Voici donc enfin venue la version PC du troisième volet de la série Grand Theft Auto. Cette série qui pour le moment a surtout fait parler d'elle du fait d'une réputation des plus sulfureuses. Une réputation que Rockstar Games entretient mais cette fois avec en plus l'intégration d'une réalisation qui promettait d'être époustouflante.
GTA... 3ème prise !
Avec le battage qui a été fait autour du troisième volet, les nouveaux venus dans l'univers du jeu vidéo pourraient penser que les deux premiers épisodes constituaient des chefs d'oeuvre. Pourtant il faut bien reconnaître qu'on était loin du compte avec des titres qui souffraient de deux tares majeures : le manque d'objectifs et surtout une réalisation franchement datée même pour l'époque.Sorti en 1997, Grand Theft Auto fit sensation du fait du concept de jeu qu'il proposait. Un concept foncièrement provocateur et totalement immoral. Le jeu proposait donc de prendre le contrôle d'une petite frappe et de lui faire monter les échelons de la délinquance locale. Il fallait pour cela réussir des missions qui nous étaient confiées les unes après les autres pour finalement accumuler le plus d'argent possible.
Le GTA premier du nom était un peu moche !
Si le jeu solo restait rigolo, on tournait assez rapidement en rond et devant ce manque de buts, l'addition paraissait finalement un peu salée. Seul le mode multijoueurs permettait de rallonger véritablement la durée de vie d'un jeu qui ne fut renouveler ni par son extension (London 1969), ni par sa suite (GTA 2 sorti en 1999). Cette dernière était même très décevante car beaucoup plus lourde graphiquement sans être vraiment plus jolie.
Il y a quelque chose de pourri à Liberty City
Ce troisième épisode commence sur un casse qui tourne mal pour le personnage que nous allons ensuite incarner. Trahi par sa petite amie et complice, il est arrêté par les forces de l'ordre et se voit évidemment écroué, les preuves étant accablantes. Il ne restera cependant pas bien longtemps derrière les barreaux... Heureusement pour nous !Au cours d'un banal transfert de prisonniers, il a en effet la chance de profiter des efficaces amis d'un autre détenu pour s'évader. Accompagné d'un spécialiste en explosif, le redoutable 8Ball, il parvient à voler une voiture et à se faire oublier de la police. Le jeu peut alors commencer pour notre protégé qui devra tout d'abord faire confiance aux amis de son compagnon de fuite.
Le principe de jeu s'annonce assez rapidement très proche des deux premiers volets puisque vous aurez de la même manière à enchaîner les missions que vous confient les pontes locaux. La ville est divisée en trois zones qui se découvriront au fur et à mesure de la partie, faisant apparaître de nouveaux lieux bien sûr, mais aussi de nouveaux clans et tout un tas d'options supplémentaires que nous détaillerons plus tard. Selon la portion de ville dans laquelle vous vous trouvez, différents caïds feront appel à vous à commencer par les amis de 8Ball les redoutables tenants de la mafia locale : Salvatore Leone et toute sa clique.
Un système de jeu très simple à prendre en main
Sur la mini-carte située dans le coin inférieur gauche vous pourrez voir apparaître différentes informations comme votre planque, le garage de 8Ball ou alors les propriétés des différents mafieux : Luigi, Joe et Salavatore. En allant voir l'un de ces trois criminels vous vous verrez confier des missions plus ou moins dangereuses et surtout plus ou moins rémunératrices. L'un des buts du jeu étant bien sûr d'accumuler un maximum d'argent. Argent qui servira à la fois de score et de cagnotte pour acheter différentes armes.
De l'importance du scénario
Une fois le rendez-vous avec l'un des chefs locaux terminé (c'est en général l'occasion d'assister à une petite cinématique réalisée à partir du moteur du jeu), vous devrez vous lancer dans la mission qui vous a été confiée. Certaines d'entre elles sont chronométrées, il faudra donc parfois bien connaître la ville avant de vous lancer et vous aurez même de temps en temps besoin d'un véhicule particulièrement rapide pour mener à bien les objectifs imposés. Heureusement il est possible de sauvegarder entre chaque mission en vous rendant à votre "planque" qui permettra aussi de sauvegarder le ou les véhicules (selon la partie de la ville où vous vous trouvez) en votre possession.Les missions sont toujours les mêmes quelques soient les choix que vous avez pu faire. Vous pouvez par exemple décider de faire une mission pour Luigi puis une pour Salvatore ou l'inverse, cela n'a aucune influence sur le type de mission proposé. Au fur et à mesure de ces missions "principales" vous verrez se dessiner une petite histoire. Pas bien compliqué et avec une trame scénaristique relativement "bateau", cette aventure vous raconte des histoires de traîtrises, de domination et de rivalités entre de gros poissons aux activités pas jolies-jolies.
En plus de ces "gros" contrats avec les plus importants clans de la ville (les Italiens, les Yakusas...), vous pourrez remplir de petites missions pour des personnages de second plan. En effet, au cours de vos allées et venues en ville, vous pourrez prendre contact avec certains gangs via les cabines téléphoniques publiques. Les missions alors proposées sont en général plus variées et vous pourrez par exemple prendre part à une folle course dans les rues de la ville. Vous aurez également la possibilité de recevoir différentes informations par le biais du pager que vous conservez toujours avec vous. Enfin d'autres missions plus originales vous attendront dans certains véhicules.
Quelques uns des bonus disponibles
Pour ne pas dévoiler toutes les surprises je vous laisse le soin de découvrir vous-même ces missions particulières qui sont surtout l'occasion de varier un peu les situations afin que le joueur ne ressente pas trop de lassitude. Il est ainsi conseillé d'essayer un peu les voitures de police, les taxi, les ambulances et les camions de pompier. De la même manière quelques missions spéciales peuvent être dénichées au travers de bonus disséminés sur la carte, parmi eux les traditionnels bonus de vie, armes, armures et annulation d'avis de recherche.
Une ville entièrement en 3D
Avec tout ce que l'on vient de dire, on finirait par se demander où se trouve la véritable innovation qui transforma le modeste GTA2 en GTA3, le hit-planétaire de la Playstation 2. Pour avoir joué à cette version ou au moins avoir vu quelques copies d'écran, ceux qui suivent un minimum le jeu vidéo connaissent évidemment déjà la réponse et elle tient en deux caractères : 3D.Pour ce nouvel opus, Rockstar Games a en effet décidé de faire tabula rasa et de revoir complètement l'aspect technique de sa série "ludico-gangstérienne". Il ne reste plus rien du graphisme vieillissant, désuet et franchement moche du second épisode et ce GTA3 exploite un moteur 3D flambant neuf, qui donne vraiment envie d'arpenter les rues de cette Liberty City.
L'ensemble de la ville est ainsi modélisé avec ses gratte-ciel et ses tunnels, ses ponts et son port, avec surtout son impressionnant relief et sa population cosmopolite. La promenade est possible à pied ou en voiture (les contrôles sont facilement paramétrables mais le pad est relativement déconseillé) et découvrir les richesses de la ville sera très vraisemblablement ce que la plupart des joueurs fera en premier.
On est dans un premier temps très impressionné par le travail réalisé. Les bâtiments sont superbes et vraiment très différents d'un point de vue architectural. Certaines rues ont un aspect sordide qui contraste évidemment avec les grandes avenues proches du stade. Le relief est remarquablement rendu et certaines portions de la ville nous transforment presque en Michael Douglas dans les "Rues de San Francisco" (Oh le mec, Les références !).
Certaines parties du décor permettent de belles cascades
La liberté d'action paraît presque totale et on peut aussi bien suivre tranquillement le flot des autres véhicules, s'arrêter aux feux et respecter l'ensemble de la signalisation que jouer aux chauffards, écraser les piétons et transformer Liberty City en gigantesques auto-tamponneuses. Pourtant après quelques dizaines de minutes de jeu, on se rend compte que la liberté est finalement plus limitée qu'il n'y paraît et que la ville n'a pas grand chose à voir avec la réalité.
Des limitations parfois trop contraignantes
Déjà l'impression de vie à l'intérieur de la cité n'est pas si bien rendue, même si elle nettement meilleure que ce que pouvait proposer Midtown Madness de Microsoft. Les voitures vont et viennent sans réel but, de la même manière que les passants. On se demande ainsi pourquoi un camion de poubelle circule en plein milieu d'après-midi ou pourquoi les convoyeurs de fonds sont encore de sortie la nuit tombée. On regrettera aussi le manque d'interaction de notre personnage avec cette ville. Il n'est hélas bien sûr pas question de visiter les intérieurs des bâtiments et vos visites des toits ne pourront se faire qu'avec quelques rares emplacements. Notre personnage ne pourra pas non plus utiliser sa batte de base-ball pour violemment frapper le capot d'une voiture qui a manqué de nous écraser mais, plus grave, ce sont les combats dans leur ensemble qui sont un peu bâclés : à mains nues on ne choisit pas de frapper avec les pieds ou les mains, se contentant d'appuyer frénétiquement sur le bouton d'action, et avec une arme nous sommes limités de bien des manières (pas de déplacement avec la lunette du sniper, difficile de tirer à partir d'une voiture).Ces défauts restent cependant négligeables dans la mesure où une fois l'aventure commencée, ils sont relégués au second plan et se font donc beaucoup moins sentir. Il en est toutefois d'autres qui continueront certainement d'agacer un peu le joueur tout au long de ses parties. Le plus important d'entre eux concerne directement le déroulement extrêmement didactique du jeu.
Prenant le contre-pied complet de l'apparente liberté proposée par le moteur 3D, l'aventure en elle-même est extrêmement didactique, rigide et ne laisse aucune place à l'imagination. Le plus souvent il n'y a pas trente-six méthodes pour accomplir la mission proposée. Lorsque l'on vous demande de tuer un boss lors d'une réunion sur un parking, vous pourrez recommencer un grand nombre de fois, que rien n'y fera : la seule façon de le mettre hors d'état de nuire est de passé par un certain chemin pour venir l'écraser. Toute autre tentative se soldant par un échec. Je suis un peu catégorique et parfois il sera peut-être possible de trouver quelques variantes mais il est tout de même dommage qu'on ne puisse pas davantage faire preuve d'originalité.
Des missions parfois un peu répétitives
D'autant que les missions sont tout de même très proches les unes des autres. Si certaines d'entre elles sortent de l'ordinaire (récupération de paquets lâchés par un avion au-dessus de la baie par exemple), la plupart se résument à ce schéma très conventionnel : récupération d'un véhicule propice à l'exécution de la mission, découverte du lieu de l'objectif, exécution de l'objectif et fuite en faisant disparaître toutes traces du contrat... Ne soyons cependant pas trop méchants, car les développeurs ont fort bien réussi à varier différents termes de ce schéma pour apporter la variété nécessaire et le seul élément qui pourra parfois nous faire pester, est la relative difficulté de certaines missions.
Pas de multijoueurs !
Ce n'était évidemment pas une surprise puisque les développeurs l'avaient annoncé plusieurs semaines avant la sortie du jeu PC. Il faut toutefois se rendre à l'évidence, l'absence de mode multijoueurs est à n'en pas douter la plus importante lacune de Grand Theft Auto 3 et décevra d'autant plus les amateurs des versions précédentes.Le jeu solo est amusant c'est certain. Aussi scripté et linéaire soit-il, il offre un jeu plutôt bien construit avec quelques très bons moments. Il faut pourtant reconnaître que l'ensemble se termine assez rapidement et surtout qu'il n'offre pas un grand potentiel de "rejouabilité". Une fois terminé, je crains que le CD ne vienne décorer les étagères de nombre de joueurs pour s'empoussiérer à la manière du pauvre Siffli de Toy Story.
Le multijoueurs aussi limité soit-il avait ainsi permis de donner tout son intérêt aux deux premiers volets et franchement je me réjouissais vraiment à l'idée de pouvoir arpenter les rues de la ville à la recherche de mes compagnons de LAN. Les développeurs affirment que c'est pour ne pas proposer un bête deathmatch qu'ils ont choisi de ne pas inclure ce mode (des traces de multijoueurs indiquant qu'ils y ont bossé sont visibles dans certains fichiers du jeux) ! Je n'ai rien contre la bêtise d'un deathmatch, pour ma part !
Nous verrons bien ce que nous réserve l'avenir mais j'ai plutôt l'impression qu'ils se sont heurtés à de réels problèmes techniques en multijoueurs. Problèmes liés à la manière de gérer la ville en elle-même et auxquels ils n'ont pu trouver de solution. Vraisemblablement pour que le jeu soit plus léger (n'oublions pas qu'il est d'abord sorti sur Playstation 2), les piétons et les voitures ne sont pas gérés continuellement sur l'ensemble de la ville mais uniquement lorsque le joueur arrive à proximité : comment faire correspondre les rencontres entre différents joueurs sans gérer l'ensemble des voitures et des piétons ? Voilà cela n'a peut-être rien à voir avec cette hypothèse et j'espère en tout cas qu'ils pourront nous trouver une solution... Quitte à devoir télécharger un patch de 400 Mo !
FBI, char d'assaut et camion de pompier sont autant de petites surprises
Conlusion
Malgré l'absence de mode multijoueurs, d'un manque relatif de profondeur et de missions un peu répétitives, il ne faut pas faire la fine bouche : Grand Theft Auto 3 est un grand jeu. Le concept plutôt amusant du jeu original est maintenant nettement mieux maîtrisé par les développeurs. Les parties n'en sont que plus variées, plus intéressantes et donc plus plaisantes.Les défauts cités précédemment pourraient toutefois décevoir certains joueurs. La sensation de liberté offerte par le moteur est en effet assez illusoire et les promenades dans Liberty City n'amusent pas très longtemps. Qu'on se le dise, GTA3 est un bon jeu d'action mais il se cantonne à ce genre en offrant des missions très linéaires.
Enfin n'oublions pas de mentionner les problèmes de configuration rencontrés par certains. Des patchs et autres solutions commencent à arriver pour résoudre ces problèmes qui touchent heureusement peu de configurations mais risquent bien de décevoir les victimes. Espérons que des mises à jour mettent définitivement et simplement fin à ces désagréments... En rêvant d'un mode multijoueurs !