Test psychologique d'Overclocked - Thérapie De Choc

Jean-Marc Oliveres
Publié le 19 mars 2008 à 14h10
Les développeurs d'House Of Tales n'en sont pas à leur premier essai, et après un Mystery Of The Druids plutôt sympathique et un The Moment Of Silence en demi-teinte, leur nouvelle production nous propulse à nouveau dans un univers sombre et désenchanté. Abordant un sujet jamais évoqué encore dans un jeu point & click à la troisième personne, l'analyse psychologique, Overclocked - Thérapie De Choc s'aventure dans ce domaine délicat avec un personnage principal atypique : un psychiatre alcoolique. Allongez-vous sur le divan, la thérapie commence.

Une thérapie surchauffée

David McNamara, ancien psychiatre militaire, est envoyé à New York pour résoudre cinq cas bien particuliers. Des jeunes personnes, trois garçons et deux filles ont été retrouvés errants dans les rues, une arme a la main. Ces derniers, agressifs, désorientés et en état de choc, sont dans l'incapacité de communiquer et ont été placés dans l'établissement psychiatrique de Staten Island. Notre psychiatre y est envoyé pour appliquer sa méthode particulière basée sur la chronologie inversée. Cette technique lui permet de remonter le temps en faisant ressurgir à la surface les souvenirs des patients et ainsi lui permettre de déterminer l'origine du traumatisme des jeunes adolescents.

Overclocked est un jeu d'aventure dans le style point & click à la troisième personne. Entièrement graphique, l'interface qui nous est proposée est très fonctionnelle et visuellement attrayante. Classiquement, nous dirigeons David en cliquant à l'écran et le pointeur de la souris change de forme dès qu'une action est réalisable. En cliquant, un menu contextuel, graphique et animé, apparaît permettant de connaître les actions associées. Même si David peut courir, il est agréable de pouvoir changer rapidement d'écran d'un simple clique. L'accent a été mis sur l'accessibilité au joueur qui est guidé par moment, mais sans que cela soit trop insistant et de façon parfaitement intégrée au déroulement des évènements. De plus, une aide permanente est accessible en appuyant sur la barre d'espace, qui permet de mettre en évidence les endroits d'importance à examiner ou avec lesquels interagir. Ce genre de possibilité est de plus en plus présent dans les productions récentes et nous la retrouvions déjà dans La Malédiction De Judas ainsi que dans les dernières adaptations de jeux d'aventures sur DS comme Runaway 2.


Un travail particulièrement important a été apporté pour plonger le joueur dans un titre possédant une forte personnalité mettant en place une véritable atmosphère. Ainsi, les divers protagonistes ne sont pas de simples marionnettes placées là sans charisme. Le thème abordé n'est pas fréquent dans ce style de jeu et rappel par moment Vol Au Dessus d'Un Nid De Coucou, d'ailleurs, on y retrouve l'infirmière froide et rigide, le psychiatre local aigri, qui ne souffre pas la concurrence et les méthodes particulières de notre héros. Ajoutons à cela un flic ironique et cynique, un héros atypique mal dans sa peau dont le mariage bat de l'aile, qui boit un peu trop, soumit à des crises de violence impromptues, cinq jeunes détraqués amnésiques et dangereux, et nous obtenons l'alchimie idéale pour un bon thriller psychologique. Tout est fait pour immerger le joueur dans cet univers sombre et désenchanté à l'atmosphère pesante. La tempête qui sévit à l'extérieur, l'hôpital en fin de vie très austère, les lieux sales, rouillés et sombres dans lesquels évoluent nos jeunes patients dans leurs souvenirs, contribuent en grande partie à cela. L'accent a été aussi fortement mis sur la narration et les dialogues sont très nombreux. La mise en scène est proche d'un film, sentiment renforcé par les très nombreuses cinématiques de bonne facture et les séparations de l'écran montrant deux scènes en deux endroits différents se déroulant au même instant. Un peu comme dans Dreamfall, le côté film interactif est pleinement assumé et, comme nous allons le voir, le peu de difficulté rencontrée participe à cela.


Une histoire de violence

Entrons maintenant dans le coeur du jeu. La méthode employée par notre héros permet de faire revenir à la surface les souvenirs de nos jeunes traumatisés. C'est donc l'occasion de vivre à chaque fois un bout d'aventure avec un nouveau protagoniste. Ainsi, ce sont six histoires que nous allons vivre et revivre, car à la fin de chaque journée de travail, David est confronté à ses propres problèmes qu'il faut gérer. Pour déclencher les souvenirs, David doit trouver le bon stimulus, celui qui réveillera la mémoire d'un patient. Ces stimuli peuvent être physiques (trouver le bon objet ou la bonne mise en situation) ou auditifs. Ce dernier aspect est le plus important. En effet, David ne se sépare jamais de son PDA. Ce dernier lui permet de passer de nombreux coups de fil, de lire des messages, mais surtout d'enregistrer les séances avec les patients. Il faudra alors trouver le bon enregistrement à faire écouter au bon patient pour pouvoir pénétrer le souvenir correspondant. Ensuite, nous dirigeons le patient et devons revivre son souvenir. C'est l'occasion de résoudre diverses situations. Les énigmes rencontrées ne sont jamais très complexes, mais permettent justement de ne rien perdre de l'intensité dramatique. Le joueur reste immergé dans l'ambiance et ne décroche pas comme cela aurait certainement été le cas si la difficulté avait été trop élevée. En contrepartie, la durée de vie du jeu s'en trouve fortement réduite et il faut compter entre 8 et 12 heures pour en voir le bout.


Le point faible de ce titre est son aspect visuel en demi-teinte, alternant entre le beau et le basique. Le rendu graphique est très variable selon les lieux visités. Les protagonistes sont très rigides et certains ont une gestuelle très robotisée. Les nombreux gros plans sur les visages permettent de se rendre compte du manque d'animations pour les expressions ou les sentiments. Si le doublage en français est d'une excellente qualité avec une synchronisation labiale impeccable, les intonations prises parfois ne sont pas du tout raccord avec l'animation faciale ou en décalage complet avec la situation. Dans le registre des petites incohérences, signalons aussi de rares problèmes de logique comme ce projecteur éteint qui se retrouve allumé l'écran suivant. Mais cela reste du détail. Le plus gênant restant tout de même les scènes au bar qui sont complètement ratées. Quant à l'ambiance musicale, le titre s'en sort avec les honneurs grâce à sa musique obsédante. Pour autant, ces défauts ne sont pas du tout rebutants et ne viennent pas réduire à néant le travail effectué. Chaque action réalisée bénéficie d'une animation adaptée, quelques passages plus interactifs que d'autres arrivent à point nommé (tirer sur un mur, manipuler une lampe torche).

L'idée de la chronologie inversée est une approche innovante et très intéressante, car nos jeunes amnésiques ont des objets avec eux. Quand nous passons au souvenir suivant, il nous faut donc retrouver parfois les objets que nous possédions dans le précédent. Ainsi, la structure à rebours fait que nous savons où nous devons aller, vers quoi nous diriger et quels objets doivent être retrouvés et récupérés, mais nous ne savons pas où nous nous dirigeons, car nous remontons le temps. Les enregistrements sont le cœur du jeu, trouver le bon est toujours amusant, mais se révèlent assez pénibles durant le chapitre trois, sur les cinq que comporte le jeu. D'un autre côté, il s'agit du chapitre charnière, le plus dense et le plus long. Une bonne prise de note et une bonne organisation permettent de rapidement progresser. Cela est d'autant plus important pour la fin de l'aventure, mais je ne peux en dévoiler trop maintenant. Le jeu soulève une problématique intéressante et se révèle très adulte. La limite d'âge est pleinement justifiée par les cas de conscience et de morale mis en avant. Quelques scènes et décisions sont dures à voir et à prendre et pourront heurter la sensibilité des plus jeunes.


Conclusion

Initialement intitulée Une Histoire De Violence (A History Of Violence), titre qui collait à la perfection avec le déroulement des événements de cette thérapie de choc, House Of Tales nous propose un bon thriller psychologique logique et cohérent, mais un peu court. Si l'aspect visuel est en demi-teinte, il passe tout de même au second plan face à une narration efficace, solide et dérangeante. Il se dégage de ce titre une véritable atmosphère qui ne laissera pas les joueurs dans l'indifférence de par l'idée maîtresse évoquée.

Overclocked - Thérapie De Choc

6

Les plus

  • Un bon thriller psychologique
  • Musique obsédante
  • Cinématiques nombreuses de qualité
  • Histoire logique et cohérente
  • Véritable atmosphère
  • Doublage de bonne facture
  • Univers innovant de la médecine
  • Le principe de la chronologie inversée

Les moins

  • Animations moyennes
  • Faible durée de vie
  • Très forte linéarité
  • Graphismes basiques
  • Scènes au bar ratées
  • Quelques incohérences visuelles parfois

0

Réalisation7

Prise en main8

Durée de vie6



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Jean-Marc Oliveres
Par Jean-Marc Oliveres

Né deux ans après la naissance des jeux vidéo, j'en suis passionné depuis ma plus tendre enfance. j'ai commencé avec l'Atari 2600 et les Game & Watch et enchaîné avec divers micro-ordinateurs (Oric-Atmos, Amiga 500 et 1200, PC) et autres consoles (Atari 2600, PlayStation 1, PlayStation 2).

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