Entre la Russie et l'Europe, une guerre hybride est à craindre - © Netpixi / Shutterstock
Entre la Russie et l'Europe, une guerre hybride est à craindre - © Netpixi / Shutterstock

Les renseignements européens craignent que la Russie se lance dans une « guerre hybride », mêlant attentats au sol et cyberattaques d'infrastructures sensibles des ennemis de Moscou.

Entre la Russie et l'Europe, le ton monte, sur tous les fronts.

Début 2024, Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, mettait déjà en garde son ministère, l'exhortant à renforcer sa cybersécurité. Une inquiétude nourrie par la cyberattaque de plusieurs ministères, menée par un groupe de hackers russes, Anonymous Sudan et NoName057(16).

Peu avant, à l'automne 2023, dans les airs, un missile franco-britannique SCALP-EG de l'armée ukrainienne frappait un QG de la marine russe de la mer Noire, à Sébastopol, en Crimée. Et à l'été de la même année, Elon Musk, patron de X.com (ex-Twitter), a débranché l'accès de Starlink, qui permettait à l'Ukraine d'avoir accès à Internet par satellite, par crainte d'une riposte nucléaire russe.

Enfin, en avril 2024, le Microsoft Threat Analysis Center constatait les efforts sans relâche de certains groupes de hackers russes dans des campagnes de désinformation visant à écorner le soutien américain à l'Ukraine, juste avant les élections.

Une guerre au sol, en mer, dans les airs et le cyberespace, voici tous les ingrédients réunis pour une guerre hybride menée par la Russie contre l'Europe, crainte par les services de renseignements de l'UE.

Des signes avant-coureurs d'une vague d'attentats et de cyberattaques en Europe

Si l'Europe est toujours sous le coup de la menace russe depuis notamment le début du conflit en Ukraine, de récents incidents significatifs d'une préparation d'intervention massive de la Russie au sein du Vieux Continent ont conduit les services de renseignements à s'alarmer.

Multiplication des brouillages GPS d'avions civils dans l'est de l'Europe, campagnes intensives de désinformation et de manipulation des opinions publiques, infiltration de l'extrême droite du continent ou encore cyberattaques n'en seraient que les prémices.

On peut citer par exemple l'arrestation en Allemagne de deux ressortissants germano-russes soupçonnés d'avoir projeté d'attaquer des sites militaires, l'incendie d'un entrepôt au Royaume-Uni contenant des cargaisons d'aide à l'Ukraine, et l'attaque de la voiture du ministre de l'Intérieur en Estonie.

Vladimir Poutine souhaiterait attaquer l'Europe sur tous les fronts - © Drop of Light / Shutterstock.com
Vladimir Poutine souhaiterait attaquer l'Europe sur tous les fronts - © Drop of Light / Shutterstock.com

Une « guerre hybride » qui prend sa source en 2014 entre l'Ukraine et la Russie

C'est donc une « guerre hybride », comme l'indiquaient le 3 mai 2024 nos confrères du site Le Figaro qui prend de l'ampleur en Occident. Ce terme, non officiel, initié par deux officiers américains en 2005 est une stratégie de conflit qui mélange des moyens conventionnels et non conventionnels, comme la désinformation, les cyberattaques, et l'utilisation de forces inhabituelles. Cette nouvelle manière de faire la guerre n'est donc non seulement pas nouvelle, mais a déjà été utilisée par le passé, mêlant déjà à l'époque la Russie et l'Ukraine, en 2014.

Lors de l'intervention russe, des activistes pro-russes ont occupé par surprise des bâtiments administratifs et sécuritaires dans les grandes villes de l'est de l'Ukraine, à Donetsk, Kharkiv et Lougansk. Une poignée de combattants russes bien entraînés ont rejoint le mouvement pour l'organiser. Ces « volontaires » ont transformé rapidement des manifestations anarchiques en un soulèvement armé.

Par la suite, le conflit s'est également joué sur l'espace cyber avec les cyberpiratages de sites gouvernementaux ukrainiens, comme les sites ministériels des Affaires étrangères, de l’Éducation nationale et des Situations d'urgence.

Quant à la désinformation, elle est l'un des ingrédients de la guerre hybride que se mènent l'Ukraine et la Russie depuis 2014 avec notamment des accusations de violation de droits humains de part et d'autre de la ligne de front, comme lorsque la Russie a menacé quiconque qui se mettrait en travers des actions de la Russie contre l'Ukraine se verrait taxé de xénophobie et de russophobie.

Avec le conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine et les avertissements récents sur divers pays européens, on prend les mêmes et on recommence, mais avec un arsenal d'attaques et cyberattaques plus étendu et des cibles potentiellement plus nombreuses.

Source : The Financial Times (accès payant en anglais), Le Figaro, Geo