De plus en plus d'avions survolant le Moyen-Orient indique avoir reçu des signaux GPS erronés, pouvant avoir des conséquences désastreuses, et cette technique pirate a un nom : le spoofing.
Voilà une autre menace cyber qui peut s'avérer catastrophique tant sur le plan humanitaire que sur le plan diplomatique : le spoofing. Cette technique, qui consiste à usurper une identité électronique pour masquer la sienne, peut toucher un e-mail, une URL, mais aussi un signal GPS. Des incidents répétés, rapportés depuis le mois de septembre, ont mis en danger des avions commerciaux et d'affaires survolant des zones sensibles, comme le Moyen-Orient. Les conflits qui ont aujourd'hui lieu en Ukraine et en Israël pourraient expliquer l'intensité croissante du phénomène.
Des émissions GPS malveillantes qui dévient les avions de leur trajectoire, et les mettent en danger
Pour les chercheurs et spécialistes de l'Université du Texas, le constat est sans appel : « nous n'avions jamais vu d'avions commerciaux perturbés de la sorte ». Des émissions GPS malveillantes ont été détectées durant des vols commerciaux et d'affaires, le tout en survolant le Moyen-Orient. Des avions ont fait état de signaux corrompus invalidant leurs systèmes de secours et provoquant même des pannes complètes du système de navigation, entraînant des déviations non autorisées dans l'espace aérien.
Les scientifiques ont donc utilisé des satellites en orbite terrestre basse pour localiser les sources des émissions GPS néfastes. Hélas, ils ont constaté que les avions étaient parfois guidés, par les pirates, vers un espace aérien où ils n'avaient pas d'autorisation, en étant sous l'emprise de signaux corrompus. Une vulnérabilité qui pose une menace sérieuse sur la sécurité aéronautique.
Les chercheurs ont tout de même réussi à identifier l'origine d'une usurpation d'identité GPS, et celle-ci provenait des forces de défense israéliennes. Un banal brouilleur émettait des signaux en « dents de scie », qui compromettaient les systèmes de navigation GPS des avions. Si l'armée d'Israël a reconnu les faits, justifiant qu'elle essaie de déséquilibrer les missiles du Hezbollah, ces derniers ont des répercussions sur les avions.
L'usurpation d'identité GPS expose les vulnérabilités des avioniques modernes et souligne l'urgence de solutions de sécurité renforcées
Il faut savoir que les récepteurs GPS des systèmes de gestion de vol, comme ceux utilisés par Garmin et Rockwell Collins, sont vulnérables à la réception de données usurpées. Ces données, fusionnées avec les systèmes INS (navigation inertielle), dispositifs de navigation fournissant la position, le cap ou encore la vitesse, induisent en erreur le pilote automatique, les calculateurs de carburant et d'autres sous-systèmes critiques. L'absence de vérification croisée dans les équipements techniques des avions (aussi appelés « avionique ») modernes expose les aéronefs à un risque accru d'usurpation d'identité GPS, ce qui met en évidence la nécessité de solutions de sécurité plus rigoureuses.
La quête de performances optimales dans des conditions normales a conduit à une connectivité qui accepte les données sans vérification, dont on perçoit une vulnérabilité aujourd'hui. Dans un environnement de plus en plus hostile, l'approche devient dangereuse. Alors, la connectivité doit être accompagnée d'une vérification rigoureuse des données, un aspect souvent négligé dans les avioniques actuelles. Des correctifs sont nécessaires pour atténuer le risque d'usurpation d'identité GPS dans la navigation aérienne.
Les systèmes comme Galileo intègrent les signatures numériques pour authentifier les données GPS, une mesure dont l'aéronautique devrait s'inspirer. Mais elle n'est pas encore généralisée. Les fabricants d'avionique doivent intensifier leurs efforts pour intégrer des vérifications croisées rigoureuses entre les parties GPS et INS de leurs systèmes. Jusqu'à ce que des solutions robustes soient mises en œuvre, l'aéronautique au Moyen-Orient restera dans tous les cas vulnérable à des attaques sophistiquées d'usurpation d'identité GPS.
Source : The New York Times