Le Radeon 8500 aura été pour ATI le moyen de revenir dans la course à la puissance menée par le rival NVIDIA. Cette évolution du processeur graphique le plus puissant du canadien propose, sur le papier, des caractéristiques nettement plus alléchantes que le concurrent GeForce3 Ti500, mais pour autant les performances n'étaient pas tout à fait au niveau.
En effet et malgré ses avantages théoriques le Radeon 8500 affichait certains défauts que les utilisateurs expérimentés pouvaient difficilement pardonner : une astuce pour gagner en performances sous Quake3, des pilotes OpenGL v1.2 et un SmoothVision encore désactivé.
ATI Radeon 8500... Deuxième !
Ces défauts n'étaient bien sûr pas du tout insurmontable pour le constructeur canadien et reflétaient simplement la relative immaturité des pilotes d'une carte encore très récente. La révision v7.60 de ces pilotes avaient déjà permis un regain de performances visibles lors de notre précédent test. Regain de performances permettant au Radeon 8500 de se placer au niveau de performances offert par les GeForce3 de base... Pas si mal !Plutôt que de faire encore progresser ces performances, aujourd'hui ATI nous propose surtout de découvrir une nouvelle déclinaison, meilleure marché, de ce Radeon 8500 : le 8500 LE. Le constructeur en profite pour dévoiler de nouveaux pilotes (v7.63) capables d'exploiter le SmoothVision, le filtrage anisotropique et intégrant l'OpenGL ICD v1.3.
Radeon 8500 LE ?
Ce "nouveau" chip n'est en fait qu'une version "ralentie" du Radeon 8500. A sa sortie, ce dernier permettait pour la première fois à ATI de ravir la couronne du chip supportant les plus hautes fréquences à NVIDIA. En effet, alors que le GeForce2 Ultra plafonne à 250MHz et que le GeForce3 Ti500 n'atteint lui "que" 240MHz, d'entrée de jeu ATI fournissait un processeur à 275MHz !
De la même manière la mémoire associée à ce nouveau chip battait elle aussi des records puisque cadencée à 275MHz ! Pour rappel ce sont les GeForce3 qui disposaient auparavant de la mémoire la plus rapide avec un maximum de 250MHz pour les puces accompagnant les Ti500.
La performance du canadien saluée, il faut signaler que l'emploi de ce type de mémoire ne permet pas, à l'heure actuelle, de concevoir des Cartes Graphiques à des prix vraiment attractifs et on reste encore au-dessus des 2000 francs. Pour remédier à cela, ATI s'est donc fendu d'un Radeon 8500 "light" avec des fréquences légèrement inférieures.
Le Radeon 8500 LE tourne ainsi à la fréquence de 250MHz et se voit associé de la mémoire aussi véloce, à 250MHz également. Cette baisse des cadences devraient permettre de proposer des cartes meilleures marchés et les prix officiels (donc largement supérieurs à ce que vous trouverez chez votre assembleur favoris) font d'état d'un tarif sous le seuil psychologique des 2000 francs : 1990 francs TTC (un peu plus de 300 euros).
Ces baisses de fréquences ne sont cependant pas sans avoir un impact tant sur les performances théoriques (les fameux fill rate) que sur ce que l'on pourra espérer avoir en pratique. Les résultats des benchmarks vont suivre avec le reste de l'article, mais voici d'ores et déjà un petit tableau pour comparer de manière simple, Radeon 8500 et GeForce3.
Le SmoothVision, késako ?
Au cours de ce test nous ne reviendrons pas sur les fonctions 3D supportées par le Radeon 8500 LE, largement décrites dans l'article concernant son grand frère. Nous allons cependant faire une bref retour sur l'élément principal de ces nouveaux pilotes v7.63 : l'activation du FSAA "made in ATI", le SmoothVision.Cette nouvelle technique de FullScene Anti-Aliasing (FSAA) est là pour concurrencer les GeForce3 et leurs nouvelle méthode de "multisampling" nettement plus performante que le "supersampling" des anciennes GeForce2 et autres Radeon. Pour faire extrêmement schématique disons simplement que le "supersampling" se contentait de calculer les scènes avec des résolutions bien supérieures pour ensuite remettre à la bonne taille (celle de votre écran) en ajoutant un léger effet de flou. Plutôt efficace avec les jeux les moins gourmands, cette technique permettait de bien réduire les effets d'escalier mais nécessitait pour un simple mode 2X, quatre fois plus mémoire et divisait par quatre le fill rate de la carte.
Pour remédier à cela, NVIDIA d'abord et maintenant ATI, ont adopté une technique plus évoluée de "multisampling" qui permet en fait de procéder à une sorte d'interpolation des points nécessaires à la réduction des effets d'escalier aux points "classiques". Nettement moins gourmande que la précédente, cette nouvelle approche a toutefois l'inconvénient de rendre les scènes un peu plus floue.
C'est ici qu'intervient le "SmoothVision" d'ATI qui devrait permettre à l'utilisateur de choisir entre un mode "Performance" qui revient à peu près à ce que nous venons d'expliquer et un mode "Qualité" qui contrebalance cet effet de flou par l'emploi de texture de meilleure qualité mais donc plus gourmandes. En outre ATI en a profité pour ajouter des modes FSAA 3X et 6X aux traditionnels 2X et 4X.Pour évaluer les performances du SmoothVision et surtout de ce Radeon 8500 LE, ATI nous a fournie une carte que nous pourrons hélas pas utiliser pour nous faire une idée de ce que proposeront par la suite les intégrateurs chargés d'exploiter ce nouveau chip (Club3D, PowerColor...). En effet cette carte de "pré-série" est en tout point identique à une carte Radeon 8500 de base mises à part ses fréquences de fonctionnement.
Vous pourrez d'ailleurs comparer la photo de cette carte avec celle de notre sur le Radeon 8500 et jouer au jeu des différences... Il n'y en a tout simplement pas une seule ! Connecteurs, système de refroidissement, même les puces mémoires sont identiques : de sympathiques composants à 3.6ns !
Il n'est donc clairement pas utile de, comme nous en avons l'habitude, présenter la carte "physiquement". Nous le ferons par contre sitôt que les constructeurs tiers auront dévoilés des designs différents du "reference board" d'ATI. Il est en revanche nécessaire de présenter notre configuration de test ainsi que les outils utilisés pour comparer les performances.
- Asus A7M266
- AMD Athlon 1.33GHz
- 256Mo de mémoire DDR CAS2.5
- Disque dur 60GXP 40Go
- Windows XP
Associée aux Cartes Graphiques suivantes : ATI Radeon 8500 et Radeon 8500 LE (pilotes v7.63), GeForce3 Ti200, GeForce3 et GeForce3 Ti500 (pilotes v23.11).
Sous Quake3, il semble maintenant évident que les cartes se tiennent dans un mouchoir de poche. Maintenant que l'optimisation tant critiquée qu'ATI avait mise au point n'est plus de la partie, il est possible de comparer les cartes sans états d'âmes et en dehors du 1600x1200, le jeu d'ID Software n'est pas à même de mettre en évidence de réelles différences.
Dans cette résolution, deux cartes se détachent nettement : Radeon 8500 et GeForce3 Ti500. Arrivent en deuxième position, les Radeon 8500 LE et GeForce3. La petite dernière d'ATI s'en sort donc avec les honneurs en affichant plus de 10fps d'avance sur sa rivale Ti200.
Notre second test OpenGL, MDK2, est un jeu quelque peu ancien pour lequel les conclusions sont à peu près les mêmes que sous Quake3 : seul le 1600x1200 est vraiment décisif. En effet si les Radeon sont nettement distancées en 800x600 et 1024x768 c'est surtout que l'on peut voir comme un plafond atteint dans ces résolutions. Plafond qui ne semble pas vraiment représentatif.
En 1600x1200 en revanche les différences entre les cartes sont plus caractéristiques et conduisent aux mêmes conclusions qu'avec Quake3 : Radeon 8500 et Ti500 mènent la danse, devant le couple Radeon 8500 LE et GeForce3 encore au coude à coude. La Ti200 ferme à nouveau la marche avec toujours 10fps de moins que le Radeon 8500 LE.Alors que la page précédente permettait de voir les différences entre les compétitrices avec des titres tirant parti des bibliothèques OpenGL, il est temps de voir ce qu'elles en mode Direct3D. Les outils employés ici ne sont pas vraiment plus originaux que tout à l'heure puisque nous avons utilisé le bench 3D Mark dans sa version 2001, DroneZ et VillageMark (version Direct3D).
Les pilotes ATI en version 7.60 offraient déjà au Radeon 8500 une nette victoire sur les GeForce3, et si la version 7.63 ne change pas la donne, l'avance était suffisante pour que cela constitue pas un gêne. Le modèle "LE" se tire, quant à lui, très bien de la comparaison avec le GeForce3 Ti500, qu'il devance en 800x600 et égale même en 1024x768.
Le Radeon 8500 "haut de gamme" s'adjuge donc la première place et cela quelle que soit la résolution employée. Il faut toutefois reconnaître qu'il semble perdre du terrain à mesure que cette dernière augmente et s'il l'emporte encore en 1600x1200 ce n'est que d'une très courte tête.
DroneZ donne pour sa part des résultats moins en faveur des chips d'ATI. Sans pour autant être ridicules les puces graphiques du géant canadien sont davantage malmenées par les GeForce3 et l'ensemble fait fortement penser à ce que l'on pouvait observer sous Quake3, en 1600x1200 au moins.
Dans les résolutions inférieures les résultats sont effectivement plus surprenants, mais comme les différences sont très faibles, nous n'en tiendrons pas vraiment compte, pour surtout nous concentrer sur la résolution maximale qui donne le classement suivant : GeForce3 Ti500, Radeon 8500, GeForce3, Radeon 8500 LE, GeForce3 Ti200 avec des écarts on ne peut plus réguliers, preuves de la qualité du Radeon 8500 qui généralement fait jeu égal avec le modèle NVIDIA situé dans la gamme de prix supérieure (Radeon 8500 LE avec GeForce3 et Radeon 8500 avec Ti500).
VillageMark est un outil développé par PowerVR pour démontrer la puissance de son architecture Tile Rendering lorsqu'il s'agit de manipuler des scènes complexes. Les Kyro ont en effet l'avantage de ne travailler que sur les éléments visibles de la scène et seuls ces Processeurs sont censés bien se comporter.
Avec cet outil, l'intérêt de l'architecture HypeZ II est évidente et les GeForce3 de NVIDIA ne font clairement pas le poids. Il ne s'agit évidemment que d'un outil de mesure mais il permet de bien mesurer le travail effectué par ATI dans certains domaines. Maintenant comme toute technologie 3D, si ce n'est pas utilisé par les développeurs ce sera en vain... Qui vivra verra !
Le SmoothVision dans la pratique
Dans la première partie de notre article nous revenions sur le fonctionnement du SmoothVision tant cette technologie est importante. La non-implémentation de cette technique aux premiers pilotes d'ATI avait en effet été un des principaux reproches fait au Radeon 8500. Cette erreur est aujourd'hui réparée et en théorie de fort belle manière... Reste à voir les résultats obtenus en pratique.Le Full-Scene Anti-Aliasing tend à prendre de plus en plus d'importance et en particulier chez les joueurs. Même si elle compte encore beaucoup de détracteurs (moi le premier), les récents progrès effectués permettront de convaincre toujours plus d'utilisateurs et les tests avec ces fonctions activées se feront certainement plus nombreux à l'avenir.
En attendant, nous nous contenterons de voir les résultats obtenus par les différentes cartes en 1024x768. Nous avons comparées les cartes en activant le Quincux pour les GeForce3 et le SmoothVision pour les Radeon 8500. Pour ces dernières nous avons fait deux tests : l'un en mode "Qualité" et l'autre en mode "Performances" afin d'avoir des points de comparaisons plus justes. De plus nous n'avons par modifié les filtres anisotropiques, les laissant par défaut pour les deux cartes (sachant qu'il est possible de modifier la base registre Windows pour obtenir une meilleure qualité avec les GeForce3 mais c'est une "bidouille" à réserver aux plus expérimentés").
Comme vous pouvez vous en rendre compte, les résultats sous Quake3 parlent d'eux-mêmes et ATI semble avoir fait du très beau travail. Son Radeon 8500 se place ainsi assez nettement en tête et la version "LE" est à mi-chemin entre le GeForce3 et le Ti500 selon que l'on choisisse le mode "Qualité" ou "Performances". Notez finalement, que si les différences visuelles ne sont pas si visibles qu'on veut bien nous le faire croire, elles existent tout de même et sont à l'avantage des Radeon 8500... Enfin à vous de faire une opinion avec les 3 captures ci-dessous.
Quincux, SmoothVision - Performances et SmoothVision - Qualité
Overclocking
Malgré ses fréquences déjà très élevées le Radeon 8500 nous avait surpris par son potentiel en overclocking. Il avait en effet été possible de passer le core à 300MHz et la mémoire à 3.6ns acceptait un relativement impressionnant 305MHz ! Il était donc intéressant de pouvoir juger du comportement de son petit frère "LE" face à cet exercice.Nous n'avons cependant pas pu évaluer cela pour la bonne et simple raison que la carte dont nous disposions était exactement identique à la Radeon 8500 mis à part son processeur non certifié à 275MHz mais à 250MHz. Les construteurs tiers proposeront aux environs du mois de février prochain des cartes avec un design différent qu'il sera dès lors intéressant de tester face à l'overclocking !
Conclusion
Si avec sa Radeon 8500, ATI était clairement revenu sur le devant de la scène, cette version "LE" lui permet de faire à peu près le même coup que NVIDIA avec le Ti200. Les deux entreprises disposent maintenant de composants performants, fiables et bon marchés pour des utilisateurs exigeants mais qui ne veulent pas se ruiner avec l'achat de la seule carte graphique.Le Radeon 8500 LE semble même prendre l'ascendant sur le GeForce3 Ti200. Doté de fonctions un peu plus avancées, bien qu'encore inexploitées, et signant des performances légèrement supérieures, il ne reste pour le poulain de NVIDIA que l'avantage du prix pour faire la différence. Il faudra donc faire très attention à l'évolution du marché avant d'arrêter son choix tant les cartes sont proches.
ATI dispose toujours de fonctions que l'on qualifiera d'étendues (DVD, Hydravision, Truform...), NVIDIA conservant, pour sa part, un meilleur soutient de la part des éditeurs de jeux, garantissant un suivi un peu plus important de ses produits. N'en déplaise aux détracteurs de l'une ou de l'autre de ces compagnies, leurs cartes ont toutes deux des arguments à faire valoir : le difficile choix sera donc à faire en fonction de vos besoins et non plus d'une quelconque "réputation"...