Avant de se faire doubler à pleine vitesse par les barres de son, l’amplificateur home cinema représentait la seule solution pour restituer le son 5.1 et plus dans son salon. Mais si les premières deviennent de plus en plus performantes, rien de tel qu’un système avec cinq enceintes et un caisson de basse pour retrouver les meilleures sensations du cinéma, des retransmissions sportives et du jeu vidéo. Le Denon AVC-S660H se fait une porte d’entrée dans ce domaine, sans vous ruiner ni faire de concession sur la qualité et les fonctionnalités.
- Du 5.1 solide et enveloppant
- Calibrage automatique efficace
- Upmixers qualitatifs et incontournables
- Connectivité étendue, 8K incluse
- Facilité d’utilisation au quotidien
- Lecture musicale stéréo directe peu entraînante
Denon est actuellement l’une des marques les plus actives dans le home cinema. Elle propose des barres de son bien sûr, comme la Denon Home 550, tout en poursuivant le développement de sa gamme d’amplificateurs AV. Ceux-ci ont pour but d’amplifier toutes les enceintes, de rassembler les sources audio et vidéo, et de donner accès à la musique en réseau. C’est-à-dire bien plus de choses qu’une barre de son. Pourtant, en associant de petites enceintes de qualité comme des Jamo, des Monitor Audio ou des Q Acoustics à cet AVC-S660H, vous devriez vous atteindre des budgets proches des prix des barres de son relativement bien équipées.
La gamme Denon comprend deux séries : les modèles d’entrée de gamme avec la lettre S avant les trois chiffres de la référence et la gamme premium dont la lettre X précède quatre chiffres. La dernière lettre H indique la présence de la connectivité audio réseau HEOS désormais de série sur tous les modèles, ce qui n’a pas toujours été le cas. Plus on monte en gamme, plus il y a d’entrées physiques, de canaux d’amplification et des composants de meilleure qualité. Cependant, le S660H a rejoint ses grands frères en termes d’équipement comme nous allons le voir.
Fiche technique Denon AVC-S660H
- Amplificateur home cinéma 5.1
- Puissance : 5x75 Watts max.
- Décodages : Dolby True HD, DTS HD Master Audio, upmixers DPL II & DTS Neo:6
- Entrées/sorties : 3x entrées HDMI 8K, 3x entrées HDMI 4K, 4x entrées audio analogiques dont 1x phono, 2x entrées numériques optique, 2x entrées/1x sortie composite, 2x sorties subwoofer, Ethernet, Wi-Fi, Bluetooth bidirectionnel, prise casque
- Compatibilités HDMI : 8K/60 Hz, 4K/120 Hz, HDCP 2.3, HDR10+, Dolby Vision, HLG, sclaer 8K, ARC/eARC
- Lecture audio : Hi-Res 192/24, HEOS, Spotify Connect, AirPlay 2, Roon Tested
- Autre : télécommande IR, micro pour le calibrage Audyssey MultEQ XT, apps AVR Remote & HEOS
- Dimensions/poids : 434 × 339 × 151 mm/ 7,8 kg
Design : afficheur simplifié et touches accessibles
Entrée de gamme oblige, le design de l’AVC-S660H est moins premium que celui de ses grands frères. Par exemple, il n’y a pas de trappe en façade pour cacher les connecteurs et les multiples touches. D’un autre côté, les fonctions sont ainsi directement accessibles. Bien que l’implantation soit classique avec deux gros potentiomètres entourant un afficheur central, ces éléments sont faits d’un plastique plus léger que les modèles supérieurs par souci d’économie.
Malgré tout, on reconnaît le style Denon au premier coup d’œil. C’est propre, net, sérieux et l’amplificateur repose sur quatre gros pieds bien rigides. Les touches en façade sont scindées en trois groupes. La barre horizontale sous l’afficheur rassemble les touches de fonction et de navigation. Les quatre touches à gauche donnent accès au Quick Select et les quatre de droite aux modes sonores.
L’afficheur confirme sur la partie supérieure le niveau de volume, le type de flux sonore reconnu et si le calibrage Audyssey est actif. Au centre, une ligne de caractères affiche en permanence le mode audio à gauche et le nom de la source à droite. Les informations sont raccourcies mais suffisamment compréhensibles. Il manque seulement les petits pictogrammes indiquant le nombre de canaux en entrée ou en sortie.
Connectivité : la 8K et le 120 Hz sont au rendez-vous
La face arrière est bien moins peuplée que celle des amplificateurs home cinema de gamme supérieure. Pourtant, la plupart des utilisateurs pourront aisément se contenter des propositions du S660H. Il y a quatre entrées audio analogiques, dont une pour platine vinyle, et deux entrées numériques optiques. Denon a conservé deux entrées et une sortie composite. Mis à part pour de vieilles consoles de jeux, il y a peu de chance que vous en ayez besoin.
Les entrées HDMI sont partagées en deux séries de prises : trois entrées 4K et trois entrées 8K. La sortie HDMI est bien entendu 8K, HDCP2.3 et ARC/eARC. Elle laisse passer le 120 Hz, l’ALLM et le VRR pour le plus grand bonheur des gamers. HDR10+ et Dolby Vision sont également supportés. La prise Ethernet est secondée par les antennes Wi-Fi et Bluetooth pour tout ce qui concerne la musique dématérialisée.
Cet amplificateur AV est purement 5.1. Il ne décode pas les formats audio immersifs et les sorties ne sont pas ré-affectables. Nous sommes donc dans la configuration la plus basique possible. La sortie pour caisson de basse est doublée, mais les signaux sont traités à l’identique. Il faut également savoir que la référence AVC signifie que cet appareil est dépourvu de tuner radio. Les modèles équipés débutent par les lettres AVR, avec un R comme Receiver, ou récepteur radio en français.
L’AVC-S660H permet de se concentrer sur l’essentiel du son cinéma avec cinq enceintes correctement placées et un ou deux caissons. Aucune évolutivité n’est permise. On pourrait se croire revenus 20 ans en arrière. Pourtant, comme nous le répétons souvent, un système 5.1 efficace sera toujours préférable à un système Atmos mal installé dans une pièce mal agencée.
Fonctionnalités : plus que complet
Cet amplificateur Denon décode le Dolby True HD et le DTS HD Master. Pour améliorer les sources stéréo, vous pourrez convoquer aux choix le Dolby ProLogic II ou le DTS Neo:6, chacun étant doté de leurs modes adaptés aux films et à la musique. Il y a également un mode virtuel et la stéréo recopiée sur tous les canaux (all channels stereo). En musique, les DSP Rock et Jazz sont proposés.
La puissance efficiente en sortie est de 75 Watts par canal avec deux canaux en fonction. Elle sera sensiblement inférieure en écoute sur cinq canaux, disons 5 x 65 Watts efficaces environ, ou peut-être un peu moins. Il vous faudra sélectionner des enceintes d’une sensibilité moyenne ou haute pour tirer le meilleur parti du S660H.
La lettre H dans la référence indique l’hyper connectivité de cet amplificateur AV. Il dispose du protocole de diffusion audio via le réseau HEOS en qualité Hi-Res 192/24, ce qui lui permet d’accéder aux services de musique en ligne tel que Deezer, Spotify, Tidal et TuneIn. Il est également compatible AirPlay 2. Vous pourrez le piloter à la voix via Alexa ou Google Assistant si vous le souhaitez.
Au rayon des fonctionnalités moins générales mais tout aussi intéressantes, notons que l’AVC-S660H intègre le Bluetooth bidirectionnel. Vous pouvez lui envoyer de la musique depuis un smartphone, et il enverra à son tour la musique vers un casque Bluetooth, ce qui est idéal pour les séances nocturnes. Notez également l’amélioration HDMI via un video scaler intégré qui peut mettre n’importe quelle source vidéo à l’échelle supérieure jusqu’à la 8K.
Installation : guide à l'écran et applications mobiles
Comme tous les appareils Denon, l’installation initiale passe par la navigation à travers les écrans graphiques affichés sur le téléviseur, ou un vidéoprojecteur, via la sortie HDMI. Toutes les étapes sont toujours très bien expliquées, schémas à l’appui. Comparativement aux modèles Denon premium, l’affichage des textes se fait dans une résolution inférieure, avec des caractères basiques type informatique.
L’AVC-S660H bénéficie du système de calibrage automatique Audyssey MultEQ XT. C’est donc sa version la plus simple, avec moins de points de mesure et de correction, comparativement à la version XT32 des modèles supérieurs. Néanmoins, l’exercice sera suffisant pour une configuration 5.1. Il faut placer le microphone fourni à différents endroits en suivant les indications et les dessins sur le téléviseur.
Les paramètres s’affichent intégralement sur le téléviseur bien qu’il soit possible d'y naviguer uniquement depuis l’afficheur simplifié en façade du S660H. Le menu classe les réglages en catégories : audio, vidéo, entrées, enceintes, réseau, HEOS et général. Chacun d’entre eux donne accès à des sous-menu bien fournis pour personnaliser le fonctionnement de son amplificateur selon ses besoins. Par exemple, une fois le calibrage effectué, il est possible d’entrer dans les réglages appliqués automatiquement pour les affiner.
La télécommande permet d’accéder directement aux sources avec pour chacune d'elles une touche dédiée. Elle facilite également la navigation dans les paramètres. Les touches Quick Select de 1 à 4 sont identiques à celles présentes en façade de l’appareil pour accéder à des combinaisons source/mode audio préétablies. Les quatre touches colorées, elles, font défiler les différents modes audio. Grâce à la connexion HDMI ARC/eARC, l’ampli est pilotable depuis la télécommande du téléviseur ou celle d’un équipement relié, comme une Apple TV.
Deux applications mobiles complémentaires permettent de piloter le S660H. AVR Remote reprend l’ensemble des fonctions de la télécommande, du menu à l’écran et de l’afficheur en façade. Elle complète ce dernier avec le détail des canaux actifs en entrée et en sortie. L’application HEOS est dédiée à la lecture de la musique avec l’accès aux services de streaming, aux webradios, aux dossiers partagés sur le réseau et au contenu d’une clé USB branchée sur l’ampli. En haut à droite, un petit icône permet de basculer d’une application à l’autre immédiatement.
Analyse : un 5.1 efficace, des upmixers à ne pas négliger
Les systèmes de calibrage audio automatiques sont si performants aujourd’hui qu’il serait dommage de s’en passer. L’Audyssey a surtout amélioré dans notre cas le raccord du caisson de basse avec les enceintes frontales pour un ensemble homogène. Néanmoins, du côté des enceintes, nous avons trouvé qu’Audyssey avait un peu plus poussé sur le médium/aigu par rapport à notre système de test habituel, ce qui a néanmoins pour avantage de faire ressortir du détail dans les effets sonores. Les niveaux ont été correctement établis pour du grand spectacle, mais nous préférons enlever quelques dB sur les enceintes surround pour un rendu équilibré avec la scène frontale, une question de goût personnel.
À partir d’une source stéréo, il est préférable d’utiliser l’un des upmixers pour profiter du son sur toutes les enceintes. Le mode Virtual est peu intéressant, un peu flou, à la limite du cotonneux. Le Dolby ProLogic II nous ramène à la vie avec une répartition correcte de l’ambiance sur les enceintes surround, mais la voie centrale n’est pas assez élevée. Le DTS Neo:6 Cinema est plus précis au centre, plus frontal avec une sensation de concentration supérieure.
Nous avons préféré ce dernier même si les différences avec le DPL II sont parfois minimes selon les sources. Précisons que les effets dépendent beaucoup de la qualité de l’enregistrement stéréo, de son ouverture naturelle et des déphasages existants.
Les modes DPL II et DTS Neo sont disponibles en version cinéma et en version musique. Le même type de signature se retrouve sur les versions musicales à l’écoute de clips ou de concerts. Toutefois, les upmixers en mode musique sont plus précis dans le grave et un peu moins gras dans le bas-médium, ce qui procure un avantage notable pour profiter d’une restitution plus équilibrée des instruments. L’excellent travail du calibrage Audyssey dans le grave a déplacé virtuellement le caisson au centre de l’action, comme si l’enceinte centrale délivrait l’essentiel des plus basses fréquences, un avantage important pour des écoutes équilibrées.
Les modes Rock Arena et Jazz Club nous ramènent aux grandes heures des DSP des années 90. Ils interviennent sur la réverbération principalement, souvent désagréables, mais aussi sur les fréquences en mettant exagérément le grave en avant. C’est rigolo mais pas forcément utile. Finalement, l’écoute en stéréo avec caisson, si vous l’avez configurée ainsi dans les paramètres, se révèle plaisante et largement suffisante, sauf si vous êtes audiophile. Dans ce cas, il vous manquera de la profondeur que vous retrouverez en invoquant le DTS Neo:6 Music. Ce n’est peut-être pas fidèle, mais le résultat est là. Car l’écoute en mode Direct, c’est-à-dire équivalent à une écoute HiFi sans aucune retouche, est dépourvu de vie et de détail.
En 5.1, le S660H effectue un excellent travail. Il reconnaît les sources Dolby comme DTS et délivre uniquement les 5 canaux principaux à partir d’une source Atmos par exemple. En Dolby Digital 5.1, il nous englobe dans une ambiance telle qu’on l’attend d’un système home cinema en éléments séparés. La jonction entre la façade et les enceintes surround est plutôt bien négociée. Ce sont souvent deux zones bien séparées mais le S660H arrive ponctuellement à positionner des sons entre les deux ou dans un plan horizontal différent de celui matérialisé par les enceintes, ce que nous avons pu vérifier lors du visionnage de Formula 1 : Pilotes de leur destin sur Netflix. Les ambiances sont restituées de façon naturelle pour bien faire ressentir les limites du lieu que l’on voit à l’écran, par exemple lors de l’introduction du film J’accuse en DTS, dans la grande cour des Invalides. Cet ampli sait tirer le meilleur des bandes son multicanales.
Prix et concurrence
La concurrence est malheureusement de plus en plus rare sur le marché des amplificateurs home cinema. Positionné à 549 €, le rapport qualité/prix de l’AVC-S660H en soi est déjà une belle prouesse si on le compare aux générations précédentes.
Le Yamaha RX-V4A est actuellement son concurrent direct, même s’il est proposé 50 € plus cher. Les deux produits partagent des caractéristiques communes en ce qui concerne les décodages, les paramétrages, le calibrage automatique, etc. Pour l’audio en réseau, le Yamaha fonctionne sous le protocole MusicCast concurrent à HEOS. Il est également AirPlay 2.
Les différences se résument à moins de prises HDMI chez Yamaha mais la possibilité d’utiliser des enceintes surround sans fil, les MusicCast 20. Et puis il y a le son. Le Yamaha est plus démonstratif, un peu moins naturel selon nous. Cela peut plaire, à vous de vous faire votre propre idée.
On attend maintenant les nouveaux modèles d’entrées de gamme Pioneer et Onkyo promis depuis un an et sans cesse repoussés.
L’avis de Clubic
Vous mettez en place ou renouvelez une installation home cinema en 5.1 ? Le Denon AVC-S660H a tout ce qu’il vous faut. Bien sûr, on pourrait lui reprocher son manque d’entrain en lecture musicale stéréo directe. Il n’est pas idéal pour les écoutes HiFi et ne pourra rivaliser avec un appareil dédié. Pour compenser, activez les upmixers et vous trouverez votre bonheur. C’est vraiment la seule critique à lui adresser.
Pour tout le reste, c’est carton plein : connectique, ergonomie, décodages, paramètres… Il sait faire la même chose que tous les modèles supérieurs. L’AVC-S660H d’entrée de gamme répondra aux attentes de 90 % des utilisateurs, si ce n’est plus. Alors que lui manque-t-il face à des produits 2, 3 ou 10 fois plus chers ?
Le nombre de canaux bien sûr, mais aussi leur puissance efficace et leur qualité de restitution. En haut de gamme, le traitement multicanaux sera plus fin, avec plus de cohésion entre les canaux, un effet de présence renforcé, ou encore des voix plus charnues. Et puis les écoutes musicales seront plus qualitatives, même en mode stéréo simple. Tout cela a un coût justifié. Pourtant, face à ces appareils premium, le Denon S660H n’a pas à rougir : l’entrée de gamme joue quasiment dans la cour des grands désormais.
- Du 5.1 solide et enveloppant
- Calibrage automatique efficace
- Upmixers qualitatifs et incontournables
- Connectivité étendue, 8K incluse
- Facilité d’utilisation au quotidien
- Lecture musicale stéréo directe peu entraînante