Particle Systems revient à la charge avec cette suite au succès d'estime de l'été 1998 qu'a été I-War. En effet malgré de bonnes critiques, ce jeu fut boudé par le public du fait d'une grande linéarité et surtout d'une interface finalement peu conviviale et par trop destinée à des joueurs expérimentés. Toujours distribués par Infogrames, les petits gars n'ont pas baissé les bras pour autant. En gardant un concept identique, ils se sont remis à l'ouvrage afin de nous concocter cette suite censée éliminer les défauts du précédent opus.
The return of the Independance War...
Sous-titré Edge Of Chaos, cet I-War 2 se déroule une centaine d'années après le conflit relaté dans I-War. L'introduction commence alors que Cal Johnston (votre futur meilleur ami) aide son père, mineur d'astéroïdes. Par un minutage hautement improbable celui-ci parvient à éloigner notre héros juste avant qu'un gangster notoire ne l'envoie au paradis des mineurs pour une sombre histoire d'impayés.La superbe séquence d'introduction
Cette séquence très réussie permet de se retrouver au commande d'un petit engin avec pour seul compagnon, le dernier du défunt paternel : un hologramme de Jefferson Clay. Sorte de guide pour le malheureux Cal Johnston, il est surtout le moyen trouvé par Particle System d'intégrer un didacticiel de manière discrète : c'est lui qui conduira le joueur au travers des toutes premières missions et qui lui permettra de se familiariser avec les (nombreuses) commandes.
Le classique parcours d'entraînement avec anneaux et cibles est de la partie et rappellera certainement de nostalgiques souvenirs aux pilotes de X-Wing. Bien conçu et indispensable aux "bleus" de la simulation spatiale, on regrettera tout de même que les habitués du premier volet soit contraint de se taper toute la (longue) séquence d'entraînement. D'autant que les principes de navigation, finalement pas si complexes, ne demandent pas des heures d'apprentissage. Après ces quelques hors d'œuvre, commence le jeu proprement dit. Vous retrouvez la base secrète de cette bonne vieille grand maman qui par chance y a laissé un bon petit vaisseau qui vous rendra de fiers services : le Cormoran. Bon d'accord le nom n'est pas à proprement parler impressionnant mais c'est un bon engin qui vous permettra de vous faire les dents sur plusieurs missions simples (jouer les coursiers, descendre quelques malotrus...). Juste le temps en fait de vous attirer beaucoup d'ennuis et de vous retrouver dans une situation bien délicate... Mais surtout juste le temps de contempler davantage les prouesses techniques de Particle System.
Techniquement probant...
Dès les premières secondes de jeu, on voit que les gars de Particle Systems n'ont pas perdu leurs bonnes habitudes. I-War figurait déjà parmi les plus beaux jeux spatiaux disponibles sur PC (malgré son moteur software) et avec l'extension Defiance on était même passés au Glide pour une rendu encore amélioré. Maintenant c'est avec un joli moteur Direct 3D qu'il faut compter pour représenter l'immensité de l'univers.
Et que l'univers est beau dans un jeu vidéo ! Pour peu que vous disposiez d'une machine relativement puissante (P3 500 et petite GeForce) vous pourrez sans problème faire tourner le bestiaux en 1024x768 avec les détails au maximum et les couleurs en 32 bits. Si vraiment la fluidité ne vous convenait pas, vous pourriez jouer quelque peu sur ces détails pour gagner de précieuses images par seconde. La réalisation graphique est vraiment au poil. Les fonds stellaires avec leurs myriades d'étoiles donnent une certaine consistance à vos pérégrinations spatiales. La plupart des effets de lumières sont éblouissants et les combats n'en manquent vraiment pas. Si les vaisseaux bougent bien et impressionnent par leur taille, on pourra tout de même leur reprocher un relatif manque de détail et des textures trop sommaires.
« Dans l'espace, la guerre est sublime » (cf. San Ku Kaï)
Les musiques d'ambiance sont globalement très agréables et seules celles des combats s'avèrent parfois lassantes. Les bruitages sont excellents et ponctuent parfaitement les différentes actions de jeu, ce qui n'est hélas pas le cas des voix. Le jeu est, comme d'habitude chez Infogrames, entièrement en français, mais il aurait été judicieux d'effectuer un meilleur doublage. Mise à part la voix-off (celle qui double Kevin Costner ou Alec Baldwin), les différents protagonistes du jeu sont vraiment pénibles à écouter et nous font vraiment regretter les doublages américains le plus souvent bien meilleurs.
Et on y fait quoi dans l'Univers ?
Après ces quelques lignes « techniques » nous revenons à ce bon vieux Cal Johnston, que nous avons laissé à 12 ans aux commandes d'un Cormoran. En fait nous n'aurons pas le temps de lui expliquer la puberté et ce genre de choses qu'il devra apprendre en prison (gasp !) puisqu'il se fait arrêter par l'assassin même de son aïeul sous prétexte de ne pas avoir payer les droits de succession... Le futur n'a finalement pas grand-chose de différent avec notre époque ! La peine est lourde : 100 ans de bagne intersidéral ! Fort heureusement pour lui, pour le jeu et donc pour nous, il n'en fait pas la moitié et réussi à s'évader après simplement 15 ans. Le temps de devenir un type costaud et revanchard aidé par des compagnons de peine qui le suivront et l'épauleront pendant le reste de l'aventure. Chacun d'eux a sa spécialité et permettra d'alléger la tâche du joueur en occupant des fonctions bien précises : Azraelle et Lori sont des combattantes et contrôleront les tourelles de vos vaisseaux, Lemuel est le mécano et Jafs se chargera de récupérer les marchandises.
Cet équipage ne sera pas de trop pour vous laisser vous occuper du commandement, en particulier de la navigation et du choix des objectifs. En effet Edge Of Chaos présente une trame de jeu non-linéaire qui devrait convenir à tout les styles de joueurs. Il est possible de suivre à la lettre un scénario classique et scripté avec des points de rendez-vous, des objectifs précis et des combats prévus à l'avance. Mais il est également possible de n'en faire qu'à sa tête et de visiter davantage l'immense univers qui nous est offert.
Trois des vaisseaux proposés dans le jeu
Le joueur pourra très bien se rendre en n'importe quel point du monde de jeu, arpenter les 12 systèmes qui lui sont offerts pour mettre à profit ses talents de combattant, de commercial ou de récupérateur. Jouer les pirates de l'espace est donc tout à fait possible sans ce soucier le moins du monde du scénario qui constituera toujours une sorte de bouée de secours pour ceux qui ne saurait pas trop quoi faire.
Un parfum d'Elite
Cette liberté d'action fera certainement penser les plus anciens d'entre-vous au vénérable Elite (ou à ses suites). Créé par David Braben et Ian Bell, ce titre est sans aucun doute le jeu le plus gigantesque jamais fait sur ordinateur et la liberté qu'il donnait au joueur n'a jamais été égalée dans quelque soft que ce soit. Il était possible de se procurer de nombreux vaisseaux et équipements différents, certains apparaissant même au cours du jeu. Différents « métiers » étaient accessibles (contrebandier, pirate, mercenaire, transporteur, photographe...) et jamais deux parties ne se ressemblaient. Si I-War 2 propose une grande liberté d'action, il ne faut toutefois pas se laisser tromper, nous sommes tout de même loin d'Elite. C'est déjà sympathique mais nous ne pouvons piloter que 4 vaisseaux différents et l'équipement offert reste bien léger. De la même manière s'il est possible de s'éloigner énormément du scénario de base, le but du jeu reste quand même cette trame et au bout d'un moment on sent bien qu'il faut s'y raccrocher sous peine de tourner en rond.
Cela ne vient pas ternir le plaisir de jeu mais il ne faut pas espérer retrouver les joies d'un Frontier ou d'un First Encounters (les suites d'Elite). Il s'agit d'I-War 2 et non d'Elite 4. A ce titre il apporte d'ailleurs de nombreuses améliorations sur le modèle de jeu du mythique Elite. On l'a déjà dit la réalisation est excellente mais il faut aussi parler du moteur physique qui vient renforcer ce qu'avait déjà mis en place David Braben. Avec I-War 2 nous sommes effectivement très loin des Wing Commander ou des X-Wing et les vaisseaux ne se pilotent pas comme des F-16 de l'espace. Il faut tenir compte de l'absence de frottements (il n'y a pas d'atmosphère dans l'espace) et de la très forte inertie qui en résulte. Les vaisseaux ont un comportement qui semble très réaliste (c'est mon expérience d'astronaute qui parle) et les combats sont vraiment très originaux par rapport à ce que l'on a l'habitude de voir.
Des vaisseaux pas toujours simples à maîtriser
Les mouvements sont très particuliers et nécessitent une parfaite maîtrise de sa vitesse. La taille des vaisseaux est également un point non négligeable : deux petits chasseurs qui s'affrontent, ne le font pas de la même manière qu'une corvette de plusieurs mètres en approche d'un cargo de quelques 5.000.000 de tonnes ! Cette diversité des situations est un réel bonheur pour le joueur largement plus intéressante que les assauts finalement bien ternes d'un Starlancer. On pourra toutefois formuler 3 reproches à l'encontre d'I-War 2. Tout d'abord une certaine complexité dans son interface, avec des commandes un peu trop nombreuses et surtout un HUD (système de gestion des commandes du vaisseau) certes réussi graphiquement mais dotés de trop de sous-menus. Un mode multijoueurs sympathique mais hélas peu développé (espérons que le côté « ouvert » du jeu permette à des amateurs de s'éclater !). Enfin, un ultime défaut pour conclure ce test : il n'est possible de sauvegarder que dans la base... C'est simplement une habitude à prendre mais on ne comprend pas le pourquoi d'une telle limitation.