Uber : pour la justice brésilienne, les chauffeurs VTC ne sont pas des salariés de la société

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 05 septembre 2019 à 22h05
Uber
(© Crédits photo : BigTunaOnline / Shutterstock.com)

La Cour supérieure de Justice du Brésil ne voit pas les chauffeurs Uber comme des salariés. Une décision forcément appréciée au sein de l'entreprise, dans un pays hautement stratégique pour ses affaires.

Le Brésil est l'un des pays les plus importants aux yeux d'Uber, au moins le plus important derrière les États-Unis. Alors que le nombre de chauffeurs Uber brésiliens varierait de 260 000 (chiffre officieux) à 600 000 (chiffre fourni par le site de la société), l'éternel pays d'avenir constitue le deuxième marché de la firme californienne. Dans une décision prise la semaine dernière mais publiée ce mercredi, une juridiction majeure du pays a établi que les chauffeurs de la plateforme Uber ne peuvent pas être considérés comme des employés.

Pas de lien de subordination entre les parties, par la justice brésilienne

La Cour supérieure de justice brésilienne (CTJ), équivalent de la Cour de cassation française, a statué en faveur d'Uber, reconnaissant que ses nombreux chauffeurs sont indépendants de l'entreprise. La CTJ nie ainsi tout lien de subordination et toute relation hiérarchique entre Uber et ses conducteurs.


« Leurs services sont fournis de manière ponctuelle, sans horaires de travail déterminés ni salaire fixe. Donc les caractéristiques du lien de subordination entre les parties n'existent pas », a déclaré la Cour dans sa décision, au demeurant rendue à l'unanimité des 10 juges. Une juridiction inférieure avait rendu une décision contraire qui était, elle, plus en faveur des dizaines de milliers de chauffeurs du service de VTC.

Uber sort des Brésiliens de la précarité

Au Brésil, même si ce statut d'entrepreneur indépendant des chauffeurs Uber peut déranger, le géant américain a sauvé de la précarité extrême des dizaines de milliers de personnes, quoi que l'on peut en penser. Rappelons que le pays subit toujours le traumatisme post-Jeux olympiques. Après Rio 2016, des centaines de milliers de Brésiliens ont vu leurs revenus être divisés par 2 voire 3. Le chômage a augmenté et la politique actuelle du pays ne devrait pas arranger les choses.

Le Brésil ne semble ainsi pas considérer Uber comme un moyen d'appauvrir un peu plus les citoyens, mais plus comme un moyen d'aider une partie d'entre eux à sortir la tête de l'eau. On fait avec ce qu'on a, comme on dit.

Source : Bloomberg
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (4)
Oliveblaye

"Au Brésil, même si ce statut d’entrepreneur indépendant des chauffeurs Uber peut déranger, le géant américain a sauvé de la précarité extrême des dizaines de milliers de personnes, quoi que l’on peut en penser. "
J’aimerais savoir si l’auteur de cet article a déjà mis les pieds au Brésil pour de telles affirmations…

ZiwiPeak

Evidemment, Uber ne fait que mettre les gens en relation pour les transporter

Blues_Blanche

Non c’est une compagnie de taxi astucieuse qui a trouvé le moyen de profiter de la précarité des gens précaires sans les employer et sans disposer de véhicules. C’est carrément très fort.

AlexLex14

Salut :slight_smile:

Pour être un peu plus précis, deux sources (dont un confrère vivant au Brésil avec qui j’ai échangé sur les réseaux) ont pu me confirmer que pour beaucoup, l’unique solution de s’en sortir à un certain moment a été d’accepter de devenir chauffeur Uber.

On a peut-être du mal à le concevoir en France (il faut voir plus loin que nos frontières et que notre culture), mais il semble que ce soit ainsi.

Cela ne veut pas dire qu’Uber c’est génial et que ça règle tous les problèmes, mais il vaut mieux passer de la précarité “extrême” à une précarité un peu moins “étouffante” (pardonnez-moi si les termes sont mal choisis).

Bonne fin de soirée :wink:

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