Rails Across America

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 31 octobre 2001 à 17h17
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Strategy First est de ces éditeurs qui, petit à petit, discrètement, se font incontournables dans le monde du jeu PC. Non que le canadien soit déjà au niveau du géant Electronic Arts, mais à force de productions très ciblées et à haut potentiel ludique, la compagnie a su se faire connaître. Elle mise souvent sur de petits développeurs attachés à des projets qui leurs tiennent à coeur comme Europa Universalis qu'elle a distribué sur le continent nord-américain.

Aujourd'hui c'est un titre que peu de gens connaissent qui va nous préoccuper. Rails Across America de part son titre et le thème abordé fait immanquablement penser à Railroad Tycoon 2, il ne faut cependant pas s'arrêter à ce constat trop rapide, car si le jeu de Flying Lab Software reste un soft plutôt orienté gestion, plusieurs de ses aspects lui permettent de se démarquer de son illustre concurrent.


Le bonheur des petits trains

"Je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Les gosses en ce temps là, assemblaient des petits trains jusque sous nos fenêtres"... Ces quelques mots empruntés (massacrés ?) à La Bohême et qui vont me faire passer pour un "vieux con", ne sont finalement qu'une introduction assez minable pour dire que j'ai un à priori favorable pour tous les jeux qui traitent de "tchou-tchou".

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Ben oui, j'aime les trains, surtout les vieux avec la super fumée idéale pour dégager les bronches ! Comme en plus je suis un fana de jeux de gestion, il va sans dire qu'un titre comme Rails Across America avait largement de quoi titiller ma curiosité, d'autant qu'à part le déjà nommé Railroad Tycoon 2, on ne peut pas dire que ce style inspire particulièrement les éditeurs.

Avant de remercier Strategy First, il convient toutefois de voir si ce Rails Across America en vaut la peine. A l'installation on est déjà surpris par la faiblesse de l'espace disque requis : 185Mo ! Plutôt sympa pour les petites configurations, cette légèreté intrigue malgré tout et rend la copie des fichiers sur le disque dur pour le moins rapide !

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Sans perdre davantage de temps, je double-clique sur l'icône ajoutée à mon "Menu Démarrer" en ayant à peine lu les 4 pages du démarrage rapide du manuel. L'accueil se fait très sobrement avec la (belle) photo d'une puissante locomotive à vapeur. De là, un choix s'offre à nous : solo ou multijoueurs. Le second mode permet évidemment tout ce que le l'on peut espérer d'un jeu récent : à savoir jeu en local ou par Internet, avec des humains et/ou des ordinateurs pour un total de 8 participants maximum. En dehors de ces quelques choix, une partie multijoueurs se déroule exactement de la même manière qu'une partie solo, nous n'entrerons donc pas davantage dans les détails, pour nous préoccuper surtout de ce mode de jeu solitaire.


Un jeu de société ?

Une fois sélectionné le mode "Single Player", vous aurez à choisir entre une partie "classique" et un scénario (parmi les 20 proposés) vous mettant dans une situation particulière. Le jeu "classique" vous demandera en plus de définir quelques paramètres avant de pouvoir vous lancer dans la partie. Vous aurez par exemple à préciser le nombre et l'intelligence de vos adversaires, les bornes chronologiques de la partie (au maximum 1830-2020 pour jouer toute la vie durant !), l'argent disponible au départ, le niveau de difficulté, la ville départ ou le logo de votre compagnie... Ouf !

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Les différents modes de jeu et l'encyclopédie

Ceci fait, la partie peut vraiment commencer et votre chemin de fer prendre son envol ! L'interface, ici en anglais, version américaine oblige, est suffisamment claire pour que les principales actions ne posent pas vraiment de problème. Le manuel est en plus très bien fait et saura vous guider au début de votre première partie pour éviter les principaux obstacles.

Vous partez d'une ville donnée et décidez d'établir votre première ligne. Autant ne pas viser trop loin, pour mon baptême du feu, je me suis contenté d'une petite liaison New York - Philadelphie tout à fait profitable. Après quelques dizaines de secondes la ligne est construite et vous pourrez définir les trains à y faire circuler en fonction de l'argent dont vous disposez et de la charge prévue (voyageurs et marchandises). Moyennant finances, vous pourrez même vous adjoindre les services d'un manager qui se chargera de définir les priorités (nombre de voies, type de signalisation, locomotives...) de chaque ligne. Ces auxiliaires ne sont pas nécessaires en début de partie mais le deviendront par la suite : il n'est pas facile de gérer au mieux une cinquantaine de lignes !

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Les plus fins gestionnaires regretteront le manque de profondeur de la simulation. Effectivement avec Rails Across America, il n'est pas question comme avec Railraod Tycoon 2 de définir les chargements précis de chaque train, de choisir les trajets de chaque rame et d'investir dans des usines de transformation autour des villes desservies. Non, ici, le jeu est centré autour de la simple construction des lignes de chemins de fer.

Ne croyez cependant pas que le jeu est plus facile pour autant. Au fur et à mesure de l'extension de votre réseau vous aurez de plus en plus de travail. Il faudra bien sûr surveiller la congestion des voies et prévoir des extensions le cas échéant. Mais vous aurez aussi à vous pencher sur le cas des chemins de fer indépendants capables de réaliser de vrais bénéfices et de vous concurrencer sur certaines lignes. Enfin, il faudra prendre garde à vos véritables concurrents car, non seulement ceux-ci ont la prétention de vous supplanter, mais ils peuvent également racheter ces fameux chemins de fer indépendants et vous prendre de vitesse !
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Elimination de la concurrence

L'aspect gestion n'est donc pas très développé dans Rails Across America. Le joueur devra se contenter de planifier ses emprunts et leurs remboursements, de fixer le paiement des dividendes et de vérifier la rentabilité de sa compagnie. Les comptables en puissance en seront du coup pour leurs frais et risquent bien d'être quelques peu déçus. En revanche pour l'amateur occasionnel cela permet une approche toute en douceur de ce style de jeux.

Mais si la gestion n'est pas complexe, on est en droit de se demander où réside alors l'intérêt du jeu ? Effectivement même si c'est sympa et que deux parties ont bien peu de chances de se dérouler de la même manière, on voit mal comment le joueur pourrait s'amuser plus de quelques heures à ne faire que poser des rails et regarder les trains avancer dessus !

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En fait l'autre facette du jeu se découvre petit à petit à mesure que la concurrence se fait plus rude. En effet, au cours de la partie, vos voies ferrées croiseront celles d'autres chemins de fer et certaines villes seront desservies par plusieurs compagnies. Vous pourrez aussi avoir envie de racheter un concurrent trop entreprenant ou simplement être désireux de saboter ses lignes.

Pour réussir ce genre d'actions il faudra utiliser les cartes que vous aurez obtenues au cours du jeu. Représentants différents modes d'action et différents niveaux de puissance, ces atouts seront à jouer avec parcimonie lors de vos tentatives de subversion afin de ne pas vous retrouver en manque lorsque ce sera au tour d'un adversaire de lancer une offensive.

Ces actions pourront aussi vous permettre de simplement influencer un chemin de fer indépendant et amener ses dirigeants à revoir leurs prétentions dans le cadre d'un rachat. Ce type de comportement moins agressif est aussi moins dangereux pour vous. En effet si par malheur votre tentative était avortée la presse s'en emparera et fera éclater le scandale, évidemment moins important si l'attaque était anodine !


Une réalisation vraiment limitée

A la lecture de ce test, il semble évident que Rails Across America m'a plutôt fait bonne impression. Pas trop complexe et relativement prenant, il a de quoi intéresser la plupart des joueurs. Il est cependant un point qui risque de laisser perplexe nombre d'acheteurs potentiels : la réalisation.

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Une qualité graphique un poil faiblarde, non ?

Pendant de nombreuses années les développeurs nous ont habitué à en faire le minimum avec les jeux de gestion, mais PopTop Software nous ayant montré par deux fois (Railroad Tycoon 2 et Tropico) que qualité technique et profondeur de la simulation n'était pas forcément incompatibles, nous sommes devenus exigeants !

Si la page d'accueil du jeu reste correcte, dès les premières secondes de jeu ce qui n'était encore qu'inquiétude se meut immédiatement en désarroi : c'est moche ! Parfaitement lisible certes, mais diablement laid. La carte du monde est représentée en 2D de manière très sommaire. A dire vrai on jurerait se trouver devant Railroad Tycoon mais pas le deuxième volet, non, l'original... De 1989 !

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J'exagère certes un peu, mais ce n'est vraiment pas beau et si après quelques minutes de jeu cela n'a plus d'importance, on regrettera vivement qu'un soin plus important n'ait pas été apporté. Résultat, on se retrouve le plus souvent à suivre du regard des lignes de couleurs (les voies ferrées au niveau de zoom le plus large) pendant de longues minutes.

Du côté de la bande son, ce n'est guère mieux. Si les bruitages sont tout à fait corrects (tchou-tchou !) on ne peut pas en dire autant de la musique : elle est répétitive et "usante". Une option, fort salutaire, permet de la mettre en sourdine, mais on se trouve alors plongé dans un remake du monde du silence de Jacques-Yves Cousteau ! Non vraiment, la réalisation technique n'est pas un modèle du genre !

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Heureusement ce genre de jeux puise son intérêt ailleurs. Les parties sont vraiment prenantes et on va de bilan annuel en bilan annuel en se disant à chaque fois : "Bon, une année de plus et j'éteins l'ordinateur". Si le jeu réussit à accrocher le joueur c'est en grande partie grâce au seul point positif de cette réalisation : l'interface. En plus de prodiguer de nombreuses informations grâce aux infos-bulles, elle permet de mener à bien la plupart des actions avec un minimum de clics. En anglais dans ma version, les menus sont très clairs et ne laissent pas de place aux doutes.

La faiblesse de la réalisation a aussi une contrepartie très positive : vous n'aurez pas besoin de demander de crédit au Fond Monétaire International pour le faire tourner. Nous avons déjà parlé du modeste espace disque nécessaire (185Mo) et bien il en va de même pour le processeur central et la carte graphique. Une fréquence de 300MHz est suffisante pour votre ordinateur et la carte graphique devra simplement être compatible DirectX8.

Ultime défaut du jeu qui n'a pas grand chose à voir avec la réalisation mais qu'on ne peut passer sous silence, bien qu'il soit compréhensible vu le nom du soft. Le jeu fait totalement abstraction du vieux continent, pourtant berceau du rail et on devra se contenter de l'Amérique du Nord pour réaliser ses exploits. Cette limitation est d'autant plus dommage qu'aujourd'hui les trains les plus efficaces du monde ne sont certainement pas américains.


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Conclusion

En définitive, Rails Across America se présente comme un jeu tout à fait attachant. Ce n'est certes pas une simulation du calibre d'un Railraod Tycoon 2 mais grâce à une intelligence artificielle de bon niveau, il offrira de nombreuses heures de plaisir à quiconque ne sera pas trop rebuté par son austère réalisation.

Le titre de Flying Lab fait penser à ces jeux de sociétés que tout le monde connaît pour y avoir joué de nombreuses fois en famille. Il ne vise pas un type de joueurs particulier et pourra plaire à pratiquement tous les publics. Doté d'une réalisation vraiment pas "au niveau" et peut-être pas assez accrocheur pour faire 3 parties de rang, il fait partie de ces softs auxquels on revient régulièrement, presque immanquablement, quand les titres tape à l'oeil sont rangés après 10 pauvres heures de jeu.

Il ne nous reste plus qu'à attendre la disponibilité sur notre territoire (prévue pour début 2002).

Graphismes : 11/20
Bande son : 12/20
Intérêt : 13/20
Durée de vie : 4-6 semaines
Nerces
Par Nerces
Spécialiste PC & Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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