Et pour cause, sous le capot, là où les amateurs de hardware commencent doucement à frissonner, les GE75 Raider s'arment de ce qui se fait de mieux ou presque en 2019. Le modèle que nous a confié MSI pendant quelques semaines comptait toutefois parmi les déclinaisons « abordables » de l'engin, puisque équipée d'une simple RTX 2060. Proposé aux environs de 2000 euros chez les web-marchands, cette mouture (GE75 Raider 8SE-061FR pour être précis), nous aura permis de jauger les performances de la RTX 2060 mobile, et une chose est claire, en 1080p la puce de Nvidia assure le spectacle... à condition d'y aller molo sur le DXR.
Histoire de commencer par le commencement, une pause par la case fiche technique s'impose. Voici donc ce que nous propose MSI pour le prix d'une (petite) citadine d'occasion.
- Écran mat IPS Full HD de 17,3 pouces (144 Hz/3ms), 100% sRGB/72% NTSC
- Processeur Intel Core i7-8750H (6 cores/12 threads @ 2,2/4,10 GHz et 45 Watts de TDP)
- 2 x 8 Go de DDR4-2666
- Nvidia GeForce RTX 2060 avec 6 Go de mémoire vidéo GDDR6
- 256 Go de stockage en SSD PCIe NVMe + 1 To de HDD 7200 tpm
- Batterie 6 cellules
Un design « Gamer » dans les règles de l'art... mais un châssis 70% plastique
Une fois sorti de sa boîte, le GE75 Raider apparaît dans toute sa stature. Imposant, le terminal de MSI n'est pas de ceux qui se font oublier. Avec lui impossible de songer à de longue escapades. Vous serez heureux si vous parvenez à le glisser dans un sac à dos... et encore plus sans vous faire sauter une lombaire. Car l'appareil est lourd, 2,64 kilos sur la balance, et son gabarit (397 x 268,5 x 27,5 mm) ne lui permettra que d'être déplacé avec parcimonie. Son bloc d'alimentation, volumineux et lourd, lui aussi, contribuera à rendre l'appareil sédentaire, au même titre que son autonomie piteuse... nous y reviendrons plus loin.On en attendait pas moins d'un laptop de 17,3 pouces, à fortiori destiné au jeu, mais la carrure du PC Gamer de MSI ne se traduit pas par une solidité à toute épreuve. Colosse aux pieds d'argile, le GE75 Raider, n'a pas le privilège d'un châssis intégralement constitué de métal. MSI a plutôt opté pour un mariage pas très heureux de pièces en plastique et de plaques d'aluminium. Au nombre de deux en l'occurrence, ces dernière se contentent de recouvrir le dessus du capot, les abords du clavier et les repose-poignets. Tout le reste est en plastique sur le GE75, à commencer par les côtés et le dessous de l'appareil : zones les plus sujettes aux chocs.
Cette abondance de plastique contribue à une mauvaise répartition du poids de l'ordinateur, déséquilibré vers l'arrière lorsqu'on cherchera à ouvrir le capot sans tenir au préalable l'avant du châssis. Une première impression au déballage qui ne renvoie pas une image de qualité. Dommage.
A ce propos, la question du trackpad mérite aussi d'être évoquée. Excentré sur la gauche, non cliquable, trop petit, et lui aussi intégralement en plastique, ce dernier peine à convaincre. On lui préfère - et de très loin - le large trackpad intégré au GS65 Stealth, plus qualitatif et surtout plus pratique au quotidien. Mais pourquoi diable MSI ne le décline-t-il pas sur tous ses appareils ?
Heureusement, le GE75 Raider peut mettre en avant son clavier pour se rattraper aux branches en matière d'ergonomie. Il s'agit, et nous n'avons pas peur de le clamer, d'un des meilleurs que nous ayons testé ces dernières années sur le secteur des appareils portables dévolus au jeu. Sa frappe, moelleuse et précise, s'avère aussi plaisante pour taper du texte que pour jouer aux derniers FPS à la mode. Un carton plein pourvu d'un rétroéclairage RGB configurable, soit depuis un utilitaire préinstallé, soit depuis une petite touche dédiée, permettant d'alterner à la volée entre plusieurs préréglages. On regrette en revanche l'absence de macros (pourtant très appréciés des joueurs de MMO, notamment), ainsi que la taille ou encore le placement parfois saugrenu de certaines touches.
Pour le reste, et en matière de design, le GE75 est ni plus ni moins dans les canons du laptop Gamer typique, pour ne pas dire stéréotypé. Les lignes vaguement asymétriques du terminal contribuent à lui conférer un certain cachet. Nous aurions préféré un look plus mature... et donc moins criard, mais nul doute que sa silhouette actuelle saura séduire le public visé. Ajoutons qu'avec son laptop, MSI continue de prêcher la bonne parole en matière de bordures d'écrans affinées. De ce côté, on retrouve exactement les même proportions que sur le GS65 Stealth (à savoir une large bordure inférieure complétée de fines barres sur les côté et au dessus de la dalle), pour un résultat tout aussi convaincant.
Last, but not Least, la connectique du GE75 se montre complète avec 1 port RJ45, 1 sortie HDMI, 1 sortie mini DisplayPort, 1 entrée USB 3.1 Type-C, 1 port USB 3.1, 2 ports USB 3.0, un lecteur de carte SD et les traditionnels prises Jack pour le micro/casque.
GeForce RTX 2060 : un nouveau gage de performance (une fois le DXR mis entre parenthèses)
Mais qu'importe son design, et ses quelques errances de conception, c'est en jeu que le GE75 Raider dévoile son plein potentiel. Nous l'avons dit, le laptop du constructeur taïwanais se contente d'une dalle 1080p... la définition ciblée par Nvidia avec la GeForce RTX 2060. Cela tombe bien, c'est cette puce que notre exemplaire de test arborait.Plus véloce qu'une GTX 1070, la RTX 2060 ne fait qu'une bouchée de la Full HD. Un constat vérifié sur l'ensemble des jeux que nous avons installé sur l'appareil. Sur Metro Exodus, en niveau de détails "Extrême" (et avec la technologie Hairworks, le pavage et les effets PhysX actifs), le GE75 Raider parvenait à afficher entre 50 et 60 FPS en fonction des scènes (contre 65 à 75 FPS en niveau "Ultra", suffisant pour une expérience visuelle de haut niveau en 1080p). Sur Shadow of The Tomb Raider, dans les mêmes conditions, nous parvenions à rester solidement ancrés à près de 60 FPS, tandis que des titres plus légers, comme Fortnite ou le récent Apex Legends se voyaient propulsés sans encombre entre 90 et 120 FPS.
Autant dire que le GE75, est un compagnon de jeu assez remarquable. Du moins à quelques détails près.
Le premier bémol viendra des performances une fois le Ray Tracing activé en jeu. Très gourmand, le rendu hybride de Nvidia permet d'afficher de jolis reflets et des effets léchés, mais au prix d'un framerate largement amputé. Ainsi, sur Metro Exodus, nous passions de valeurs comprises entre 50 et 60 FPS en "Extrême" à 30-40 FPS une fois le DXR actif et poussé à plein régime. Un chiffre souvent revu à la baisse lors de scènes remuantes ou très fournies en éléments sujets aux reflets et à l'illumination globale, au point - parfois - de flirter aux environs des 25 à 30 FPS (tout de même un peu basse sur un shooter).
Pour limiter ces chutes de framerate, deux solutions s'offrent au joueur : se rabattre sur le niveau de DXR intermédiaire, pour une expérience visuelle moins plaisante (on se maintient alors aux environs de 35-40 FPS assez facilement), ou activer la technologie DLSS de Nvidia. Une alternative qui aura pour conséquence de réduire assez sensiblement la netteté de l'image. En contrepartie, le framerate atteint cette fois les 45 à 50 FPS sans trop s'en dessaisir. Assez peu partisans du DLSS, qui compromet trop la qualité visuelle des jeux, nous recommandons d'opter pour un traitement DXR plus léger... ou de laisser carrément de côté le rendu hybride de Nvidia pour profiter d'un rafraîchissement stable, solidement campé à plus de 60 FPS. Une affaire d'opinion et surtout de préférences en termes de fluidité. Même sans DXR, la plastique de Metro Exodus reste très séduisante.
A noter que sur Shadow of the Tomb Raider, qui profite désormais d'une option « ombres par Ray-Tracing », l'activation de ce paramètre ne pouvait se faire qu'en niveau médium (entre 50 et 60 FPS relevés), et pour un gain visuel assez peu probant. Passer cette nouvelle qualité d'ombrage en niveaux élevé ou ultra, conduisait à des chutes de framerate beaucoup trop importantes pour être tolérées en jeu.
Une machine chaude comme la braise et bruyante comme la tempête
Le second bémol porte sur la question, épineuse s'il en faut, du système de dissipation proposé par MSI sur le GE75 Raider. Volumineux et pourvu de larges prises d'air sur les flanc et à l'arrière du laptop, ce dernier s'avère bruyant et d'une efficacité somme toute discutable. Pour le gérer, MSI prévoit un utilitaire dédié qui donne accès à différents profils. On pourra ainsi faire sa popote tranquillement et basculer d'un preset à l'autre en fonction de ce que l'on compte faire avec sa bécane. Attention toutefois : oublier de basculer sur le mode dédié au gaming conduira par défaut à des performances amoindries en jeu.Cet utilitaire sera central pour utiliser le GE75 (des raccourcis clavier existent pour passer d'un profil à l'autre) et pour gérer facilement la vitesse de rotation des ventilateurs (que l'on pourra aussi régler à la main dans certains cas). Malheureusement, même à pleine vitesse et alors que la nuisance sonore est maximale (casque impératif en jeu), ces derniers ne font pas de miracles.
Lors de nos sessions de jeu sur Metro Exodus, au bout d'une à deux heures en charge, le Core i7-8750H affichait des températures comprises entre 80 et 90°, avec de fréquentes pointes à plus de 95°. Sur Shadow of the Tomb Raider, le constat était semblable, même si les valeurs basses se situaient plutôt autour des 75°, ce qui reste plus acceptable. Le GPU, pour sa part, semble mieux refroidi, avec des températures ne dépassant que rarement les 55° en jeu d'après nos observations.
Sur le bureau, en usage bureautique et multimédia, le processeur d'Intel se maintenait la plupart du temps à près entre 45 et 55°. Cela reste chaud en idle et impliquera, par défaut, d'entendre la ventilation se renclencher régulièrement.
Ces impressions se vérifient sous AIDA 64, où la puce s'illustre par un thermal throttling assez marqué. Durant nos mesures, le throttling CPU pouvait ainsi atteindre les 17% dès lors que la température relevée passait la barre des 95°. Un comportement parfaitement logique pour le processeur, qui se met en sécurité en diminuant ses fréquences maximales lorsque la chauffe est trop importante. Heureusement pour MSI, le seuil des 95° n'est franchi sur son laptop qu'au travers de brèves pointes de température.
Reste à savoir s'il est physiquement possible de faire mieux en termes de refroidissement alors que les processeurs d'Intel ont coutume, depuis quelques années, de multiplier les cores et hausser les fréquences (jusqu'à 4,10GHz sur notre i7-8750H). Notons par contre que même lorsque la chaleur grimpait en flèche pour les composants, les abords du clavier restaient pour leur part relativement frais.
Une dalle IPS 144 Hz qui fait mouche...
Une configuration performante ne suffit toutefois pas pour jouer dans de bonne conditions. C'est donc là qu'intervient l'écran, autre composante essentielle de tout laptop qui se respecte. De ce côté, pas d'inquiétude à avoir, MSI a choisi judicieusement. Le constructeur taïwanais s'est focalisé sur une dalle IPS Full HD 144Hz.Sur le papier, comme à l'oeil, il s'agit de la même dalle que celle du GS65 Stealth que nous testions récemment, mais en plus grande puisqu'on est ici sur du 17,3 pouces. L'appareil profite ainsi d'un écran de qualité, capable de couvrir à 100% l'espace colorimétrique sRGB pour une colorimétrie qui tient tout à fait la route, avec des couleurs naturelles et relativement bien calibrées par défaut. Le contraste, bien que perfectible, est suffisant en jeu et assure des noirs assez profonds pour mettre en valeur les contenus affichés.
Comme souvent sur ce genre de machines, on retrouve un traitement mat de la dalle. Pratique pour éviter les reflets en extérieur ou dans les pièces très éclairées, il rend cependant l'affichage un peu terne. On regrette par ailleurs que la luminosité maximale de l'écran de notre GE75 Raider ne soit pas plus importante (on est presque tout le temps à 100% et ce n'est pas toujours assez) et que MSI ne propose pas en option une dalle 1440p. La RTX 2060, une fois le DXR désactivé, est suffisamment performante pour se montrer plutôt à l'aise dans cette définition.
Évoquons enfin l'apport notable du 144 Hz, y compris au quotidien dans des taches qui n'ont rien à voir avec le jeu vidéo. Avec ce type de dalle, c'est toute la navigation qui gagne en fluidité. Le confort d'utilisation en est fortement accru, surtout lorsqu'il s'agit d'errer sur le net. En jeu, le 144 Hz aura surtout un intérêt pour tirer pleinement profit de la RTX 2060 sur certains titres, notamment sur les softs compétitifs peu gourmands, comme Apex Legends, Overwatch, CS:Go ou encore Fortnite, qui dépasseront sans mal les 60 FPS sur le GE75.
2 à 3 heures d'autonomie : un triste constat
Si les prestations de la dalle IPS sélectionnée par MSI s'avèrent satisfaisante, on ne peut malheureusement pas en dire autant de l'autonomie proposée par la marque avec ce PC.Sur le bureau, en laissant tourner le PC sans jamais le solliciter, la batterie rend l'âme au bout d'une heure et demie en mode "performance". Autant dire qu'il n'est même pas concevable de songer à lancer un jeu sur batterie avec le GE75. En mode vidéo, sur Netflix, avec la luminosité de l'écran à 50%, le preset « Theater » activé et le rétro-éclairage du clavier coupé, on arrive difficilement à 3 heures. Juste le temps de voir un film en somme, ce qui s'avère étonnamment peu, même sur un ordinateur portable Gamer (souvent sujets à des autonomies perfectibles du fait de la gourmandise énergétique de leurs composants).
En l'état, l'autonomie de l'appareil nous semblait si dérisoire que la piste d'un bug en termes de gestion de l'alimentation fut un temps envisagée. Pour en avoir le coeur net, nous avons contacté MSI à ce propos, mais il semble que tout soit normal. Nous ne manquerons pas de mettre ce papier à jour pour vous faire part d'éventuelles observations de la marque à ce sujet.
Pour l'heure, et sous réserve d'un éventuel retour de MSI, la batterie paraît simplement avoir été ajoutée au PC pour permettre de le déplacer d'une pièce à l'autre sans avoir à l'éteindre. Par peur d'être coupé en plein travail, on utilisera en effet l'appareil branché l'immense majorité du temps... même pour des taches bureautiques toutes bêtes qui pourraient se faire sur batterie 5 à 6 heures minimum en temps normal.
Cette autonomie en berne nuit beaucoup à la polyvalence de l'appareil, mais ce bilan peut s'appliquer, dans un moindre mesure, certes, à de nombreux laptops Gamer du marché.
Bouclons enfin ce test en évoquant rapidement la question du son sur le GE75. Ici aucune surprise à l'horizon, on retombe sur un constat formulé à de nombreuses reprises ces dernières années sur laptop : les haut parleurs sont passables, tandis que la sortie casque s'avère très correcte.
Placés sur le dessous de l'appareil, les hauts-parleurs se contentent de restituer des médiums plutôt valables qui permettront de faire ressortir correctement les voix dans des vidéos YouTube ou des films. Le reste prend l'allure d'une vilaine soupe de fréquences. Les graves sont mous et mal définis, tandis que les aigus se montrent tantôt imprécis, tantôt stridents. En revanche, la puissance de ces haut-parleurs est tout à fait honnête. Parfait pour mater un film sans être au ras de l'ordinateur.
Une fois un casque branché, tout s'arrange. La sortie est puissante et le son bien équilibré. On regrette simplement que le tout sature un peu trop une fois le volume à plus de 80%. La plupart du temps, rester entre 50 et 70% de volume suffira de toute façon.
MSI GE75 Raider 8SE : L'avis de Clubic
Le GE76 Raider est une bonne machine pour jouer sans véritable compromis en Full HD... à condition toutefois de rester raisonnable sur le DXR (ou de faire l'impasse sur les jolis effets de NVIDIA pour un framerate au firmament). Nous regrettons par contre que les performances de l'engin soient synonymes de températures notables qui brideront tôt ou tard les prestations de la féroce puce d'Intel, victime de thermal throttling lorsque le thermomètre passe un certain cap. Ce revers s'accompagne sur l'appareil d'un autre souci majeur, même pour un PC Gamer : celui de l'autonomie. N'espérez pas pouvoir utiliser le GE75 de MSI de manière nomade, ce laptop est résolument sédentaire, avec une longévité qui ne dépassera jamais les trois heures sur batterie et ce dans le meilleur des cas.Son design asymétrique, aux lignes « Gamer » assez prononcées, rejoint ce qui ce fait bien souvent sur ce marché. Cela pourra plaire, comme déplaire. Nous ne nous attarderons donc pas sur la question. Rappelons plutôt que l'appareil profite en l'état d'un clavier qui nous aura décidément beaucoup plu et d'un écran 144Hz des plus appréciables en jeu mais aussi au quotidien.
Reste enfin la question du prix. Le GE75 Raider 8SE-061FR que nous avions en test est proposé entre 1900 et 2000 euros en fonction des revendeurs et des périodes. Une somme considérable, mais malheureusement pas si choquante sur le marché des laptops « haut de gamme » pensés pour le jeu. Asus et Acer, qui proposent des machines semblables dotées de Core i7-8750H et de RTX 2060, s'alignent eux aussi sur cette même tranche de prix.
Au final le choix reviendra au consommateur, qui pourrait très bien se rabattre sur les nombreux appareils équipés de GTX 1070 actuellement en soldes un peu partout sur le net... ou sur les références équipées des récentes GTX 1660 Ti. Il faudra simplement faire une croix sur le Ray Tracing. Compte tenu de la faible quantité de titre compatibles, laisser pour l'instant de côté les GeForce RTX sur laptop est encore une alternative qui mérite d'être étudiée, d'autant plus si elle va de paire avec une jolie ristourne.