Le comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé un appel aux pays du monde entier pour la création d'un emblème, affichable sur les sites des hôpitaux, pour en sanctuariser les systèmes informatiques.
Ce symbole signalerait aux hackers et autres cyber armées qu'ils entrent dans le système d'une branche de la Croix-Rouge ou d'un établissement de santé. Des secteurs qui sont théoriquement déjà protégé par les lois humanitaires internationales. Cette annonce a vraisemblablement été faite en réponse à la vague de cyberattaques qui a notamment frappé le monde occidental depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine.
Une conséquence de la numérisation du conflit
Dans un rapport publié le 3 novembre, la Croix-Rouge souligne que la numérisation qui touche les sociétés depuis des années s'est également étendue au domaine militaire. L'ONG pointe que le coût humain potentiel de telles opérations peut d'autant plus être dangereux qu'il n'est presque pas contrôlé et réglementé. Et une cible se montre particulièrement vulnérable : le secteur de la santé.
Pour prévenir ce risque, le CICR voudrait moderniser une méthode qui a porté ses fruits depuis plus de 150 ans : une croix rouge clairement identifiable et connue à l'international. En temps de conflits, ceux qui portent cet emblème sont théoriquement protégés de toute forme de violence et soignent les blessés de chaque camp de manière indiscriminée. Pour mettre en place sa version numérique, la Croix-Rouge travaillerait depuis 2020 avec des instituts de recherche qui étudient la faisabilité d'un tel projet.
Désormais, elle appelle ses membres, ainsi que les experts informatiques du monde entier à se joindre à elle pour, d'une part, mener le projet à bien, et de l'autre, s'assurer de la crédibilité de ce symbole. En forçant les États à l'inclure dans les lois humanitaires internationales, par exemple.
Mais une efficacité qui reste à mesurer
Mais si l'idée d'accoler une Croix ou un Croissant Rouge sur les sites et les systèmes informatiques des établissements de santé du monde entier semble totalement réalisable techniquement - le CICR propose plusieurs solutions - il reste à en mesurer l'efficacité. Car si le communiqué ne mentionne pas explicitement de pays, la coïncidence avec l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes semble plutôt évidente. Et les troupes du Kremlin, qui bombardent les villes ukrainiennes de façon indiscriminée, ont par le passé explicitement ciblé des hôpitaux en Syrie.
Et si leurs sites n'étaient pas alors affublés du symbole de la Croix-Rouge, plusieurs hôpitaux français ont clairement été ciblés depuis le début du conflit. Les auteurs de ces cyberattaques n'ont pas été identifiées, mais les regards des enquêteurs se sont, dès le début, tournés vers Moscou.
Sources : ICRC, 20 Minutes, Les Échos