Sony n'a plus l'aura dont il bénéficiait il y a quelques années sur le marché du smartphone. Vacillant sous les assauts d'une concurrence plus rude que jamais, le géant japonais ne courbe pas pour autant l'échine. La preuve avec un Xperia 1 « Mark Two » qui s'insère clairement sur le segment du très haut de gamme.
Mais il ne suffit pas d'une étiquette tarifaire indécente et d'une litanie de superlatifs pour faire date dans l'industrie. Le Sony Xperia 1 II a-t-il les moyens de ses ambitions ? Réponse plus bas dans notre test complet.
Sony Xperia 1 II : la fiche technique
D'habitude, on sait toujours à quoi s'attendre sur les smartphones haut de gamme. Après tout, leur raison d'être est de ne rien laisser au hasard. Malgré cela, le Xperia 1 II réserve quelques surprises, matérialisées notamment par son écran compatible 4K. Compatible oui, nous y reviendrons.- Le Sony Xperia 10 II, c'est :
- Écran : OLED de 6,5 pouces (21:9) affichant une définition Full HD+ de 2560 x 1096 pixels (428 ppi, 60 Hz, HDR 10) et couvrant environ 84% de la surface avant. Sur les contenus compatibles, affiche une définition 4K de 3840 x 1644 pixels (643 ppi)
- SoC: Snapdragon 865 (7 nm+) avec processeur octo-core (1x 2,84 GHz + 3x 2,42 GHz + 4x 1,8 GHz) et GPU Adreno 650 (587 MHz)
- Mémoire vive : 8 Go LPDDR5
- Stockage interne : 256 Go (extensible jusqu'à 1 To via microSD) en UFS 3.0
- Batterie : 3 860 mAh, recharge rapide jusqu'à 21 W en filaire et 11 W sans-fil
- Étanchéité : IP 65/68
- Prise jack 3,5 mm : oui
- Audio : haut-parleurs stéréo
- Appareils photo arrière :
- capteur 12 MP (1/1.7", ƒ/1.7) équivalent 24 mm
- 12 MP (1/3.4", ƒ/2.4) téléobjectif équivalent 70 mm
- 12 MP (1/2.55", ƒ/2.2) ultra grand-angle équivalent à 16 mm
- 3D ToF
- Vidéo : 4K@24/25/30/60fps HDR, 1080p@30/60
- Appareil photo avant : 8 MP (1/4.0" ƒ/2.0), vidéo 1080p30fps
- Capteur d'empreintes : Oui, sur le bouton d'allumage
- Recharge inversée : Non
- Double SIM : Oui
- Compatible 5G : Oui
- Connectivité : Wi-Fi 802.11 a/b/g/n/ac/6, Bluetooth 5.1, NFC
- Dimensions : 165.1 x 71.1 x 7.6 mm pour 181,4 grammes
- OS : Android 10
- Coloris : Noir, Violet
- Prix : 1199€
- Disponibilité : Disponible
Un smartphone se gargarisant de proposer une expérience sonore hors du commun ne pouvait décemment pas faire l'impasse sur une prise jack digne de ce nom. En cela, le Xperia nouveau est bien le seul smartphone vendu à ce tarif qui se plie à l'exigence.
Aussi pour en profiter dès le déballage, le Xperia 1 II s'accompagne d'une très belle paire d'écouteurs intra-auriculaire et de ses embouts de différentes tailles. Le smartphone est aussi livré avec un adaptateur secteur 18 W et son câble USB-C. Remarquons d'emblée que, le smartphone supportant la charge rapide à 21 W, Sony aurait peut-être pu consentir un effort pour fournir un chargeur compatible.
Design : tout en élégance
On se doit de vous resservir un couplet que l'on écrivait déjà au sujet du Xperia 10 II. À bien des égards, le dernier-né de Sony est anachronique. Écran plat avec bordures, prise jack, capteur d'empreintes latéral... Rendez-vous compte! le smartphone a même un bouton physique dédié à mimer le déclencheur d'un appareil photo.Ceci étant dit, et puisque les smartphones Xperia sont décidément à part dans le paysage actuel, il va sans dire que le Xperia 1 II assume son statut de représentant alpha. Tout en aluminium et en verre (Gorilla Glass 6), le smartphone de Sony est un beau produit.
Contrairement à son petit frère le Xperia 10, ce modèle profite de tranches angulaires, ce qui tend à favoriser la prise en main. Une aubaine, car n'oublions pas qu'avec ses 6,5 pouces au format 21:9, le Xperia 1 II est très allongé. Pour autant, l'appareil reste confortable à utiliser, même à une main.
Reconnaissons également que malgré la présence de bordures, l'écran occupe un très bel espace à la surface avant. De l'ordre de 84% — ce qui est peu ou prou équivalent à l'iPhone 11 Pro Max.
La prise jack est disposée sur le haut du smartphone, non loin de l'un des deux haut-parleurs (faisant face à l'utilisateur) embarqués dans l'appareil. Tous les boutons nécessaires sont quant à eux placés sur la tranche droite et facilement atteignables du pouce lorsque l'on tient le téléphone.
La face arrière du smartphone étant brillante, elle n'échappe pas à un certain appétit pour les traces de doigt. Elle fait néanmoins montre d'une sobriété à toute épreuve, n'affichant que le logo de Sony et les différents modules photo sur sa partie gauche, à la verticale.
Enfin, un petit mot sur ce fameux bouton dédié au déclenchement des photos. Si son utilisation est parfaitement optionnelle avec l'application caméra, elle trouve tout son sens avec l'application Photo Pro, sur laquelle nous reviendrons abondamment dans la partie logiciel de ce test. Sensible à deux niveaux de pression, elle permet de faire la mise au point dans un premier temps, et de déclencher dans un second — comme un véritable déclencheur d'appareil photo donc. Non reconfigurable, ce bouton ne peut servir qu'à cela. Un appui long depuis n'importe quel menu servant simplement à lancer l'application Photo Pro ou Cinema Pro.
Écran : la perfection faite pixels
Anachronisme encore : Sony nous demande de payer 1199€ pour un smartphone à la fréquence de rafraîchissement plafonnée à 60 Hz. Mais la dalle choisie par le constructeur a d'autres atouts, à commencer par son milliard de couleurs et — surtout — son excellent calibrage.Au déballage, le Sony Xperia 1 II ne donne pas pleinement satisfaction. Au prix d'un affichage beaucoup trop froid (7514K), le mode Standard offre une couverture étendue de l'espace colorimétrique sRGB (121,4% d'après notre sonde). Mais les couleurs ne sont pas restituées avec précisions. Le delta E, qui mesure les dérives de l'affichage par rapport à leur référence Pantone, a été établi entre 4,45 et 4,69 selon que l'écran est réglé à 50 ou 100% de luminosité.
Heureusement, Sony propose également un mode d'affichage dit « Créateur », calibré par CineAlta, l'équipe responsable des Caméscopes de marque Sony. Avec ce mode, on obtient des couleurs beaucoup plus justes. Même si la couverture de l'espace sRGB est nettement amoindrie (95,7%), la température moyenne descend à 6815K et le delta s'approche de 3, sous lequel on considère que l'œil humain ne fait plus la différence.
Il nous a fallu fouiller encore un peu dans les réglages (très permissifs, heureusement) du téléphone pour parvenir à des mesures d'excellence. En basculant simplement la balance des blancs sur le mode D65 (la référence cinéma), nous avons obtenu une température de 6472K. Parfait, le standard étant défini à 6500K. Le delta E descend enfin à 2,59, quand l'espace sRGB retrouve une couverture à 97%. Aucun réglage, en revanche, ne nous a permis d'atteindre les 100% de couverture de l'espace BT.2020 comme le promet pourtant la fiche technique du téléphone.
Notez aussi qu'il est possible de bénéficier des effets d'embellissement du mode Standard tout en paramétrant l'activation automatique du mode Créateur sur des applications choisies.
On doit bien avoués que l'on est chagrinés par la luminosité un peu limite de l'écran du Xperia 1 II. En mode manuel, la dalle ne grimpera pas au-delà de 336 cd/m2. Le mode automatique permet d'atteindre des pics de 562 cd/m2, mais cela reste très en-dessous des mesures relevées sur un Mi 10 Pro de Xiaomi par exemple.
Un écran 4K ? Pas tout à fait
Remarquez comme nous évitons soigneusement de parler de la caractéristique importante de l'écran du Xperia 1 II depuis le début de ce chapitre. C'est que la chose est plus délicate à aborder que prévu.« 99% du temps, l'écran affiche une définition Full HD de 2560 x 1096 pixels »
Si, sur son site Internet comme sur l'intégralité de ses supports de communication, Sony écrit noir sur blanc que son smartphone embarque un écran 4K, vous ne pourrez en profiter que dans des situations très limitées.
Autant l'écrire : 99% du temps, l'écran affiche une définition Full HD de 2560 x 1096 pixels. En réalité, Sony a opté pour une définition dynamique, qui s'adapte au contenu afin de ne pas épuiser la batterie trop rapidement.
C'est louable. Compréhensible, même. Seulement lorsque l'on communique sur le fait que son nouveau modèle affiche de la 4K, nous estimons que le choix devrait être laissé à l'utilisateur d'afficher de la 4K. Que cela lui soit utile ou pas. Ici, Sony ne propose absolument aucune option permettant de choisir sa définition favorite, comme le proposent pourtant ses concurrents lorsqu'une dalle est capable d'afficher du WQHD+.
Ceci étant dit, le Xperia 1 II offre sur les contenus compatibles une expérience d'une rare finesse. Compatible HDR 10, l'écran peut lire ce qu'il se fait de plus beau sur YouTube actuellement. Gardez cependant en tête que Netflix ne permet pas de visionner des contenus au-delà de 1080p sur smartphone.
Reste que le ratio 21:9 est la plupart du temps un frein au confort de visionnage. Les contenus adaptés étant peu nombreux, on se retrouve avec d'énormes bordures de chaque côté de l'écran pour compenser. En forçant l'affichage plein écran, une bonne partie de l'image passe hors-champ. On est désolés pour Sony, mais ça ne fonctionne toujours pas très bien cette affaire.
Audio : un vrai bon baladeur numérique
Très mise en avant par Sony, la partie audio du Xperia 1 II repose aussi sur l'expertise de l'entreprise en la matière.Très fier de nous proposer une configuration stéréo, Sony n'a pas non plus oublié d'intégrer une prise jack sur son nouveau modèle. Une connectique qui manquait à l'appel sur le Xperia 1 l'an passé.
Mais en haut-parleur, tout d'abord, le Xperia 1 II offre une prestation honnête, sans être transcendante. La restitution des médiums et des aigus est excellente, mais — comme toujours — de si petits haut-parleurs ont bien du mal à rendre justice à la rondeur des basses. On a également remarqué que la saturation était de rigueur assez tôt, aux alentours de 60% du volume (réglage sur 30 niveaux).
Sony propose néanmoins une interface complète pour ajuster l'expérience audio à son goût. Intégrant Dolby Atmos, le smartphone profite d'un égaliseur qui pourra être dompté par les connaisseurs.
Des connaisseurs que la prise jack ravira à coup sûr. Pouvant décoder de l'audio 24-bit/192kHz, elle permet aux possesseurs de casque ou écouteurs ultra performant de profiter à plein de leur musique. Conscient de cet atout, Sony offre d'ailleurs 3 mois d'abonnement à Tidal Hi-Fi, normalement tarifé 19,99€ par mois. L'occasion de redécouvrir la musique qu'on aime sous un nouveau jour.
Notons à ce propos que les écouteurs intra-auriculaires fournis par Sony avec son smartphone font un assez bon travail, tant au niveau de l'isolation que de la restitution sonore.
Pour les amateurs de sans-fil, Sony ne laisse personne sur le carreau non plus. Le Xperia 1 II prend en charge les codecs SBC, AAC, LDAC, aptX, aptX HD, aptX Adaptative, aptX TWS+. De quoi profiter, même sans câble, d'un son d'excellence.
Côté logiciel, le Sony Xperia 1 II embarque aussi le DSEE Ultimate, censément pouvoir upscaler un fichier audio 44kHz à 192kHz. Enfin, le constructeur indique qu'une puce dédiée permet au téléphone d'être compatible avec le 360 Reality Audio : un format très particulier qui réplique les conditions d'écoute d'une salle de concert. Une fonctionnalité que l'on peut essayer sur le site de Sony avec une démo, ou via les albums disponibles via ce format sur Tidal.
En complément, Sony propose aussi une technologie de « Vibration dynamique » sur plusieurs niveaux. Étonnante, celle-ci utilise le moteur de vibrations du smartphone pour accompagner l'écoute de musique par des retours haptiques plus ou moins intenses. Gadget, sinon désagréable si l'on range son téléphone dans la poche.
Logiciel : un Android Stock dans son plus simple appareil
Il n'y a pas grand-chose à signaler du côté de l'interface du Xperia 1 II. Le smartphone opte pour la dernière version d'Android 10, et profite du dernier correctif de sécurité en date (juin 2020). Le smartphone est certifié Widevine L1.Mode sombre, navigation gestuelle, bien-être numérique : aucune fonctionnalité phare de l'OS de Google ne manque à l'appel, et tout fonctionne à merveille. Tout juste notera-t-on que Sony a inclus un menu latéral, activable par deux pressions rapides sur le bord de l'écran. Une gymnastique un peu difficile à appréhender au départ, et qui permet d'accéder rapidement à l'affichage multi-fenêtre, au mode une main ou à une variété d'applications de votre choix.
Aussi plutôt que de revenir sur une interface que vous connaissez sans doute par cœur, attardons-nous un moment sur les deux pierres angulaires applicatives du Xperia 1 II : Photo Pro et Cinema Pro.
Photo Pro et Cinema Pro : les applications phares du Xperia 1 II
Si le smartphone dispose bien d'une application Camera classique, quiconque souhaite accéder à des réglages manuels en photo ou en vidéo devra obligatoirement passer par les applications dédiées : Photo Pro, et Cinema Pro.Conçue en partenariat avec Sony Alpha, qui conçoit les appareils photo hybrides mondialement connus, la première reprend trait pour trait l'interface des derniers appareils mirrorless du constructeur nippon.
On peut opter pour le mode Auto, qui gère seul l'intégralité des réglages d'exposition, Programme, qui ne laisse à votre appréciation le réglage des ISO, Sport, qui vous laisse choisir la durée d'exposition, ou bien entendu Manuel qui vous laisse la main sur l'intégralité des paramètres.
Autofocus continu ou ponctuel, mode de mesure, correction d'exposition, réglage de la focale (entre 16 et 200 mm)... les photographes seront aux anges. Nous sommes bien là aux antipodes de ce que propose un smartphone classique, où la pression sur un seul bouton permet d'obtenir des photos de qualité. En cela, il nous paraît pertinent de rappeler que le Sony Xperia 1 II est un smartphone pour utilisateurs avertis. Si vous n'avez pas envie de passer du temps à faire vos réglages et paramétrer votre appareil photo selon vos goûts, préférez un smartphone plus conventionnel ; Sony s'adresse ici aux connaisseurs. Ce n'est pas pour rien que, selon le constructeur, le Xperia 1 II n'est rien de moins que la nouvelle porte d'entrée vers ses appareils photo compacts et hybrides.
La démarche est plus prononcée encore du côté de la vidéo. Si l'appli Caméra permet de filmer sans peine jusqu'en 4K à 30 images par seconde, l'application dédiée Cinéma Pro laisse l'accès à d'innombrables paramètres, et vous offre toute latitude nécessaire pour réaliser vos projets.
Performances : on n'en attend pas plus
Comme n'importe quel smartphone équipé en Snapdragon 865, le Sony Xperia 1 II s'en sort admirablement bien. Autant sur notre protocole de test que lors d'une utilisation classique au jour le jour.Sur AnTuTu Benchmark, le smartphone haut de gamme de Sony obtient 556 797 points. C'est peut-être un peu juste par rapport à d'autres modèles équivalents, mais cela ne se remarque absolument pas au quotidien. Geekbench lui octroie pour sa part 906 et 3310 points sur ses tests.
Une nouvelle fois confronté à une erreur avec 3D Mark, je n'ai pas pu éprouver les capacités du GPU autre qu'en jeu. J'y reviens plus bas. Toujours est-il que sur PC Mark le Sony Xperia 1 II s'en tire admirablement bien. Petite déception au chapitre de la mémoire flash, que nous attendions plus véloce. Malgré un débit en lecture excellent, 391 Mb/s en écriture nous paraissent exagérément bas pour un téléphone vendu 1199€.
En dépit de ses seuls 8 Go de mémoire vive, le Xperia 1 II navigue sans peine entre les applications. Tout se lance extrêmement vite, et les jeux vidéo nous laissent pousser tous les réglages graphiques au maximum. Le smartphone ne bronche jamais, et ne fait même pas s'affoler le thermomètre. Après plusieurs parties de Call of Duty Mobile avec une manette PS4 appairée en Bluetooth, le dos de l'appareil ne dépassait pas les 34°C.
Autonomie : encore trop juste
Souvenez-vous, nous écrivions plus haut que si le Xperia 1 II n'affichait pas de la 4K en permanence, c'était aussi pour alléger l'impact de l'écran sur la batterie du téléphone. Louable, écrivions-nous encore. Mais le problème est que même ce faisant, les résultats sont en deçà de nos attentes.Avec sa batterie de 4000 mAh, le téléphone haut de gamme de Sony s'est éteint au terme de 24 heures tout rond, et 6 h 28 de temps d'écran. À titre de comparaison, le Xperia 10 II avait tenu 40 heures pour 9 h 48 d'écran. Un monde d'écart.
Côté recharge, difficile de ne pas dire notre déception. Rappelons qu'un smartphone haut de gamme est, selon nous, censé offrir une expérience sans concession. Malgré son prix prohibitif, le Xperia 1 II met pourtant 1 h 50 à passer de 0 à 100% avec l'adaptateur secteur 18 W fourni. En 30 minutes, le smartphone n'avait regagné que 44% d'autonomie. Cela reste très rapide si on le compare à un iPhone, mais très décevant face à un Oppo Find X 2 Pro qui est capable de se recharger à fond en 40 minutes seulement.
Photo : un bon photophone... pour qui sait s'en servir
Nous avons préparé la rampe en abordant la partie logicielle du smartphone, un peu plus haut. En reposant presque intégralement sur l'application Photo Pro, le Sony Xperia 1 II pourrait paraître rebutant pour qui n'a jamais tenu un véritable appareil photo de sa vie.Assez pauvre, l'application Caméra classique n'offre que peu d'options permettant de personnaliser les résultats. Notez que, même par son biais, on obtient tout de même de très jolis résultats avec le Xperia 1 II. Mais nous ne leurrons pas : c'est bien en optant pour Photo Pro que l'on tirera le maximum du dernier-né des usines Sony. Toutes les photos qui vont suivre ont donc été prises en passant par cette application.
« Aucune option ne permet de shooter en RAW sur le Xperia 1 II »
Précisons enfin une dernière chose, qui nous apparaît pour tout vous dire comme une hérésie complète : malgré les velléités « professionnelles » de Sony sur la photo, aucune option ne permettait de shooter en RAW sur le Xperia 1 II lors de notre test. Depuis, Sony nous indique qu'une mise à jour permet d'accéder à ce format. Mais nous n'avons plus le modèle de test à disposition pour y accéder.
Le grand-angle : la focale à tout faire du Xperia 1 II
Clin d'œil aux photographes, Sony a intégré à son nouveau smartphone un trio d'objectifs bien connus : un ultra grand-angle de 16 mm, un grand-angle de 24 mm et un téléobjectif de 70 mm, lequel peut zoomer jusqu'à 200 mm.Autre emprunt à la gamme Alpha de Sony, le Xperia 1 II est capable de rafraîchir la zone de mise au point et le calcul de l'exposition 60 fois par seconde. Toujours au chapitre de la vitesse, le smartphone se targue d'offrir des prises de vue en rafale à 20 images par seconde — du jamais vu sur smartphone.
C'est bien beau posé à l'écrit. Mais comment cela se traduit-il smartphone en main ? En maintenant pressé à moitié le bouton déclencheur du téléphone, vous verrez apparaître la zone de mise au point et son calcul. Si un animal ou un sujet humain se trouve dans le champ de vision, le mode Eye-AF prend le dessus et viendra rapidement se positionner sur son œil afin de le prioriser dans l'image.
Généralement impressionnant, on n'échappe pas à quelques ratés. En photo de rue notamment, le point pourra parfois être fait sur un détail insignifiant de la scène. De même que la rafale, si elle est effectivement ultra rapide, se fait parfois au détriment d'un suivi correct du sujet.
Cette parenthèse refermée, concentrons-nous sur le concret : les clichés sont-ils bons ? La réponse courte est oui. La réponse élaborée est oui, mais...
De jour, le smartphone fait un excellent travail, surtout en ce qui concerne la restitution des dynamiques importantes. Comparé au Xperia 10 II, c'est le jour et la nuit : les ombres conservent énormément de détails, et les hautes lumières ne sont jamais brûlées. En résultent des images très bien exposées, au traitement naturel, ajustant parfaitement le micro-contraste des textures.
Le piqué est très bon au centre de l'image. Malheureusement, les 12 mégapixels du capteur montrent vite leurs limites sur un grand écran. Une nouvelle preuve que le cul du Xperia 1 II est entre deux chaises : d'un côté le constructeur s'adresse à des amateurs avertis, de l'autre il ne leur donne pas les armes pour profiter pleinement des possibilités offertes (pas de RAW lors de notre test, 12 mégapixels seulement...).
Quand la lumière vient à manquer en revanche, ou que la priorité est donnée à la vitesse, la montée en ISO se fait très difficilement. À 3200 ISO, les résultats ne sont tout bonnement pas exploitables. Les textures perdent tout détail ; écrasées par l'algorithme de réduction du bruit numérique. Peut-être qu'un équilibre aurait pu être trouvé sur ce point.
Un ultra grand-angle qui ne gâche rien
Avec sa focale de 16 mm, l'ultra grand-angle aura la préférence des photographes de paysage.L'un des énormes points forts (en tout cas pour un smartphone) de ce capteur est qu'il offre des couleurs identiques au grand-angle. Nul dérive vers le rouge ou le bleu à déplorer comme sur de nombreux modèles concurrents.
L'autofocus est efficace, mais souffre des mêmes problèmes abordés plus haut. Enfin si le piqué est plutôt bon au centre, les détails s'évaporent de façon notable sur les angles.
Un 70mm très plaisant
Les atouts d'une focale de 70 mm depuis le confort d'un smartphone fait rêver plus d'un photographe. Souvent parmi les objectifs les plus volumineux, ils offrent cependant des images de toute beauté. Et force est de constater que le module intégré au Sony Xperia 1 II leur fait honneur, avec une très jolie compression.Mais l'objectif ne profite pas du Dual Pixel Autofocus intégré aux deux autres objectifs. Conséquence directe : le suivi du sujet a parfois du mal à se faire correctement. J'ai dans ma besace une bonne pelletée de photos ratées à cause de cela.
Heureusement, ce dernier capteur se rattrape ailleurs. Stabilisé, il permet de pousser jusqu'aux 200 mm sans trop de problèmes. Mais il s'agit-là d'un zoom numérique, et donc avec pertes. Saluons tout de même la mesure de Sony qui, contrairement à nombre de ses concurrents, se contente donc d'un zoom numérique 3x et évite la bouillie de pixels à laquelle on est habitués sur des zooms 30, 50 ou même 100x.
Un mode portrait frustrant
Qu'on s'entende bien : le mode portrait du Xperia 1 II est plutôt efficace. Mais à aucun moment digne d'un smartphone vendu 1199€. À y regarder de près, on aurait bien à redire sur le détourage du sujet qui, en dépit d'un module 3D ToF, n'est pas exemplaire.Reste que le rendu de la peau et des couleurs correspond à ce que l'on attend.
Par contre, on est horriblement frustrés que le smartphone ne nous permette pas de choisir l'objectif à utiliser pour son mode portrait. Pourtant doté d'une focale de 70mm, plus adaptée au portrait que celle de 24 mm, le smartphone ne laisse aucun choix à l'utilisateur. On pourrait bien sûr passer par l'application Photo Pro, mais le flou d'arrière-plan étant géré de manière logicielle, il nous serait impossible d'obtenir le résultat escompté.
Dans tous les cas, il vous faudra fuir absolument les contre-jour car le mode portrait n'intègre aucune capacité HDR. Autrement dit : les sources lumineuses trop intenses seront systématiquement cramées. Un défaut digne d'un smartphone d'entrée de gamme.
« le mode portrait n'intègre absolument aucune capacité HDR »
Enfin à l'avant, et comme sur le Xperia 10 II, aucun mode portrait n'est au programme. Il y a bien la détection de scène automatique qui indique « Flou artistique » ou « Portrait contre-jour », mais aucun résultat notable n'apparaît à l'écran.
Aucun mode photo nocturne au programme
Vous avez bien lu. Sony fait preuve sinon d'inconscience, de beaucoup d'assurance pour proposer à 1199€ un smartphone dépourvu d'un mode photo nocturne digne de ce nom... Surtout que l'on retrouve un mode de ce genre sur le Xperia 10 II (sans fulgurance néanmoins).Sony justifie cette absence par les résultats souvent irréalistes de pareils modes. En d'autres termes, si vous souhaitez prendre une photo de nuit, même s'il ne s'agit que de vos amis à la sortie d'un restaurant, il vous faudra utiliser l'application Photo Pro et vous embêter à faire tous les réglages nécessaires pour obtenir le cliché parfait.
La démarche peut s'entendre. Après tout, il est désormais clair que le Xperia 1 II ne s'adresse pas à tout le monde. Reste qu'on peut admettre la nécessité (via l'exemple ci-dessus notamment) d'un mode rapide d'accès qui nous mâche le travail. Cela n'enlèverait rien au plaisir de paramétrer son appareil le cas échéant, et réduirait beaucoup la frustration que l'on peut ressentir face à l'absence pure et simple d'un tel mode.
Mais soit. Jouons-la comme des « pro », sortons le trépied et jouons avec les paramètres. Sur les photos ci-dessous, le cliché à gauche a été pris en mode automatique via l'application Caméra depuis un trépied ; celle à droite avec l'application Photo Pro, en manuel, avec un trépied.
Remarquons déjà que la stabilisation fait beaucoup pour obtenir un cliché potable, même en mode auto. Comparé à notre essai à main levé, c'est — littéralement — le jour et la nuit.
Le mode manuel est logiquement à privilégier. Grâce à lui, on obtient une scène parfaitement exposée, au bruit numérique réduit à sa plus simple expression et aux détails conservés. Un excellent résultat oui, mais qui nécessite d'avoir le matériel nécessaire à portée de main, et surtout de prendre le temps de faire ses réglages. Encore une fois : Sony sait à qui il s'adresse.
Vidéo : un bon camescope de poche
Vous l'aurez compris : la vidéo fait partie des atouts du Xperia 1 II. Capable de filmer en 4K à 30 images par seconde sur ses trois objectifs, le smartphone se dote en outre d'une très bonne stabilisation optique et électronique. De notre point de vue, elle n'égale toutefois pas celle proposée par Samsung sur ses Galaxy S10, Note 10 et S20 récemment.Toujours est-il que, comme nous l'avons détaillé dans la partie logiciel, l'application Cinema Pro offre toute une variété de réglages pour qui sait ce qu'il fait. L'application donne aussi accès à l'option « filtre intelligent anti-vent » qui réduit en effet drastiquement les bruits parasites dus aux bourrasques, mais laisse traîner résidu sonore plutôt désagréable à l'oreille.
Sony Xperia 1 II : l'avis de Clubic
Pour sa deuxième édition du Xperia 1, Sony fait beaucoup mieux... mais il fait aussi 200€ plus cher et, selon nous, cela n'est pas du tout justifié.Finalement, le Xperia 1 Mark Two ne répond qu'à un petit nombre des exigences qu'il s'était lui-même fixé. L'excellence de son écran en premier lieu, et la générosité de sa partie audio ensuite. Mais pour ce qui est de la photo, nous sommes plus frustrés que convaincus.
Déjà parce que Sony semble se prendre des pieds dans un tapis qu'il avait pourtant pris soin de dérouler calmement : pourquoi diable proposer une application photo professionnelle ne permettant pas de shooter en RAW (edit :depuis, une mise à jour le permet) ? Pourquoi mettre à ce point l'accent sur l'autofocus de son appareil s'il n'est pas irréprochable, même en plein jour ? Pourquoi sacrifier sur l'autel du « pro » des fonctionnalités simples et utiles à tous comme un mode photo de nuit ?
On pourrait également revenir sur ce choix, certes, différenciant, de proposer un ratio 21:9 sur un smartphone. Pour quel usage ? Pour quel contenu ? On cherche encore. Bref, à ce tarif, Sony signe un smartphone étrange à bien des égards qui, sur le papier, avait pourtant tout pour nous séduire.
Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur