Le groupe français Thales, l'un des leaders dans la fourniture d'équipements pour la défense et la sécurité, a appelé à une législation mondiale visant à empêcher l'utilisation d'armes mortelles autonomes. Son PDG a publiquement exprimé sa crainte que l'IA puisse être utilisée de cette façon.
Il y a un an, Thales ouvrait un laboratoire dédié à l'intelligence artificielle à Montréal. Mais ces investissements n'empêchent pas l'entreprise, par la voix de son Président Patrice Caine, de faire part d'une certaine appréhension quant aux potentielles dérives mortelles de cette technologie.
Des machines intelligentes capables de tuer
Le dirigeant craint en effet de voir apparaître des « robots tueurs », c'est-à-dire des armes létales autonomes. Si l'expression peut faire sourire, elle ne relèverait plus seulement du champ de la science-fiction. D'après Yoshua Bengio, chercheur canadien en IA, présent aux côtés de Patrice Caine, le sujet constituerait « un enjeu actuel pour les armées », tant d'un point de vue moral que sécuritaire.Car de telles armes pourraient être utilisées à mauvais escient : couplées à un système de reconnaissance faciale, elles pourraient se transformer en tueurs à gages autonomes. Et de façon générale, elles seraient incapables de prendre en compte le contexte moral, pour faire preuve de discernement.
Thales contre les « robots tueurs »
Le PDG de Thales a ainsi appelé à « une législation au niveau international » pour proscrire ces « robots tueurs ». Il a affirmé que des discussions étaient en cours à ce sujet à l'ONU, mais qu'il était nécessaire à présent d'accélérer la prise de décision.En attendant, l'entreprise ne compte pas rester les bras croisés. Thales a en effet décidé de ne pas participer à la création de ces armes létales autonomes, même en cas de demande d'un client, et de ne pas utiliser l'IA pour « donner de l'autonomie à un système d'armes pour qu'il puisse de lui-même décider de tuer ou pas ».
Le groupe vend déjà des solutions reposant sur l'intelligence artificielle, notamment pour des technologies de reconnaissance faciale. Mais d'après son PDG, elles n'ont jamais été utilisées à l'échelle d'un pays. Thales n'aurait donc rien à voir avec, par exemple, les outils de surveillance utilisés en Chine.
Source : 20 Minutes