Les joueurs PC sont plus habitués aux jeux d'aventure en vue subjective (Deus Ex, System Shock) ou aux RPG plus « classiques » (Arcanum, Baldur's Gate, Fallout) puisque inspirés de jeux de plateau célèbres. Il pouvait donc sembler un peu téméraire de proposer à un tel public des jeux dans le plus pur style de ce qu'on trouve sur console... Surtout quand on regarde les tentatives précédentes (Final Fantasy) et leurs échecs retentissants !
Et vive l'originalité du scénario !
Autant le dire tout de suite, les scénarios, soi-disant inspirés, des RPG console m'ont toujours profondément ennuyés. Avec leur pseudo originalité, leurs intrigues éventées et leurs dialogues faisant constamment honneur au terme « poncif », ces histoires ne m'ont jamais vraiment intéressé et je préfère encore le parti pris de titres PC comme Serious sam (qui au moins ne se prend pas trop au sérieux) aux élucubrations maniacophilosophiques des Final Fantasy par exemple. Mais je m'emporte et en oublie complètement la sacro-sainte objectivité qui caractérise le journaliste sans peur et sans reproche dont je suis la plus parfaire illustration (NDLR : ?!?!). Ne parlons donc pas des autres logiciels et restons-en à Grandia 2 qui nous propose un scénario digne des plus grandes œuvres littéraires du siècle dernier : les Hugo, Zola et autres Balzac n'ont qu'à bien se tenir... Voici une histoire qui restera dans les annales ! Un très très méchant démon du nom de Valmah vaincu il y a un bon millier d'années a décidé de revenir se venger. Décomposé par la très très gentille divinité autrefois victorieuse, le démon ne revient bien sûr pas en seul morceau. C'est en escortant une jeune prêtresse chargée d'exorciser un bâtiment que vous allez vous retrouver mêlé à cette histoire et devoir bien évidemment sauver l'ensemble de la création.L'introduction ne dévoile rien du scénario pour en ménager les effets !
Ne soyons cependant pas mauvaise langue et mauvais scénario n'est évidemment pas synonyme de mauvais jeu... Heureusement d'ailleurs, sans quoi nous n'aurions pas beaucoup de logiciels à nous mettre sous la dent. Alors, mettons de côté cet aspect finalement classique du jeu vidéo pour nous attaquer à ce qui fait vraiment la qualité d'un soft : sa jouabilité. La mission confiée à notre héros se découvre petit à petit au fur et à mesure de l'aventure et ce qui ne devait être qu'une mission de « chaperonnage » se transformera en escorte armée puis carrément en lutte contre le mal avec tout ce que cela comporte de rebondissements et de combats. Notre petit Ryudo aura du fait de ces rebondissements largement le temps de découvrir les nombreuses contrées qui composent le monde de Grandia 2. Ryudo fera rapidement équipe avec Elena et tous deux tenteront d'élucider le mystère qui entoure la jeune fille en visitant différentes villes, en discutant avec de nombreux PNJ et en affrontant les innombrables créatures hostiles qui peuplent cet univers. La carte principale vous permettra de voyager entre les différentes régions et de nouveaux lieux apparaîtront au fur et à mesure de votre progression.
Un système de combat intéressant, mais une aventure trop linéaire
Mise à part l'ambiance console qui se dégage du jeu et qui ne sera sûrement pas pour déplaire à de nombreux joueurs PC pas assez fortunés pour se payer deux machines et tous les titres qui vont avec, Grandia 2 dispose d'autres atouts susceptibles de vous convaincre. Il dispose en particulier d'un système de combat tout à fait original à mi-chemin entre le temps réel d'un bon vieux shoot et le tour par tour parfois agaçant d'un Fallout. Un petit coup d'oeil aux photos vous permettra sans aucun doute de mieux appréhender mon explication et je vais tâcher de faire simple pour ne pas vous embrouiller. Le combat démarre dès lors que vous croisez une ou plusieurs créatures. Selon que vous ayez ou non été pris par surprise, l'initiative sera votre ou bien à l'adversaire. Celle-ci détermine qui débutera l'assaut, mais il faut tout de suite parler de la double barre présente dans le coin inférieur droit. Une barre pour les adversaires, une autre pour Ryudo et son équipe. Sur ces barres apparaissent les têtes des personnages qui progresseront de gauche à droite selon sa vitesse. Deux marques définissent des étapes sur ces barres : la première détermine le moment à partir duquel on peut choisir quel type d'attaque adopter (classique, coup critique, combos, magique...) et la seconde est l'instant où le coup sera porté.Quelques exemples de ce que peut donner un combat
Cela pourra par exemple permettre à un héros rapide d'avoir parfois le temps d'attaquer deux fois avant qu'une créature ne puisse répondre. Mais cela donne surtout un aspect tactique supplémentaire aux combats puisqu'il faudra prendre en considération le temps que met une attaque à être réalisée. Les attaques magiques étant évidemment plus longues à finaliser. Ce système de combat est pour le joueur PC une grande nouveauté même si l'habitué de la Playstation le connaît déjà pour avoir pratiqué Grandia premier du nom. Il permet également d'apporter un peu de sang neuf aux affrontements et ce n'est pas rien tant ils seront nombreux tout au long de l'aventure. Nous touchons d'ailleurs là l'un des plus gros problèmes (en attendant le paragraphe prochain) du jeu. C'est une habitude avec les RPG qu'ils soient sur console ou sur ordinateur : ce sont les combats qui permettent de faire progresser son héros, mais ce sont aussi eux qui servent d'unique moteur à l'histoire. Cette prépondérance est toutefois encore un peu plus importante dans les RPG console, le pire étant atteint lorsque les combats (souvent inintéressants, car très faciles) ne font que se succéder comme c'est ici le cas. On m'objectera sûrement qu'il est possible de les éviter, mais je dirais qu'alors il n'y a plus grand-chose à faire à part lire les interminables dialogues : sans voix, exclusivement en anglais et sans possibilité de les couper, il faut en vouloir tout de même !
Quid de nos super Cartes Graphiques ?
Venons-en à ce qui risque de décevoir nombre d'amateurs de jeux sur PC, au moins ceux pour qui la qualité d'un jeu passe irrémédiablement par une réalisation technique ébouriffante. Comme nous l'avons déjà dit et répété, ce Grandia 2 PC est pratiquement l'exacte reproduction de la version Dreamcast sortie il y a maintenant plus d'un an, avec toutes les conséquences que cela implique. Si lors de sa sortie en février 2001, le jeu paraissait très réussi graphiquement il faut reconnaître qu'aujourd'hui et malgré la possibilité de choisir parmi trois résolutions (du 640x480 au 1024x768), l'ensemble tient la route, mais sans plus. Mon instit' de primaire aurait sûrement souligné mes propos par l'évocateur « doit faire ses preuves » de ma plus tendre enfance. D'une manière générale, les joueurs devraient tous convenir du manque de précision des textures qui au passage sont assez peu nombreuses. Ils devraient également tous être d'accord sur la pauvreté des « effets spéciaux » et en particulier des sorts ! Alors qu'il s'agit de la marque de fabrique de ces softs, il faut ici se contenter de quelques effets de lumières certes sympathiques, mais bien loin du feu d'artifice auquel je m'attendais. La réalisation ne décevra cependant pas les amateurs qui auront en plus la joie de pouvoir profiter du jeu même sur de « petites » machines. Un simple Pentium 3 500MHz épaulé par quelques 128Mo de RAM et une GeForce2 MX400 suffiront effectivement pour jouer dans de très correctes conditions. Les autres en revanche regretteront évidemment que plus de soin n'ait pas été apporté à cette conversion... Si encore le jeu était sorti presque immédiatement après la version Dreamcast.Le sort « Burn » en trois étapes
Conclusion
Conversion tout à fait réussie de la version Dreamcast, ce Grandia 2 est à n'en pas douter promis à un grand avenir auprès des amateurs de RPG console. Il permettra à tous de jouer à ce genre sans avoir à acheter la console qui va avec ! Mis à part une résolution supérieure, le jeu n'a connu aucune amélioration et si la version originale disposait de remarquables qualités on aurait tout de même bien aimé avoir quelques petites choses en plus. Il s'agit donc d'un bon jeu pour ceux qui connaissent le genre et d'un très bon moyen de s'y mettre pour ceux qui y sont encore étrangers. En revanche, les amateurs de jeux de rôle plus habitués aux logiciels PC en seront assurément pour leurs frais : la linéarité des RPG console n'est plus à prouver, les dialogues sont trop longs sans être intéressants et les combats demeurent le principal élément dramatique (entendez qui fait avancer l'histoire) d'un scénario tout à fait classique.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le