Soufyane Benhammouda pour Clubic
Soufyane Benhammouda pour Clubic

Le badge GTI est cher à Volkswagen. Mais à l’heure de la bienséance énergétique, les trois lettres sportives n’ont plus leur place. La GTI est morte, vive la GTX, qui voit sa première application sur le Volkswagen ID.4.

Volkswagen s’est rarement éloignée du badge GTI, dont elle s’attribue la paternité. Lancées en 1975 avec la première génération de Volkswagen Golf, les trois lettres magiques continuent d’exister avec la 8e génération de la compacte allemande. Synonyme de sportivité thermique, le badge devrait toutefois rejoindre les livres d’histoire au fur et à mesure que la transition électrique s’accélère à Wolfsburg.

Un survêtement de ville

Il n’est donc plus question de faire appel aux vestiges du monde d’avant pour la nouvelle génération de voitures électriques. Désormais, la fibre sportive sans bruit se nomme GTX chez Volkswagen. Les plus connaisseurs ou nostalgiques reconnaîtront toutefois l’appellation qui se retrouvait à l’aube des années 80 sur les Scirocco et Jetta. Des lettres pas forcément de noblesse, qui cachaient les ambitions sportives du coupé et de la berline, sans mettre une roue sur le terrain de chasse gardé par la Golf GTI. Et preuve d’un monde qui change, la primeur ne revient pas à la compacte électrique de la marque, l’ID.3, mais à un SUV familial.

Essai-Volkswagen-ID.4-GTX

Le Volkswagen ID.4 enfile désormais sa tenue de sport chic. Les modifications cosmétiques sont donc plutôt sobres et prennent davantage la forme de quelques améliorations pour souligner son niveau de finition. Les pièces en plastique noir, comme le bas des boucliers ou des bas de caisse, sont désormais peintes en couleur carrosserie, les joncs gris sur l’aile avant s’étirent sur les portes, et les deux fausses ouïes d’aération à l’avant embarquent des LED pour affirmer la signature lumineuse. Le bouclier arrière spécifique, les différents badges GTX, les optiques Matrix LED et 3D light, ainsi que les jantes de 20 pouces bouclent la préparation esthétique.

La trajectoire empruntée est similaire dans l’habitacle, où l’ID.4 GTX se distingue avec une sellerie spécifique et quelques petites attentions pour souligner ses ambitions. On note l’apparition de sièges sport habillés d’une sellerie Lurus, un pédalier en aluminium, un cerclage gris sur le volant à trois branches, des inserts noir brillant et des surpiqûres rouges aux quatre coins, comme sur les sportives essence de la marque.

L'habitabilité ne diffère pas

L’ID.4 GTX est donc parfaitement similaire, pour le reste, aux déclinaisons conventionnelles. On y retrouve les mêmes équipements, la même architecture intérieure ainsi que tous ses points forts comme ses points faibles. Sans surprise, l’ergonomie complexe de l’habitacle ne change pas, notamment en ce qui concerne la commande de boîte derrière le volant ou le système d’ouverture des fenêtre arrière.

Les passagers arrière seront toujours logés à la même enseigne avec un espace confortable, notamment possible avec le plancher plat. Elle bénéficie d’une plateforme MEB dédiée à la motorisation électrique qui débarrasse l’habitacle des habituelles avancées des éléments mécaniques à l’intérieur. Le coffre est similaire aussi, avec un volume de 543 l en configuration cinq places. La banquette 2/3-1/3 non coulissante rabattue, le volume grimpe à 1 775 l. Une valeur finalement dans la moyenne de la catégorie. A titre d’exemple, un Volkswagen Tiguan avoue 520 l pour une longueur de 4,51 m.

Quatre roues motrices et 299 ch

Mais la vraie nouveauté de ce Volkswagen ID.4 GTX se cache sous le capot. Profitant d’une plateforme commune avec les électriques du groupe Volkswagen, il récupère aussi les mêmes motorisations. Il profite pour la première fois de la configuration à transmission intégrale assurée par deux moteurs électriques fournissant ensemble 299 ch pour 460 Nm de couple. L’ensemble mécanique est alimenté par une batterie de 77 kWh de capacité utile, soit exactement la même configuration que l’Audi Q4 e-tron 50 Quattro, qui profite lui de son patronyme cher aux passionnés de rallye.

Malgré sa puissance qui tutoie la barre symbolique des 300 ch, le Volkswagen ID.4 GTX est à l’usage parfaitement similaire à la version 204 ch. Car malgré ses prétentions, il n’embarque pas en série le Pack Sport ou Pack Sport Plus, qui apporte entre autres le Dynamic Chassis Control et la direction progressive.

A rythme coulé ou stabilisé, le GTX se comporte sagement et met à contribution seulement son moteur synchrone arrière. Pas de quoi mettre en lumière son surplus de puissance dans le cadre d’une utilisation quotidienne ou familiale, où il privilégiera toujours le confort au dynamisme, puisque la suspension est similaire. Les dos les plus fins remarqueront sans doute un peu plus de trépidations en provenance des roues de 20 pouces sur les chaussées les plus défoncées, alors que le diamètre de braquage est moins favorable en raison de la présence du moteur en passant de 10,2 m à 11,6 m. Rien de rédhibitoire.

Des reprises plus costaudes, mais il n'est pas sportif

En se montrant plus actif sur la pédale d’accélérateur Play, le GTX fait montre de toute sa différence. Annoncé avec un 0-100 km/h en 6,2 secondes et une vitesse maximale de 180 km/h, il fait mieux que la version de 204 ch créditée d’un temps de 8,5 s et 160 km/h aux mêmes exercices. Il réclame sur le 80-120 km/h un temps de 4,6 s, soit 0,2 s de mieux que le Q4 doté de la même puissance, mais aussi plus lourd de 60 kg. Mais il ne faudra pas tarder pour profiter de toute cette puissance, puisque celle-ci s’amenuise au fur et à mesure que la charge de la batterie descend : si nous n’avons pas pu mesurer le niveau d’équidé présent, celui-ci s’est montré plus faible lorsque la barre des 80% a été franchie.

L’ID.4 GTX n’est donc pas sportif, mais à peine plus dynamique dans ses accélérations et reprises. Quant à la transmission intégrale, s’il faudra attendre l’hiver pour en mesurer tous les bénéfices, elle ne s’est pas montrée redoutable sur chaussée mouillée. En sortie de virage, le train avant avait tendance à être saturé, élargissant ainsi la trajectoire. Dans des proportions mesurées certes, mais assez troublantes derrière le volant de ce volumineux SUV.

Autonomie du Volkswagen ID.4 GTX

Sur la brochure, le GTX cède 40 km d’autonomie à l’ID.4 Pro Performance, pour se stabiliser à une valeur de 480 km selon la norme WLTP. C’est le prix à payer pour une transmission intégrale, qui arrive aussi avec un embonpoint de 104 kg. Une masse supplémentaire qu’il faut pouvoir faire avancer, et qui se ressent donc sur les consommations. Et ce malgré la présence d’un moteur asynchrone à l’avant, qui permet d’être totalement déconnectable sans entrainer de résistance physique lorsqu’il n’est pas utilisé. Mais la physique est la physique : en ville comme sur l’autoroute, il faudra alors tabler sur une surconsommation proche de 1 kWh/100 km par rapport à la version 204 ch en raison du poids supplémentaire, facteur aggravant sur les consommations d’une voiture électrique.

La moyenne pourra osciller entre 22 kWh/100 km sur route et près de 27 kWh/100 km à 130 km/h sur l’autoroute, ce qui offre un spectre d’autonomies comprises entre 350 km et 285 km selon les terrains. Cela reste finalement dans la logique de nos relevés à bord de l’ID.4 de 204 ch.

Recharge du Volkswagen ID.4 GTX

En revanche, l’ID.4 GTX n’évolue pas côté recharge. Et pour cause : sa batterie de 77 kWh est associée aux mêmes systèmes de recharge que la version inférieure. La recharge lente est assurée par un chargeur embarqué de 11 kW de puissance, alors que la recharge rapide peut encaisser 125 kW maximum.

Dans ce dernier cas, le SUV fait bonne figure sur une borne Ionity où, avec l’abonnement « We Charge » de Volkswagen, il peut bénéficier d’un prix préférentiel de 0,30 €/min. Dès le branchement, le pic de puissance maximal est atteint, pour dégringoler lentement au fur et à mesure que la batterie fait le plein. Une courbe finalement plus plate que pour certaines concurrentes, puisque la voiture ingurgite toujours 65 kW de puissance à 80%. On a vu pire. Cela permet au final de faire le plein de 10 à 80% en 35 minutes, soit une recharge totale au prix de 10,50 €, ce qui représente un coût proche de 5,30 €/100 km sur autoroute.

A noter que ce prix préférentiel est disponible avec l’abonnement « We Charge Plus » au coût de 9,99 €/mois pour les modèles compatibles avec la recharge rapide. Un abonnement intermédiaire « We Charge Go », gratuit pour les modèles ID équipés d’un système de recharge rapide, prévoit un prix de 0,55 €/min sur les bornes Ionity. Dans ce cas, le coût d’utilisation direct sur autoroute serait de 9,65 €/100 km.

Fiche technique Volkswagen ID.4 GTX

Fiche technique Volkswagen ID.4 GTX

Prix du Volkswagen ID.4 GTX

Le Volkswagen ID.4 GTX est disponible avec un prix unique de 53 350 €. A peine spécifique dans ses présentations intérieure et extérieure, il se distingue tout juste de l’ID.4 Pro haut de gamme avec un éclairage Matric LED, des feux 3D, des vitres arrière surteintées et des jantes Ystad de 20 pouces. L’habitacle, lui, est facilement identifiable avec ses sièges sport GTX et sa configuration spéciale.

  • Prix Volkswagen ID.4 GTX : 53 350 €
  • Bonus écologique : 2 000 €

Faut-il craquer pour le Volkswagen ID.4 GTX ?

Amis sportifs ou nostalgiques des Scirocco GTX ou Golf GTI, ne vous faites pas séduire par le dynamisme tout relatif de cette version. Certes plus puissant et offrant des reprises copieuses, l’ID.4 GTX est loin du dynamisme supposé par sa communication et son badge. Mais sa polyvalence grimpe d'un leger cran en étant sans doute plus efficace à la neige avec les pneus adéquats, et en permettant aussi de tracter 200 kg de plus que ses homologue, avec un maximum de 1 200 kg freinés.

S’il s’adresse donc à une certaine partie de la clientèle intéressée par l’ID.4, il sert surtout d’image dans la gamme du SUV électrique en reprenant la plus puissante des configurations actuelles de la plateforme MEB. Mais il constitue une bonne affaire en interne, notamment face au Skoda Enyaq 80x (lui aussi avec deux moteurs électriques) de 265 ch, qui touche tout de même les 53 730 € en version Sportline.