Les J.O. de Salt Lake viennent à peine de s'achever que Lankhor et Microïds nous proposent de faire durer le plaisir avec une simulation au parfum somme toute particulier. Vous pourrez en effet raccrocher les skis, Ski Park Manager permet, comme son nom l'indique, aux joueurs que nous sommes de s'adonner à la gestion d'une station de ski.
Les vieux brisquards du jeu vidéo auront une autre raison de s'intéresser à ce nouveau jeu Lankhor puisqu'il s'agit du dernier soft développé par l'équipe française. C'est donc la tête pleine de souvenirs que je m'apprête à tester ce logiciel. Des souvenirs qui m'emmène du côté de Maupiti et font renaître Jérôme Lange...
Lankhor for ever ?
Il faut pourtant se faire bien vite une raison, car il n'est pas question d'enquête policière ou même de simulation de F1. Avec ce nouveau jeu, Lankhor s'est en effet attelé à un genre inhabituel pour lui : celui du jeu de gestion dans le plus pur style des "tycoon machin chose".Après les parcs d'attraction, les casinos et les entreprises de tous poils, nous voici donc conviés à l'exploitation d'une station de sports d'hiver avec tout ce que cela comporte d'original. Mis à part le bien décevant Ski Resort Tycoon, il faut bien reconnaître que cela n'avait jamais été abordé.
Une simulation tout schuss !
Après une vidéo d'introduction vantant les mérites des sports de glisse à travers l'ensemble du XXème siècle, nous arrivons à un petit menu bien sobre. A partir de celui-ci, le joueur aura en fait accès à l'essentiel des fonctions disponibles, il faut dire qu'elles sont assez peu nombreuses : charger une sauvegarde, commencer une nouvelle partie, quitter le jeu.L'introduction et le menu principal
Il ne faudra pas plus compter sur une option multijoueurs (ni en local, ni via Internet), que sur un quelconque didacticiel pour démarrer votre première partie. Ski Park Manager ne s'adresse en fait pas vraiment aux débutants. La liste des scénarios disponibles atteste d'ailleurs de cette orientation prise par les développeurs. Il y a bien une trentaine de scénarios possibles avec trois niveaux de difficulté, mais on ne retrouve à aucun endroit les traditionnelles "campagnes" aux objectifs très précis et progressifs.
Ex-nihilo ?
Non, il ne s'agit pas d'une insulte et encore moins du programmeur principal du jeu... Si j'étale ici mon incommensurable savoir de latiniste émérite c'est pour définir la manière d'aborder chacun des scénarios proposés : à partir de rien (ou ex-nihilo). Certains joueurs aiment à être guidés tout au long de leurs parties et d'autres non. C'est une question de goûts mais il faut bien savoir que Ski Park Manager n'a que faire de cette première catégorie de joueurs.Les parties commencent toutes de la même manière, c'est à dire avec une somme d'argent plus ou moins importante selon le niveau de difficulté et surtout un simple portail symbolisant l'entrée de la station. Ensuite ? A vous de vous débrouiller ! Il est certain que les premières parties ne ressembleront pas à grand chose ! L'absence de didacticiel et le fait que le manuel ne fasse que décrire les différentes composantes du jeu, n'aident pas vraiment le joueur, qui se retrouve un peu perdu au milieu d'un monde qu'il ne connaît pas.
Il faudra donc commencer par mettre en place quelques structures d'hébergement et fournir le minimum vital aux premiers visiteurs : office de tourisme, magasin de location d'équipement, école de ski... Il sera ensuite temps de s'occuper de la création des pistes. Vous aurez à en choisir le tracé mais aussi à en définir la difficulté (vous savez la fameuse couleur)... Attention de ne pas faire n'importe quoi !
Ces quelques opérations de base effectuées vous pourrez alors ouvrir votre première station au public et vous rendre compte avec horreur que vous n'avez pas acheté assez de dameuses ou que vous n'avez pas planifié le travail de vos secouristes ! Résultat ? Ils ne feront rien du tout et vous allez bientôt vous retrouver avec des blessés par dizaines et pourquoi pas quelques morts sur la conscience !
Une prise en main relativement délicate
Les néophytes en auront certainement plus qu'assez car évidemment cette première station se révélera bien vite un fiasco complet ! Les dettes vont s'accumuler, les blessés s'empiler pour que finalement votre domaine ait la plus mauvaise réputation et que les visiteurs cessent de venir... La banqueroute n'est plus loin !Il ne faudrait toutefois pas s'arrêter à ce bête premier échec. L'absence de didacticiel contraindra le joueur à expérimenter pour comprendre ses erreurs. Après plusieurs parties le joueur persévérant commencera à voir pourquoi ses pistes n'attirent personnes. Il saura assez rapidement comment faire des tracés suffisamment rapides pour mériter l'appellation "piste noire" ou au contraire plus doux pour ne pas rebuter les débutants.
Le jeu prendra alors toute son ampleur et pourra démontrer ses nombreuses qualités. La gestion de la météo est un élément qu'il ne faudra par exemple par négliger puisqu'il conditionne directement l'enneigement des pistes. Les recherches technologiques permettront de mettre au point de nouvelles structures d'hébergement plus luxueuses, de fournir des loisirs plus variés aux visiteurs ou encore d'améliorer l'entretien du domaine.
Techniquement hétérogène
Le jeu devient alors plus intéressant et le terme "Manager" du titre prend tout son sens. Sans toutefois égaler les ténors du genre comme RollerCoster Tycoon, ce Ski Park Manager devient très prenant et suffisamment varié pour entraîner le joueur jusqu'au petit matin plusieurs semaines durant.Une rotation complète du terrain est possible
La réalisation technique générale n'est pas étrangère à cet réussite. En effet et pour la première fois depuis longtemps, un "tycoon" propose un graphisme vraiment réussi. La montagne n'a d'ailleurs jamais été aussi bien représentée sur ordinateur. Le mélange 2D / 3D permet un luxe de détails assez extraordinaire, tout en mettant l'accent sur la sensation de relief.
Les différentes copies d'écran montrent assez clairement combien le jeu est "mignon", mais elles ne montrent pas l'aspect "fourmilière" que possède l'ensemble une fois que le nombre de visiteurs dépasse les 200. Malgré ces aspects positifs il convient aussi de parler de ce qui risque de rebuter encore quelques joueurs de plus...
En effet l'interface n'est pas toujours exempte de défauts et mêmes les joueurs les plus habitués à ce style de jeu auront parfois quelques difficultés à parvenir à leurs fins. Alors que le bouton gauche est bien sûr réservé aux "validations", le droit fait quant à lui apparaître un menu relativement dépouillé. A partir de celui-ci on accède à différentes rubriques comme la construction, la terraformation, les tableaux de gestion et les réglages/sauvegardes. Jusqu'ici tout va bien et même si certaines options obligent à fouiner parmi trois ou quatre sous-menus, cela reste relativement accessible.
Là où en revanche le bas blesse c'est lorsque les actions nécessiteront l'emploi plus ou moins simultané des deux boutons de la souris. Des opérations comme la terraformation, la déforestation ou encore la mise en place des pistes de ski obligeront à jongler entre les deux boutons pour d'un côté définir la zone cible et de l'autre faire défiler la carte afin d'avoir une vue plus globale. On s'emmêle un peu les pinceaux et le fait de devoir refaire toutes les étapes pour chaque nouvelle action (chaque portion de forêt à supprimer par exemple) énerve passablement.
A ce problème d'interface que l'on ne peut vraiment comprendre qu'en essayant le jeu, s'ajoutent çà et là divers petits bugs qui ne gêneront pas les vieux routards de la gestion assistée par ordinateur, mais qui décevront le joueur occasionnel. On peut par exemple citer le relatif manque de lisiblité des cartes, le contrôle pas toujours très précis lors de la sélection de zones (pour la terraformation ou le déboisement) ou encore un manque certain d'automatisation des tâches (pour fixer les tarifs par exemple). Pour autant ces défauts sont contre-balancés par quelques atouts plus que sympathiques : ainsi l'espace occupé sur le disque dur est ridicule (55Mo !) et la configuration nécessaire tout à fait modeste (un Celeron 400 et 96Mo fait très bien tourner l'ensemble).
Quel note pour le juge français ?
Voilà très certainement ma dernière conclusion d'un test de jeu Lankhor. Ca peut paraître stupide mais ça fait quand même bizarre de se dire que cet éditeur ne sortira plus aucun nouveau titre... Moi qui espérait secrètement retrouver notre ami détective Jérôme Lange pour de nouvelles aventures.Mettons cependant de côté ce sentimentalisme de pacotille pour énnoncer notre avis quand à ce barroud d'honneur. Il faut tout d'abord être très clair, Ski Park Manager ne se destine pas aux néophytes dans la mesure où sa prise en main n'est pas évidente. L'absence de didacticiel oblige le joueur à essayer différentes choses pour appréhender le fonctionnement de la simulation et les moins courageux risquent bien de baisser les bras très rapidement.
Cet élément pris en compte, il nous reste un logiciel attachant à plus d'un titre bien qu'entâché de quelques défauts de jeunesse, Lankhor n'étant pas un habitué de ce genre de soft. Les parties sont malgré tout très amusantes et la variété des situations devrait offrir une durée de vie plus que correcte... Les amateurs de gestion à la Rollercoster Tycoon devraient assurément y jeter un coup d'oeil.
Graphismes : 15/20
Bande son : 11/20
Intérêt : 12/20
Durée de vie : 13/20
Bande son : 11/20
Intérêt : 12/20
Durée de vie : 13/20