2023 : quelle année pour le jeu vidéo. Pour le meilleur, et pour le pire. S'il s'agit sans aucun doute d'une des plus prolifiques en matière de nouvelles productions de qualité, ce fut également l'une des plus dévastatrices pour l'emploi dans l'industrie.
Baldur's Gate 3, Spider-Man 2, The Legend of Zelda:Tears of The Kindom, Street Fighter 6, FF XVI, Armored Core 6, Octopath Traveler 2… L'année 2023 fut remarquable par ses propositions vidéoludiques de qualité, aussi nombreuses que variées. Malheureusement, cette bonhomie de façade cache un problème profond, qui touche des milliers de développeurs de jeu à travers le monde : l'industrie du jeu vidéo semble avoir du mal à maintenir ses employés en place, et les vagues de licenciements dans des entreprises profitant pourtant de beaux bénéfices et de jeux à succès se succèdent sans discrimination. Par cet aspect, du point de vue du consommateur, l'année 2023 fut une des plus prolifiques de l'histoire. Et pendant ce temps, elle s'est imposée comme une des plus dévastatrices pour les professionnels du milieu.
Un tiers des développeurs licenciés dans le monde
Il suffit de se tenir un minimum informé pour constater l'ampleur des dégâts : encore hier, l'une des entreprises les plus puissantes du jeu vidéo, Riot Games, a pu annoncer une vague de licenciements touchant 11% de ses forces totales, soit environ 530 postes au total. En résulte l'abandon du programme Riot Forge, destiné à l'agrandissement du lore League of Legends par le biais de collaborations avec divers studios indépendants. Et Riot Games est loin d'être la première entreprise à avoir annoncé de tels plans de licenciements. Au cours de l'année 2023, des entreprises comme Unity, Epic Games, Amazon Games, Microsoft ou Electronic Arts ont tous pu annoncer des plans similaires.
Selon un rapport de GDC (Game Developers Conference), le tiers des développeurs en fonction dans le jeu vidéo ont ainsi été affectés par des licenciements au cours de l'année 2023, soit en étant remerciés eux-mêmes, soit en constatant le départ forcé de collègues directs. Les statistiques de l'étude donnent le tournis : sur les 3 000 représentants de l'industrie interrogés pour cette étude, 9 % indiquent avoir été licenciés, 17 % ont indiqué qu'un collègue a été remercié par l'entreprise, et 11 % ont confirmé que leur studio avait procédé à des licenciements. Autrement dit, au total, 36 % des interrogés ont été impactés d'une façon ou d'une autre par des licenciements dans leur équipe/studio.
Une tendance qui ne va pas aller en s'améliorant…
Parmi les professions les plus touchées par ces licenciements, les QA Testers (autrement dit, les professionnels dédiés aux tests du jeu pour l'assurance qualité) sont en première ligne : 22 % indiquent avoir été remerciés. D'un autre côté, les responsables commerciaux et financiers des studios sont ceux qui s'en sont le mieux sortis (seulement 2 % des interrogés ont indiqué avoir été licenciés de la sorte).
Forcément, avec un tel climat, il est difficile de s'avérer confiant pour l'avenir : à la question « êtes-vous inquiet quant à une potentielle nouvelle vague de licenciements dans votre entreprise dans les 12 prochains mois ? », 56 % ont répondu être « très inquiets », « inquiets » ou « légèrement inquiets ». Il est important de préciser que cette étude a été effectuée au cours de l'automne : autrement dit, l'inquiétude de certains de ces interrogés s'est potentiellement confirmée depuis, d'autant que les vagues de licenciements ont été particulièrement nombreuses au cours de l'hiver.
Une chose semble certaine : la tendance ne semble pas aller en s'améliorant pour l'emploi dans le milieu du jeu vidéo, qui profite malgré tout des meilleurs chiffres de ventes pour une industrie culturelle à l'heure actuelle.
Source : Gamedeveloper.com