Microsoft a déployé son offensive de charme en direction du service public avec la venue, début novembre, de son grand patron Satya Nadella, à Paris. Venu rencontrer François Hollande, l'américain avait alors annoncé un investissement de 70 millions d'euros sur trois ans dans l'écosystème numérique français, ainsi qu'un accord à venir avec l'Education nationale.
Microsoft et l'Educ' Nat' : une co-construction bâtie pour durer ?
Ce second volet s'est concrétisé le 30 novembre dernier, avec la signature d'un accord entre le patron de Microsoft France et la ministre Najat Vallaud Belkacem, qui se traduit par une participation financière de l'éditeur au Plan Numérique à l'Ecole initié par le chef de l'Etat.Dans ce contexte, Microsoft s'engage à investir sur 18 mois quelque 13 millions d'euros dédiés à l'accompagnement des enseignants, à « la mise à disposition de plateformes collaboratives », ainsi qu'à l'apprentissage du code informatique.
Le détail de l'accord (.pdf) révèle aussi que l'éditeur promet de mettre à disposition gratuitement ses principaux outils bureautiques au travers d'un accès à Office 365 pour tous les établissements scolaires « qui le souhaiteraient », du moment que ces derniers sont bien intégrés au Plan Numérique à l'Ecole.
Il propose par ailleurs la co-construction des futurs espaces numériques de travail de ces établissements, via Office 365 en mode cloud pour les postes clients mais aussi à l'aide des outils d'administration de l'éditeur comme Intune ou la gestion d'identités hébergée Azure Active Directory.
Le logiciel libre et l'interopérabilité relégués à l'arrière-plan ?
La publication des détails de cet accord a déclenché jeudi la réaction indignée de douze organisations : des associations inscrites dans la mouvance du logiciel libre, doublées de plusieurs syndicats de l'éducation. Ils dénoncent une collusion d'intérêts préjudiciable aux intérêts des élèves comme à ceux du corps enseignant et parlent d'une « véritable mise sous tutelle de l'informatique à l'école », dans la mesure où les outils Microsoft se trouvent au coeur des environnements comme des démarches d'apprentissage, sans consultation préalable des métiers et chercheurs concernés au quotidien.« Ce partenariat est d'autant plus regrettable qu'il va à l'encontre des objectifs de l'école, et témoigne d'une absence de volonté politique de promouvoir la diffusion et l'appropriation par tous de la connaissance et des savoirs », regrettent les signataires. « Une volonté politique affirmée aurait pourtant pu mettre en avant des solutions en logiciel libre, respectueuses des libertés de chacun, des standards ouverts et de l'interopérabilité qui permettent aux élèves de progresser en informatique sans enfermement technologique », font-ils encore valoir, avant de rappeler que cette proposition avait reçu un important soutien du public lors de l'avant projet de loi sur le Numérique.
Le 27 novembre dernier, l'Education Nationale a aussi annoncé un accord avec l'américain Cisco portant sur la fourniture d'une plateforme collaborative et la formation des personnels enseignants. L'information a fait l'objet d'un communiqué de presse, mais les détails du partenariat n'ont pas été rendus publics.