Si Fallout constitue assurément un chouette pedigree, c'est aussi un jeu presque culte qui a rendu les fans très exigeants. Les têtes pensantes de Troïka Games se doutaient donc certainement qu'ils seraient attendus au tournant. Il leur fallait donc trouver de quoi se renouveler sans pour autant laisser de côté ce qui faisait le charme des Fallout : une grande liberté d'action, la possibilité d'être un « méchant », une aventure longue et au rythme soutenu.
Engrenages et sortilèges ?
Le sous-titre français du jeu ne sonne certes pas aussi bien que son homologue anglais (Of Steamworks And Magick Obscura) mais il conserve cette opposition des termes révélatrice du monde en pleine transition dépeint dans le jeu. Cette opposition est issue de la volonté d'un des développeurs de ne pas faire un nouveau titre « technologique » (à la Fallout) mais aussi de celle d'un autre développeur de ne pas se lancer dans un jeu d'Heroic Fantasy. Une troisième voie (hum hum ;)) fut donc trouvée, celle d'un monde pittoresque où les arcanes magiques d'une époque révolue laissent peu à peu la place aux merveilles technologiques imaginées par une poignée d'inventeur à la tête desquels se trouve un certain Gilbert Bates. Face à l'impression grandiose laissée par les formidables machines à vapeur, la magie ne semble pas proposer d'alternative attrayante à la population qui se tourne petit à petit vers la science et la technologie.En introduction, l'attaque du Zéphyr lors de son voyage inaugural
C'est dans ce cadre un petit peu particulier, mélange de révolution industrielle et de sorcellerie, que démarre le jeu et plus particulièrement l'introduction. Vous êtes tranquillement à bord du Zéphyr, magnifique zeppelin en plein vol d'inauguration, quand deux petites machines volantes décident de vous faire atterrir plus rapidement que prévu. Miraculeusement épargné par le crash, vous tombez sur un gnome agonisant qui vous tend un petit anneau en bredouillant des paroles difficilement compréhensibles... Il n'en faut pas plus pour chambouler l'existence de ce petit être ordinaire qui va devenir votre nouveau meilleur ami pour un joli petit paquet d'heures.
Chouette, un RPG !
Ces deux éléments se répartissent en écoles de savoirs (métallurgie, chimie, botanique... Ou nécromancie, magie temporelle, magie élémentaire...) qui apporteront diverses connaissances aux personnages, seul moyen d'acquérir des schémas technologiques ou des sortilèges. Le choix de ces compétences dépendra évidemment du type d'attitude que vous souhaiterez adopter au cours du jeu : au langage des mains préférez-vous celui de la hache de guerre à doubles lames biseautées ? Il faudra donc choisir judicieusement d'autant plus qu'en tout ce ne sont pas moins de 16 collèges de magie (80 sorts) et 8 disciplines scientifiques (56 schémas) qui vous sont accessibles. Quand on sait que les points supplémentaires ne s'obtiennent qu'au rythme de un par niveau, on se doute que notre personnage ne pourra pas être doué partout. Tous ces choix mûrement réfléchis, vous pouvez commencer l'aventure proprement dite, qui nous l'avons déjà dit démarre sur les chapeaux de roue avec l'attaque de votre moyen de transport par deux pirates de l'air. Attaque qui se solde par le crash lors de ce qui était le vol inaugural du nouveau zeppelin : le Zéphyr.
Les trois étapes de la création d'un personnage
Beuh ! C'est tout vilain !
C'est à peu de choses près mes mots lorsque l'écran de jeu est apparu et que j'ai promené ma demi-elfe sur la carte. Alors, autant le dire maintenant et ne plus y revenir par la suite : l'aspect technique d'Arcanum est sans doute décevant. Pourtant sensiblement amélioré depuis Fallout, le moteur utilisé parait archaïque. La résolution graphique est au maximum un pauvre 800x600 (un peu juste en comparaison de la taille du monde) et surtout elle peine à représenter le monde aussi bien que pouvait le faire le moteur de Diablo 2 ou de Baldur's Gate 2. Non que le jeu soit vraiment moche, il serait même plutôt sympa avec des décors relativement variés. Mais hélas derrière cette apparente diversité se cache une uniformité trop importante des textures et les villes par exemple sont extrêmement mornes. De la même manière, les animations sont d'une grande pauvreté et ce sont finalement elles qui gâchent la réalisation du jeu.D'autant que l'interface occupe une assez grande partie de l'écran (presque le double de celle de Baldur's Gate). Notez au passage qu'un patch sorti peu après le jeu permet de jouer en plein écran. On pourra aussi reprocher quelques très légers bugs et des combats un peu lents en tour par tour. Il faut toutefois reconnaître que représenter un monde aussi vaste n'est pas forcément évident, d'autant que contrairement à Baldur's Gate il est possible de faire tout le chemin conduisant d'une zone à un autre. Toute le continent est réellement modélisé et pas seulement quelques lieux clefs. Notons aussi qu'en ces temps de patchs à tour de bras, Troïka Games nous a fourni un titre particulièrement bien fini et qui ne nécessite pas vraiment de mise à jour pour être fonctionnel... Merci !
Le monde imaginé par les développeurs est tout simplement gigantesque
Un plaisir qui dure, qui dure...
Les habitués de Fallout connaissent la façon de faire de Tim Cain. Une quête principale qui sert de moteur et permet aux moins aventuriers de se raccrocher à quelque chose de concret, mais surtout, tout autour, une multitude de mini aventures proposées par les différentes rencontres. Une petite ville comme Cendre Noire recèle près d'une dizaine de quêtes annexes, que vous êtes libre de poursuivre. Dès lors, prévoir la durée de vie d'un tel jeu est pratiquement impossible. Les acharnés auront au moins une cinquantaine d'heures de jeu rien qu'avec le scénario principal, alors imaginez les moins pressés d'entre vous. Pour rallonger encore la durée de vie, sachez que deux personnages n'auront vraiment pas la même aventure dans Arcanum. Ainsi, certains lieux resteront inaccessibles à certaines classes de personnages : mon héroïne ne peut entrer dans certains endroits réservés aux hommes (je ne parle pas de la maison close qui prodigue certains services très particuliers), alors que mon gnome a réussi à se faufiler dans des trous de souris.Conclusion
La série des Fallout reste l'une des expériences les plus intéressantes de jeu de rôle sur PC. Avec Arcanum leurs créateurs ont vraiment fait très fort et malgré les quelques réserves émises plus haut, c'est vraiment du tout bon. La richesse de l'univers, le scénario consistant et la possibilité de jouer l'aventure « à sa manière » offrent un plaisir de jeu rarement atteint dans le genre. L'aspect graphique pourrait en rebuter certains, mais il serait vraiment dommage de passer à côté d'un tel soft pour de simples considérations techniques. Alors que les jeux vidéos sont de moins en moins originaux, que la durée de vie de titres pourtant largement salués par la critique est ridiculement faible (Black & White, Max Payne), Troïka Games nous livre un titre pensé avant tout pour le joueur et son plaisir à long terme !Enfin, ne vous donnez pas la peine de tenter une comparaison avec le proportionnellement bien fade Baldur's Gate II. Avec Arcanum vous n'aurez pas les sempiternelles énigmes tordues et lourdingues, pas plus que les combats « grobillistes » ou encore les chargements à rallonge. Alors bien sûr vous n'aurez pas non plus l'excellente qualité graphique du titre de Black Isle... Question de choix, pour ma part c'est Arcanum!
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