Un cochon c'est méchant !
Il faut le savoir, le porcin est un animal traître ! Pensez donc, s'attaquer à de pauvres petits lapins sans défense. Des éléphants encore on aurait compris, mais des lapins. Non vraiment, le cochon est traître. En plus croyez-vous qu'il aurait pris le temps d'une déclaration en bonnet difforme (oups, bonne et due forme, c'est mieux) avec trois exemplaires dont un déposé à la préfecture ? Que non point ! Le 3 août, sans rien dire à personne, toute l'armée « Porcine Éclairée » s'est ruée à l'assaut de Carrotterre et en pas beaucoup de temps, à moins que ce ne soit encore trop, l'ensemble du pays était envahi. La capitale sous blocus et l'armée lapine décimée, il n'y a plus beaucoup d'espoir de liberté pour nos sympathiques rongeurs... Plus beaucoup, mais encore un petit peu, non ? Voilà après avoir sauvé le monde un nombre incroyable de fois, vous êtes attaqué aux démons les plus répugnants, avoir triomphé de la menace extra-terrestre et même pour certains d'entre vous (ils se reconnaîtront) avoir vaincu le tentacule pourpre, il va maintenant falloir venir au secours de ces boules de poils effrayées par ces jambons sur pattes à l'ego surdimensionné.Les unités gagnent en expérience et en efficacité... Si elles survivent bien sûr !
Malgré une entrée en matière plutôt amusante et gentiment à contre-courant de ce qu'on a l'habitude de voir, S.W.I.N.E. reste un jeu de stratégie temps réel et respecte à ce titre les règles les plus communément établies. L'humour auquel nous aspirions tant, se trouve finalement relégué à quelques scènes cinématiques éparses ou aux braillements de vos unités. Ce constat est faisable dès les premières minutes de jeu. Alors que l'on espérait des unités originales, des blagues fréquentes ou des situations rocambolesques, il faut reconnaître que, dans l'ensemble, les parties restent très conventionnelles. On est loin par exemple du délire rencontré lors d'un affrontement sur Worms. Ce constat établit, il ne faut pas pour autant de rejeter d'emblée cette énième déclinaison des gentils contre les méchants. Qui sait, peut-être a-t-il de quoi tenir tête aux ténors du moment ?
Pas de « paysans », pas de ressources
Stratégie temps réel ne veut pas forcément dire copie conforme de StarCraft ou Age Of Kings et pour leur premier titre du genre les développeurs de Stormregion ont choisi de s'inspirer davantage de Sudden Strike que des deux mastodontes précédemment cités, la Seconde Guerre Mondiale en moins ! Ici pas de paysans pour construire votre base, pas plus de ressources pour décider de la production des unités. D'ailleurs, on ne produit même pas d'unités ! Pas de production ? Mais comment se battre me direz-vous... Et bien, avec celles qu'on vous donne en début de mission, voudrais-je non sans avoir laissé apparaître un petit rictus moqueur. Voilà, l'essentiel du jeu est en fait maintenant résumé. Au début de chacune des 30 missions qui composent les deux campagnes proposées (une pour les cochons, une pour les lapins) vous aurez un certain nombre de crédits qu'il faudra dépenser en achetant diverses unités. Ensuite, vous aurez à les chérir, car elles devront tenir jusqu'à l'accomplissement des objectifs. Sachez en outre que les unités qui auront survécu à une mission, vous accompagneront pour la suivante, d'où l'intérêt de prendre vraiment soin de vos petits gars ! L'ennemi étant souvent en surnombre, il ne faudra évidemment pas vous lancer dans des attaques de grandes envergures, mais plutôt procéder en guérilleros !Un relief réussi, de beaux effets de lumière et des détails sympa : pas de doute, du tout bon !
La qualité de la réalisation est incontestablement l'un des points qui sautent le plus rapidement aux yeux. Sans faire d'excès, les développeurs nous proposent un jeu remarquablement soigné, qui fleure bon le travail bien fait. Le moteur mis au point pour l'occasion est intégralement en 3D mais n'en oublie pas pour autant les petits détails qui font plaisir. On peut effectuer des rotations du terrain sur 360° et seul le zoom est critiquable puisqu'un peu trop limité. En revanche, le dessin des unités est très réussi avec un luxe de détails bien agréable et des mouvements très naturels. On peut par exemple voir les traces laissées par certains véhicules sur le sol ou se délecter des différents décors présents et des effets de lumière. La bande-son souffre de la comparaison et ne restera pas dans les mémoires. On pourra par exemple reprocher au musicien son manque d'inspiration (les musiques sont assez quelconques) mais ce sont surtout les voix françaises des différents intervenants qui horripilent. Ce relatif énervement est principalement dû aux blagues souvent ratées qui accompagnent la sélection de chaque unité : ce n'est pas drôle et ça agace !
Quoi de neuf, docteur ?
Malgré ses nombreuses qualités et en particulier sa réalisation très réussie, S.W.I.N.E. ne parvient pas à séduire plus de quelques heures. On finit par en faire le tour assez rapidement et le jeu devient alors un peu lassant, avec des missions solo qui se suivent et se ressemblent. Quant à l'humour qui devait le démarquer de la concurrence, force est de constater qu'il ne passe pas vraiment... Je dois être aigri par la vie :-)Le mode multijoueurs parvient pourtant à compenser ce manque de défis proposé par le jeu en solitaire mais il est encore possible de trouver plus complet et plus efficace ailleurs. La déception est d'autant plus importante que le titre avait clairement du potentiel et que sans vraiment être un échec, il s'agit d'un relatif gâchis. Un jeu donc qui pourra plaire et que les impénitents en manque de RTS se payeront sans doute avec bonheur, mais les nouveaux venus ou les joueurs occasionnels devraient plutôt aller voir ailleurs, ils trouveront plus aboutit.