(No re-)turning point ?
Afin de se démarquer des millions de jeux d'action focalisés sur la Seconde Guerre Mondiale, les scénaristes de Spark Unlimited ont imaginé une histoire débutant avec le voyage réalisé par un certain Churchill à New York en 1931. Celui qui devait devenir le fameux premier ministre britannique y a été renversé par un taxi, mais historiquement, il a survécu à cet accident... Que se serait-il donc passé si l'ami Winston avait alors avalé son bulletin de naissance ? Comment le Royaume-Uni aurait contenu la barbarie nazie si celui que l'on a surnommé le bouledogue était parti les pieds devant ? Sur qui les États-Unis auraient-ils pu compter si « Winnie » n'avait pas joué les oursons plus longtemps en buvant le bouillon de onze heures ?Malgré une bonne idée de départ, la campagne solo de Turning Point est d'un ennui...
La réponse apporté par Spark tient en quelques mots : le IIIe Reich n'aurait alors rencontré qu'une résistance très limitée en Europe et se serait emparé du Proche-Orient début 1941 avant de faire tomber l'U.R.S.S. à l'automne suivant. Sans réelle opposition, l'Allemagne aurait perfectionné son armée pour mettre au point une force d'invasion capable de menacer les États-Unis... cibles d'attaques simultanées le 23 septembre 1953 : Turning Point peu alors commencer. Laissons de côté les théories géopolitiques fumeuses des scénaristes du jeu pour nous concentrer sur le principal, le jeu justement ! Nous n'allons, hélas, pas avoir à nous concentrer bien longtemps puisque pour faire dans l'euphémisme, nous allons dire que le résultat n'est guère convaincant. En réalité, Turning Point rassemble à peu près tout ce qu'il ne faut pas faire dans un FPS.
Histoire de ne pas faire dans le demi-mesure, le massacre commence dès le début du jeu. Notre héros, un travailleur du bâtiment perché sur son échafaudage, assiste à l'arrivée de la force d'invasion allemande et doit parvenir, sain et sauf, au pied du bâtiment en construction. Cette séquence est le prétexte, très maladroit, pour nous proposer le didacticiel du jeu. Nous apprenons donc les commandes essentielles tandis que les zeppelins du IIIe Reich déversent leurs bombes sur New York. Durant toute cette séquence, un seul point positif : les explosions. Celles-ci tombent un peu n'importe où, mais elles sont jolies alors que tout le reste est complètement hors du coup. Les animations sont grossières, le niveau de détails en retrait et l'ensemble donne l'impression de revenir cinq ans en arrière.
Pour faire simple, disons que Turning Point est un jeu d'action à la première personne calqué sur le modèle des Call Of Duty / Medal Of Honor. De fait, l'aventure est scriptée à l'extrême avec des pièges qui ne se déclenchent qu'à un moment très précis. Problème, alors que des scripts bien utilisés permettent de stresser un maximum le joueur tout en instaurant une atmosphère très prenante, nous avons ici droit à un ratage absolu. Les ficelles sont grossières et le joueur ne se prend pas au jeu plus de quelques minutes. Pour ne rien arranger, la visée est largement déficiente, les ennemis sont à côté de la plaque et il ne faut pas compter sur nos compagnons pour filer un coup de main : ils ont les réflexes d'un gastéropode associés à l'intelligence d'une moule.
Oui, c'est moche et en plus ça bouge mal !
Enfin parachévons cet article digne d'une oraison funèbre adressée à notre pire ennemi, avec la localisation des dégâts qui tient davantage de la blague que d'autre chose. Parlons aussi des séquences « originales » destinées à rompre avec la monotonie des combats : tout d'abord un jeu bien fichu n'en a même pas forcément besoin, mais surtout dans le cas présent, Spark parvient surtout à nous montrer qu'il peut également massacrer ces moments où la faiblesse de la réalisation sauterait aux yeux d'un aveugle ! Inutile, pour finir, d'espérer mieux avec le multijoueur qui souffre exactement des mêmes défauts que la campagne solo avec un manque de rythme, de précision et d'intérêt. Les parties ne peuvent réunir que huit joueurs, mais il faudrait encore trouver sept masochistes pour cela !
Conclusion
Si nos propos ne sont pas tendres avec Turning Point : Fall Of Liberty, il faut dire que Spark Unlimited n'a pas non plus été tendre avec nous, joueurs. Titre au concept très proche des fameux Call Of Duty / Medal Of Honor, il n'en a ni la saveur, ni la qualité technique. Sans imagination et sans atmosphère, Turning Point ennuie très rapidement et rien ne vient jamais relancer l'intérêt de ce qui ne nous laissera qu'un bien pâle souvenir. Les mécanismes sont vus et revus, le multijoueur est risible et l'aspect technique des choses, non content de ne pas être toujours très fluide, n'est graphiquement pas à la hauteur de productions sorties il y a au bas mot deux ans. Un ratage pratiquement complet à qui il ne reste que le synopsis, et encore !Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le