Il y a un peu plus d’un an, Crucial était l’un des premiers constructeurs à proposer un SSD NVMe basé sur de la mémoire QLC – le P1 – afin de conserver de bonnes performances tout en réduisant nettement les coûts de fabrication. Aujourd’hui encore, le Crucial P1 est un des SSD NVMe au prix le plus bas. Que vaut-il vraiment ?
- Petit prix (500 Go / 1 To)
- Débits séquentiels intéressants
- Mémoire QLC
- Endurance relativement limitée
- Débits en baisse sitôt le cache saturé
- Throttling dès 67°C
Suite à la publication, il y a quelques semaines, du test du Crucial P2, plusieurs lecteurs nous ont demandé de nous pencher sur le cas du modèle précédent que Crucial distribue toujours, le P1. En effet, déjà disponible à un prix relativement faible, il profite de fréquentes promotions qui lui assure un rapport qualité / prix en apparence des plus avantageux. Reste que la mémoire QLC suscite de nombreuses interrogations… et qu’en avance sur ses concurrents, Crucial a « essuyé les plâtres ».
Fiche technique du Crucial P1
Sans verser dans l’originalité débridée, Crucial a commercialisé – dès le lancement de la gamme P1 – trois versions de son nouveau SSD NVMe. L’idée était simplement de couvrir un public plus large en proposant un module 500 Go, un module 1 To et un module 2 To. Une fois n’est pas coutume, c’est le mode le plus généreux en espace de stockage que Crucial nous a fait parvenir.
Le Crucial P1, c’est :
- Format : NVMe M.2 2280
- Interface : PCIe NVMe Gen 3 4x
- Contrôleur : Silicon Motion SM2263
- Puces mémoire : Micron QLC 3D 64 couches
- Capacité : 500 Go, 1 To ou 2 To
- Endurance annoncée en écriture : 100 To (version 500 Go), 200 To (version 1 To) ou 400 To (version 2 To)
- Débits annoncés en lecture : 1 900 Mo/s. (version 500 Go), 2 000 Mo/s (versions 1 To et 2 To)
- Débits annoncés en écriture : 950 Mo/s. (version 500 Go) ou 1 700 Mo/s. (versions 1 To et 2 To)
- Dimensions : 22 x 80 x 2 mm
- Température opérationnelle : entre 0°C et 70°C
- Logiciel</b> : oui, Crucial Storage Executive
- Prise en charge du Trim : oui
- Garantie : 5 ans
- Prix et disponibilité : déjà disponible, à 65,99 € (version 500 Go), 115,19 € (version 1 To) et 331,19 € (version 2 To)
SSD NVMe à la norme PCIe Gen 3, le Crucial P1 s’architecte autour d’un contrôleur de marque Silicon Motion, le SM2263. Il est épaulé par de la mémoire sur laquelle nous ne sommes évidemment pas surpris de voir le nom de Micron : il s’agit de la maison-mère de Crucial. Pas surpris non plus de ne pas voir de dissipateur sur le SSD, il faut réduire les coûts par tous les moyens. Notons que cette réduction des coûts n’a pas d’impact sur la garantie, confortable, de 5 ans.
2 To de mémoire QLC… sur une seule face
En apparence, le Crucial P1 ressemble comme deux gouttes d’eau au modèle P2 que nous testions il y a peu. Il faut dire que rien ne ressemble plus à un SSD NVMe qu’un autre SSD NVMe… encore plus quand ni l’un ni l’autre n’arborent de dissipateur thermique qui pourrait entraîner quelques changements. Crucial a également employé la même étiquette produit de sorte que seules les informations techniques présentes dessus permettent de distinguer les deux produits.
Nous avons déjà évoqué l’absence de dissipateur thermique et l’autre surprise qui prévaut à l’examen du SSD, c’est la présence de puces sur une seule face. En effet, alors qu’il est supposé offrir une capacité de stockage confortable de 2 To, le P1 dispose d’un dos complètement nu. Il s’agit évidemment d’une conséquence de l’emploi de puces de grosse capacités autorisée par la technologie QLC. Un type de mémoire sur lequel Micron fonde beaucoup d’espoir et que Crucial emploie également sur des SSD au format 2,5 pouces, la gamme des BX500.
Notre Crucial P1 est un modèle NVMe et il adopte le format M.2 dit « 2280 ». Il mesure donc 22 millimètres de large sur 80 mm de long. Son épaisseur est assez standard, à environ 2 mm, et son poids également, à plus ou moins 17 grammes. Pour servir de tampon entre le contrôleur Silicon Motion et la mémoire QLC de Micron, Crucial a logiquement intégré un système de cache dynamique qui varie en fonction de l’usage et du modèle de SSD. Ainsi, le 500 Go voit son cache aller de 5 à 50 Go quand le 1 To peut varier entre 12 et 100 Go. Enfin, le 2 To va jusqu’à 200 Go avec un minimum de 24 Go.
Au-delà des performances sur lesquelles nous allons revenir dans un instant, le principal reproche que l’on peut faire à la mémoire QLC est son endurance. De part son fonctionnement, elle ne peut effectivement se mesurer aux SLC, MLC, TLC plus coûteuses. Problème, la perte d’endurance est notable. Dans le cas du Crucial P1, il est question de 100 To de total d’écriture alors que c’est 200 To et 400 To respectivement pour les modèles 1 To et 2 To. Dans ce dernier cas, cela revient à écrire 219 Go par jour pendant cinq ans, ce qui laisse tout de même voir venir, mais on regrette que Crucial n’affiche cette information que sur une fiche technique peu visible sur son site officiel.
Débits en lecture / écriture et échauffement
Sur le papier, le Crucial P1 est capable de lire les données à 2 000 Mo/s dans ses versions 1 To / 2 To et un tout petit peu moins sur le modèle 500 Go (1 900 Mo/s). En revanche, les écarts en écriture sont plus notables : 1 700 Mo/s pour les grosses capacités et « seulement » 950 Mo/s sur la version 500 Go. La question est de savoir si ces valeurs officielles se retrouvent dans nos tests.
Notre premier outil de mesure est le logiciel ATTO Disk Benchmark qui se distingue par la mesure des débits en lecture / écriture sur de multiples tailles de fichiers. On remarque ainsi que pour avoir des débits supérieurs au Go/s, il faut des fichiers d’au moins 16 Ko. Cela illustre très bien les difficultés, même pour les SSD NVMe, de traiter les plus petits fichiers : 40 Mo/s lorsqu’ils font un demi kilo-octet. En revanche, les débits avancés par Crucial se retrouvent parfaitement dès lors que l’on aborde les fichiers d’au moins 128 Ko, et ce, jusqu’aux plus imposants.
Peut-être un peu moins détaillé, CrystalDiskMark vient confirmer la très bonne tenue des débits officiellement avancés par Crucial dès lors que l’on s’en tient à de la lecture séquentielle : c’est ainsi que Crucial mesure ses débits. En revanche, notons que comme sur de très nombreux SSD, les débits sont moins à la fête dès lors que l’on aborde la lecture aléatoire. On perd ici environ 50% de performances tout en gardant des débits autour du Go/s, très corrects.
Comme à notre habitude, nous concluons ces quelques mesures de débits par un test plus « pratique », la copie de fichiers sous Windows 10. Il y a là plusieurs enseignements à tirer. En premier lieu, sur des fichiers qui n’excèdent pas le cache, aucun problème : le débit se maintient à des niveaux élevés confirmant les résultats observés avec nos deux logiciels de mesure dédiés.
En revanche, dès lors que le cache est « débordé », les débits s’effondrent en deux temps. Il est d’abord question d’une, courte, stabilisation autour de 550 Mo/s avant une nouvelle baisse : il n’est plus question que de 120 Mo/s environ. Notons cependant que cette baisse ne transparait que lorsque le cache est saturé comme nous l’avons dit : soit au cours de copies directes supérieures à 50 Go, 100 Go et 200 Go en fonction du modèle de P1 retenu.
Enfin, il nous faut souligner un défaut regrettable de ce Crucial P1 : sa gestion très approximative de l’échauffement thermique. En effet, alors que les températures opératoires annoncées par Crucial évoquent 0°C à 70°C, nous avons observé un effet de throttling quelques degrés plus tôt, autour de 67°C. Une température que l’on atteint d’ailleurs aisément, malgré la très bonne ventilation de notre boîtier. Alors que Crucial ne livre aucun dissipateur avec son P1, nous vous suggérons donc vivement de vous en procurer un si votre carte mère n’est pas elle-même dotée d’un tel accessoire : il est indispensable au bon fonctionnement et, sans doute, à la longévité du produit.
Crucial Storage Executive : pas le plus élégant
Comme la quasi-totalité des fabricants de SSD, Crucial y va de sa propre interface pour assurer la gestion de ses produits. Si par hasard vous avez plusieurs SSD de marques différentes dans votre système, il faudra donc jongler entre plusieurs interfaces. Super pratique. Reste que dans son genre, le Crucial Storage Executive n’est pas plus mauvais qu’un autre, au moins côté fonctionnalités. Il détecte aisément les produits Crucial et ceux de marques concurrentes pour lesquels il affiche la capacité occupée / disponible.
Il n’est en revanche capable d’afficher la température que des produits Crucial, dommage alors que l’indication ne doit pas être bien compliquée à dénicher. Pour le reste, on regrette surtout le manque d’élégance de l’outil qui regroupe toutes les fonctionnalités classiques, mais le fait de manière un peu « basique », sans finesse. Plus gênant, Crucial fait l’impasse sur une fonctionnalité certes plus rare, mais pourtant bien pratique : le nombre d’octet déjà écrits sur le disque. Il se repose sur une simple appréciation de l’état général du produit.
Crucial P1 : l’avis de Clubic
En commercialisant le P1, Crucial n’avait pas d’autre objectif que de proposer un SSD NVMe accessible sans trop dégrader les performances auxquels les utilisateurs étaient habitués. Exploitant de la mémoire QLC et une interface PCIe Gen 3, il n’est évidemment pas en mesure de tenir tête aux modèles de dernière génération que nous avons testés récemment – FireCuda 520, MP600 et Rocket en tête – et ce n’est pas réellement le sujet. Le Crucial P1 offre effectivement des performances plus qu’acceptables tant que le cache n’est pas saturé, attention tout de même.
Au-delà du cache, il pose une seconde question : celle de la longévité des SSD. Bien sûr, il est vrai qu’écrire 219 Go par jour pendant 5 ans n’est pas exactement un usage « normal », mais il est assez déroutant de ce dire que le produit a une espèce de « date de péremption »… le lecteur de mon Amiga 500 fonctionne toujours lui. Reconnaissons cependant que l’emploi de mémoires QLC a permis de faire drastiquement baisser les coûts et qu’à officiellement 115 euros (version 1 To) – souvent moins en promotion – ce Crucial P1 est séduisant.
En commercialisant le P1, Crucial n’avait pas d’autre objectif que de proposer un SSD NVMe accessible sans trop dégrader les performances auxquels les utilisateurs étaient habitués. Exploitant de la mémoire QLC et une interface PCIe Gen 3, il ne peut tenir tête aux meilleurs SSD, mais à petit prix, il offre des performances plus qu’acceptables tant que le cache n’est pas saturé.
- Petit prix (500 Go / 1 To)
- Débits séquentiels intéressants
- Mémoire QLC
- Endurance relativement limitée
- Débits en baisse sitôt le cache saturé
- Throttling dès 67°C