Parfois assez uniforme, le marché du PC portable Gaming peine à accoucher de machines qui sortent vraiment du lot. On retrouve néanmoins de temps à autre des appareils étonnants, comme le ROG Zephyrus Duo d'ASUS, que nous avons aussi reçu en test sur Clubic. Le MSI GE66 Raider compte aussi parmi ces PC atypiques. Lui ne brille pas par son format, assez classique, ni par la présence d'un écran secondaire, mais plutôt par l'ajout d'une curieuse barre de LEDs RGB disposée à l'avant du châssis, comme pour souligner la calandre de ce produit imposant... et fort bien équipé.
Car c'est l'un principaux intérêts du nouveau monstre de MSI : il intègre en son sein les composants les plus performants actuellement disponibles sur laptop grand public. Comprenez que le constructeur n'a pas fait dans la demi-mesure. On retrouve tout simplement le plus gros processeur basse consommation d'Intel et la plus grosse carte graphique MaxQ actuellement proposée par Nvidia. Une configuration dont voilà le détail au grand complet :
- Écran IPS Full HD (1920 par 1080 pixels) 300 Hz, de 15,6 pouces, avec couverture à 100% du spectre sRGB
- Processeur Intel Core i9-10980HK (8 coeurs / 16 Threads cadencés entre 2,40 et 5,30 GHz, 16 Mo de cache, 45 Watts de TDP)
- Carte graphique Nvidia GeForce RTX 2080 SUPER MaxQ (8 Go de GDDR6)
- 32 Go de RAM (DDR4 cadencée à 3200 MHz, extensible jusqu'à 64 Go)
- 1 To de SSD au format M.2 NVMe
- Connectivité et Bluetooth 5.0 Wifi 6 via module Killer 1650
- Batterie de 99,9 Wh
- Webcam Full HD à 30 images par seconde
- 1 port USB Type-C 3.2 Gen.2 avec sortie DisplayPort ; 1 port USB Type-C 3.2 Gen.2 ; 1 port USB Type-A 3.2 Gen.2 ; 2 ports USB Type-A 3.2 Gen.1 ; 1 entrée RJ45 ; 1 sortie HDMI 2.0 ; 1 sortie Mini DisplayPort ; 1 lecteur de cartes SD ; 1 combo micro / casque Jack 3,5.
La déclinaison que nous avons reçu en prêt est proposée en ligne aux alentours de 3700 euros. Une somme faramineuse mais heureusement l'appareil se décline en configurations moins coûteuses (et naturellement moins performantes). Comptez environ 2300 euros pour le modèle le plus « abordable », équipé cette fois d'un Core i7-10750H, d'une RTX 2070 non SUPER, d'un écran 300 Hz Full HD, de 16 Go de DDR4 et d'un SSD de 1 To. Une machine déjà très performante et qui conviendra à l'essentiel des joueurs.
le RGB enfin stylé ?
Avec ses dimensions relativement massives (358 x 267 x 23.4 mm) pour 2,38 kilos, le MSI GE66 Raider n'a pas vocation à se laisser embarquer dans tous vos déplacements, il s'agit plus d'un appareil plus transportable que vraiment nomade. Nous en voulons également pour preuve le gabarit imposant de son bloc d'alimentation et l'endurance toute relative du PC, même dans le cadre d'une utilisation légère et surtout orientée vers le multimédia (classique sur ce type de produit, nous y reviendrons). En vérité, MSI laisse à sa gamme Stealth le soin de viser les joueurs en quête d'une machine facile à mettre dans un sac à dos. Ici, avec le GE66 Raider, ce sont les performances pures qui sont ciblées. Pour ce faire, le constructeur taïwanais a revu en grande partie le châssis de son Raider, et de ce côté c'est carton plein.Ici l'assemblage est parfaitement au point et c'est une franche impression de solidité qui se dégage de l'ensemble, tout spécialement au niveau des charnières de l'écran et de leurs attaches. De par son poids, l'appareil est bien lesté au bureau et l'ouverture du capot peut se faire sans retenir la base du châssis. C'est un détail, certes, mais la chose est bigrement satisfaisante au quotidien.
On retiendra pour le reste un look dans la parfaite lignée des autres produits signés MSI, avec un design agressif juste ce qu'il faut et des lignes relativement sobres... enfin toutes proportions gardées, nous restons sur un PC Gamer, bien entendu. Et cela, on le voit dès la mise sous tension.
Nous l'avons dit, le GE66 Raider arbore, pour se démarquer, une large barre de LEDs RGB. Cette dernière court tout le long de la façade. S'il elle ne plaira définitivement pas à tout le monde, sa grande force est d'être intelligemment intégrée au design et aux lignes de l'appareil. Rien ne dépasse au touché et sa présence semble presque naturelle. Très gadget, c'est vrai, elle pourrait néanmoins vite réussir à séduire... même les moins portés sur ces effets lumineux tapageurs.
Cerise sur ce gros gâteau très coloré, MSI est toujours en partenariat avec l'équipementier SteelSeries pour nous proposer un logiciel très complet qui permettra la configuration zone par zone de cette barre RGB. Des effets lumineux sont aussi accessibles à l'aide d'un simple raccourci sur le clavier, RGB lui aussi, et configurable touche par touche.
Venons-en au clavier justement. Il s'agit probablement d'un des principaux défauts du GE66 Raider. Trop plat et de type chiclet, ce dernier s'avère assez peu plaisant en jeu, tout spécialement dans les titres nécessitant une grande réactivité. Les différentes touches deviennent vite difficile à identifier à l'aveugle du fait de leur manque de relief. C'est un peu dommage, d'autant plus que l'épaisseur du produit aurait certainement permis l'intégration de touches plus adaptées au jeu.
En l'état la course est très peu profonde et le retour assez sec. On pourra par contre saluer le silence de la frappe lorsqu'on saisit du texte. C'est d'ailleurs dans le cadre d'une utilisation bureautique que le clavier du GE66 Raider est agréable. Dommage, MSI loupe le coche auprès des joueurs sur ce point. Le trackpad s'avère pour sa part assez précis. Cliquable sur l'intégralité de sa surface, il permet d'éviter les traditionnels boutons gauche / droite habituellement positionnés en dessous.
Notons enfin la présence de bordures encore assez larges autour de l'écran, notamment sur le dessus. Rien de très embêtant, d'autant que cet espace supplémentaire permet à MSI d'ajouter une webcam digne de ce nom. Sans faire d'étincelles, cette dernière est vraiment au dessus de ce que la plupart des modèles de la concurrence proposent (si tant est qu'ils embarquent une webcam... ce qui n'est malheureusement plus toujours le cas). Avec une définition 1080p et un capteur aux angles plutôt ouverts, la caméra du GE66 fait le taf et permettra des échanges corrects sur Zoom ou Skype avec vos proches ou vos collègues.
Un point rapide sur le démontage et les possibilités d'upgrade. De ce côté MSI fait simple : une dizaine de vis Phillips classiques à dévisser (elles font, toutes sauf une, la même taille) et une plaque en aluminium à déclipser. Attention par contre, le fabricant a la mauvaise idée d'ajouter un seau sur l'une des vis. Autrement dit, le démontage compromettra directement votre garantie. Une bien triste nouvelle parce que l'accès à la RAM, au SSD et à la batterie se fait du reste très facilement.
Ce démontage nous aura permis d'identifier la RAM, en provenance de chez Samsung. Le SSD est pour sa part signé Western Digital et s'accompagne sur notre version de prêt d'un emplacement M.2 laissé vacant. Excellente nouvelle pour faciliter encore plus l'ajout de stockage !
Un bon écran IPS, au-dessus du lot
Pour l'écran, MSI a opté pour une très classique dalle IPS 1080p de 15,6 pouces, comme l'essentiel de la concurrence. L'atout de cette dalle est surtout lié à sa haute fréquence de balayage : 300 Hz. On peut donc compter sur un rafraichissement ultra véloce et une fluidité au poil dans tous les usages. Un vrai plaisir que l'on trouve déjà avec un écran 144 Hz, pourrait-on arguer.En réalité, le 300 Hz dévoilera surtout son intérêt face au 144 Hz ou 240 Hz dans les jeux compétitifs et auprès de la frange restreinte de joueurs qui saura en tirer parti. Le constat sera donc du même acabit que pour les autres écrans 300 Hz que nous avons pu tester (notamment chez ASUS) : ce surplus de fluidité est plaisant (sur les titres capables de le prendre en charge), mais pas indispensable.
Pour le reste, l'écran affiche de belles couleurs, plutôt naturelles grâce à une colorimétrie juste. Sans être éblouissante, la luminosité maximale est très suffisante pour jouer dans une pièce bien éclairée ou sous à la lumière du soleil de juillet. De ce côté, MSI parvient d'ailleurs à faire mieux que la concurrence immédiate. Un effort qu'il convient de saluer. Le contraste est lui aussi au point et dans l'ensemble cette dalle IPS saura embellir vos contenus et donner de l'allure à vos jeux. La définition 1080p, elle, s'avère tout à fait suffisante en 15,6 pouces, à fortiori pour du gaming.
Reste que si cet écran est une « bonne affaire » sur le modèle de départ du GE66 Raider proposé à 2300 euros, nous aurions aimé un petit quelque chose de plus sur la version la plus coûteuse de l'appareil (que nous avons reçu en test), proposée à 3700 euros. Pour ce prix, une option OLED aurait été appréciable au même titre que pouvoir profiter de prestations supérieures en termes de couverture colorimétrique et de luminosité. Ici le sentiment global est de devoir se contenter d'une très bonne dalle milieu de gamme... sur un PC portable haut de gamme. Rien de rédhibitoire, mais la chose pourra être frustrante pour les utilisateurs les plus exigeants en termes de qualité d'affichage.
Le MSI GE66 ? Une véritable bête de somme
Du muscle, notre unité de prêt en avait à revendre. Pour tester ses capacités en jeu, avec le ray tracing, nous avons lancé successivement Control, très bien optimisé pour les effets de Nvidia et exploitant à merveille le DLSS ; ainsi que Shadow of the Tomb Raider, pourvu d'ombres par DXR suffisamment gourmandes en ressources pour titiller le GPU de notre GE66.Sur le titre de Remedy, la RTX 2080 SUPER de notre appareil de test affichait sans broncher entre 70 et 110 FPS avec absolument tous les réglages poussés à fond et le ray tracing en niveau maximal. Pour parvenir à ce framerate, il nous fallait toutefois activer les merveilles du DLSS sur Control, en le réglant sur sa résolution de rendu maximale. En désactivant le DLSS, l'extrême gourmandise du ray tracing (niveau maxi, toujours) avait raison de cette fluidité hors pair pour nous placer dans l'escarcelle des 45 à 55 FPS en fonction des environnements visités. Preuve s'il en fallait encore que Nvidia devra accroitre sensiblement la puissance de calcul de ses futures cartes graphiques pour permettre aux jeux d'exploiter pleinement les joies du ray tracing sans avoir nécessairement besoin du DLSS.
Sur Shadow of the Tomb Raider, le constat était assez semblable. Même si nous avons pu observer de meilleures performances sans avoir à recourir au DLSS. Comptez entre 55 et 65 FPS avec les ombres par ray tracing en Ultra et dans les environnements les plus ouverts, contre 85 à 95 FPS en intérieur, où ces ombres sont pourtant les plus jolies à scruter. L'occasion de nous démontrer une fois de plus à quel point les niveaux extérieurs du titre de Crystal Dynamics sont mal optimisés...
Pour aller plus loin dans notre test des performances du GE66 Raider et mesurer un peu plus précisément les capacités du tout puissant Core i9-10980HK nous avons lancé Cinebench R20. Ici les compteurs s'excitaient comme rarement sur laptop pour afficher in fine 4052 points en multi core et quelques 483 points en single core. Pour rappel, le Ryzen 9 4900HS (concurrent presque direct du Core i9-10980HK chez AMD) affichait pour sa part 4146 et 481 points respectivement en multi et single core sur notre test du ROG Zephyrus G14 d'ASUS. AMD domine donc d'une courte avance la puce d'Intel dans les applications qui sauront exploiter plus de 4 coeurs, tout en faisant pratiquement jeu égal avec son concurrent en single core. La suprématie d'Intel sur laptop est loin d'être aussi probante que par le passé.
Dans l'ensemble une tendance se dégage. Si le duo i9-10980HK / RTX 2080 SUPER permet des performances de haut vol en jeu comme en applicatif, leur prix les place hors d'atteinte du commun des mortels pour des performances certes supérieures au tandem Core i7-10750H / RTX 2070. Ce dernier est toutefois nettement plus abordable et se montre déjà capable de faire de très belles choses en 1080p. Pas sûr que la différence de prix se justifie pour les joueurs, sauf s'ils veulent une machine vraiment équipée pour l'avenir et/ou capable de faire cracher près de 300 images par secondes à Overwatch ou CS: Go.
Pour boucler cette partie du test et analyser de plus près les performances du système de dissipation choisi par MSI cette fois, nous avons lancé notre traditionnel test de stabilité système sous AIDA64. L'occasion de noter d'entrée de jeu un thermal throttling assez marqué (jusqu'à 24%) impliquant une baisse automatique des fréquences du processeur. Rien de trop méchant dans l'ensemble.
Si vous pouvez oublier directement les 5,3 GHz promis par Intel, nous avons pu relever des cadences comprises entre 3,9 et 4,10 GHz, maintenues dans l'ensemble de manière relativement uniforme tout au long de notre expérience. Ce n'est pas si mal, d'autant que le système de refroidissement en lui-même ne se montre étonnamment pas trop bruyant. Avoir un laptop épais finit toujours par payer (ou presque !).
En matière de températures, enfin, il faut se montrer philosophe, avec jusqu'à 95 degrés observés en jeu, mais seulement 45 à 55 degrés comptabilisés sur le bureau et en usage bureautique. Des chiffres dans la moyenne pour ce type d'appareils, qui ne gênent pas l'utilisation, avec une chaleur très contenue au niveau des repose-poignets, de la base de l'écran et du clavier. Et pour cause, cette dernière est rejetée sur les côtés (flancs gauche et droit) et sur l'arrière de l'appareil simultanément lorsque le PC est fortement sollicité.
Autonomie aux fraises, partie son à peaufiner
La chose ne prendra plus personne par surprise, le marché du laptop gaming est pavé de machines à l'autonomie décevante, voire complètement ridicule. Intégrer des composants hautes performances comme le Core i9-10980HK et la RTX 2080 SUPER n'aide pas, et le MSI GE66 Raider se loupe ainsi en tenant tout juste 4 heures sur batterie, avant de rendre les armes dans des activités pourtant aussi simples que le surf ou la bureautique.En lecture vidéo, l'appareil ne fait pas vraiment mieux. Lors de notre test, sous Netflix (via Chrome), avec la luminosité au maximum, le rétroéclairage du clavier coupé, la barre RGB éteinte et le volume à 50% (avec un casque branché), nous parvenions tout juste à excéder les 4 heures 30 d'autonomie. De quoi renforcer la vocation sédentaire du produit, qui restera donc branché en quasi permanence et posé sur un bureau chez l'essentiel des utilisateurs. On s'y attendait.
Prévisible également, la piètre qualité offerte par les haut-parleurs du GE66. Pourtant assez bien placés (sur les flancs du produit, au niveau des repose-poignets, et non sur le dessous du châssis comme souvent), ces derniers s'avèrent proprement médiocres. Les aigus sont criards et les basses totalement absentes. Même les médiums, censés permettre de bien faire ressortir les voix, entre autres, sont en net retrait pour une expérience sonore calamiteuse... y compris en jeu et dans les vidéos. Bref, il faut brancher un casque.
Comme à chaque fois sur ce type d'appareil, tout s'arrange heureusement une fois un bon casque branché, grâce à un combo micro / casque de qualité. Cette fois le signal est bien détaillé, avec un beau volume maximal et le tout sans saturation même à plein volume. Parfait pour de l'écoute musicale ou multimédia, et naturellement parfait aussi pour jouer.
MSI GE66 Raider, l'avis de Clubic :
Avec un châssis solide et rudement bien conçu, un écran valable (plus lumineux que la moyenne sur ce type d'appareils) et un système de dissipation correctement dimensionné (même s'il n'empêche pas une légère surchauffe), le GE66 Raider de MSI s'affiche comme l'un des appareils gaming les plus satisfaisants du marché en cet été 2020. Un succès qu'il doit en grande partie à ses composants haut de gamme, extrêmement puissants sur laptop.Difficile néanmoins de ne pas tiquer sur les quelques loupés qui empiètent un peu sur l'expérience globale, comme le clavier pas vraiment adapté au jeu (quel paradoxe !), les haut-parleurs pas soignés pour deux sous ou l'autonomie vraiment limitée.
La connectique de l'appareil compense ces quelques lacunes, au même titre qu'une sortie casque de grande qualité et une webcam étonnamment exploitable. On pourra aussi saluer la présence d'une barre de LEDs RGB qui, à défaut de plaire à tous, est joliment intégrée au châssis.
Profitons de cette conclusion pour rappeler que si notre machine de prêt était proprement hors de prix (il s'agissait du modèle le plus haut de gamme), il est tout à fait possible d'opter pour une déclinaison moins coûteuse et tout aussi satisfaisante en jeu sur les titres actuels.
Choisir le GE66 équipé d'un Core i7-10750H et d'une RTX 2070 « classique » est loin d'être une erreur. Le châssis restera le même, l'écran aussi et vous profiterez toujours de 16 Go de DDR4 et de 1 To de SSD. Il s'agit d'ailleurs, selon nous, d'une des meilleures configurations disponibles pour ce produit. Pour ceux qui souhaiteraient un peu plus de mordant sur le plan graphique, une RTX 2070 SUPER est aussi disponible en option... mais pour quelques centaines d'euros de plus puisqu'il faudra alors passer sur un modèle équipé — là aussi — du très gourmand et coûteux Core i9-10980HK.