On peut dire qu'on l'attendait ce titre ! Il est vrai que le genre du jeu de plate-formes se fait rare sur PC, alors qu'il permet d'oublier le monde des FPS (First Person Shooter style Half Life) et autres RTS (RealTime Strategy style Age Of Kings) pour quelques heures, histoire d'arrêter les tueries en masse pour faire davantage appel à nos réflexes !
Un anniversaire peu ordinaire
L'introduction permet, comme de bien entendu, la mise en place du décor : dans un orphelinat quelques gamins fêtent l'anniversaire d'un de leurs camarades, Cyprien. Celui-ci a cependant bien du mal à se joindre aux festivités puisque la commémoration de sa naissance coïncide malheureusement avec la disparition de ses parents... Il faut avouer que ça casse pas mal l'ambiance !Après quelques mots avec les autres enfants, Cyprien part s'enfermer dans sa chambre, ne se doutant pas que sa mauvaise humeur va le rattraper en prenant la forme d'un monstre tout droit sorti de ses rêves. La créature, ayant préalablement enlevé les autres orphelins, s'attaque à Cyprien en le projetant dans ses cauchemars les plus noirs et en particulier dans le monde de Tsoull'i (ou plutôt "dessous le lit").
Peuplé de créatures souvent singulières comme le sont les Demis (des êtres coupés en deux verticalement), ce monde recèlera de nombreux obstacles et pièges que Cyprien devra bien sûr surmonter afin de délivrer ses amis. Tsoull'i est très vaste et ce ne sont pas moins de 76 niveaux répartis sur 8 îles différentes qui attendent le joueur, assurant une durée de vie plutôt conséquente au soft, cela malgré la qualité graphique qui nous pousse à aller toujours plus loin, toujours plus vite !
Une ambiance très riche...
Pas de doute possible, l'ambiance est certainement le point marquant, la grande réussite d'Evil Twin. Cela frappera n'importe quel joueur et ce dès les toutes premières minutes. Il est très net, que les gens de chez In Utero ont particulièrement réfléchi et soigné l'aspect graphique de leur bébé.Non que le soft soit vraiment impressionnant techniquement (quoique certaines scènes sont magnifiques) mais il s'agit plutôt d'avoir réussi à retranscrire une ambiance toute particulière, chose rare dans le jeu vidéo. Les influences sont certainement très nombreuses mais on y reconnaîtra dès le premier coup d'œil celles de Lewis Carroll ou de Tim Burton... Avouez qu'il y a pire !
Le SuperCyp en pleine action !
D'autant que l'ensemble démontre une grande maîtrise de la part des développeurs. L'univers est remarquablement précis et surtout tout à fait cohérent : chaque plan, chaque séquence étant un véritable bonheur. Les nombreuses créatures du jeu (les Demis, les Gens…) sont là pour attester de l'imagination des créateurs, même s'ils n'ont pas oublier l'importance d'éléments classiques comme les bonus à récolter. Ces bonus débouchant au SuperCyp, qui offre à Cyprien la possibilité d'être invulnérable, très rapide et capable de faire des sauts vertigineux ou de projeter des boules de feu !
... Faite de superbes musiques et de niveaux bien conçus...
Plus généralement c'est tout l'aspect technique, si l'on excepte les points qui suivront dans la partie suivante, qui est à saluer. Nous l'avons déjà dit, le jeu est une réussite graphique mais il faut aussi reconnaître que la partie sonore est très loin d'être en reste. Le son entrant bien sûr pour une bonne part dans l'ambiance d'un jeu, d'autant qu'ici et pour une fois, les voix (en français) ne sont pas mauvaises du tout. Certains des gamins sont exaspérants mais après tout ce sont leurs personnages qui sont ainsi et il ne faut pas en vouloir aux doubleurs.Des décors remarquables pour un univers très original
Les nombreuses musiques sont de belles réussites qui renforce encore l'impact sur le joueur et l'architecture des différents niveaux du jeu participe elle-aussi au plaisir pris à arpenter le monde de Tsoull'i. Bien conçus et finalement peu répétitifs, ces niveaux font partis des meilleurs qu'il m'ait été donné de voir dans un jeu de plate-formes... Au moins sur nos chers PC ! Il ressort donc du jeu une impression toute particulière, mélange d'angoisse et d'envoûtement, que seuls quelques jeux avaient déjà réussis à retranscrire.
Tirons donc notre chapeau à In Utero pour cet excellent travail qui, cerise sur le gateau, ne nécessite pas un super PC : un Duron 700 épaulé par 128Mo de mémoire une GeForce2 MX 32Mo permet un jeu parfait en 1024x768 ! Hélas cet aspect positif des choses est largement entamé par les critiques qui suivent immédiatement.
... Hélas desservie par le contrôle et les caméras
Evil Twin a beau être doté d'un univers d'une très grande richesse, être très beau et de ce fait vraiment prenant, il n'en demeure pas moins un jeu de plate-formes et à ce titre, il lui faut se plier aux canons du genre. Il se doit en particulier d'offrir une maniabilité exemplaire pour se sortir de situations plus complexes les unes que les autres.Il faut que le personnage puisse bondir précisément d'un emplacement à un autre, or justement ce n'est pas tout à fait le cas ici. En effet, un désagréable mouvement d'inertie se fait sentir à chaque course, à chaque saut et, bien souvent, cela risque de vous faire perdre l'équilibre au bord d'une corniche ou vous empêchera tout simplement d'enchaîner rapidement les mouvements. C'est d'autant plus désagréable que c'est particulièrement perceptible au clavier. Les joueurs utilisant un joypad ressentiront moins ce défaut, on peut donc se demander pourquoi cela n'a pas été corrigé pour le clavier.
Déjà agaçant, ce problème n'est toutefois pas le plus gênant. La gestion des caméras est effectivement ce qui risque d'énerver le plus de joueurs, au point même de les empêcher de terminer le jeu. Il est possible de contrôler personnellement les mouvements de caméra mais celles-ci sont replacées automatiquement et souvent aux plus mauvais moments. Régulièrement des passages du jeu deviennent extrêmement ardus simplement parce que la caméra ne nous confère pas un bon angle de vue... Frustrant !
On peut raisonnablement penser que ces deux problèmes viennent d'un développement qui ne tient pas assez compte du monde PC et trop de la version Playstation comme cela arrive souvent. En effet sur consoles les contrôles se font toujours au joypad et les mouvements de caméras sont rarement aussi libres que sur PC où l'on peut faire appel à la souris. Il reste cependant clair que même dans ce cas les repositionnements de caméras ne sont pas bons du tout et gâche une bonne partie du plaisir de jeu en contraignant le joueur à refaire souvent les mêmes scènes.
Des chroniques, chroniquement handicapées
Décevant. Voilà clairement le mot qui vient à l'esprit après quelques heures de jeu. Alors qu'il est doté d'un environnement extrêmement riche, travaillé et captivant, que son atmosphère particulière et malsaine à plus d'un titre aurait pu en faire un jeu exceptionnel, Evil Twin se trouve considérablement handicapé par une prise en main très délicate.Au clavier il est délicat de contrôler Cyprien et même si au joypad c'est nettement mieux, on est encore loin de ce que devrait proposer ce genre de jeu : un personnage qui répond au doigt et à l'œil aux moindres sollicitations du joueur. Le contrôle déjà délicat est rendu vraiment périlleux par l'emploi d'un système de caméras tout à fait déconcertant.
Ces défauts ne seront pas pour rebuter les fans du genre qui utiliserons un joypad analogique et pourront dès lors se plonger avec bonheur dans ce monde vraiment très beau. Les autres passeront hélas leur chemin... Dommage.
Bande son : 17/20
Intérêt : 13/20
Durée de vie : 2-3 semaines de jeu intense