Que vivent les romans-photos...
Max Payne est un flic sans histoire. Sa carrière est une réussite tout comme sa vie personnelle puisque son couple est heureux et qu'il vient d'avoir un bébé. Heureusement pour nous cette petite vie pépère ne va pas durer : reconnaissons qu'un simulateur de préparation de biberons n'aurait pas eu le même impact ! Le pauvre bougre va donc se trouver plongé dans un bain de sang dès le début du jeu. De retour chez lui, Max surprend des junkies alors que ceux-ci massacrent sa petite famille ! Afin de démasquer les coupables, Max se fait muter dans un autre service pour lequel il mène des missions en infiltrant les rangs de la pègre. Durant trois années, Max a progressé dans son enquête, mais alors que celle-ci est sur le point d'aboutir, son agent de liaison se fait descendre. Plus personne n'est là pour prouver son appartenance à la police et il doit fuir ses propres collègues. Pour ne rien arranger, certaines mafias new-yorkaises ont percé sa couverture et sont bien décidées à lui faire payer ses années en sous-marin.Un début massacrant !
Raconté en quelques lignes ce scénario ne semble pas exaltant et pourtant, chose rare dans le monde du jeu vidéo, on peut dire qu'il tient très bien la route. Associé à une ambiance parfaitement maîtrisée, c'est lui qui sert de moteur à une action frénétique qui ne laissera pas beaucoup de repos au joueur. Contrairement à la plupart des jeux, les scènes cinématiques sont assez rares et ne sont surtout pas là pour raconter l'histoire. Cette tâche est laissée à une sorte de « roman-photo » tout à fait réussi. Original et rafraîchissant, ce système instaure un climat tout à fait particulier, renforcé par le jeu des acteurs qui s'en sont donné à coeur joie pour reprendre, mais aussi caricaturer les canons des films policiers américains. Ces « albums photos » servent donc de lien entre les différentes parties du jeu. Max Payne se présente effectivement comme une histoire racontée par son personnage principal et divisée en 3 grandes parties, elles-mêmes découpées en chapitres de longueur variable.
Drop dead gorgeous ;-)
Ce titre, emprunté à un film américain, signifie à peu de choses près dans la langue de Shakespeare : beau à mourir ! Et c'est vrai que Max Payne est beau ! Jamais un jeu vidéo ne m'en aura autant mis dans la vue. Les textures sont ahurissantes de détails et pour vous donner un point de comparaison, on peut dire que le style fait un peu penser à du Hitman : Codename 47, mais en beaucoup mieux ! En plus d'employer des textures très riches, Remedy use et abuse des effets spéciaux et en particulier des effets pyrotechniques. Les différentes scènes se terminent souvent par des explosions que ne renierait pas John McTiernan (réalisateur de Piège de Cristal) ! Il ne faut pas non plus oublier de mentionner les balles qui par leur comportement (on voit très clairement leur trajectoire à l'écran) contribuent à l'atmosphère si particulière du jeu. La qualité graphique est mise au service d'animations le plus souvent très réussies. Les personnages se déplacent avec aisance et les accrocs sont bien rares.Des scènes non dénuées d'humour
Il faut voir Max Payne bondir de côté pour éviter les rafales de ses ennemis alors que ceux-ci n'hésiteront pas à faire des roulades pour esquiver le feu de vos Ingrams. Ces séquences de fusillade permettent en plus de renforcer encore le réalisme puisque le décor volera fréquemment en éclats. Max Payne permet effectivement et comme c'est trop peu souvent le cas, une certaine interactivité avec le décor... un peu à la manière du vieux Duke Nukem ! La bande-son n'est pas en reste et pour être tout à fait honnête, elle constitue même la plus grande réussite du soft. Les voix (en anglais dans notre version) sont très « pros » et viennent ponctuer admirablement les phases d'action. Entièrement localisée, la version française propose des voix très correctes, mais qui perdent un peu de leur force, un peu de leur impact. Enfin, l'ambiance sonore est parfaite : que l'on parle des musiques (toujours appropriées), des bruitages pendant les séquences « roman-photo » ou bien du son des phases d'action, il n'y a rien à redire, c'est admirable !
Quand Max se donne de la payne...
Le reste du soft est plus classique, mais après tout il s'agit d'un jeu d'action ! Max doit donc avancer tout au long des niveaux en récoltant divers équipements et en tuant ceux qui voudraient s'y opposer ! Reconnaissons toutefois un autre mérite aux concepteurs du jeu : la qualité des niveaux. En effet, si l'histoire est linéaire, eux ne le sont pas du tout et les missions mélangent sans complexe intérieurs et extérieurs. Les cartes sont de très grande taille, étalées sur plusieurs niveaux et les chargements ne viennent cependant jamais couper le rythme : du grand art. On notera une autre très bonne idée qui relance régulièrement l'intérêt du jeu : les niveaux des rêves. Certaines séquences se déroulent pendant le sommeil de Max. Le joueur contrôle le héros dans les songes torturés du pauvre bougre qui ne se remet pas de la mort de ses proches. Parfois un peu répétitives (ce sont des labyrinthes), ces séquences sont des modèles d'ambiance avec par exemple les appels au secours lancinant de Michelle, l'épouse de Max... À vous glacer le sang !Max Payne, un titre qui pète le feu !
Voilà venu mon quart d'heure grognon et le pauvre Max Payne qui n'en mérite pourtant pas tant, doit lui aussi passer sur le grill ! Aussi bon soit-il un jeu a forcément des failles et les petits gars de Remedy n'ont pas réussi à rendre leur titre parfait. Le défaut principal est assez facile à deviner une fois lut, la partie précédente puisqu'il découle immédiatement de la qualité de la réalisation. Il s'agit évidemment de la configuration nécessaire. La surprise est dans l'ensemble plutôt bonne et le jeu sera jouable sur un simple Duron 600 (toutefois épaulé par au moins 128 Mo et une petite GeForce), mais pour vraiment profiter de l'extraordinaire qualité graphique, il faudra plutôt se tourner vers des Processeurs à 1 GHz soutenus par 192 Mo de mémoire et une carte 3D (Radeon ou GeForce) comprenant au moins 32 Mo. Restent maintenant deux autres points certes moins importants, mais tout de même regrettables. Ils sont tous deux très liés puisqu'il s'agit d'une part du niveau de difficulté et d'autre part de la durée de vie du soft.
Conclusion
Ce test dithyrambique vous aura, je pense, fait comprendre à quel point Max Payne a su m'accrocher. Les nombreuses trouvailles et l'atmosphère générale qui s'en dégage le propulsent immédiatement au panthéon des Jeux Vidéo. Il marquera à n'en pas douter nombre de joueurs et on peut raisonnablement dire qu'il y aura un avant et un après Max Payne. Si les Finlandais de Remedy nous ont concocté un jeu riche et prenant comme bien peu ont réussi à le faire, il ne faut toutefois pas s'y tromper et Max Payne reste un jeu d'action pur et dur !Pas question de compter fleurette aux personnages, il y a de l'ennemi à dessouder ! Il est donc certain que tous les joueurs n'accrocheront pas autant que moi. La difficulté relative constituera également un point à prendre en considération tout comme la durée de vie un petit peu faible ou la configuration nécessaire. Ces quelques défauts ne doivent cependant pas ternir le blason de l'ami Max. Il s'agit d'un très grand soft que tout joueur se doit au moins d'essayer... Un bonheur n'arrivant jamais seul, la fin ne laisse pas de doute, une suite est prévue : espérons qu'elle se fasse !