© MBDA
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Le SCALP-EG fait partie de l'équipement de l'armée ukrainienne depuis plusieurs mois et a déjà réalisé plusieurs faits d'armes dans le conflit qui oppose Kiev et Moscou.

La guerre continue de faire rage entre les deux pays d'Europe de l'Est. Il y a quelques jours, le quartier général de la flotte russe de la mer Noire a subi un bombardement qui visait principalement des responsables militaires. Situé dans la base navale de Sébastopol en Crimée, le bâtiment se trouve loin derrière les lignes de front, et il n'a pas été difficile de deviner l'identité de l'arme utilisée.

En effet, à ce stade du conflit, seul le SCALP-EG permet à l'armée ukrainienne d'atteindre de telles cibles dans de telles conditions. Rappelons d'ailleurs qu'il y a quelques semaines, Elon Musk coupait Starlink au-dessus de l'Ukraine par peur d'une attaque nucléaire russe.

Un monstre de précision

Également connue sous le nom de Shadow Storm au Royaume-Uni, l'arme est redoutable. Lancée depuis un avion de chasse, elle peut atteindre des bâtiments avec une grande précision à plus de 250 kilomètres du lieu de tir, si ce n'est davantage. En plus de cela, elle se déplace à une vitesse d'environ 1 170 km/h, soit juste en dessous de la vitesse du son.

Ceci est rendu possible par une combinaison d'outils, dont un système de navigation inertielle appuyé par un altimètre. Ce missile de croisière est donc capable de se déplacer sans l'intervention d'un opérateur et de corriger lui-même sa trajectoire en recevant des signaux GPS à différents intervalles.

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Enfin, l'appareil peut se déplacer à basse altitude, déjouant la vigilance des radars et d'autres systèmes de surveillance. Tout cela explique, du moins en partie, pourquoi l'engin est capable d'aller aussi loin derrière les lignes ennemies, même si d'autres outils de son arsenal gardés secrets doivent, eux aussi, jouer un rôle important.

Objectif numéro deux : faire des dégâts

Mais une fois sur place, le SCALP-EG ne se contente pas d'être précis. Lorsqu'il atteint sa cible, une petite charge explosive située à l'extrémité de sa tête explose, permettant à la charge principale de franchir les premiers murs ou les premiers renforcements. Le missile peut ainsi faire plus de dégâts que si la déflagration s'était produite contre un mur, tout en limitant les dommages collatéraux.

Pour mieux comprendre l'intérêt de cette approche, Ian Williams, chercheur au CSIS (Centre for Strategic and International Studies), fait l'analogie avec un pétard. Si celui-ci explose dans la paume d'une main ouverte, cette dernière pourrait n'en garder qu'une belle brûlure. En revanche, si cette même main est refermée sur le petit explosif, les dégâts seront plus importants, car la puissance de la déflagration a moins d'espace pour s'échapper.

Un équipement de pointe qui n'est pas donné

Létal, précis, plutôt furtif… Ce missile de croisière aux caractéristiques très énervées a été inventé par la France et le Royaume-Uni. Ce dernier en a fait la demande dans les années 1990 et a retenu un projet issu d'un partenariat entre British Aerospace et la société française Matra. Les activités missiles des deux entreprises ont ensuite fusionné pour donner naissance à MBDA, qui est depuis responsable de la fabrication du SCALP-EG.

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La production de ces engins est assez onéreuse : en 2011, chaque unité coûtait environ 850 000 euros à l'armée française. C'est pourquoi les nations qui les possèdent n'en ont généralement pas plus de quelques centaines en stock. L'arme a surtout été utilisée avec une relative parcimonie lors de la seconde guerre du Golfe dans les années 2000, et lors des conflits libyen et syrien dans les années 2010, pour ne citer que quelques exemples. De plus, le SCALP-EG ne peut être monté que sur une poignée d'avions de combat, dont le Rafale, l'Eurofighter Typhoon et désormais le Sukhoi Su-24.

L'apparition d'un tel outil dans le conflit en Ukraine peut rebattre les cartes, en obligeant l'armée russe à repositionner certains de ses éléments clés. Cependant, les missiles de croisière français et britanniques n'ont probablement été livrés qu'en petites quantités, les officiels précisant que l'opération concerne principalement des unités qui allaient entrer en fin de vie.