« Redmond, lancez vos photocopieuses », affichait fièrement Apple à sa WWDC 2004. La firme de Cupertino s'apprêtait à lancer Mac OS X Tiger, alors que Microsoft s'enlisait quelque peu dans le développement du successeur de Windows XP. L'iPhone n'existait encore que sur les sites de rumeur et dans les labos du 1 Infinite Loop.
Si on peut affirmer que Apple a considérablement changé la conception d'un OS mobile avec le premier iPhone, il ne nous paraît pas plus déraisonnable de soutenir que, face à une concurrence portée de plus en plus sur les services et le cloud (Google, Amazon, Facebook, Spotify...), Apple se retrouve, beaucoup plus que par le passé, dans une position de suiveur.
Et ça n'a rien d'anormal en vérité. Google s'inspire d'Apple, Apple s'inspire de Google et c'est comme ça que la concurrence se met à niveau. Néanmoins, c'est un fait que pour iOS 10, Apple est parti à la pêche aux fonctionnalités et aux idées d'interface chez la concurrence. Google, mais aussi WeChat, Facebook Messenger, Snapchat ou encore Spotify ont clairement été des influences pour cette mise à jour.
Mise à jour du 16/09 : Ajout de précisions sur le déverrouillage via TouchID.
Mise à jour du 13/09 : Dossier mis à jour avec la version GM (candidate à la version finale) de iOS 10.
Mise en garde : c'est une version 10.0 !
iOS 10, comme toutes les mises à jour Apple, sort le jour J pour tout le monde, et on peut être tenté de l'installer dès sa mise en disponibilité. Nous vous recommandons néanmoins un peu de prudence : quel que soit le système, la première version d'un produit peut comporter des bugs, et jouer les early adopters réserve parfois de mauvaises surprises. Si vous ne voulez pas essuyer les plâtres, installez-le sur l'appareil dont vous avez le moins besoin au quotidien, ou attendez les premières mises à jour mineures.iOS 10 : les appareils compatibles
Avant de rentrer dans le détail des nouveautés de iOS 10, attardons-nous un peu sur les appareils compatibles. Si iOS 9 avait donné un sursis aux iPhone et iPad sur la sellette avec des prérequis identiques à ceux de iOS 8, la version 10 fait tomber le couperet sur tous les smartphones, tablettes et baladeurs à base de puce A5 et/ou équipés de 512 Mo de RAM. L'iPhone 4s, l'iPad de 3e génération, le premier iPad Mini et l'iPod Touch de 5e génération passent à la trappe. La mise à jour vers iOS 10 nécessite donc un des appareils suivants :- iPhone SE, iPhone 6s, 6s Plus, 6, 6 Plus, 5s, 5c et 5
- iPad Air 2, Air et 4e génération
- iPad Mini 4, 3 et 2
- iPad Pro et iPad Pro 9,7 pouces
- iPod Touch de 6e génération
Nous avons installé la version GM de iOS 10, identique à la version finale distribuée, sur un iPhone 6s, un iPhone 6s Plus, et un iPhone 5c. Sur ce dernier, nous n'avons pas constaté de problème particulier, au pire, des mini accrochages sur certains défilements. Il est évidemment difficile d'émettre un jugement définitif sur un téléphone que l'on vient de réinitialiser complètement. Toutefois, on ne constate pas de dégradation de performances particulières par rapport à iOS 9 sur le même appareil.
iOS 10 sur iPhone 5c : c'est petit, mais ça passe !
Accueil : iOS 10 revoit l'écran de verrouillage
iOS 10 revoit un certain nombre d'éléments centraux de l'interface. Pas le plus central qui reste fidèle à lui même : le springboard est inchangé, sur iPhone comme sur iPad. La nouveauté principale réside dans l'écran Aujourd'hui et ses widgets. Jusqu'ici cantonné à un onglet du centre de notifications, il prend désormais ses quartiers à gauche du premier écran d'accueil, un choix d'ailleurs assez logique puisque c'est déjà là que l'on trouve les actualités et les apps fréquemment utilisées. Sans doute pour ne pas perdre les utilisateurs habitués aux précédentes versions, Apple a également conservé leur emplacement original (un revirement depuis les premières bêta).Surtout, la vue Aujourd'hui est désormais accessible depuis l'écran de verrouillage, toujours par un balayage vers la droite de l'écran, tandis qu'un geste vers la gauche ouvre désormais l'appareil photo. Et ainsi disparaît un élément emblématique du premier iPhone : le Slide to unlock. Que vous utilisiez TouchID ou non, on déverrouille désormais un iPhone, iPad ou iPod Touch via un appui sur le bouton d'accueil. Même après huit versions bêta, on a encore du mal.
Même le comportement de TouchID a changé, au passage. Un simple toucher sur le capteur ne renvoie plus vers l'écran d'accueil, mais déverrouille simplement l'utilisation, et l'appui est nécessaire. Un passage par les préférences d'accessibilité permet de rétablir l'ancien comportement. L'idée est évidemment de s'adapter au basculement, à terme, de toute la gamme iOS sur un bouton à retour haptique. Et aussi, puisqu'on peut faire de plus en plus de choses via l'écran de verrouillage, de séparer les actions de déverrouillage des données, et d'ouverture de l'écran d'accueil.
Car c'est la principale nouveauté de l'accueil iOS 10 : la possibilité d'interagir, notamment via 3D Touch sur iPhone 6s, directement avec les notifications ou les widgets Aujourd'hui depuis l'écran de verrouillage. Ecran que l'on peut, sur un appareil équipé d'un A9 au minimum, afficher simplement en le saisissant, comme on active l'écran de l'Apple Watch en tournant le poignet.
Pour ceux qui empilent des notifications en retard, il est désormais possible de les effacer toutes d'un coup, une manière d'harmoniser le fonctionnement de l'iPhone et de l'Apple Watch puisque l'action est la même : une pression 3D Touch sur l'écran.
Quand on dit que le springboard n'a pas bougé, ça n'est pas tout à fait vrai. Il s'enrichit de la possibilité de supprimer la plupart des applications Apple de l'écran d'accueil. De les cacher, en fait, plus que les désinstaller. Les ressources, à l'exception des données utilisateur, ne sont pas libérées pour autant, et s'il est possible de les « réinstaller » depuis l'App Store, c'est plus pour la forme. Les apps ne sont pas vraiment disponibles sur le kiosque de téléchargement, et elles s'installent instantanément, preuve qu'elles n'étaient pas parties bien loin.
Les widgets s'invitent également sur l'écran d'accueil. Une pression « 3D Touch » sur une icône permet ainsi de faire apparaître le widget de l'application en question. Les habitués de launchers alternatifs sur Android reconnaîtront ici une fonctionnalité qui rappelle Action Launcher, de Chris Lacy. Voilà qui renforce l'intérêt de 3D Touch, mais l'absence d'alternative est regrettable. Justement, Action Launcher a la réponse : un balayage depuis l'icône.
Le Centre de Contrôle est désormais divisé en deux panneaux. Le premier rassemble les raccourcis (Wi-Fi, Bluetooth, mode avion) et Night Shift. Ces raccourcis sont toujours insensibles à une pression prolongée ou 3D Touch, ce qui serait bien pratique pour changer facilement de réseau Wi-Fi ou associer un appareil Bluetooth. Enfin, comme sur la plupart des smartphones Android depuis cinq ans, quoi.
Le second panneau est dédié à la lecture audio et à Airplay. Si on peut apprécier le gain en clarté, c'est une étrange régression, puisque le Centre de Contrôle, lancé avec iOS 7, éliminait justement un geste pour accéder aux boutons de lecture multimédia.
iPad : peu de changements
L'iPad est un peu le laissé pour compte de iOS 10. Alors que les nouveautés étaient nombreuses dans la précédente version, on attendait au moins une amélioration du mode Split View introduit dans cette version. On ne peut pas franchement dire que ce soit le cas, et il est toujours impossible, par exemple, d'intervertir deux applications.On reste assez loin de la souplesse du Snap de Windows 10, et d'ailleurs, à quand un Split View vertical sur iPhone 6/6s et 7 Plus ?
L'utilisation de l'espace, notamment sur iPad Pro, continue à nous laisser perplexe. Si l'écran Aujourd'hui et ses widgets s'affichent sur deux colonnes, les notifications semblent toujours perdues au milieu de l'énorme écran. Plus absurde : même en mode paysage, même sur iPad Pro, les deux panneaux du centre de contrôle sont séparés par un balayage !
Surtout, on regrette toujours de ne pas pouvoir reproduire les actions de 3D Touch avec l'Apple Pencil sur iPad Pro. On sait que Apple ne veut pas faire de son « crayon » un outil de navigation dans l'interface, mais ce serait un moyen de combler l'absence de sensibilité à la pression sur iPad.
Messages : la pêche aux fonctionnalités
Cela peut paraître étrange, mais en fait pas tant que ça : l'application qui concentre l'essentiel des nouveautés de iOS 10 est Messages. Pourquoi ça n'est pas si étrange ? Tout simplement parce que ça n'est pas pour rien que Messages figure, depuis le premier iPhone, en haut à gauche du premier écran. La messagerie instantanée, via SMS ou données, est sans doute l'application la plus utilisée sur un smartphone, et Messages avait un gros retard à rattraper s'il voulait offrir aux utilisateurs iOS le même niveau de fonctionnalités qu'un Facebook Messenger, un Snapchat ou un WeChat.Des apps dans l'app
Le nouveau Messages se veut plus qu'une app SMS dont les messages sont chiffrés et colorés en bleu lorsqu'on les envoie entre deux utilisateurs d'iPhone. Apple avait déjà commencé son petit shopping avec iOS 8 en introduisant les messages audio, clairement empruntés à WhatsApp.Cette fois-ci, l'emprunt le plus significatif réside dans la possibilité d'ajouter des apps à l'intérieur de Messages, un bac à sable qui permet aux développeurs de proposer des autocollants, mais aussi d'intégrer dans la messagerie d'Apple des fonctionnalités de leur application : paiement entre amis, livraison à domicile, appel de VTC, ou encore, jeux.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, l'App Store pour Messages vient d'être lancé, et la section propose déjà quelques apps de productivité, des jeux (Words With Friends, Tic Tac Toe...), de nombreux packs d'autocollants, dont les fameux stickers Super Mario annoncés le 7 septembre, ou des composants Messages pour des apps telles que Yelp.
Détail intéressant côté développeur : les apps Messages ouvrent les portes de l'App Store à des personnes n'ayant pratiquement aucune connaissance en matière de programmation. Les prérequis pour créer et vendre un pack d'autocollants se limitent presque à disposer d'un compte développeur payant et savoir ouvrir un projet XCode.
Allo ? Oui, c'est Apple !
Messages ne fait pas seulement confiance aux développeurs tiers, en apportant ses propres nouveautés. La plupart pourront apparaître comme plutôt superficielles. On dira que ceux qui n'y voient pas d'intérêt sont sans doute trop âgés pour être la cible. Ainsi, Messages peut détecter certaines phrases ou exclamations du type « Joyeux anniversaire » ou « Génial » pour envoyer ballons et lumières disco. De quoi rendre vos conversations plus Wizz, LOL et MDR en somme.On peut également choisir ses propres effets, ou utiliser une variante un peu plus intéressante. Les Bubble Effects permettent d'affubler les messages d'effets grossissant les polices pour appuyer son propos, ou au contraire chuchoter, une fonctionnalité également présente dans le prochain Allo de Google.
Qui a eu vent de la fonctionnalité de l'autre, sachant que les deux apps ont probablement été développées simultanément ? Mystère. En tous cas cela introduit quelques nuances dans les conversations écrites. Une option « encre invisible » permet d'envoyer un message mystère, que l'interlocuteur peut révéler au contact du doigt. C'est mignon !
Mignon comme l'apparition de la fonctionnalité Digital Touch, issue de l'Apple Watch, un ensemble de gestes pour envoyer à votre moitié un dessin de votre cru, un cœur qui bat ou diverses animations plus ou moins adorables, ou pas.
Les amateurs d'emojis peuvent enfin se réjouir : Messages détecte automatiquement les mots pouvant être remplacés par ces petits pictogrammes et permet leur changement en un tap. Ça, c'est malin et bien implémenté, pour la peine.
Au passage, Apple a considérablement enrichi sa sélection d'emojis, notamment pour inclure plus de diversité : de nombreux smileys proposent des variations de couleur de peau. Pour finir sur ce pilier de l'expérience utilisateur de iOS (si, si !), les pictogrammes apparaissent désormais beaucoup plus grands et détaillés si vous en envoyez moins de trois.
Clavier virtuel : quelques nouveautés
La mise à jour de Messages est également l'occasion pour Apple de faire évoluer un peu son clavier virtuel. Alors que les prédictions de saisie sont enrichies par les données - anonymisées - des utilisateurs, le clavier est enfin capable de parler plusieurs langues à la fois sans passer d'une disposition à l'autre. Pour les bilingues ou même pour insérer des citations anglophones dans un texte français par exemple, ça évite le jonglage, ou le passage à un clavier tiers prenant cette possibilité en charge, comme SwiftKey.Les utilisateurs de claviers externes en Bluetooth ou via le Smart Connector de l'iPad Pro apprécieront quant à eux la possibilité de spécifier des réglages différents de ceux du clavier virtuel pour la correction automatique. Au passage, de nouveaux raccourcis font leur apparition, notamment le fameux Cmd+Maj+3, permettant de réaliser des captures d'écran sur Mac, et donc désormais sur iPad ! D'ailleurs, la vue Cmd+Tab, semblable à celle de OS X, s'enrichit au passage d'une vignette supplémentaire pour basculer vers l'écran d'accueil.
Photos : du machine learning en local
Apple fait évoluer son offre photo depuis iOS 7, mais face à un Google Photos et son machine learning impressionnant d'efficacité, la solution intégrée à iOS (et macOS) semble toujours accuser un certain retard.Avec iOS 10, Apple entend se remettre à la page sur deux aspects essentiels du service de Google : l'analyse et la recherche d'éléments ou de sujets dans les photos, et la création automatisée de contenus « souvenirs ».
Chez Google, ces opérations s'effectuent dans le cloud. Et depuis la sortie de Google Photos en 2015, on a pu constater à quel point la solution de la firme de Mountain View est performante, aussi bien pour des recherches que pour la création de diaporamas, de vidéos ou d'images animées basée sur des événements. Rien à faire côté utilisateur : le nuage de Google s'occupe de tout. A condition, bien sûr, de le laisser analyser vos photos.
Apple semble mettre un point d'honneur à effectuer ce processus sur l'iPhone lui-même. Est-ce vraiment aussi efficace que ce que propose Google ? Difficile à dire : les recherches effectuées à l'heure où nous écrivons ces lignes montraient à peu près autant de prédictions correctes que d'erreurs grossières : une souris prise pour un sac à dos, un immeuble pris pour un hublot d'avion...
Google semble forcément maitriser son sujet, l'avantage d'utiliser le cloud et les données personnelles des utilisateurs. Laissons le temps à l'approche d'Apple d'évoluer, car elle a le mérite de rassurer les utilisateurs soucieux de ne pas transmettre des données personnelles, même intimes, concernant les photos, à des robots.
L'autre nouveauté réside dans la section « Souvenirs », une fonctionnalité là encore très proche de l'Assistant de Google Photos, permettant de générer automatiquement des contenus liés à des événements. L'interface est assez bien faite, facilitant la navigation d'un souvenir à l'autre.
Chaque souvenir peut être visualisé sous la forme d'un diaporama ou d'un petit film généré avec transitions et musique de fond. Comme dans Google Photos, il est possible d'éditer le style des films, la durée, la musique de fond... On va dire que cette fonctionnalité typiquement « Appleienne » avait tout intérêt à se retrouver dans iOS, même s'il est, là encore, évident que Google a doublé son concurrent.
Apple Music : une refonte bienvenue
Apple Music a été lancé l'été dernier, et sa présentation catastrophique à la WWDC 2015 montrait clairement que le service avait été poussé vers la sortie en urgence. Il en résultait de bonnes idées, comme les playlists créées par de vrais spécialistes, mais un service un peu confus, dont l'interface avait de quoi rebuter les habitués à la simplicité du créateur de l'iPod.iOS 10 remet les choses à plat avec une nouvelle interface qui a le mérite de s'inspirer d'un modèle qui marche : celui de Spotify. Difficile de ne pas comparer le nouvel écran d'accueil à la disposition de la section Bibliothèque du service suédois : les sections sont presque dans le même ordre !
Bref, une interface claire, à base de grandes polices, et une navigation beaucoup plus évidente entre les albums, artistes, titres et playlists. Une fois de plus, on n'attribuera pas à Apple la médaille de l'originalité, mais on est ravi de constater que les équipes de Eddie Cue aient identifié aussitôt les gros problèmes de la version originale.
À ce propos, la section Connect, censée faire la différence avec un moyen pour les artistes de partager des contenus avec leurs fans a été enterrée, au sens propre du terme, puisqu'on la retrouve dans les tréfonds de l'interface, et non plus au premier rang. Et à vrai dire, en un an d'existence, on ne l'avait absolument jamais utilisé. La plupart des abonnés à Apple Music ne verront probablement pas la différence.
L'application Musique prend désormais en charge le mode Split View sur les iPad compatibles. Une bonne chose, même si on aurait apprécié un effort similaire sur iPhone : l'app est toujours inutilisable en mode paysage, et ne profite donc absolument pas de l'affichage étendu sur iPhone 6, 6s et 7 Plus.
Fondamentalement, le service n'évolue pas, mais comme de nombreuses sections de iOS 10, l'app Musique bénéficie d'une refonte visuelle assez agréable, mettant davantage en évidence certains menus, boutons ou fonctionnalités, comme un accès simplifié à la musique téléchargée sur l'appareil. On a toujours du mal à trouver l'ergonomie aussi immédiate que la simplicité de l'ère iPod, mais les usages ont changé en 10 ans.
On ne voit toutefois pas trop ce qui pourrait pousser un utilisateur satisfait de Spotify ou Google Play Music à quitter son service préféré. Apple peut au moins compter sur son intégration supérieure : c'est le seul service qui fonctionne actuellement avec Siri, qui n'est pas ouvert aux apps audio tierces. Et pour peu que vous ayez une Apple Watch et/ou une Apple TV, le passage de l'un à l'autre est évidemment optimal.
Siri se fait enfin des amis
Depuis le lancement de Siri avec l'iPhone 4s, Apple a constamment mis à jour son assistant vocal par petites touches, ajoutant un partenariat par ci, une fonctionnalité par là, généralement réservée au marché américain.iOS 10 apporte enfin à Siri l'intégration des applications tierces via des API, un souhait de plus en plus insistant alors que Amazon fait déjà parler son Alexa avec de nombreux appareils et services tiers.
Comme au lancement du multitâche dans iOS 4, Apple cadre néanmoins les possibilités d'intégration de manière assez stricte, limitant son usage à six domaines spécifiques :
- L'appel de taxi ou VTC
- La recherche de photos
- La VoIP
- La messagerie instantanée
- Les paiements entre utilisateurs
- Les activités de fitness
Certains de ces intents proposent des possibilités d'affinage. La recherche photo permet par exemple des requêtes du type : « Trouve les photos de l'été dernier avec MonAppPhoto »
Un septième intent est réservé à CarPlay, et permet notamment de contrôler la climatisation et la radio à l'intérieur de la voiture.
On est clairement au début de l'ouverture de Siri, et les prochaines mises à jour majeures apporteront sans doute de nouvelles possibilités. En l'état, il faut bien admettre qu'elles sont extrêmement limitées, et pas forcément à des domaines des plus intéressants. De nombreux observateurs ont ainsi noté l'absence d'une API pour les applications de lecture audio. Apple Music ou Podcasts conservent ainsi leur chasse gardée.
Là encore, il faudra attendre que ces fonctionnalités soient intégrées aux applications.
Les premières apps compatibles annoncées par Apple incluent LinkedIn, WhatsApp ou encore Square pour le paiement entre utilisateurs.
Domicile : enfin une app centralisée pour HomeKit
Depuis son introduction, le framework HomeKit, censé permettre le contrôle de sa maison depuis iOS, semble peiner à faire son trou. Et pour cause : en plus de conditions d'utilisation strictes qui ont fait fuir certains constructeurs comme Belkin, il manquait à HomeKit son hub sur iOS. C'est désormais le cas avec Home, ou Domicile en français.Outre le contrôle d'appareils individuels, l'intérêt de Domicile réside dans la possibilité de regrouper des appareils sous des domiciles différents (la maison et le bureau, par exemple), sous différentes pièces, mais également sous la forme de scènes, qui correspondent à une activité.
On peut ainsi créer une scène « J'arrive » qui va régler en un tap tous les appareils comme on le souhaite à son arrivée au domicile. Siri est mis à profit et permet d'exécuter une scène en une requête.
L'Apple TV et l'iPad peuvent également faire office de concentrateur, permettant cette fois d'automatiser le déclenchement des scènes.
Plans : proactivité et réactivité
Plans bénéficie de sa petite mise à jour annuelle et met l'accent sur la proactivité. L'interface revoit l'organisation de la barre de recherche et des boutons. Surtout, l'appli vous propose dès le lancement des suggestions d'adresses fréquentes.L'autre nouveauté a fait son apparition il y a quelque temps sur Google Maps. L'interface de navigation permet désormais d'ajouter un petit détour pendant son trajet : station service, déjeuner ou café.
Et puisqu'on en est à se mettre à la page par rapport à Google Maps, la navigation est maintenant capable d'adapter la vue à la vitesse et à la route en zoomant en avant ou en arrière, et d'afficher en direct des infos sur le trafic ou les incidents en cours. Apple a également revu l'affichage des étapes avec des polices plus grandes et un fond noir sans doute plus lisible.
Petit ajout fort sympathique : l'application détecte si vous garez votre voiture pour vous aider à retrouver votre place. Comment ? Apparemment, la fonctionnalité utiliserait le coprocesseur de mouvement de l'iPhone pour détecter le passage à la marche à pied.
Bref, Apple s'adapte, et vu ses ambitions prêtées dans le domaine de l'automobile, on peut dire que c'est nécessaire.
Quoi d'autre ? Mail, Safari, Notes...
Comme toute mise à jour de système, iOS 10 apporte son lot de petites nouveautés qui se révèlent à l'usage. Mail permet ainsi d'adopter une vue par conversation, et de filtrer les messages selon plusieurs critères (non lus, VIP, avec pièces jointes...)Le client détecte également les newsletters et propose un bouton facilitant le désabonnement. Apple n'est pas le premier à intégrer ce type de fonctionnalité, mais elle est bien implémentée, donc pourquoi s'en passer ?
Du côté de Notes, la nouveauté principale concerne la réalisation de notes collaboratives. Les utilisateurs ajoutés peuvent visualiser et/ou apporter des changements. Après la grosse refonte de l'application l'an dernier, l'ajout continue de rattraper le retard d'Apple sur Evernote ou OneNote.
Safari est, pour l'instant, la seule vraie nouvelle fonctionnalité de iOS 10 pour iPad. « Pour l'instant », car on voit bien Apple apporter des changements plus significatifs à la sortie d'un nouvel iPad Pro. En attendant, il devient possible d'afficher deux fenêtres Safari côte à côte. Bizarrement, la séparation, interne à Safari, ne se fait pas du tout via le mode Split View. On peut, du coup, ouvrir un lien en créant une deuxième fenêtre, puis, depuis chaque panneau, ouvrir un lien dans celui d'en face. Il est possible aussi de passer un onglet d'un panneau à l'autre.
Et, accrochez-vous, on peut enfin fermer tous les onglets d'un coup ! Une pression prolongée (mais pas 3D Touch !) sur le bouton d'affichage de tous les onglets s'enrichit de l'option. Sur iPad ou iPhone Plus, on aimerait aussi un bouton « Fermer les onglets à droite » mais c'est déjà ça.
iOS 10 apporte également des changements à l'application Horloge, avec une nouvelle section Coucher qui permet de spécifier une heure de coucher (entrainant une alerte) et un nombre d'heures de sommeil. Un graphique permet de suivre l'évolution du rythme. Un réveil légèrement amélioré, dont on remarque l'interface sombre. Pas bête, puisqu'on utilise surtout cette application à sa table de chevet avant de s'endormir. On dit ça comme ça : l'idée serait encore plus pertinente avec un iPhone équipé d'un écran AMOLED aux noirs infinis, ce qui ne sera pas le cas pour cette génération, l'iPhone 7 misant toujours sur le LCD.
Notre avis
iOS 10, vu de l'extérieur, ne semble pas apporter beaucoup d'innovations que l'on n'a pas déjà vues dans d'autres systèmes mobiles ou dans des applications concurrentes de celles d'Apple (sur iOS ou autres). Plus qu'une mise à jour, le nouvel iOS est une mise à niveau, d'ailleurs plutôt réussie, Apple ayant soigné le moindre détail, comme souvent.D'ailleurs, si l'OS modifie quelque peu l'écran d'accueil et si on note des évolutions internes intéressantes, telles que les API pour Siri, en façade, ce sont surtout les applications associées au système qui évoluent : Plans, Photos, Messages et Musique. Dans une moindre mesure, Mail, Safari ou Notes bénéficient de quelques ajouts.
L'écosystème d'apps pourrait également profiter de nouvelles API intéressantes, si les développeurs d'apps suivent le mouvement. Les apps de capture photo, notamment, peuvent désormais accéder aux fonctionnalités du capteur dans les moindres détails, et en plus de Siri, les développeurs peuvent désormais cibler Messages et Plans, ce qui devrait créer des opportunités supplémentaires.
La mise à jour va-t-elle changer votre quotidien ? Franchement, non. iOS 10, d'un point de vue utilisateur, apporte une quantité de petites améliorations fort sympathiques et bien intégrées, mais rien de transcendant. Dans les bons points, on ne note rien qui soit une vraie régression par rapport à iOS 9, au pire des habitudes que l'on va devoir perdre, comme la fin du Slide to Unlock, bien que la plupart des acheteurs d'iPhone depuis 2013 se sont de toute façon déjà habitués à TouchID. Les changements opérés ont d'ailleurs du sens dans la mesure où Apple optimise son interface pour permettre de plus en plus d'interactions depuis l'écran de verrouillage. Côté réactivité, sur tous les iPhone que nous avons testés, y compris sur un 5c, nous n'avons pas noté de baisse des performances. C'est déjà ça !
Pas d'hésitation, a priori, donc, pour les utilisateurs d'iPhone. Pour les possesseurs d'iPad, en revanche, pas de quoi se presser le jour J. On attendra la sortie d'un nouvel iPad Pro pour se prononcer, toutefois, les utilisateurs d'iPad, à la fête l'an dernier, sont un peu les laissés-pour-compte de cette nouvelle version, qui n'apporte presque rien, que ce soit niveau ergonomie ou fonctionnalités. Et pourtant, les fonctionnalités de multitâche introduites avec iOS 9 ont grand besoin d'être améliorées. Pour une 10.1 ou 10.2 peut-être ? On l'espère.
Sans surprise, Apple suit ainsi une tendance amorcée depuis iOS 8 : améliorer son OS par petites touches, en piochant chez ses concurrents les idées les plus pertinentes pour garder son système dans la course. On ne cachera pas notre déception de ne pas les voir profiter du cap symbolique de la version 10 pour remettre les choses à plat, et pas que visuellement. iOS 10 demeure malgré tout une mise à jour cohérente, une de plus, qui rendra votre iPhone, et dans une moindre mesure votre iPad, un peu plus agréables à utiliser.
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