Le pape François, inquiet au sujet des technologies intrusives, s'est associé à IBM et Microsoft dans un discours militant pour un développement éthique de l'IA.
La reconnaissance faciale arrive peu à peu à un tournant de son développement. La technologie, jugée très intrusive, peu éthique et pas vraiment protectrice de la vie privée, fait débat en France mais aussi en Europe, où il fut un temps évoqué la possibilité d'interdire le recours à la technologie sur une durée pouvant aller de trois à cinq ans. L'inquiétude est telle qu'elle grimpe même jusqu'au sommet de l'autorité religieuse catholique, en la personne du pape François.
La signature d'un « Appel à une éthique de l'IA »
Vendredi, des autorités et entreprises étaient réunies pour participer à l'atelier du Vatican, organisé par l'Académie pontificale pour la vie, une institution siégeant au sein de la cité-État. La rencontre, sur le thème de l'intelligence artificielle, fut l'occasion pour le pape François, absent pour une « légère indisposition », de faire lire un message dans lequel il a appelé les acteurs participant à l'atelier à exiger un « cadre éthique » qui soit « de plus en plus clair », de façon à développer les nouvelles technologies « sans discrimination ni exclusion ».À l'issue de l'atelier du Vatican, l'Académie pontificale pour la vie, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le gouvernement italien, mais aussi les géants de la tech IBM et Microsoft ont accepté de signer le « Call For an AI Ethics », l'Appel à une éthique de l'IA.
Le document soutient une approche éthique de l'intelligence artificielle et vise à promouvoir l'adoption d'un vrai sens des responsabilités au sein des entreprises, gouvernements et institutions du monde entier. L'idée est que les progrès faits dans le secteur du numérique puissent permettre le développement d'algorithmes éthiques. Dans sa lettre lue devant le Président de Microsoft, Brad Smith, et le Vice-président exécutif d'IBM, John Kelly, l'évêque de Rome n'a pas manqué de soulever que « les inégalités augmentent énormément, les connaissances et les richesses s'accumulent entre quelques mains, ce qui représente un grave risque pour les sociétés démocratiques ».
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IBM signe le premier appel pontifical de son histoire
C'est la première fois qu'IBM signe un appel pontifical. C'est dire le niveau de sensibilité de la question de l'utilisation de l'IA aujourd'hui. Ciblant la reconnaissance faciale mais aussi la monétisation des données personnelles, la surveillance ou la désinformation, la firme reconnaît que les acteurs à la fois privés et publics doivent dès à présenter s'atteler à dresser un cadre réglementaire strict concernant l'utilisation de l'intelligence artificielle.IBM, qui soutient le livre blanc récemment publié par l'Union européenne sur le sujet, est accompagnée dans cette croisade par Microsoft qui, bien qu'affirmant il y a encore quelques semaines qu'il faudra bien utiliser tôt ou tard la reconnaissance faciale, affirme qu'il n'est pas bon d'imaginer recourir à la technologie sans avoir encadré son utilisation.
Source : La Croix