Max Payne : éloge de la douleur

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 01 août 2001 à 01h56
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Pile à l'heure voilà que Max Payne débarque sur nos micros ! Enfin pile à l'heure façon de parler, puisque le titre de Remedy accuse tout de même près de quatre ans de retard ! Ne commençons pas à rouspéter, après tout le bébé est maintenant disponible un peu partout et il est temps de voir un peu ce qu'il a dans le ventre le gars Max. Rarement un jeu n'aura autant fait parler de lui et à la manière des « blockbusters » du cinéma américain le suspens aura été entretenu à coup d'images et vidéos distillées avec soin. La question reste cependant posée : Max Payne est-il un bon jeu ?

Que vivent les romans-photos...

Max Payne est un flic sans histoire. Sa carrière est une réussite tout comme sa vie personnelle puisque son couple est heureux et qu'il vient d'avoir un bébé. Heureusement pour nous cette petite vie pépère ne va pas durer : reconnaissons qu'un simulateur de préparation de biberons n'aurait pas eu le même impact ! Le pauvre bougre va donc se trouver plongé dans un bain de sang dès le début du jeu. De retour chez lui, Max surprend des junkies alors que ceux-ci massacrent sa petite famille ! Afin de démasquer les coupables, Max se fait muter dans un autre service pour lequel il mène des missions en infiltrant les rangs de la pègre. Durant trois années, Max a progressé dans son enquête, mais alors que celle-ci est sur le point d'aboutir, son agent de liaison se fait descendre. Plus personne n'est là pour prouver son appartenance à la police et il doit fuir ses propres collègues. Pour ne rien arranger, certaines mafias new-yorkaises ont percé sa couverture et sont bien décidées à lui faire payer ses années en sous-marin.

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Un début massacrant !

Raconté en quelques lignes ce scénario ne semble pas exaltant et pourtant, chose rare dans le monde du jeu vidéo, on peut dire qu'il tient très bien la route. Associé à une ambiance parfaitement maîtrisée, c'est lui qui sert de moteur à une action frénétique qui ne laissera pas beaucoup de repos au joueur. Contrairement à la plupart des jeux, les scènes cinématiques sont assez rares et ne sont surtout pas là pour raconter l'histoire. Cette tâche est laissée à une sorte de « roman-photo » tout à fait réussi. Original et rafraîchissant, ce système instaure un climat tout à fait particulier, renforcé par le jeu des acteurs qui s'en sont donné à coeur joie pour reprendre, mais aussi caricaturer les canons des films policiers américains. Ces « albums photos » servent donc de lien entre les différentes parties du jeu. Max Payne se présente effectivement comme une histoire racontée par son personnage principal et divisée en 3 grandes parties, elles-mêmes découpées en chapitres de longueur variable.

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Situé à note époque et nous plaçant dans la peau d'un flic, Max Payne joue évidemment sur le côté réaliste des choses. Les séquences sont toujours très exagérées, mais sur bien des points, Remedy a fait preuve d'une grande rigueur. Les armes dont nous disposons ont ainsi des effets très différents qu'il faudra utiliser à bon escient. Nous reviendrons dessus, mais le fameux bullet-time permet de « comprendre » comment Max peut éliminer cinq ennemis à la fois sans une égratignure. Le comportement de ces ennemis est plutôt convaincant. Leurs actions sont entièrement scriptées à la manière des marines d'Half-Life, mais le résultat est réussi et ils ne foncent pas toujours bêtement sur vous. Enfin, le réalisme est renforcé par l'atmosphère du titre qui permet d'instaurer ce climat si particulier pour un jeu vidéo. Malgré ses côtés « John McClane ne meurt jamais », Max Payne présente une personnalité riche que beaucoup d'autres héros de jeux. Il n'est pas insensible aux évènements extérieurs, ce qui le rend attachant et finalement très humain !

Drop dead gorgeous ;-)

Ce titre, emprunté à un film américain, signifie à peu de choses près dans la langue de Shakespeare : beau à mourir ! Et c'est vrai que Max Payne est beau ! Jamais un jeu vidéo ne m'en aura autant mis dans la vue. Les textures sont ahurissantes de détails et pour vous donner un point de comparaison, on peut dire que le style fait un peu penser à du Hitman : Codename 47, mais en beaucoup mieux ! En plus d'employer des textures très riches, Remedy use et abuse des effets spéciaux et en particulier des effets pyrotechniques. Les différentes scènes se terminent souvent par des explosions que ne renierait pas John McTiernan (réalisateur de Piège de Cristal) ! Il ne faut pas non plus oublier de mentionner les balles qui par leur comportement (on voit très clairement leur trajectoire à l'écran) contribuent à l'atmosphère si particulière du jeu. La qualité graphique est mise au service d'animations le plus souvent très réussies. Les personnages se déplacent avec aisance et les accrocs sont bien rares.

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Des scènes non dénuées d'humour

Il faut voir Max Payne bondir de côté pour éviter les rafales de ses ennemis alors que ceux-ci n'hésiteront pas à faire des roulades pour esquiver le feu de vos Ingrams. Ces séquences de fusillade permettent en plus de renforcer encore le réalisme puisque le décor volera fréquemment en éclats. Max Payne permet effectivement et comme c'est trop peu souvent le cas, une certaine interactivité avec le décor... un peu à la manière du vieux Duke Nukem ! La bande-son n'est pas en reste et pour être tout à fait honnête, elle constitue même la plus grande réussite du soft. Les voix (en anglais dans notre version) sont très « pros » et viennent ponctuer admirablement les phases d'action. Entièrement localisée, la version française propose des voix très correctes, mais qui perdent un peu de leur force, un peu de leur impact. Enfin, l'ambiance sonore est parfaite : que l'on parle des musiques (toujours appropriées), des bruitages pendant les séquences « roman-photo » ou bien du son des phases d'action, il n'y a rien à redire, c'est admirable !

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Chose rare, Max Payne arrive à concilier réalisation de qualité et plaisir de jeu, en grande partie grâce à une maniabilité et une prise en main très efficaces. Rarement un jeu n'aura été aussi facile à maîtriser sur PC. Pourtant, les nombreuses innovations et le style alerte de l'aventure auraient facilement pu constituer des écueils insurmontables, mais Remedy a su trouver la bonne formule. L'une des trouvailles de génie des Finlandais est l'utilisation du bullet-time cher à Matrix. Il ne s'agit pas simplement d'un moyen de nous en mettre plein les mirettes, mais également d'une réelle technique de jeu. Votre personnage dispose d'une jauge qui se vide au fur et à mesure de l'emploi du bullet-time. Ce dernier permet en fait de ralentir le temps qui passe, vous laissant largement la possibilité de voir et devancer les réactions de vos adversaires. L'effet graphique est proprement saisissant, mais c'est aussi ce qui vous permettra de tuer des ennemis par dizaines.

Quand Max se donne de la payne...

Le reste du soft est plus classique, mais après tout il s'agit d'un jeu d'action ! Max doit donc avancer tout au long des niveaux en récoltant divers équipements et en tuant ceux qui voudraient s'y opposer ! Reconnaissons toutefois un autre mérite aux concepteurs du jeu : la qualité des niveaux. En effet, si l'histoire est linéaire, eux ne le sont pas du tout et les missions mélangent sans complexe intérieurs et extérieurs. Les cartes sont de très grande taille, étalées sur plusieurs niveaux et les chargements ne viennent cependant jamais couper le rythme : du grand art. On notera une autre très bonne idée qui relance régulièrement l'intérêt du jeu : les niveaux des rêves. Certaines séquences se déroulent pendant le sommeil de Max. Le joueur contrôle le héros dans les songes torturés du pauvre bougre qui ne se remet pas de la mort de ses proches. Parfois un peu répétitives (ce sont des labyrinthes), ces séquences sont des modèles d'ambiance avec par exemple les appels au secours lancinant de Michelle, l'épouse de Max... À vous glacer le sang !

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Max Payne, un titre qui pète le feu !

Voilà venu mon quart d'heure grognon et le pauvre Max Payne qui n'en mérite pourtant pas tant, doit lui aussi passer sur le grill ! Aussi bon soit-il un jeu a forcément des failles et les petits gars de Remedy n'ont pas réussi à rendre leur titre parfait. Le défaut principal est assez facile à deviner une fois lut, la partie précédente puisqu'il découle immédiatement de la qualité de la réalisation. Il s'agit évidemment de la configuration nécessaire. La surprise est dans l'ensemble plutôt bonne et le jeu sera jouable sur un simple Duron 600 (toutefois épaulé par au moins 128 Mo et une petite GeForce), mais pour vraiment profiter de l'extraordinaire qualité graphique, il faudra plutôt se tourner vers des Processeurs à 1 GHz soutenus par 192 Mo de mémoire et une carte 3D (Radeon ou GeForce) comprenant au moins 32 Mo. Restent maintenant deux autres points certes moins importants, mais tout de même regrettables. Ils sont tous deux très liés puisqu'il s'agit d'une part du niveau de difficulté et d'autre part de la durée de vie du soft.

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Le premier est assez mal dosé alors que le second est, on pouvait le craindre, relativement faible. Rien de dramatique, mais n'importe quel joueur sera de temps à autre frustré, car les passages d'une extrême facilité côtoient des séquences très ardues. En facile, même les moins habitués viendront à bout des trois chapitres en moins de 20 heures. Il est possible de refaire le jeu ensuite à des niveaux de difficulté plus élevés, mais reconnaissons que Max Payne n'est pas vraiment un soft que l'on refait dans la foulée et on se demandera pourquoi Remedy n'a pas permis au joueur de choisir son niveau dès le début ? Une dernière remarque avant de conclure, pour mettre en avant un défaut qui ne devrait pas durer et qui concerne les possesseurs de Kyro. À l'heure actuelle Max Payne présente des drôles de défauts avec leurs cartes : erreurs de textures et ralentissements (5-10 images par seconde !) rendent le jeu difficilement praticable. Ce problème lié aux pilotes, devrait rapidement trouver un heureux dénouement, mais pour le moment ce n'est pas jouable !

Conclusion

Ce test dithyrambique vous aura, je pense, fait comprendre à quel point Max Payne a su m'accrocher. Les nombreuses trouvailles et l'atmosphère générale qui s'en dégage le propulsent immédiatement au panthéon des Jeux Vidéo. Il marquera à n'en pas douter nombre de joueurs et on peut raisonnablement dire qu'il y aura un avant et un après Max Payne. Si les Finlandais de Remedy nous ont concocté un jeu riche et prenant comme bien peu ont réussi à le faire, il ne faut toutefois pas s'y tromper et Max Payne reste un jeu d'action pur et dur !

Pas question de compter fleurette aux personnages, il y a de l'ennemi à dessouder ! Il est donc certain que tous les joueurs n'accrocheront pas autant que moi. La difficulté relative constituera également un point à prendre en considération tout comme la durée de vie un petit peu faible ou la configuration nécessaire. Ces quelques défauts ne doivent cependant pas ternir le blason de l'ami Max. Il s'agit d'un très grand soft que tout joueur se doit au moins d'essayer... Un bonheur n'arrivant jamais seul, la fin ne laisse pas de doute, une suite est prévue : espérons qu'elle se fasse !

Max Payne

8

Les plus

  • Petites trouvailles efficaces
  • Mise en scène intéressante
  • Scénario plus creusé que de coutume
  • Réalisation de qualité, ambiance réussie

Les moins

  • En définitive un « bête » jeu d'action
  • Progression très linéaire

0

Réalisation9

Prise en main10

Durée de vie7


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Nerces
Par Nerces
Spécialiste PC & Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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