Cossacks : European Wars

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 03 mai 2001 à 12h30
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Originalité ? On ne peut pas vraiment dire que ce soit le premier mot qui vienne à l'esprit lorsque l'on jette un oeil à Cossacks. On se dit plutôt : « Voilà un énième clone d'Age Of Kings ! ». Pourtant si cette réflexion n'est pas complètement fausse il faudrait voir à ne pas enterrer tout de suite ce titre venu de l'Est.

Les guerres européennes ?

Très ambitieux l'objectif du développeur GSC Game World ! Créer un titre capable de donner vie à n'importe quelle bataille européenne des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles... Rien de moins que ça ! Si cela s'avère réussi, voilà du bonheur en barre pour le fana d'histoire moderne (XVIe - XVIIIe justement) ! Pour parvenir à cette prouesse l'éditeur a régulièrement placé le fameux chiffre de 8000 unités affichables, et il est vrai que 8000 c'est déjà un minimum pour retracer les plus grands affrontements... Quand on sait que l'armée française qui défit les troupes espagnoles dans la bataille de Rocroi (1643) comptait près de 23.000 hommes d'armes ! Reconnaissons cependant que cela promet déjà de bien belles batailles et n'a rien à voir avec ce que les autres jeux du genre nous avaient habitué ! Pensez donc que le pauvre Age Of Kings rame tant qu'il peut avec seulement 200 misérables unités par civilisation.

Avec Cossacks on se rapproche en fait d'un titre comme Shogun, l'aspect stratégique prenant quelque peu le pas sur les « réflexes » mis en avant par StarCraft et consorts. En dehors de cet élément pour le moins singulier, le système de jeu reste très proche de la concurrence. Il s'agit donc toujours d'un jeu de stratégie temps réel dans lequel le joueur devra accomplir différentes missions qui lui seront confiées au travers des 4 campagnes. Dans celles-ci, il s'agira de contrôler différents peuples (imposés selon la campagne) qui permettront de se familiariser avec les différentes techniques de combat (terrestre ou maritime, cavalerie ou infanterie...). Il faut toujours récolter des ressources pour avoir assez de matériel pour bâtir des constructions toujours plus imposantes et plus complexes, qui permettront quant à elles d'établir les armées les plus efficaces et les plus grandes possibles. Enfin, il faudra affronter son adversaire le plus intelligemment possible en tenant compte des forces et faiblesses de sa civilisation et de la géostratégie de la partie.

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Une richesse stupéfiante

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Au cours de mes parties réseau, il m'est arrivé d'entendre qu'Age Of Kings était trop compliqué avec ses nombreux peuples et sa multitude de technologies. Autant vous le dire tout de suite le titre de Microsoft est d'une infinie pauvreté comparée à Cossacks ! Puisqu'il faut parler chiffres, allons-y : nous l'avons déjà dit 8000 unités simultanément, mais ce sont surtout 16 civilisations qui sont proposées avec pour chacune d'elles des unités très différentes et même les simples paysans varient d'un peuple à un autre ! Le nombre de constructions disponible est assez classique (caserne, écurie, marché...) mais par contre l'arbre technologique est gigantesque avec plus de 300 recherches possibles... Il y a vraiment de quoi faire ! Même au niveau des ressources Cossacks est complexe avec pas moins de 6 matières premières à exploiter : nourriture, bois, pierre, or, charbon et fer. Cette richesse n'est toutefois pas là que pour épater la galerie et la résumer à de simples chiffres est franchement réducteur. Le réalisme affiché par les développeurs nécessite effectivement un grand nombre d'options.

Il faut pouvoir mettre au point des stratégies très personnelles impliquant des unités très variées. Il faut pouvoir choisir dans quels domaines investir ses ressources. Savoir si l'infanterie doit être privilégiée ou au contraire si un mélange d'artillerie et de cavalerie sera plus efficace. Dans cette optique, il est possible de jongler entre les améliorations (le plus souvent 7 niveaux d'armes et armures par unité) et ne dépenser que ce qui est nécessaire. Le réalisme du jeu oblige à bien choisir ses unités en fonction de l'adversaire bien sûr, mais aussi en fonction du terrain. Pour une fois dans un jeu de ce type la position et le déplacement sur le champ de bataille ont une importance cruciale et un simple canon posté sur une colline pourra mettre en déroute une colonne de mousquetaires bien regroupés. De la même manière, les piquiers sont beaucoup plus efficaces face à la cavalerie lorsqu'ils sont « immobiles » et bien regroupés, risquant alors de se faire massacrer par un mortier de l'arrière-garde... Non vraiment cette richesse n'est pas inutile et malgré la complexité engendrée, c'est ce qui apporte toute sa saveur à ce Cossacks : European Wars.

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Un public restreint ?

Fan absolu de tous les jeux de stratégie temps réel sur ordinateur, mais aussi des véritables wargames avec figurines sur table, je me faisais une joie d'avoir enfin un jeu qui me permette de concilier ces deux genres. En effet, Cossacks de par le nombre d'unités et le système de jeu employé, oblige à utiliser les groupes d'unités, les formations de combat et même les séquences d'attaque à la manière d'un véritable wargame. Si cela peut satisfaire l'amateur éclairé, il faut reconnaître que cela risque de rebuter nombre de joueurs ! La richesse de Cossacks entraîne une grande complexité et pas mal de difficultés pour parvenir à le prendre en main. Les habitués d'Age Of Kings auront aussi un peu de mal à retrouver leurs marques tant le système de jeu est différent. De par le nombre d'unités et leur vitesse de production, la vie humaine n'a que très peu d'importance dans ce jeu et tenter de conserver intactes ses troupes est une perte de temps. C'est d'ailleurs là l'un des gros défauts : on passe son temps à refaire des armées tant les massacres sont nombreux !

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D'accord la guerre était très meurtrière à cette époque (encore que...) mais là c'est un peu exagéré et il n'est pas rare de voir une faction entière de 120 lanciers se faire pulvériser en moins de deux secondes ! Alors bien sûr cela oblige à rester prudent, à organiser ses troupes et à mettre au point de véritables stratégies, mais à mon sens cela ne se prête que moyennement au jeu sur ordinateur. La fenêtre principale n'est effectivement pas assez vaste pour permettre une bonne vision du théâtre d'opérations (même en 1280x1024) et on passe son temps à cliquer sur la minicarte et à faire défiler la fenêtre principale pour atteindre les zones importantes. Cela rend le jeu particulièrement difficile à jouer en particulier face à l'ordinateur qui, comme d'habitude, n'hésite pas à jouer sur plusieurs portions de carte à la fois ! En multijoueurs (jusqu'à 8), le défaut est bien moins perceptible et le jeu prend alors toute son ampleur... À condition de trouver suffisamment de joueurs motivés ! Il sera alors possible de faire des affrontements classiques (deathmatch) mais aussi de reconstituer de grandes batailles historiques comme Nordlingen ou Malpaquet.

On regrettera toutefois que ces batailles ne se cantonnent finalement qu'à 4 grandes guerres de l'époque (Guerre de Trente Ans, Guerre de Sept Ans, Guerre du Nord et Guerre de Succession d'Espagne). En dehors de toute considération en rapport avec le public auquel Cossacks s'adresse, j'émettrais quelques réserves concernant certains points. En premier lieu je rapproche à Cossacks le côté brouillon engendré par le nombre d'unités en jeu. Contrairement à Shogun auquel je faisais précédemment référence, il n'est pas question de combats posés. Ici tout va très vite et en ce sens il est plus proche d'un Age Of Kings. Le jeu de GSC semble donc naviguer entre deux eaux sans jamais vraiment choisir. On a donc quelques difficultés à trouver ses marques et même après plusieurs parties ce sentiment de confusion persiste même s'il n'empêche pas de jouer. L'autre défaut est directement lié au côté wargame nettement prononcé du soft et concerne plus précisément les théâtres d'opérations. On regrettera vivement le manque d'originalité des cartes qui non seulement se ressemblent toutes, mais en plus ne permettent pas de mettre vraiment en avant des tactiques militaires novatrices : pas d'embuscade dans un relief très escarpé, de politique de la terre brûlée au milieu des champs ukrainiens...

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Des impératifs techniques

L'une des premières choses qui risquent de décevoir le joueur en découvrant Cossacks est sans aucun doute l'aspect dépouillé de son graphisme. On est très loin de la richesse d'un Age Of Kings ou de l'innovation affichée par un Ground Control. On l'a déjà, le jeu se déroule dans un monde en deux dimensions, mais surtout ce monde se caractérise par une faiblesse des détails : des espaces verts à perte de vue tout juste perturbés par quelques collines et deux ou trois forêts. Les bâtiments en eux-mêmes sont plutôt réussis, mais ils ne semblent pas s'intégrer très correctement à ces cartes finalement très froides. De la même manière, les animations sont faibles. Le mouvement de la mer fait franchement vieillot et le reste du décor ne propose aucun petit détail sympathique pour animer un peu l'ensemble du jeu : pas de bestiole sur la carte, rien non plus sur les structures que vous pouvez construire...

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Non vraiment on peut dire que la réalisation est tout à fait spartiate : pas de fioritures, on est là pour mener nos unités au combat et pas pour regarder le paysage ! Effectivement si Cossacks n'impressionne pas par son côté graphique c'est un choix délibéré de la part des développeurs qui ont préféré miser sur l'aspect « wargame » de leur soft. Or pour réussir la prouesse d'afficher 8000 unités en même temps sans que des saccades ne soient à déplorer, il fallait faire des concessions ailleurs. Ce choix, les adeptes de la simulation militaire ne le regretteront pas, en revanche il est clair que cela risque de rebuter pas mal de néophytes déjà refroidis par la complexité que je décrivais dans la partie précédente de ce test. Enfin, cette simplicité présente un avantage évident, elle ne nécessite pas l'emploi d'un mastodonte et un simple Pentium II 300 et 64 Mo de mémoire suffiront à faire tourner le bébé. Avec une telle machine, il ne sera bien sûr pas question d'utiliser le 1600x1200 (résolution maximale offerte) mais on pourra tout à fait s'en sortir entre le 640x480 et le 800x600.

Conclusion

Finalement que pourra-t-on retenir de ce Cossacks : European Wars ? Ce n'est pas le successeur espéré d'Age Of Kings c'est sûr, mais il ne faut pas pour autant faire une croix dessus. Bien qu'à mon sens il conviendra encore moins que le titre d'Ensemble Studios a un public jeune ou débutant, il trouvera sans aucun doute de nombreux adeptes grâce à ses multiples qualités. La possibilité de mettre en place des affrontements de grande envergure, une grande variété d'unités et finalement un gameplay vraiment axé sur la stratégie militaire, sont autant d'atouts susceptibles d'accrocher les fanas de wargames...

Pour les autres il sera plus difficile (mais pas impossible) de se prendre au jeu. Une ultime remarque pour féliciter les créateurs du site web et du manuel ! Autant d'informations présentées de si belle manière est un luxe que peu de développeurs nous offrent... Alors, tirons-leur un grand coup de chapeau !

Cossacks : European Wars

6

Les plus

  • Taille remarquable des batailles
  • Très grande richesse de contenu
  • Possiblités tactiques étendues
  • Relativement peu gourmand

Les moins

  • Peu indiqué aux débutants
  • Réalisation un peu terne

0

Réalisation7

Prise en main8

Durée de vie9

Nerces
Par Nerces
Spécialiste PC & Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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