénieur, j'espère toujours qu'on ait pu aller plus vite et plus fort. Mais nous sommes aujourd'hui au moment où les clients en ont besoin. Il faut voir que le passage au cloud représente un besoin de changement. Les entreprises ne se disent pas du jour au lendemain : « passons au cloud ». Cela correspond généralement à un besoin de nouvelles fonctionnalités. Par exemple, une entreprise a besoin d'une intégration de SharePoint... C'est quelque chose de plus facile en passant par le cloud, donc c'est ce que nous allons leur proposer. Vraiment, j'ai l'impression que c'est le bon moment.
Certains commentateurs aux Etats-Unis n'ont pas hésité à dire qu'une solution du type Office 365 n'était pas réellement du cloud. Quelle est la position de Microsoft ?
C'est du cloud. Simplement, nous avons une approche un peu particulière, car nous ne venons pas de nulle part. Nous avons vingt ans d'expérience dans le logiciel dédié aux entreprises, et il y a énormément de fonctionnalités qu'il ne faut pas oublier parce qu'on passe au cloud. Nous souhaitons donc apporter le meilleur du desktop et le meilleur du cloud.
C'est ce qui nous pousse à avoir une approche hybride. Vous pouvez utiliser tout en ligne, tout à travers un logiciel en local. Le cloud, ce n'est pas que des applications auxquelles on accède par le biais d'un navigateur. Nous préférons donner le choix.
Ne craignez-vous pas de cannibaliser votre ancien modèle de distribution (paiement à la licence, NDLR) avec les offres SaaS ?
Non, je pense que nous pouvons progresser sur les deux. Il ne faut pas croire que tout est fait : nous en sommes au début pour le cloud. Il y a des entreprises qui y passent, d'autres qui sont intéressées, certaines qui ne sont pas encore convaincues. Cela prend du temps aux gens de changer, et pour l'instant, si nous connaissons une croissance très rapide sur les offres cloud, nous ne craignons pas la chute du reste de nos activités.
On parle bien ici d'entreprises, donc il ne s'agit pas que d'accéder à un service via un navigateur, comme ce que font les utilisateurs du grand public. Ce qu'il faut voir, c'est que le cloud, ce n'est pas que du service. Il faut un environnement riche de possibilités. Comme je vous le disais, Office 365 représente vingt ans d'expérience. Nous avons donc pu y mettre tout ce dont ont besoin les utilisateurs finaux, et tout ce dont les services IT ont besoin pour le faire fonctionner.
Le changement de modèle annoncé par Microsoft risque d'avoir un impact fort sur ses partenaires. Vous avez lancé un cloud privé avec HP, vous annoncez de nouveaux partenaires, notamment en France, avec STS Group pour la distribution... Mais qu'en est-il des autres ?
Evidemment, une transformation aussi importante entraîne des changements dans l'écosystème qui gravite autour de Microsoft. Cela dit, c'est plutôt positif pour les partenaires. Certains, qui fournissaient des supports d'assistance à la mise en place de nos solutions logicielles, vont devoir s'adapter. En assurant nous-même la mise en fonctionnement de nos services cloud, nous prenons plus de responsabilités vis-à-vis de leur gestion.
Mais cela va aussi donner de nouvelles opportunités. Avec les possibilités accrues de personnalisation des plateformes, on va permettre à nos partenaires d'apporter plus de valeur à leurs clients. On n'est donc plus dans l'assistance à l'installation, mais sur une autre forme de valeur ajoutée.
Au passage, je voudrais souligner que ce n'est pas un bouleversement total pour les partenaires, qui passeraient d'une situation très stable à un mouvement soudain. Il y a toujours eu beaucoup d'évolutions et de transformations, l'écosystème a constamment changé depuis vingt ans.
Merci beaucoup, David Thompson.