Présentation
La SA6R est la deuxième carte mère Abit architecturée autour du "nouveau" (il a déjà près de 6 mois) chipset d'Intel, le i815. La première était la décevante SE6, qui marquait un certain recul dans les fonctionnalités offertes et qui accusait une certaine instabilité franchement décevante pour une carte de ce prix. Voici donc venir maintenant le nouvel essai d'intégration de ce chipset plutôt prometteur par Abit.
Un comparatif des cartes i815E est déjà paru sur Clubic je vous conseille donc de vous y reporter pour comparer les différentes cartes déjà disponibles.
De l'importance du chipset
Rappelons tout de même le rôle du chipset dans l'architecture d'un PC.Bien qu'il soit méconnu, il s'agit d'un des éléments les plus importants, dans la mesure où il conditionne les communications entre tous les composants de la machine. Il est le plus souvent constitué de deux parties : le northbridge et le southbridge. Chacune se chargeant de tâches bien précises. Le schéma qui suit vous permettra de vous rendre compte de qui fait quoi dans le cas du i815 :
Les chipset le plus utilisé est, encore aujourd'hui, le Intel 440BX. Mais le fondeur de Santa Clara souhaite remplacé ce composant veillissant par de nouveaux modèles susceptibles d'accepter les dernières technologies (FSB 133MHz, AGP 4X, UDMA 100...). C'est dans cette optique qu'il a sorti le i820, très performant mais, hélas, beaucoup trop cher et handicapé par l'obligation de fonctionner avec de la mémoire Rambus (elle aussi très cher). Pour contrer VIA sur le marché d'entrée de gamme et remplacer son 440BX, Intel a donc sorti le i815.
Sur le papier ce chipset semble très intéressant. Il incorpore la plupart des dernières innovations et accepte la SDRAM dont nous avons l'habitude. Il existe deux version du i815 : le i815 classique et le i815E. Mais les différences entre ces deux versions sont minimes (ajout du support de l'UDMA100 et du port CNR sur le i815E) seule la possibilité d'exploiter une solution graphique externe avec le chipset i815E (alors que le chipset i815 est limité à l'utilisation du chip graphique intégré, très peu performant dans les applications 3D) peut être considérée comme une avancé majeure.
Maintenant il nous reste à voir si Abit a corrigé les problèmes de la SE6 avec ce deuxième essai...
Une carte richement dotée
Lorsque l'on ouvre la boîte de la carte, la première chose qui surprend est la taille de celle-ci. Sans être une géante, elle risque cependant de ne pas trouver sa place dans les boîtiers les plus exigus. Voici donc les dimensions du bébé pour que vous soyez en mesure de vérifier si elle rentre dans votre boîtier : 305x241 mm.
A côté du Socket 370 destiné à recevoir le processeur Intel de votre choix, Abit a disposé 4 emplacements mémoire au format DIMM pour accueillir des barettes de SDRAM PC66, PC100 ou PC133. Au maximum la carte supporte jusqu'à 512Mo de mémoire mais il existe quelques subtilités dans la gestion de ces emplacements que nous verrons plus tard.
Abit a choisi la même configuration de connecteurs d'extension que pour la SE6 avec un AGP, six PCI et un CNR. Ce dernier semble bien inutile au vue du faible nombre de périphérique actuellement disponible. Il est donc regrettable qu'Abit n'ait pas maintenu un bon vieux port ISA qui peut toujours dépanner.
La SA6R offre, comme les autres cartes Abit dernière génération, quatre ports IDE à la norme UDMA-100. Sur ces quatre ports, deux sont gérés par un chip Highpoint HPT370 qui offre un mode de fonctionnement de type RAID très pratique. Pour ce qui est de la configuration et de la gestion de cette fonction, il y a tellement à dire que nous verrons cela dans un article futur.
Enfin le reste de la connectique est on ne peut plus classique. On trouve donc 2 ports PS2, 1 port parallèle, 1 port VGA (pour la carte graphique intégrée au chip), 1 port COM, 2 ports USB, 1 port infra-rouge, 3 ports pour les ventilateurs et plusieurs autres connecteurs moins intéressants (wake on lan...). Abit fournit aussi un module pour ajouter 2 autres ports USB, module qui se fixe comme une carte d'extension à l'arrière du boîtier. A noter que le deuxième port COM n'est disponible que grâce à un module similaire.
Sachez enfin que si Abit a prévu un connecteur pour ajouter une autre sonde thermique, il ne fournit plus la sonde elle-même, comme il le faisait auparavant. La boîte ne contenant que la carte, son manuel, un CD de Drivers très complet, deux nappes UDMA-100, une nappe floppy, et les deux modules d'extension.
Une carte stable et performante
Il est inutile de faire durer le suspens, cette carte se comporte de la même manière que les autres à base de i815E. Les performances sont donc du même ordre avec toutefois une très légère avance pour la petite dernière d'Abit. Vous êtes donc invité à regarder le comparatif i815 pour avoir des infos supplémentaires.La stabilité du chipset i815E n'est plus à démontrer et Abit nous offre une carte on ne peut plus fiable... La SA6R n'a jamais planté au cours de mes test (pourtant nombreux et tordus). Elle n'a d'ailleurs pas planté du week-end, alors qu'elle a fonctionné 19 heures durant. Les seuls redémarrages que j'ai eu à faire sont consécutifs à l'installation de logiciels ou à des overclocking trop ambitieux...
Les possibilités d'overclocking
Puisque nous parlons d'overclocking voyons un peu ce qu'Abit nous a concocté. Ils sont réputés pour leur talent en la matière et il faut bien avouer que la SE6 avait été très décevante de ce côté-là.Tout d'abord la carte intègre le fameux SoftMenu III qui permet de régler le FSB par pas de 1MHz entre 50MHz et 250MHz, ainsi que le voltage appliqué au processeur de 1.3 à 1.9V par pas de 0.5V (avec un processeur 0.18 micron). En plus de cela elle copie un peu le modèle concurrent d'Asus, avec des coefficients différents pour chaque bus afin d'éviter d'overclocker tout les composants en même temps que le processeur. Voici les différents modes de fonctionnement offerts en fonction des coefficients appliqués :
Comme la carte accepte trois générations de Processeurs Intel, les tests ont porté sur un processeur de chaque.
Avec un Pentium III, la carte fait des merveilles, les nombreuses possibilités de fréquences alliées aux différents coefficiants applicables permettent vraiment de tirer parti de la formidable aptitude à l'overclocking des processeurs Intel.
Le processeur de test (un PIII 800EB, bus 133MHz) est passé à 966MHz grâce à un bus à 161MHz. Il a fallu augmenter le voltage à 1.85v (par défaut à 1.70v) mais le jeu en vaut la chandelle.
Abit a donc bien corrigé les erreurs de la SE6 dans ce domaine, mais reste tout de même un cran (tout petit le cran) en-dessous de Asus. Sur la CUSL2-C de ce dernier le même processeur passe à 972 (6*162 à 1.85v).
Ensuite c'est un Celeron II 566 que j'ai torturé. Alors qu'il passait très bien à 808MHz sur une BE6-2, il a été capable de tourner à 850MHz sur la SA6R, et cela sans en augmenter le voltage ! Si l'augmentation des performances n'est pas foudroyante, c'est un petit plus toujours bon à prendre...
Enfin avec un vieux Celeron 400 les résultats ont été vraiment étonnants... Le processeur que j'ai utilisé passe très bien à 564MHz sur une Abit BP6 et à 570MHz sur BE6-2 or sur la SA6R je n'ai pas été capable de dépasser 540MHz. Je n'ai pas réussi à trouver d'explication qui tienne la route. Alors la SA6R peu efficace avec les vieux processeurs ? Peut-être que cela ne tient qu'à une mise à jour du BIOS.
Conclusion... et regrets
Abit vient tout simplement de signer la meilleure carte à base de i815E du marché. Elle combine les avantages de ses concurrentes et corrige la plupart des défauts de sa grande soeur la SE6.
Même si on peut tirer un coup de chapeau à Abit pour ce bon boulot, il ne faut pas oublier de faire remarquer les défauts de cette carte, car il y en tout de même :
- Si vous regarder la photo de droite vous pouvez constater que l'écart entre le slot AGP et les emplacements mémoire est très faibles. Il est de ce fait très délicat de rajouter ou enlever des barettes un fois la carte graphique insérée.
- Ce même port n'est pas un AGP Pro, alors que la plupart des constructeurs semblent suivre cette tendance.
- Le connecteur ATX n'est pas idéalement placé. Alors qu'avec ses cartes Socket A, Abit nous avait placé ce connecteur très près de l'alimentation, sur la SA6R, il faut de nouveau passer par-dessus le processeur.
- Les ports IDE sont dans un ordre assez bizarre, absolument pas logique (de bas en haut 3-4-1-2)...
- Au niveau overclocking la carte ne permet pas de changer le voltage entrées/sorties (voltage appliqué à la mémoire et aux cartes d'extensions) alors que d'autres cartes i815E comme l'Asus CULS2 proposent cette fonction.
Les autres défauts sont inhérants aux limitations même du chipset d'Intel. S'il est important de les mentionner, il ne faut pas pour autant s'en prendre à Abit.
Le plus connu concerne bien sur la partie graphique du i815. Elle est suffisante pour de la bureautique d'étudiant, mais ne contentera aucun joueur. Même un jeu comme Half Life (qui accuse tout de même ses deux ans) ne tourne pas convenablement ! Il est donc dommage de faire payer un supplément à des gens qui de toute façon auront à prendre une carte graphique en plus.
Le second reproche à faire au i815, porte sur sa gestion de la mémoire. Il est tout d'abord limité à 512Mo de mémoire, si cette quantité semble suffisante aujourd'hui, il n'en sera peut-être pas de même dans un an. Mais surtout la gestion des barettes est un peu complexe. Ainsi la SA6R dispose de 4 emplacements mais les 3ème et 4ème se partagent deux banques mémoires. Il est donc impossible de placer une barette mémoire double-face sur chacun de ces ports.
Au niveau du rapport qualité/prix l'Abit SA6R est excellent puisqu'elle reste au même prix que cartes i815E proposées par la concurrence (1400 FF TTC), tout en offrant des fonctionnalités supplémentaires.
Ces quelques reproches ne doivent pas entâcher la grande réussite qu'est la SA6R, mais montrer à Abit quelles améliorations apporter à ses futurs modèles. En souhaitant en particulier qu'Abit sorte une carte identique à celle-ci mais basée sur le i815EP, c'est à dire débarassée de l'inutile et coûteuse partie graphique.