23 ans après le second opus d'une licence légendaire du genre C-RPG développée par Bioware et centrée sur le très populaire jeu de rôle Donjons & Dragons, Baldur's Gate revient comme d'entre les morts. Pour ce troisième volet, c'est Larian Studios qui reprend un flambeau lourd de sens. Le studio indépendant derrière Divinity: Original Sin II, l'un des meilleurs C-RPG de tous les temps, peut-il réitérer l'exploit tout en remettant sur le devant de la scène cette franchise historique ? Voici notre avis !
- Histoire épique et captivante dirigée par nos choix
- Direction artistique superbe
- Gameplay offrant une liberté rarement vue
- Durée de vie et rejouabilité gargantuesques...
- Interface manquant d'ergonomie
- Pas simple d'accès pour les non-initiés à D&D
- Mode coopération capricieux
- ... peut-être trop (non) ?
Celles et ceux qui comme nous ont avidement participé à l'accès anticipé de Baldur's Gate III sorti il y a trois ans de cela ont ainsi pu enfin découvrir la suite tant attendue de ce titre très ambitieux et prometteur. Si le premier acte nous faisait déjà saliver par sa qualité d'écriture et sa volonté à nous faire vivre une véritable partie de Donjons & Dragons vidéoludique, qu'en est-il du reste ? Nous allons tâcher de fournir notre ressenti sur la question une semaine après sa sortie et avec une centaine d'heures de jeu à notre actif (c'est dire à quel point nous avons été happés par l'aventure !)
Test réalisé sur PC grâce à un code fourni par le développeur. Baldur's Gate III est déjà disponible depuis le 3 août sur PC, puis arrivera sur PS5 le 6 septembre, et à une date encore indéterminée sur les autres plateformes.
Une aventure Donjons & Dragons tentaculaire
Avant d'entrer dans le vif du sujet, une rapide présentation du contexte autour de Baldur's Gate III est de mise. Il y a six ans de cela, les indépendants de chez Larian Studios ont été chargés par Wizards of the Coast, détenteurs des droits sur la licence Donjons & Dragons, de développer une suite à la franchise culte de Bioware.
L'histoire devait impliquer des flagelleurs mentaux, des êtres tentaculaires transformant d'autres espèces afin de nourrir une conscience collective, mais aussi la campagne D&D officielle « Descente en Averne », où la cité d'Elturel fut libérée du premier cercle des Enfers par de valeureux aventuriers. Le tout évidemment en s'inscrivant dans l'histoire des vénérables jeux Baldur's Gate de Bioware. Un vaste et ambitieux programme, en somme.
C'est peu après ces événements et un siècle après ceux des deux premiers opus que Baldur's Gate III place son intrigue. La légendaire cité portant le nom de la Porte de Baldur voit le quotidien de ses habitants chamboulé par l'arrivée d'un nautiloïde, un vaisseau des flagelleurs mentaux. De nombreux citoyens sont capturés afin de recevoir une larve dans le cerveau visant à les transformer en ces êtres lovecraftiens.
Parmi les habitants capturés, nous trouvons notre personnage, dont la vie va irrémédiablement être changée, mêlée à une histoire captivante, emplie de complots et de choix toujours plus cornéliens pouvant tant sauver le monde que le mener à sa perte. L'aventure débute donc, comme tout jeu de rôle qui se respecte, par la création dudit personnage.
Et, dès lors, on sent tout l'amour de Larian Studios pour l'univers Donjons & Dragons et le travail bien fait. De l'espèce de notre personnage à sa classe, chacune dotée de son identité propre (que nous pourrons combiner par la suite à d'autres classes pour les joueurs aguerris) en passant par ses caractéristiques importantes tant en combat qu'en dehors jusqu'à son apparence, nous avons vraiment la possibilité de créer un avatar à notre goût.
Rien que cette étape cruciale risque cependant de rebuter les non-initiés à Donjons & Dragons, tant il y a de paramètres à prendre en compte. Malgré la présence de tutoriels, les néophytes risquent de tâtonner durant les premières heures. Il sera heureusement possible de remanier son personnage plus tard, ou encore pour plus de simplicité, choisir l'un des personnages « origine » proposés par Larian, sur lesquels nous reviendrons plus tard.
Une fois notre personnage créé, nous pouvons ainsi enfin nous lancer dans la fascinante histoire de Baldur's Gate III, dotée d'une écriture d'une délicieuse justesse toute en nuances où les notions de bien et de mal ont tendance à se confondre. Le tout est porté par une direction artistique variée et belle à se damner (même dans les nombreux moments bien glauques), une bande-son proprement envoûtante et un doublage (intégralement en anglais) absolument impeccable, de même qu'une traduction française qui rend la lecture des dialogues et des nombreux ouvrages disséminés dans le jeu ô combien plaisante.
Sur le plan technique, le jeu tourne comme un charme sur notre solide configuration, et extrêmement peu de bugs sont à déplorer, malgré l'immense complexité du système élaboré par Larian Studios. On pourra toutefois reprocher des temps de chargement un peu longuets, malgré le fait que le jeu soit installé sur un véloce SSD.
En quête d'une généreuse liberté
Divisé en trois actes proprement massifs, promettant facilement plusieurs dizaines d'heures de jeu, Baldur's Gate III nous mettra donc sur la voie de la Porte de Baldur, au fil de nombreux événements entièrement dictés par nos choix. Larian Studios s'est montré extrêmement scrupuleux en ce sens et nous vous garantissons qu'aucune partie ne sera la même, tant il existe différentes issues aux nombreuses situations que nous rencontrerons. À tel point que nous relancerons certainement une (voire plusieurs) nouvelle partie, légitimement curieux de voir des aspects et des dénouements qui nous ont échappé durant notre première aventure.
De nombreux choix de prime abord insignifiants viendront notamment se rappeler à notre bon souvenir dans les actes suivants, offrant à l'ensemble une impressionnante cohérence et un sentiment grisant d'être véritablement acteur de ce vaste monde. Et dire que le monde de Baldur's Gate III est vaste est un doux euphémisme. Il regorge, en effet, de lieux à explorer, de quêtes à accomplir, de conversations (entièrement et superbement rendues sous forme de cinématiques) à engager et de trésors à découvrir. Surtout si vous avez l'esprit papillonnant et une certaine appétence pour l'escamotage comme votre serviteur.
Avec Baldur's Gate III, l'ambition de Larian Studios était de proposer une expérience vidéoludique se rapprochant au maximum de la liberté offerte par une partie de jeu de rôle Donjons & Dragons. Et autant dire que l'objectif a été brillamment atteint. L'ensemble aboutit en un gameplay émergeant comme rarement vu jusqu'à présent, chaque situation pouvant être approchée de myriades de façons, tant directes que parfois capillotractées. Les humanoïdes ne se montrent pas coopératifs ? Peut-être que les morts ou les animaux seront d'un plus grand secours. Voilà un exemple parmi tant d'autres.
Donjons & Dragons oblige, la majeure partie de nos actions sera régie par un jet de dé. L'importance d'avoir un personnage spécialisé dans les domaines qui nous intéressent est donc cruciale, au risque de rater la plupart de ses jets et passer une aventure un tantinet frustrante. L'exploration scrupuleuse du jeu nous récompense cependant en ce sens sous forme de « dés d'inspiration », nous permettant de relancer un dé et espérer réussir un jet crucial.
Cela s'applique autant à l'exploration et aux interactions avec le monde qu'à des combats tactiques au tour par tour qui ne cessent de nous surprendre. Aucun engagement ne sera le même, tant en raison d'un bestiaire extrêmement varié qu'une topographie des lieux différente ou la composition de notre groupe. L'équilibrage de la difficulté est également à saluer : quand bien même, nous gagnons fortement en puissance au fil des niveaux, les ennemis ne sont pas en reste, notamment au travers de combats de boss tous plus captivants, épiques et retors les uns que les autres.
Le seul grief que nous pouvons avoir avec le jeu se trouve finalement dans son interface. Malgré les efforts de Larian Studios en ce sens, la gestion de l'inventaire est particulièrement chronophage, et la caméra fait parfois des siennes lorsque nous essayons de jouer avec la très appréciable verticalité du titre. En dépit de ce qui représente pour nous le plus gros point noir du jeu, nous n'avons cependant pas boudé notre plaisir tant Baldur's Gate III se montre généreux (peut-être trop ?) et passionnant dans ce qu'il propose.
Rassemblez votre groupe
Qui dit partie de jeu de rôle dit forcément composer un groupe pour affronter les nombreux dangers qui vont se placer sur notre route en direction de la Porte de Baldur. Et sur ce point, Larian Studios signe également une superbe performance. Nous aurons l'occasion de rencontrer plusieurs compagnons, tous aussi fascinants les uns que les autres.
Leur histoire sera d'ailleurs intimement liée aux événements dépeints tout au fil du jeu et nous apprendrons à les connaître en même temps que notre personnage. À l'instar de grands titres du genre comme Dragon Age ou Mass Effect, ces compagnons ont pour nous véritablement participé à rendre notre expérience si unique dans Baldur's Gate III.
Ceux-ci sont loin d'être de simples moutons de Panurge et réagiront à nos moindres choix, au point de tisser des liens intimes avec eux… ou d'en faire des ennemis mortels. Nous avons légitimement pris plaisir à passer des moments privilégiés avec ces compagnons incroyablement humains, terminer une longue journée d'aventure et nous installer à notre camp afin de discuter avec chacun d'entre eux, découvrir leur histoire, partager leurs espoirs et leurs craintes.
C'est d'ailleurs durant leurs arcs personnels que nous avons vécu parmi les expériences les plus épiques et passionnantes du jeu. Nous avons à leur côté connu la joie comme les larmes, au point de rester souvent bouche bée devant des choix cornéliens les impliquant. À l'instar de la quête principale, nos décisions peuvent durablement affecter nos compagnons, pour les mener vers la rédemption ou les plonger dans la damnation, selon nos propres aspirations.
L'aventure en solo se présente ainsi selon nous comme un plaisir de tous les instants, malgré une gestion délicate des quatre personnages qui composent notre groupe. Il est bien sûr possible, comme dans Divinity: Original Sin II, de composer un groupe de quatre joueurs, chacun contrôlant son propre personnage.
Nous estimons cependant que la passionnante histoire de Baldur's Gate III se savoure mieux en solo, tant les parties en coopération peuvent prendre des tournures inattendues. D'autant que, pour avoir essayé le mode coopération tant durant l'accès anticipé qu'après la sortie du jeu, celui-ci peut se montrer capricieux, avec des problèmes de synchronisation où des scripts se déclenchant mal si les joueurs sont éparpillés aux quatre vents.
Baldur's Gate III : l'avis de Clubic
Contrairement à l'aventure tentaculaire qui va nous mener à la légendaire cité dont le jeu tire son nom, n'y allons pas par quatre chemins : Baldur's Gate III est un véritable chef-d'œuvre. Les indépendants de chez Larian Studios, à qui l'on doit déjà l'un des meilleurs C-RPG de tous les temps avec Divinity: Original Sin II, reprennent avec brio le flambeau de cette licence culte de Bioware qui a donné ses lettres de noblesse au genre.
Tout dans Baldur's Gate III respire l'amour de l'univers Donjons & Dragons et la volonté de nous faire vivre une histoire épique, passionnante et proprement unique. De la création de notre personnage à un final en apothéose, Larian Studios nous offre une écriture pleine de nuances à la justesse rare. Mais, ce sont nous les joueurs, qui au fil de dizaines d'heures de plaisir tenons ultimement la plume de notre propre histoire via des choix souvent cornéliens.
La générosité de Baldur's Gate III se voit littéralement dans tous les recoins d'un monde vaste, empli de lieux à explorer, personnages captivants à rencontrer et combats qui ne cessent de gagner en complexité et en panache, le tout avec une liberté d'approche qui donne véritablement le tournis, nous faisant presque oublier qu'il ne s'agit pas d'une partie de Donjons & Dragons classique. Même après avoir terminé l'aventure avec le souffle coupé, on ne demande qu'une chose : y retourner, en dépit d'une interface parfois peu coopérative et l'abandon de toute forme de vie sociale. La marque des grands jeux, en somme.
Il y aura certainement un avant et un après Baldur's Gate III, pour le genre C-RPG qui tient là son nouveau meilleur représentant, mais aussi dans les capacités pour un studio indépendant à donner une véritable leçon de ce qu'est le travail bien fait, même aux géants de l'industrie. Larian Studios signe tout simplement une performance digne des plus grandes louanges. Merci aux équipes derrière le jeu pour ce cadeau d'une valeur inestimable, et bravo pour ce succès critique et commercial absolument mérité.
- Histoire épique et captivante dirigée par nos choix
- Direction artistique superbe
- Gameplay offrant une liberté rarement vue
- Durée de vie et rejouabilité gargantuesques...
- Interface manquant d'ergonomie
- Pas simple d'accès pour les non-initiés à D&D
- Mode coopération capricieux
- ... peut-être trop (non) ?