En justice, Apple a remporté une victoire dérisoire à 250 dollars contre Masimo, accusée de violer plusieurs de ses brevets de conception. La marque à la pomme a néanmoins échoué à faire bloquer les produits de son concurrent.
Les batailles juridiques dans le « petit » monde des nouvelles technologies réservent parfois des surprises étonnantes. Dans le dernier épisode du conflit opposant Apple à l'acteur des montres connectées Masimo, un jury fédéral de l'État du Deleware vient d'accorder au géant de Cupertino des dommages et intérêts s'élevant à… 250 dollars. Une somme famélique pour une entreprise valorisée à 3 540 milliards de dollars. Mais le montant correspondant en fait au minimum légal qu'Apple pouvait réclamer, tout en maintenant son droit à un procès avec jury.
Une victoire en demi-teinte pour Apple
L'affaire portait sur des accusations de violation de brevets qui concernent le design de certains produits Masimo. Le jury a reconnu que les versions originales de la montre W1, du module Freedom et de leur chargeur enfreignaient effectivement des brevets d'Apple, allant même jusqu'à qualifier cette violation d'intentionnelle, comme le rapporte Bloomberg Law.
Mais l'avocat d'Apple, John Desmarais, a clairement exprimé que l'objectif n'était pas financier : « Nous ne sommes pas là pour l'argent ». Il faut dire que la firme à la pomme n'en manque pas, n'est-ce pas ? Elle cherchait avant tout à faire cesser ce qu'elle considère comme une copie de ses designs, après avoir « travaillé pendant des années » au développement de l'Apple Watch. La stratégie visait particulièrement à obtenir une injonction contre les produits Masimo.
La victoire a tout de même un goût amer, car elle ne concerne que d'anciens produits, et non les produits actuels. Cette nuance cruciale pourrait même avoir des airs de défaite pour Apple, qui souhaitait obtenir une injonction contre les produits actuellement commercialisés par Masimo, comme l'a souligné un porte-parole de l'entreprise médicale.
Une bataille qui s'inscrit dans un conflit plus large
Cette décision s'inscrit dans un contexte pour le moins tendu entre deux entreprises qui savent manier le Je t'aime, moi non plus. Masimo avait récemment obtenu l'interdiction d'importation de certains modèles d'Apple Watch aux États-Unis, en raison d'une autre embrouille sur la technologie de mesure d'oxygène dans le sang. Cette restriction avait d'ailleurs contraint Apple à désactiver cette fonctionnalité sur ses Series 9, Ultra 2 et Series 10 commercialisées aux États-Unis.
Masimo, aujourd'hui valorisée à 7,5 milliards de dollars, se présente comme une entreprise focalisée sur l'innovation médicale, plutôt que sur l'esthétique. Son avocat, Brian Horne, a d'ailleurs souligné que sa priorité était d'apporter « une technologie qui sauve des vies au grand public », critiquant au passage l'approche d'Apple centrée sur l'apparence. Il est allé jusqu'à citer l'ancien PDG de Masimo, Joe Kiani, qui qualifiait leur montre de « produit laid », en insistant sur leur focus sur la fonctionnalité plutôt que sur le design.
La tension entre les deux entreprises ne semble pas près de s'apaiser. Apple a déjà fait appel de l'interdiction d'importation auprès de la Cour d'appel du Circuit fédéral des États-Unis. Cette récente décision, malgré son montant symbolique, pourrait influencer la suite des nombreuses procédures en cours entre les deux géants de la tech santé.
15 octobre 2024 à 11h45
Source : Bloomberg Law