Après un excellent cru de smartphones en 2020, Xiaomi commence à dévoiler ses cartes pour cette année. Un lancement visiblement plus étalé que d’habitude, car à l’heure où nous écrivons ces lignes, seul le Mi 11 nous a été présenté. Dans l’attente de découvrir les versions Lite, Pro et même Ultra, concentrons-nous donc pleinement sur ce modèle présenté comme le nouveau standard du constructeur chinois.
Désormais très bien installé sur l’échiquier mondial avec sa troisième place sur le podium des plus gros vendeurs de téléphones, Xiaomi se renouvelle d’année en année. Si la marque n’a pas toujours su mener le train de l’innovation, il faut lui reconnaître une propension à s’approprier les tendances et en décupler l’intérêt. Signant toujours un numéro d’équilibriste entre esbroufe et communication maîtrisée.
Et Xiaomi ne rate jamais une occasion de tirer son épingle du jeu. En plus de conserver ses marges au plus bas, le constructeur se permet des pieds de nez à peine dissimulés à la concurrence. En effet, alors que ses rivaux semblent suivre le sillon tracé par Apple en supprimant le chargeur de la boîte de leurs smartphones, Xiaomi nous offre un adaptateur secteur ultra puissant, compatible avec le Mi 11 mais aussi une grande variété d’appareils. Tout cela pour 50€ de moins que l’an dernier.
- Un design vraiment, vraiment, très réussi
- Un grand écran dans un châssis aussi léger que facile à prendre en main
- Le couple WQHD+ 120 Hz, un vrai régal
- Le smartphone le plus puissant jamais testé chez Clubic
- À l’aise en photo dans la plupart des cas
- (Un chargeur dans la boîte…)
- Un écran plutôt mal calibré en sortie d’usine
- Encore des progrès à faire en vidéo
- Pas de certification IP
- MIUI toujours bourré de bloatwares
Xiaomi Mi 11 : la fiche technique
Nous attendons des Mi 11 Pro et potentiels Mi 11 Ultra de marquer leur différence par une configuration photo toujours plus musclée. Pour le reste, le Mi 11 offre déjà une fiche technique reluisante à plus d’un égard.
Le Xiaomi Mi 11, c’est :
- Écran : AMOLED de 6,81 pouces (20:9) affichant une définition de 3200 x 1400 pixels (515 ppp, 120 Hz, HDR10+, échantillonnage 480 Hz) et couvrant environ 91,4% de la surface avant du téléphone. Protégé par Gorilla Glass Victus.
- SoC : Snapdragon 888, gravé en 5 nm (1x2.84 GHz + 3x2.42 GHz + 4x1.8 GHz et GPU Adreno 660)
- Mémoire vive : 8 Go LPDDR5
- Stockage interne : 128 ou 256 Go (non extensible via carte SD) en UFS 3.1
- Batterie : 4 600 mAh, recharge rapide à 55 W en filaire et 50 W sans-fil
- Étanchéité : Non certifié
- Prise jack 3,5 mm : Non
- Audio : Haut-parleurs stéréo Harman Kardon
Appareils photo arrière :
- Grand angle : 108 mégapixels ƒ/1.9, capteur 1/1.33", pixels de 0.8 µm, focale de 26 mm, OIS
- Ultra grand-angle : 13 mégapixels ƒ/2.4, capteur 1/3.06", pixels de 1.12 µm, 123°
- Télémacro : 5 mégapixels ƒ/2.4, capteur de 1/5.0", pixels de 1.12 µm
- Appareil photo avant : 20 mégapixels ƒ/2.2, capteur de 1/3.4", pixels de 0.8 µm, focale de 27 mm
- Vidéo : 8K@30ips, 4K@60ips
- Déverrouillage : Capteur d’empreintes optique sous l’écran, reconnaissance faciale 2D
- Double SIM : Oui
- Compatible 5G : Oui
- Connectivité : Wi-FI 802.11 a_b_g_n_ac/6e, Bluetooth 5.2, NFC
- Dimensions : 164.3 x 74.6 x 8.1 mm
- Poids : 196 grammes
- DAS : Tête : 0,555 W_Kg, tronc : 0,982 W_kg, membres : 1,986 W/kg
- OS : Android 11 + MIUI 12.5
- Coloris : Bleu Horizon, Gris de Minuit
- Prix : 749€ pour 8+128 Go, 799€ pour 8+256 Go
- Disponibilité : 9 mars
Parmi les principales nouveautés de Mi 11 par rapport à son prédécesseur, on se doit de citer l’écran en priorité. Affichant désormais 1 milliard de couleurs, l’écran AMOLED peut aussi et surtout conjuguer fréquence de rafraîchissement 120 Hz et définition WQHD+. Exactement comme le Samsung Galaxy S21 Ultra (lui vendu 1259€). La dalle atteint aussi un taux d’échantillonnage record de 480 Hz pour une sensibilité accrue.
Autre spécificité du Mi 11 : il est le premier smartphone lancé dans l’Hexagone à bénéficier du Snapdragon 888. Le fleuron de Qualcomm s’illustre particulièrement du côté des performances. Au chapitre de la photo, en revanche, peu de changements. Si ce n’est le couple profondeur+macro du précédent modèle qui est ici regroupé dans un module « télémacro » sur lequel nous reviendrons dans la partie dédiée de ce test.
Comme nous l’écrivions plus haut, Xiaomi a aussi tenu à se distinguer en conservant un adaptateur secteur dans la boîte de son Mi 11. Un modèle 55 W, permettant également de recharger des ordinateurs portables. L’écrin du smartphone abrite également une coque de protection anti-bactérienne transparente, un câble USB-A vers USB-C et, en France, une paire d’écouteurs intra-auriculaires. Notez qu’un film de protection anti-bactérien est également apposé sur l’écran.
Design : le smartphone Xiaomi le plus élégant à ce jour
Sa fiche technique peut donner l’impression que le Mi 11 n’est qu’une remise à niveau un peu paresseuse des caractéristiques du Mi 10. Mais il est un point sur lequel ce nouveau modèle s’écarte drastiquement de son aîné : le design.
Inutile de tourner autour du pot : c’est une réussite. Le Xiaomi Mi 11 est non seulement plus fin et léger que le Mi 10, mais aussi beaucoup mieux fini. Mis côte à côte, on remarque que le dernier-né de Xiaomi est très légèrement plus grand que le précédent modèle. Mais ses mensurations nouvelles lui offrent une prise en main beaucoup plus agréable. Avec 8.1 mm d’épaisseur seulement, le Mi 11 est presque aussi fin que le OnePlus 8 sorti l’an dernier.
Une finesse et une légèreté qui nous changent la vie. Surtout après avoir passé quelques jours en compagnie du Galaxy S21 Ultra et ses 230 grammes.
Non content d’être globalement plus compact, le Mi 11 affiche également un écran plus grand que le Mi 10 — de 6,81 pouces contre 6,67 l’an dernier. Un agrandissement qui ne se ressent pas réellement sur les dimensions du téléphone, mais qui s’explique par la réduction drastique des bordures que le constructeur est parvenu à réaliser.
Le Mi 11 est aussi plus incurvé que son aîné. Sur le dos, particulièrement. La courbure de l’écran reste en effet identique au Mi 10, et ne vient jamais gêner l’utilisation de l’écran. D’autant que, comme nous le verrons, il existe toujours une fonctionnalité permettant de définir une « zone morte » sur les bords afin d’éviter des actions involontaires. Du reste, l’écran AMOLED abrite toujours un capteur d’empreintes optique de très bonne facture.
Le dos du smartphone est probablement l’aspect qui a le plus évolué depuis l’an dernier. Tout de verre vêtu (Gorilla Glass 5), il affiche un rendu mat auquel on prend toujours autant goût. Même si le modèle Bleu Horizon qui nous a été fourni est étonnamment très sensible aux traces de doigts.
Il nous faut nous attarder sur le nouveau bloc d’appareils photo du Mi 11. Ces dernières années, nous avons vu passer toutes sortes de tentatives de la part des constructeurs en la matière. D’énormes rectangles, des lignes, des cercles, des formes géométriques alambiquées… Jusqu’à présent, aucune ne nous a semblé si évidente que celle du Mi 11. Logés dans un carré aux angles harmonieusement arrondis, les différents appareils photo sont très bien mis en avant dans l’esthétique globale. Une intégration qui nous rappelle forcément celle de l’iPhone 11 ; l’élégance en plus.
Grâce aux progrès réalisés par les ingénieurs du constructeur, ce bloc d’appareils photo est également moins proéminent que celui du Mi 10. Le smartphone est toujours instable lorsqu’il repose à plat (et sans la coque de protection), mais il est indéniable qu’il est plus plaisant à regarder.
Par rapport au Mi 10, on remarque également que les tranches supérieures et inférieures du Mi 11 se sont aplanies. Un petit signe distinctif, qui met davantage en évidence les grilles de haut-parleurs cette année calibrés par Harman Kardon. On appréciera d’ailleurs la grille inférieure en forme d’onde sonore.
Écran : Une perfection relative, qui se mérite
On a entendu Xiaomi s’esbaudir de proposer, sur le Mi 11, le meilleur écran qu’il a jamais conçu. Auréolée par les experts de DisplayMate, la dalle du Xiaomi nouveau propose en effet des caractéristiques béton. Mais notre sonde X-Rite et le logiciel Calman Ultimate ont été plus prudents dans leurs conclusions.
D’abord, on peut saluer l’excellence luminosité de la dalle. Calculée à 890 nits en mode « luminosité automatique » et 490 nits en mode manuel, elle offre au Mi 11 presque autant d’aisance que le S21 Ultra de Samsung. Le contraste est bien entendu « infini » du fait des caractéristiques propres à la technologie AMOLED.
Côté calibration en revanche, l’enthousiasme est à modérer. Par défaut, avec le schéma de couleur en « automatique », notre sonde a établi une température de couleur beaucoup trop froide, oscillant entre 6800 et 7050K. La couverture des espaces sRGB et P3 est en revanche totale, mais le delta E, qui mesure la différence entre la couleur de référence et la couleur affichée à l’écran, navigue entre 5,6 et 7,1. Beaucoup trop élevé pour qui souhaite des couleurs vraiment précises.
Le mode saturé ne fait guère mieux et, de façon plutôt étonnante, le mode « original » est cette fois beaucoup trop chaud (6000K) et ne fait descendre le delta E qu’à 4,23. Par chance, MIUI est probablement la surcouche Android à nous offrir le plus de paramètres pour personnaliser son affichage.
Après plusieurs dizaines de minutes à mettre les mains dans le cambouis, nous sommes ressortis avec un compromis qui nous sied. En abaissant le niveau de bleu et de rouge, et en dosant correctement le vert, nous sommes parvenus à obtenir une température de 6542K (donc très proche des 6500K de la lumière naturelle émise par le soleil), tout en conservant la couverture du gamut P3 à 100%. Seul problème : le delta E s’envole à plus de 8, alors que nous attendions quelque chose approchant 3 ou moins. Bref : nous sommes loin, très loin des excellents résultats obtenus sur ces mêmes tests sur le Mi 10 Pro.
Toutefois ces petits compromis auront assez peu d’incidence sur l’utilisateur ou l’utilisatrice lambda. Comprenez concrètement que l’écran du Mi 11 aura tendance à énormément saturer les couleurs. À les rendre plus belles qu’elles ne sont en réalité. Est-ce un défaut ? Pas nécessairement. Cette remarque s’adresse avant tout aux personnes qui souhaitent absolument consommer leur contenu comme leur créateur l’a conçu.
D’autant que l’écran du Mi 11 a d’autres atouts. Et celui de proposer d’afficher une définition WQHD+ sur une fréquence 120 Hz en est un gros. Que cela soit dit : en conjuguant ces caractéristiques au taux d’échantillonnage de 480 Hz (l’écran scanne 480 fois par seconde les mouvements de vos doigts), on obtient là l’écran de smartphone le plus réactif du marché. Rien de moins. Il réagit — littéralement — au doigt et à l’œil ; le tout avec une fluidité impeccable.
Mais comme chacun sait : le couple WQHD+/120 Hz est très consommateur d’énergie. Pour compenser cette surconsommation, Xiaomi a intégré deux fonctionnalités. L’Adaptative Sync (30/60/90/120 Hz), qui comme son nom l’indique cale la fréquence d’affichage au contenu qui est affiché à l’écran, et la résolution dynamique qui permet de ne pas afficher du WQHD+ lorsque cela n’est pas nécessaire. Deux technos qui ne sont pas de trop — nous y reviendrons — pour alléger un peu la charge de la batterie.
Audio : toujours premier sur le gros son
L’an dernier, Xiaomi nous avait épatés avec la puissance sonore des haut-parleurs du Mi 10 et du Mi 10 Pro. Il ne fait pas autrement cette année. D’autant que ceux-ci sont désormais configurés par Harman Kardon.
On se doit toutefois de signaler quelques petites choses à leur propos. Contrairement aux haut-parleurs du Mi 10, les deux tweeters du Mi 11 ne sont pas de même taille. Celui de la tranche haute est plus petit que celui de la tranche basse. Cela crée un très léger déséquilibre dans les scènes où la stéréo est mise à profit.
En termes de qualité sonore en revanche, Xiaomi montre une nouvelle fois qu’il prend la chose très au sérieux. Le son est très bien défini, y compris les basses, et le volume peut grimper à des volumes très corrects sans saturer. On s’agacera simplement que la finesse extrême du smartphone fait qu’il a tendance à beaucoup vibrer lorsqu’on joue la musique à haut volume. Un problème qui ne se pose pas si on utilise les haut-parleurs que pour écouter des podcasts ou d’autres vidéos où la parole prend le pas sur la musicalité.
Dépourvu de prise jack, le Mi 11 s’accompagnera, en France, d’écouteurs 3.5 mm avec un adaptateur qui ne nous ont pas été fournis pour ce test. Dans tous les cas, et avec sa compatibilité Bluetooth 5.2, le Xiaomi Mi 11 prend en charge tous les codecs usuels en matière d’audio sans-fil. Du AptX HD en passant par le AAC et bien sûr le LDHC.
Enfin le logiciel offre quelques petites façons de personnaliser son expérience avec des profils types d’écoute. Aucun equalizer n’est en revanche au menu pour les plus connaisseurs.
Performances : Xiaomi place la barre très haut
Nous étions impatients d’éprouver les capacités du Snapdragon 888. Surtout après avoir fait le tour de ce que la concurrence avait déjà à proposer en matière de SoC gravé en 5 nm. On peut donc affirmer calmement qu’à l’heure où sont écrites ces lignes, le Xiaomi Mi 11 est le smartphone le plus puissant qui soit passé chez Clubic.
Avec plus de 700 000 points récoltés sur AnTuTu, le Mi 11 tient la dragée haute à toute la concurrence en matière de polyvalence. Mais le Snapdragon 888 est encore largement devancé par l’Apple A14 Bionic côté CPU. Rappelons que ce dernier est actuellement le seul à dépasser la barre des 4 000 points en multi-core.
Concernant le GPU, le Mi 11 établit un nouveau record. Par quel prodige ? Simplement en cassant le compteur de 3D Mark. Après notre test, en lieu et place du traditionnel score qui nous est accordé, s’est affiché un message « Votre appareil est trop puissant pour ce test, nous vous recommandons d’utiliser Wild Life [un autre test, NDLR] ». Sur Wild Life donc, le Mi 11 obtient 5 756 points. Nous avons relancé le test sur le Galaxy S21 Ultra, et ce dernier a obtenu 5365 points sur ce même test. Une belle longueur d’avance pour le dernier Xiaomi donc.
Le Galaxy S21 Ultra reste en revanche indélogeable en matière de tâches productives (plus de 14 000 points sur PC Mark contre un peu plus de 10 000 ici) et, surtout, de vitesse de l’espace de stockage. Ici, le Mi 11 nous offre des débits en lecture et écriture parfaitement dans les clous de ce que nous avons vu passer tout l’an dernier. Rien d’extraordinaire, mais absolument rien de honteux non plus.
Alors on vous ressert le même refrain que depuis deux ans, à chaque fois qu’un smartphone haut de gamme passe sous notre loupe. Avec le Mi 11, aucune crainte d’être à court de puissance pour lancer la dernière application ou le jeu à la mode. Tout pourra être poussé au maximum en matière de qualité graphique, sans avoir à sacrifier la fluidité.
De moins en moins perceptible par le quidam, la surpuissance des derniers processeurs fait surtout la différence sur les micro-tâches du quotidien. Le temps que met une photo avant de s’afficher dans la galerie. Les microsecondes qui séparent le lancement d’une application de son affichage. Le délai qui peut survenir lorsque l’on bascule entre deux applications. Ce genre de choses est plus rapide que jamais, et le taux d’échantillonnage de 480 Hz de l’écran renforce encore cette impression de fluidité.
Interface : MIUI toujours aussi pollué
Dans la grande jungle des surcouches Android, certains constructeurs optent pour une interface plus marquée que d’autres. Actuellement, OneUI de Samsung et MIUI de Xiaomi nous semblent être celles qui s’éloignent le plus de ce bon vieil Android Stock. Mais il faut bien vous avouer qu’en tant qu’utilisateur quotidien d’iOS, je me sens comme à la maison sur la surcouche Xiaomi.
Livré ici dans sa version 12.5 (basée sur Android 11), MIUI intègre la mise à jour de sécurité de janvier 2021 et bien entendu les DRM Widevine L1 pour la lecture de vidéos HD sur les services de SVoD.
Toujours très personnalisable, MIUI nous offre des thèmes, et même le choix entre deux panneaux de raccourcis / notifications. On peut soit rester sur quelque chose de très Android dans l’esprit, ou partir sur un découpage copié-collé d’iOS. À chacun de faire son choix, tout en gardant en tête que les fonctionnalités restent les mêmes.
On l’a dit : les paramètres d’affichage sont particulièrement permissifs, et permettent d’affiner ses préférences visuelles comme aucune autre surcouche Android. Un très bon point pour les power-users qui veulent s’approprier leur appareil.
On peut aussi choisir entre entasser ses applications les unes à la suite des autres (iOS, toujours), ou les ranger systématiquement dans un tiroir d’applications. La navigation gestuelle est bien sûr de rigueur, tout comme le mode sombre intégral. Grâce aux ajouts d’Android 11, MIUI 12.5 intègre aussi toute la nouvelle panoplie d’options dédiées à la confidentialité, comme les autorisations temporaires d’accès à la localisation.
Mais Xiaomi a encore d’énormes progrès à faire sur ce point. C’est un fait : MIUI est un système très invasif. Au démarrage du téléphone, et avant même d’avoir restauré la moindre sauvegarde, j’ai dénombré pas moins de 16 applications préinstallées. Amazon, TikTok, Facebook, Netflix, et une myriade de jeux inconnus au bataillon. Toutes sont (heureusement) désinstallables, mais occupaient pas moins de 1,8 Go au total sur l’espace disque.
On pourrait également s’irriter de la persistance de ce fameux « analyseur » qui vient systématiquement passer un antivirus à la moindre installation d’application, et qui offre de facto nos données à Avast. Une fonctionnalité facilement désactivable, mais qui n’a à mon sens rien à faire sur un smartphone vendu 750€. Précisons toutefois qu’aucune publicité n’a été aperçue dans les menus du Mi 11 pendant notre test.
MIUI 12.5 dispose toujours de fonctionnalités propres comme les fenêtres flottantes, Game Turbo (qui améliore les performances en jeu), ou toute une boîte à outils destinée à rendre les vidéos que l’on tourne uniques. On peut par exemple opter pour un effet zoom qui donne l’impression que l’arrière-plan recule, ou dupliquer la scène pour figurer un « monde à l’envers ».
Autonomie : rien ne bouge
Le Mi 11 embarque une batterie un peu plus modeste que son prédécesseur, avec 4 600 mAh contre 4 780 mAh. Mais le Snapdragon 888 est plus économe en énergie que ne l’était le 865. Par contre, il est évident que la fréquence de rafraîchissement de 120 Hz et la définition WQHD+ pèsent très lourd dans l’autonomie du smartphone.
Aussi nous avons eu l’occasion d’effectuer deux passages lors de notre test. Lors du premier, où nous sommes restés sur le couple WQHD+ et 120 Hz, le Mi 11 s’est éteint au terme de 26h de veille et 5h22 de temps d’écran. À titre de comparaison, sur ces mêmes paramètres, le Galaxy S21 Ultra s’est éteint après 24h mais avec plus de 8h d’écran. Précisons que ce dernier dispose d’une batterie bien plus imposante.
En WQHD+, mais en repassant la fréquence à 60 Hz, le Mi 11 s’est montré beaucoup plus endurant. Avec une veille totale de 31h18 et un temps d’écran de 7h37, c’est le jour et la nuit. La fréquence de 120 Hz, même si elle tire parti de l’Adaptative Sync, épuise prématurément la batterie. Notez que les programmes d’économiseur de batterie permettent de désactiver momentanément la fréquence de rafraîchissement élevée afin d’allonger la durée de vie de l’accumulateur.
Comme d’habitude, restons conscients que ces tests ont été réalisés sur un réseau 4G. En 5G, il faut s’attendre à une surconsommation énergétique qui pourrait bien réduire encore l’autonomie totale du téléphone.
Ceci étant dit, et grâce à l’adaptateur secteur fourni par Xiaomi, le Mi 11 regagne très exactement 83% de batterie en 30 minutes. Il ne demande que 47 minutes pour passer de 0 à 100% d’autonomie. De quoi relativiser ce que nous avons dit plus haut. Si vous êtes systématiquement à portée d’une prise, inutile de vous inquiéter de rester en WQHD+ et 120 Hz.
Photographie : des progrès à petits pas
On l’a vu : la configuration photo du Mi 11 évolue très peu par rapport au Mi 10. Pour l’essentiel, Xiaomi a surtout revu son offre en gommant le couple systématiquement décevant macro + capteur de profondeur au profit d’un nouveau module « télémacro ».
On l’étudiera, ce changement s’avère plutôt heureux. Mais difficile de nier que sur les autres cas de figure, le Mi 11 ne fait pas mieux — ni pire ! — que son prédécesseur.
Grand-angle : à l’aise dans la plupart des situations
On commence à bien le connaître, ce capteur 108 mégapixels. Intégré la première fois au dos du Xiaomi Mi Note 10, puis sur les Mi 10 et Galaxy S20 Ultra / S21 Ultra, il autorise par le truchement du pixel binning l’obtention de clichés extrêmement détaillés grâce à des grands pixels de 1,6 µm.
Problème, nous avons été témoins de quelques petits soucis d’autofocus pendant nos tests. On le remarque notamment dans cette allée, où les arbustes décharnés à gauche sont flous. Le piqué au centre est également un peu en deçà de nos attentes sur cette scène. Heureusement, ce cas de figure ne s’est pas représenté sur la suite de notre parcours.
En conservant les réglages par défaut pour ne pas fausser les résultats (c’est-à-dire sans « amélioration par l’IA »), on obtient la plupart du temps des résultats très plaisants en pleine journée. L’image fourmille de détails, et le microcontraste sur les textures est parfaitement retranscrit à l’image. Comme d’habitude, il est possible d’opter pour un mode 108 mégapixels afin de pouvoir zoomer comme un fou dans l’image. En choisissant ce mode, on dégrade cependant la taille des pixels à 0,8 µm, et le HDR doit être désactivé.
HDR qui, d’ailleurs, est très performant pour récupérer des détails dans les hautes lumières et les ombres. On conseille donc de laisser le téléphone choisir quand il est nécessaire de l’activer ou non.
De manière générale, le traitement d’images par Xiaomi est plutôt neutre. Il se distingue de la concurrence par un appétit prononcé pour les noirs profonds, une température d’image chaude et une saturation légèrement abaissée. Bien sûr, on peut jouer sur ces mêmes réglages en modifiant soi-même ses photos ou en utilisant le mode photo « Pro » qui donne accès à tous les paramètres de l’appareil photo.
Ultra grand-angle : quand la lumière est bonne, bonne, bonne
Le Mi 11 utilise le même capteur ultra grand-angle que le Mi 10. Nul besoin de tourner autour du pot : les résultats sont en tout point semblables à l’an passé.
En pleine journée, ce module remplit bien son office. En étant malgré tout pénalisé par une diffraction importante dans les angles et par un piqué loin d’être exceptionnel. Son angle de vision de 123° (équivalent 12 mm) permet de s’amuser avec les perspectives, et la correction automatique de la distorsion autorise à ne pas s’inquiéter d’un rendu trop artificiel.
Si l’on peut féliciter Xiaomi pour la continuité colorimétrique dont ses différents capteurs font preuve, on doit tout de même signaler que l’ultra grand-angle a tendance à sous-exposer légèrement les clichés. Peut-être le smartphone souhaite éviter de faire s’affoler les ISO de peur que le bruit numérique s’invite dans l’image. Une hypothèse qui, nous le verrons, se confirmera lors de nos essais nocturnes. Mais il faut déjà retenir qu’effectivement, les caractéristiques de ce capteur l’éloignent énormément du grand-angle en termes de qualité optique. Il ne faut donc pas s’attendre à un rendu équivalent.
La HDR sur ce capteur semble également moins réactive. Sur une scène identique, on remarque que le ciel est blanc comme neige à l’ultra grand-angle, mais que le grand-angle aura su dissiper quelques nuages pour percer à jour le bleu du ciel.
Zoom : une impeccable illusion
Vous le savez, le Mi 11 n’intègre aucun téléobjectif. Et Xiaomi s’abstient évidemment de mettre à profit son petit capteur télémacro de 5 mégapixels pour l’exercice. Non, si le Mi 11 est malgré tout en mesure de proposer un zoom numérique 30x, c’est simplement en cropant dans une image capturée en 108 mégapixels.
Et on doit bien dire que pour la plupart des cas, cette technique fait la blague. En zoom 2x, on y voit que du feu. Bien sûr, et comme nous l’avons expliqué plus haut, une photo en 108 mégapixels doit faire l’impasse sur la HDR. Par conséquent, il arrive que certains clichés soient beaucoup plus sombres que s’ils avaient été pris au grand-angle. Les photos apparaissent également moins détaillées, et on a beaucoup moins de latitude pour recadrer ou retoucher ses clichés.
Mais il faut reconnaître le côté astucieux du procédé. Plutôt que d’intégrer un quatrième capteur, qui aurait pour conséquence de déséquilibrer le très beau bloc d’appareils photo et de faire augmenter le prix, Xiaomi a préféré faire avec ce qu’il avait et tirer profit de la très haute résolution du capteur principal.
Bien entendu, à mesure que l’on va augmenter le niveau de zoom, la qualité et le piqué s’en verront détériorés. En zoom numérique 10x, on évitera de regarder la photo en grand écran pour conserver un peu de « magie ». En 30x, on constate surtout l’apparition d’aberrations chromatiques sur les contours des objets.
Portraits : capable du pire comme du meilleur
L’an dernier, nous reprochions au Mi 10 de beaucoup trop en faire en matière de traitement numérique sur ses portraits. Un impair qui a été corrigé ici (le traitement est semblable à n’importe quelle autre photo). Problème : le smartphone n’est toujours pas très à l’aise en tant que portraitiste. Ou disons plutôt qu’il est capricieux. Pour obtenir un portrait de qualité, il faut remplir un certain nombre de conditions parmi lesquelles une lumière impeccable et un sujet immobile sont sine qua non.
Dans ce cas de figure, on se satisfait des résultats obtenus. La carnation est respectée, le détourage très réussi et le flou d’arrière-plan — bien qu’à peine exagéré — est assez doux. Une observation que l’on peut prolonger à un certain nombre de sujets inanimés pour peu qu’on se trouve suffisamment près.
Mais il n’est pas rare que le capteur ne comprenne tout simplement pas ce que vous cherchez à photographier. C’est le cas ici sur cette fontaine ou ce vélo. La découpe est aléatoire, et le flou appliqué au petit bonheur la chance — sans succès.
Quand les deux conditions énoncées plus haut ne sont pas respectées, la qualité des portraits s’en retrouve vraiment dégradée. Difficile par exemple d’immortaliser un félin en mouvement tant le déclenchement est lent. L’absence d’autofocus laser ou de caméra ToF n’aide pas, bien sûr. Et le manque de luminosité dans certains cas produit des découpages complètement ratés, qui donnent plus l’impression d’un collage que d’un portrait.
Enfin, la caméra avant fait plutôt bien son travail même si les portraits manquent parfois un peu de contraste. 20 mégapixels devraient pourtant être suffisants pour pousser le niveau de détails un peu plus loin, mais un effet de lissage assez prononcé apparaît dès lors que l’on est à contrejour. Ici encore, il s’agira de trouver le meilleur scénario d’usage, sans quoi il faudra faire des compromis.
Macro : toujours aussi inutile
Vous savez combien je tiens en basse estime les capteurs macro sur les smartphones. La plupart du temps des gadgets qui ne sont là que pour flatter l’égo des marques, qui peuvent ainsi se vanter d’avoir intégré « 5 appareils photo » sur leur téléphone.
Mais j’étais curieux de voir ce que le capteur « télémacro » du Mi 11 avait à proposer. On reste malgré tout sur un module très faiblement défini (5 mégapixels seulement) et aux caractéristiques peu engageantes. Quelle différence avec un module « macro » traditionnel alors ?
Comme son nom l’indique, le télémacro agit comme un téléobjectif. Il va vous permettre de « zoomer ». En cela, il rend la pratique de la macrophotographie plus facile, car il ne vous demande plus de coller votre objectif à votre sujet pour le prendre en photo. Cela facilite notamment la mise au point qui, je vous rassure, reste capricieuse.
Toujours est-il que, oui, grâce au télémacro, on obtient plus facilement des résultats sympathiques. Suis-je pour autant convaincu de l’utilité d’un tel capteur ? Pas le moins du monde.
Nuit : un appareil plus polyvalent que l’an passé
Avec MIUI 12.5, Xiaomi permet d’activer une option qui active automatiquement le mode nuit lorsque le capteur a besoin de plus de lumières pour prendre une photo correcte. Une fonctionnalité de qualité de vie indispensable de nos jours, qui permet d’éviter de se poser la question au moment de déclencher.
Sans grande surprise, le capteur ultra grand-angle est le moins débrouillard de la bande en basse luminosité. Si l’exposition est plutôt bonne, on constate du bruit ainsi qu’un lissage important sur les textures. Mais ne soyons pas trop sévères, il y a du mieux par rapport à l’an passé. Xiaomi étant visiblement parvenu à faire quelques ajustements sur son logiciel.
Le grand-angle, lui, n’a aucun problème à exposer correctement en basse lumière (en allongeant la pose s’entend). Les détails sont bien conservés, même si on pourrait lui reprocher une profondeur de champ un peu chiche par moments. Le zoom 2x utilisant — on l’a dit — le capteur grand-angle, les résultats sont identiques (mais moins riches en détails).
En extérieur, utiliser l’ultra grand-angle est une véritable gageure. Les couleurs paraissent délavées et le bruit est omniprésent. En allongeant la pose grâce au mode nuit, on parvient à stabiliser un peu tout cela, mais les résultats sont très en-dessous de ce que propose le grand-angle.
Même en mode automatique, le grand capteur de 108 mégapixels parvient à récupérer beaucoup de lumière et donc à reproduire assez fidèlement les scènes nocturnes. Bien sûr le piqué est en chute libre, et certaines textures bavent un peu. Mais on reste plutôt satisfaits de ces résultats sur un smartphone à 749€.
Vidéo : encore des lacunes à combler
Comme le Galaxy S21 Ultra et quantité d’autres appareils déjà sur le marché ou à venir, le Xiaomi Mi 11 est capable de filmer en 8K, à 24 ou 30 images par seconde.
Par ce biais, il faut toutefois faire une croix sur toute forme de stabilisation. Donc à moins de ne faire que des panoramas en position fixe ou en utilisant un trépied ou un gimbal, difficile de tirer quoi que ce soit d’intéressant de ce mode. Notons toutefois que la qualité d’image est impeccable, même si filmer en 8K risque d’inonder votre espace de stockage (un extrait de 20 secondes pèse 325 Mo).
Pour la plupart des personnes qui s’offriront le Mi 11, la 4K restera la valeur sûre. Mais contrairement aux iPhone 12 et Galaxy S21, seul le capteur principal (le grand-angle) est ici capable de tenir les 60 images par seconde sur cette définition. C’est assez dommage, même si finalement compréhensible vu la moindre qualité de l’ultra grand-angle en comparaison du module standard.
Le Mi 11 peut filmer en HDR, ce qui contribue à dynamiser un petit peu les couleurs des clips que l’on peut capturer. On reste néanmoins à des années-lumière de ce qu’est en mesure de proposer Apple avec ses vidéos en 4K Dolby Vision sur l’iPhone 12.
Malgré tout, le Xiaomi Mi 11 propose plusieurs niveaux de stabilisation qui permettent d’atténuer efficacement les tremblements lorsque l’on filme. Mais il vous faudra faire une concession : pour accéder au meilleur niveau de stabilisation, vous devrez repasser en 1080p à 30 images par seconde.
Xiaomi Mi 11 : l’avis de Clubic
Le Mi 11 est-il autre chose qu’une douce évolution du Mi 10 ? Pas vraiment. En cela, il se destine évidemment à celles et ceux qui n’ont pas craqué l’an dernier pour le précédent modèle du constructeur. Le peu de nouveautés qui leur est offert aura tôt fait de décevoir les éventuels acheteurs compulsifs qui renouvellent leur mobile tous les ans.
Du reste, le Xiaomi Mi 11 est un pur produit de son époque. Fort d’un écran formidable (bien qu’un peu décevant côté calibration) et ultra réactif, il offre les meilleures performances jamais observées à ce jour sur un terminal Android. Il marque aussi sa différence en étant l’un des rares nouveaux mobiles de 2021 à toujours s’accompagner d’un adaptateur secteur pour le recharger… C’est dire si nos standards sont élevés en ce début d’année.
Blague à part, le Mi 11 c’est surtout un design d’enfer et un format sexy en diable. Doté d’un écran généreux, mais profitant d’un design ultra fin et d’une légèreté rare, le nouveau fer de lance de Xiaomi nous a tapé dans l’œil. Oui, il existe de meilleurs photophones. Oui, on trouvera également bien d’autres téléphones plus endurants, côté batterie. Mais lorsqu’on fait la somme des atouts du Mi 11, et qu’on les rapporte à son tarif de 749€, on se dit que Xiaomi n’a pas vraiment à rougir de la concurrence pour l’instant.
- Un design vraiment, vraiment, très réussi
- Un grand écran dans un châssis aussi léger que facile à prendre en main
- Le couple WQHD+ 120 Hz, un vrai régal
- Le smartphone le plus puissant jamais testé chez Clubic
- À l’aise en photo dans la plupart des cas
- (Un chargeur dans la boîte…)
- Un écran plutôt mal calibré en sortie d’usine
- Encore des progrès à faire en vidéo
- Pas de certification IP
- MIUI toujours bourré de bloatwares
Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur.