Nous assistons certainement en ce moment à l'émergence d'une nouvelle mode dans le monde bien peu novateur du PC. L'émergence d'une nouvelle mode c'est certain, mais à n'en pas douter non plus l'émergence d'un futur standard, qui risque enfin de prendre le contrepied de ce que nous avons eu l'habitude de voir jusqu'alors : des machines toujours plus grosses, toujours plus encombrantes et toujours plus bruyantes.
Evidemment venue du pays du Soleil Levant une nouvelle approche tend à se généraliser. Une approche qui profite des progrès effectués ces derniers temps en matière de miniaturisation et d'intégration informatique pour nous proposer des machines nettement plus compactes que ce que nous avons l'habitude de voir. Pour que la solution intéresse le plus grand monde, il fallait tout de même parvenir à conserver un maximum de fonctions.
Shuttle et le FlexATX
Shuttle est un fabricant de cartes mère doté d'une certaine expérience même si ses produits sont jusqu'à présents restés plutôt discrets en France. Jusqu'à présent toutefois car le constructeur taiwanais est l'un des pionniers dans le domaines des ordinateurs miniatures avec l'exploitation d'un format PC presque inconnu de la plupart des utilisateurs : le FlexATX.Après l'ATX et son petit frère le MicroATX, voici donc un format encore plus petit : le FlexATX. Même si dans les faits, cette évolution du MicroATX n'est pas vraiment nouvelle, il faut bien reconnaître que jusqu'à présent les fabricant n'y prêtaient pas vraiment d'attention. Pourtant les dimensions de cartes mère à cette norme ont de quoi intéresser les amateurs de petits espaces. Pensez donc : tout un PC dans seulement 22.9cm x 19.5cm ! Voici d'ailleurs un petit tableau pour vous donner les dimensions maximales respectant les différentes normes de PC :
Shuttle présente sa gamme
Le premier produit Shuttle respectant la norme FlexATX fut le SV24 rapidement suivi du SV25 doté de caractéristiques très proches. Ces deux modèles sont basés sur une carte mère aux dimensions tout simplement incroyables compte tenu du nombre de fonctions intégrées : ses 178m x 190mm intègrent une carte mère bien sûr, mais aussi une carte réseau 10/100, une carte graphique avec sortie TV, une carte son et un contrôleur FireWire !Destinés au Processeurs sur Socket 370 (avec support des Tualatin pour le SV25) ces mini-PC furent un peu handicapés par des performances relativement modestes et par un bruit plus important que prévu. Il connurent tout de même un rapide succès grâce à une conception impressionnante, un design très réussi et une compacité évidemment remarquable. Ces machines qui ne se destinent évidemment pas aux joueurs forcenés peuvent rendre d'innombrables services et ce succès poussa bien sûr Shuttle à renouveller l'expérience...
... Avec des modèles destinés à des processeurs plus puissants comme les Athlons / Duron (le Shuttle SS40G) et les Pentium 4 (Shuttle SS50). Ces deux produits conservent bien évidemment les caractéristiques de base des SV24 et SV25 mais présentent également de nombreuses améliorations afin qu'ils puissent toucher un plus large public. Les performances sont tirées vers le haut par ces processeurs nettement plus puissants, mais ce sont en fait tous les composants qui ont connu une cure de jouvence avec cette nouvelle gamme. Le SS40G se distingue par une présentation qui tranche avec les anciens produits (on aime ou on aime pas) alors que le Shuttle SS50 qui nous servira de base pour la suite de cet article est plus classique.
La concurrence s'organise
Si Shuttle fait véritablement figure de pionnier, de précurseur, il n'est toutefois pas seul à exploiter cette nouvelle tendance. D'autres constructeurs ont flairé la bonne affaire et ont emboîté le pas au tawainais. Les concurrents sont évidemment nombreux mais surtout très variés et ont donc des objectifs relativement différents. Alors que le japonais Soldam se contente de présenter des designs différents en se basant toujours sur des cartes mère Shuttle, on trouve avec Chyang Fun une entreprise capable de produire aussi bien des boîtiers que des cartes mère et qui la première a sorti un modèle doté d'un port AGP.Freetech avec ses futurs produits à base de i845G est au même niveau que Chyang Fun alors que VIA du fait de son envergure incomparable se démarque. Le géant du chipset voit en effet les choses en plus grand. Sa gamme de produits baptisée Eden commence à faire parler d'elle et VIA la décline selon différents besoins : dans une voiture, dans des tablettes graphiques ou encore au milieu d'un mini-PC. Nous aurons l'occasion de reparler de cette gamme toute particulière plus tard et attardons-nous pour le moment sur le Shuttle SS50 et la façon dont il se présente.Le Shuttle SS50 constitue donc le coeur de notre article sur ces "mini-PC" et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord et nous remercions beaucoup Shuttle pour sa réactivité, c'est tout simplement celui que nous avons pu tester le plus longuement et pour lequel nous avons eu le plus de renseignements. Shuttle cherche vraiment à s'imposer sur nouveau marché et semble clairement s'en donner les moyens. Ce n'est évidemment pas la seule raison et le SS50 est également un produit plus abouti que les SV24 & SV25. Non que ceux-ci aient été bâclés, mais Shuttle a tiré une leçon des quelques erreurs qu'il avait pu commettre, notamment en ce qui concerne le bruit. Enfin, le Shuttle SS50 est un modèle que l'on trouve facilement ce qui d'ailleurs est depuis peu le cas du modèle (très proche au demeurant) à destination des Athlons / Durons : le SS40G.
Fiche technique
Avant d'entrer dans le détail (photos à l'appui) de la machine, il convient cependant de jeter un oeil à la fiche technique extrêmement complète du joujou. Nous avons déjà signalé la quantité de fonctions intégrée à la bête, la fiche technique est assurément un bon moyen de se rendre à quel point cela est vrai. Shuttle a en plus inclus dans la boîte quelques petits accessoires bien pratiques et ne semble vraiment pas avoir oublié grand chose !Processeur
Intel Pentium 4, modèle pour Socket 478 avec 400MHz de FSB
Chipset
SiS 650
Northbridge SiS650
Connexion MuTIOL au SiS961, 533Mo/s
Southbridge SiS961
Support de l'IDE via 2 canaux UDMA 33/66/100
Support de l'USB1.1
Mémoire
2 connecteurs de 184 broches pour DDR SDRAM
Support des DDR200 & 266 jusqu'à 2GB
VGA
Chip graphique intégré au SiS650
Compatible AGP v2.0
Fonctions 3D intégrées
RAMDAC intégré de 333MHz
Sortie TV via SiS301 jusqu'au 800x600
Audio
Chip audio intégré C-Media 8738-PCI-6CH/LX
Support du 5.1 et Système de positionnement audio C3DX
IEEE 1394a (FireWire)
Chip intégré Lucent FW323
Support des transferts à 400Mo/s, 200Mo/s et 100Mo/s
Ethernet
Chip intégré Realtek 8100B
Support des transferts à 100Mo/s et 10Mo/s
Support de la fonction Wake-On-LAN
Economie d'énergie
Conformité APM 1.2
Conformité ACPI 1.0
Gère le "suspend to DRAM" et le "suspend to disk", ainsi que tous les réveils hardware automatiques
Connecteurs du panneau avant
2 ports USB1.1
1 port 1394 (FireWire)
1 entrée micro
1 sortie haut-parleurs
1 bouton de mise sous tension
1 bouton de réinitialisation
1 baie 3"1/2
1 baie 5"1/4
Connecteurs du panneau arrière
2 ports PS/2 (Clavie et souris)
1 port VGA 15 broches
2 ports Série DB9
2 ports 1394 (FireWire)
1 connecteur S-Video / Composite
2 ports USB1.1
1 port RJ45
1 entrée ligne
1 sortie ligne
1 connecteur Voie Centrale / Basses
Connecteurs internes
3 connecteurs pour ventilateurs
1 connecteur d'alimentation ATX
1 connecteur ATX 12V
1 connecteur pour CD interne
2 ports PCI, 32bits Bus Master à la norme PCI 2.2
Tout ces éléments sont évidemment intégrés à la seule et unique carte mère du Shuttle SS50, la FS50. Il est à noter toutefois que le modèle destiné aux Athlons (SS40) dispose exactement des mêmes fonctions avec simplement une sortie optique en façade. D'ailleurs, sa carte mère est, comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous, très proche de la version Pentium 4.
A gauche la FS40 destinée à recevoir les Processeurs AMD. A droite, la FS50 son homologue Pentium 4.
Les dimensions des Shuttle SS50 et SS40 sont très proches de ce qu'offraient les anciens modèles pour Pentium III ou VIA C3. Malgré le port PCI supplémentaires on se retrouve donc avec une machine de 291mm. de long sur 201 de large et 188 de haut. Des dimensions vraiment faibles qui transforment ces PC en grosses boîtes à chaussures !
A la liste d'éléments intégrés à la carte mère, il nous faut ajouter les petits accessoires que Shuttle a placé dans la boîte afin de nous faciliter la vie. Avec le Shuttle SS50, nous disposons donc d'un système de refroidissement pour Pentium 4 (jusqu'au 2.4GHz) et d'une capsule de pate thermique. On trouvera égalements le manuel de la carte mère ainsi que le précieux guide de montage. Les classiques nappes (deux nappes IDE et une nappe floppy) sont de la partie mais sont un peu différentes de ce que l'on connaît puisqu'elles ont été légèrement modifiées pour épouser les formes du SS50. Enfin, nous disposons d'un CD-ROM contenant les nombreux pilotes nécessaires pour faire marche tout ce petit monde.
Livré tout monté...
... Mais il faudra en grande partie le démonter pour installer les différents composants que vous aurez choisit d'y installer. Une notice est fournit pour ne pas que l'on s'y perde, mais il faut reconnaître que de toute façon ce n'est pas très compliqué : seules quelques petites subtilités de placement des nappes méritent qu'un utilisateur expérimenté suive la notice livrée. Pas d'inquiétude non plus à avoir sur l'espace disponible à l'intérieur. Il n'est bien sûr pas possible d'y mettre quinze Disques durs, mais vous devriez pouvoir trouver de quoi vous satisfaire. Sachez enfin qu'il n'y aura pas de problème pour glisser vos gros doigts afin de tout brancher, contrairement à ce que l'on pourrait croire !La boîte du Shuttle SS50 peut sembler imposante sur la photo ci-contre, mais il ne s'agit en fait que d'un carton tout ce qu'il y a de plus ordinaire qui est aussi volumineux que deux boîtes à chaussures posées l'une sur l'autre. Au sortir de la boîte nous nous retrouvons donc avec la bête et une simple petite boîte en carton contenant en fait l'ensemble des accessoires que Shuttle a jugé bon de nous livrer. On trouvera également la précieuse notice de montage et il faut noter le soin apporter aux accessoires puisqu'un adaptateur Composite / S-Vidéo est également de le partie. Il sera utile à tout ceux qui souhaitent exploiter la sortie TV intégrée au SS50. Avant de procéder au démontage / montage, il sera nécessaire de bien identifier tous les composants nécessaires et il faudra aussi veiller à posséder un tournevis cruciforme comme pour tout autre PC.
Le Shuttle SS50 pose fièrement avec l'ensemble des composants que nous lui avons réservé.
L'ouverture du PC se fait très simplement puisqu'il suffit de retirer trois thumbscrews ("vis à pouce") et faire glisser le capot vers l'arrière. Ceci fait, il devient possible d'admirer l'intérieur du SS50 et de voir que l'ensemble est relativement vide. Nous avons donc procédé à une petite sélection, histoire de voir un peu comment remplir le joujou. Au programme : un lecteur DVD, un disque dur 20Go, une barrette mémoire 256Mo DDR, un processeur Pentium 4 1.6GHz et pour l'exemple une ATi All In Wonder Radeon PCI.
Un rapide aperçu du Shuttle SS50 avant le montage.
Malgré les apparences, il ne sera pas si difficile de monter l'ensemble de ces composants à l'intérieur du boîtier pourtant exigüe du SS50. Il faut dire que l'emplacement des différents connecteurs a, en règle générale, été très bien pensé et la notice fournie par Shuttle décrit point par point comment s'y prendre, photos à l'appui. Il sera tout de même nécessaire de faire bien attention à procéder dans l'ordre décrit sous peine de devoir démonter certains composants.
Mise en place du processeur et de son système de refroidissement en trois étapes.
Le premier élément à mettre en place sera évidemment le processeur, en l'occurence notre modèle NorthWood à 1.6GHz. Il se fixe très simplement dans le Socket 478 et il faut ensuite le surmonter du ventilateur fournit par Shuttle. Ceux qui auront acheté un processeur "box" pourront mettre le refroidisseur Intel de côté dans la mesure où celui-ci est trop haut pour rentrer dans le boîtier... Heureusement que Shuttle a pensé à ce "détail" ! Le fabricant a d'ailleurs pensé à beaucoup de choses puisqu'il nous livre également une petite capsule de pâte thermique.
Le ventilateur du processeur (un Arkua modèle 8568) est très réussi puisqu'il propose un bon compromis puissance / bruit comme nous le verrons plus tard. Il se distingue également par son système de fixation qui constitue ce que j'ai vu de mieux en la matière : une simple petite pression suffit pour fixer l'ensemble et une poignée très "intelligente" permet de décrcher le tout sans effort !
Le berceau du disque dur peut aussi recevoir un lecteur de disquettes.
Les étapes suivantes visent à fixer les périphériques pour lesquels vous aurez opté. Dans notre exemple, ne figure pas le lecteur de disquettes, il est vrai de moins en moins d'actualité. Nous avons par contre installé un disque dur et un DVD, tout deux en IDE. Vous pourrez vous reporter aux dernières pages de notre article pour trouver les différentes idées de configuration auxquelles nous avons pensé. Ici, les deux périphériques n'ont posé aucun problème : Shuttle fournit toutes les nappes nécessaires et certaines sont même déjà pliées pour pouvoir s'insérer plus facilement dans certains emplacement judicieusement découpés dans le chassis.
Les ports PCI avec et sans notre ATi All In Wonder Radeon.
La dernière étape dépend évidemment des pièces que vous aurez choisit, mais il s'agira toujours de remplir ou non les deux connecteurs PCI autorisés par la carte mère FS50. Dans notre exemple nous avons inséré une ATi All In Wonder Radeon, mais cette carte est hélas très difficile à trouver ces derniers temps. Il est possible de mettre beaucoup d'autres cartes même si de nombreuses fonctions sont déjà intégrées au Shuttle SS50.
L'ensemble du montage ne nécessite rien d'autre qu'un simple tournevis cruciforme et un utilisateur relativement habitué devrait mettre moins de 20 minutes pour avoir un joli petit PC en état de marche. Aussi bien conçu soit-il le SS50 ne peut évidemment pas prétendre avoir la même modularité qu'un PC standard et il est vrai que le changement de disque dur sera par exemple une opération relativement longue. Il faut en revanche saluer le talent des concepteurs car la mise en place des cartes PCI est vraiment simple et il est toujours possible de mettre de la mémoire une fois tous les composants en place !
Beaucoup de bruit pour rien ?
La question du bruit est évidemment importante pour une machine telle que le Shuttle SS50. Les nombreuses utilisations possibles que nous détaillerons dans la suite de l'article peuvent nécessiter un certain silence et il faut reconnaître qu'à la base le SS50 n'est pas aussi discret que sa taille le laisserait penser. Des progrès restent encore à faire mais on ne peut nier les améliorations apportées depuis le SV24. L'alimentation a été l'objet de nombreuses attentions mais elle reste malgré tout encore très bruyante et constitue du fait de son minuscule ventilateur (40x40mm), la principale source de nuisances, au contraire du ventilateur placé à l'arrière du boîtier (un 80x80mm) qui est le plus silencieux de l'ensemble.
La palme du bruit est donc remportée par le ventilateur de l'alimentation qui hélas sera assez délicat à remplacer pour le non-initié. Il sera pas contre relativement aisé de trouver un substitut au ventilateur qui équipe le processeur (un Arkua modèle 8568). Shuttle a mis en place un système de contrôle de la rotation en fonction de la température (à activer au premier démarrage), mais même au minimum (environ 2000-2300 tr/mn.), il nous envoie encore une preuve sonore bien tangible de son existence !
Le bilan reste tout de même très positif et pour peu qu'il soit placé dans un coin relativement loin de nos oreilles, il ne dérangera pas trop. Les amateurs de bricolage et les obsédés du bruit pourront cependant faire quelques modifications pour le rendre presque complètement silencieux : je pense par exemple au remplacement des trois ventilateurs par des modèles réputés comme les PAPST ou les PANAFLO. Il est également possible de couper la grille qui protège le ventilateur arrière et la remplacer par un modèle plus fin afin de limiter les prises d'air. Enfin certains ont également percé les "faux trous" à l'avant du Shuttle.
Voici quelques unes des modifications possibles, ici réalisées par Dremel Freak de PowerZone.
Le Shuttle SS50 intègre une solution graphique plus évoluée que les anciens SV24 / SV25 et offre en outre le support de la mémoire DDR. Associées au Pentium 4, ces deux améliorations promettent de bien meilleures performances que les anciens modèles, la question étant de savoir tout de même ce que l'on est en droit d'attendre d'une machine aussi petite. Nous avons pour cela procédé à quelques tests avec différentes configurations et différents logiciels.
Nous avons évidemment comparé le SS50 à une autre machine à base de Pentium 4. Celle-ci était équipée d'une carte mère Abit BD7 et d'une GeForce4 MX460 Leadtek, le reste de la configuration étant identique aux autres machines. Les Athlons étaient représentés par un ancien modèle à 1.33GHz et un XP1800+ tout deux sur une carte Asus A7V266 et épaulés par la même GeForce4 MX460 signée Leadtek. Les autres pièces de nos configurations étaient similaires pour permettre des comparaisons plus évidentes. Nous avons donc employé : un disque dur 20Go signé Western Digital, une barette mémoire DDR266 en CAS2.5, un DVD Asus 10x/40x, Windows XP et les derniers pilotes disponibles au moment du test pour chacun des composants utilisé.
PC Mark 2002 et Sandra 2002 nous permettent d'avoir des résultats certes théoriques, mais relativement complets. Ils permettent en particulier de voir les différences lorsque le Shuttle exploite de la mémoire cadencée à 100MHz ou à 133MHz. Malgré ces changements le mini-PC a bien du mal à soutenir la comparaison avec les autres systèmes : les test mémoires sont nettement à son désavantage même si bien sûr le réglage à 133MHz apporte un gain tout à fait sensible. Lors des tests Processeurs ou du test disque dur, le Shuttle s'en sort beaucoup mieux ce qui vient évidemment confirmer l'idée de machine de bureautique que l'on pouvait déjà se faire d'un si petit PC.
Pour compléter ces tests, il convient toutefois de voir le comportement du SiS650 lorsque la 3D est de la partie. Il s'agit après tout d'un chipset avec solution graphique 3D intégrée ! Que ce soit sous 3D Mark 2001 ou sous Quake 3 les résultats sont ici sans appels. Nous n'avons pourtant comparé le SS50 qu'à un Athlon 1.33GHz épaulé par une GeForce4 MX460 : une machine très abordable en somme. Les améliorations perçues précédemment avec le passage à un bus mémoire à 133MHz sont encore une fois perceptibles mais pas suffisantes pour rendre l'ensemble vraiment jouable. La mise en place d'une Radeon PCI montre encore une petite amélioration mais les résultats sont relativement étranges. En effet si nos benchs ne semblent pas montrer une grosse différence, les jeux que nous avons pu essayer ont tous démontré avec brio la supériorité de la Radeon sur le SiS650. Tous les jeux passaient beaucoup mieux et même des titres aussi récents que Jedi Knight 2 devenaient tout à fait jouables (en 800x600 cependant).
Il faut également dire que même le SiS650 permet de jouer à de nombreux titres comme nous le verrons lors des "configurations exemples". Bien que de nombreux jeux tournent finalement assez bien (jusqu'au 800x600) sur le Shuttle SS50, il ne faut cependant pas se faire d'illusions et il ne s'agit pas d'une machine destinée aux joueurs acharnés. Il y aura par contre beaucoup d'autres utilisations possibles. Le SS50 est par exemple parfaitemnt à l'aise avec les DivX ou les DVD. Il offre également des performances comparables à celles d'un autre Pentium 4 lors de la compression MP3 ou DivX.
Overclocking
Terminons enfin cette partie performances sur les résultats obtenus lors de nos tentatives d'overclocking. Notre Pentium 1.6A GHz de test est effectivement très réputé dans ce domaine et le chipset SiS650 a déjà fait des petites merveilles sur d'autres modèles de cartes mère. Notre premier essai directement à 133MHz de FSB s'est cependant révélé désastreux ! Le système ne démarrait tout simplement plus ! Nous avons raisonnablement et après avoir tout réinstallé, choisi une approche plus douce.A 110MHz de FSB aucun problème l'ensemble est tout à fait stable et les différences de température observées sont tout à fait minimes (progression de 3° / 4° à pleine charge). A 115MHz nous avons tenté d'utiliser le ratio 3:5 sur notre mémoire (qui passe alors à 192MHz !) et celle-ci n'a pas semblé vraiment d'accord : quelques plantages venaient nous gêner de temps à autre. Nous avons finalement pris le parti d'atteindre le 120MHz de FSB mais en exploitant le ratio mémoire de 3:4 (soit une mémoire à 160MHz) et l'ensemble de la petite machine s'est très bien comporté.
Notre processeur est donc passé de 1.6Ghz à un très confortable 1.92GHz avec le simple refroidisseur fourni par Shuttle. Je ne saurais cependant trop conseiller d'aller plus loin : le SS50 est une machine de petite taille et la chaleur monte rapidement à l'intérieur. Les sondes thermiques du processeur et du système donnent d'ailleurs des valeurs assez proches après quelques heures d'intense utilisation.Le Shuttle SS50 est une machine beaucoup plus évolutive qu'il n'y paraît. Elle dispose de quelques emplacements qui se révèleront suffisants pourvu que l'on ait une idée assez précise de ce que l'on veut en faire. Il faut effectivement savoir utiliser intelligemment les composants intégrés à la carte mère et les possibilités d'évolution pour ne pas se retrouver coincé avec une machine que l'on ne pourra exploiter comme on le souhaite.
Voici donc un petit guide pour récapituler brièvement quelques uns des usages que nous avons trouvé à cette machine. Chacun de ces usages dispose, à titre indicatif, d'une liste de composants envisageable afin que le SS50 remplisse au mieux son rôle. Il est bien sûr possible de trouver diverses solutions de remplacements ainsi que d'autres emplois possible pour cette machine... N'hésitez pas nous faire part de vos expériences !
Station bureautique
Du fait des performances relativement faibles observées précédemment, l'usage bureautique est évidemment celui auquel on pense en premier lieu. Sa petite taille permet au SS50 de se faire très facilement oublier et il conviendra à tous les utilisateurs quel que soit le système d'exploitation choisi. Aucun composant supplémentaire n'est nécessaire et on pourra se contenter d'un disque dur des plus modestes.Pour les utilisateurs de Windows 2000 / XP, 256Mo de mémoire ne constituent pas un luxe, alors que les autres pourront en rester à 128Mo / 160Mo ou 192Mo. Une machine de bureautique n'a pas besoin de grands espaces de stockages et un simple 20Go fera amplement l'affaire. Préférez d'ailleurs un disque 5400tr/mn voire moins si vous le pouvez, pour limiter les nuisances sonores et vous pourrez très bien vous passez des classiques lecteurs de CD-ROM / disquettes selon vos besoins.
Station multimédia
Le jukebox numérique devient très simple à mettre au point avec un Shuttle SS50. Selon vos besoins vous choisirez un disque dur de taille plus ou moins importante et vous veillerez encore une fois à prendre un modèle 5400tr/mn afin de limiter les nuisances sonores. Pour que la qualité de son soit parfaite, certains ne pourront s'empêcher de mettre une Sound Blaster Audigy ou une Terratec DMX 6fire, mais il faut reconnaître que le chip son 5.1 intégré au SS50 (le C-Media 8738) fait très bien son travail.Il me semble donc préférable d'investir dans de bonnes enceintes afin d'accompagner correctement la lecture de DVD ou de MP3. Il vous faudra pas contre un lecteur DVD digne de ce nom et si possible silencieux. Les modèles actuels sont assez proches les uns des autres et si ma préférence va plutôt aux produits LiteOn, c'est surtout qu'ils présentent un rapport qualité / prix assez exceptionnels hélas terni par un bruit élevé (il faudra donc employer des logiciels de limitations de vitesse pour réduire les nuisances).
Enfin pour plus de confort, il faudra envisager au choix l'ajout d'une télécommande ou l'emploi de clavier / souris sans-fil... Surtout si le SS50 est destiné à prendre place dans le salon ! Trouver une télécommande n'est pas chose aisée dans le monde du PC mais plusieurs solutions existent tout de même : celle qui a notre préférence est en fait à construire soi-même en suivant les directives décrites sur ce site. Pour ceux qui préfèrent les solutions "clefs en main", on peut trouver quelques télécommandes destinées au monde PC mais ce n'est pas évident en France. Enfin ceux qui ne peuvent se passer du bon vieux clavier pourront au choix se rabattre sur les modèles sans fil des différents constructeurs ou, et c'est à mon sens une meilleure idée, prendre un de ces clavier avec souris intégrée (les meilleurs, avec trackball et non trackpoint, sont assez chers hélas).
Station d'émulation
La taille du Shuttle SS50, sa puissance processeur (merci le Pentium 4) et sa sortie TV intégrée sont des atouts non-négligeables en vue de l'utilisation des nombreux émulateurs. Attention cependant, en matière d'émulation la loi est très précise : il faut impérativement posséder l'original du jeu ET de la console pour avoir un quelconque droit d'utilisation. Il existe cependant, et seulement pour les très anciennes machines (encore très amusantes pour certains genres), une relative tolérance.Cet usage ne pourra évidemment pas justifier à lui seul l'achat d'un Shuttle SS50 mais le plaisir de retrouver un bon vieux Street Fighter 2 sur l'écran de sa télévision est un plus non négligeable. Le coût de cette utilisation dépendra évidemment de l'émulation que vous projetez. Il vous faudra un disque relativement modeste puisque les ROM pour Super Nintendo tournaient autour de 1Mo à 4Mo. La vitesse du disque pourra n'être que de 5400tr/mn sans gêner l'émulation et vous gagnerez en bruit pour les autres utilisations. Le chipset SiS650 sera une solution graphique amplement suffisante pour une émulation basique, mais il faudra évidemment voir plus grand pour émuler la Playstation. Enfin le plus petit des Pentium 4 et 256Mo de mémoire suffiront largement, mais il ne faudra pas oublier l'accessoire indispensable : la manette type arcade... Les ports USB en face avant sont tout indiqués pour ce genre d'utilisation !
Machine de jeux en réseau
D'après les performances étudiées précédemment, il apparaît très clairement que le Shuttle SS50 aura du mal à satisfaire les joueurs. La puissance de son processeur central est en effet très limitée par la carte graphique intégrée au chipset. En plus de ne pas gérer les dernières fonctions en vogue dans le monde du jeu, le chipset SiS650 est à la traîne, même sur des jeux aussi anciens que Quake 3. Malgré cela le SS50 pourra faire une solution d'appoint tout à fait convaincante pour peu que l'on ait bien présent à l'esprit ses limites. Des titres 2D comme Heroes Of Might & Magic IV ou StarCraft tourneront par exemple sans aucun problème. Les jeux de gestion ou de stratégie les plus complexes comme Capitalism 2 ou Europa Universalis 2 ne feront pas plus de difficulté et, après quelques minutes dans les réglages, il sera même possible de jouer à Dungeon Siege par exemple !Théoriquement, il serait même possible d'aller beaucoup plus loin et de faire tourner des titres "à la mode" comme Jedi Knight 2 ou Medal Of Honor. Certains constructeurs distribuent en effet une carte relativement puissante sur port PCI : la GeForce4 MX420. Hélas il semble bien qu'à l'heure actuelle personne n'ait réussi à faire fonctionner cette carte avec les Shuttle SS50 alors qu'elle passe très bien sur les modèles inférieurs (SV24 et SV25). Espérons qu'une solution soit rapidement trouvée... Elle pourrait d'ailleurs venir d'un petit adaptateur en provenance du Japon : il permet de brancher une carte AGP sur l'un des ports PCI du SS50. Ce "joujou" n'est hélas pas encore disponible en Europe.
Une autre solution pourrait être trouvée avec l'arrivée prochaine de cartes Radeon sur bus PCI. PowerColor a déjà un produit basé sur le Radeon 7500 mais il semblerait que son importateur officiel (Asialand) ne soit pas très intéressé par cette carte... Dommage ! Le français Hercules prévoit pour sa part un modèle à base de Radeon 9000 mais il n'est pas encore disponible et dans ces conditions il semble délicat de faire du SS50 une vrai machine de jeux. Le SiS650 peut parfois suffire mais il semble beaucoup plus facile de prendre un simple Shuttle SV24 ou SV25. En leur ajoutant une bonne quantité de mémoire (256 ou 512Mo selon votre système d'exploitation), un processeur assez costaud (oubliez le VIA C3 et son silence, il faudra investir dans un Pentium 3) un disque dur rapide (7200tr/mn et tant pis pour le bruit) et la fameuse GeForce4 MX420 PCI, vous aurez alors une petite machine très facile à transporter chez des amis et suffisamment puissante pour bien s'amuser !
Les Radeon PCI : de quoi jouer avec son SS50
Serveur de fichiers, serveur Web
En équipant le SS50 de disques de grandes capacités vous pourrez tout aussi bien en faire un serveur de fichiers des plus discret. Il vous permettra d'avoir à porter de souris et sur n'importe quel poste de la maison / entreprise les différents fichiers nécessaires à tous. Il est même possible d'imaginer lui ajouter une carte réseau sans-fil ou une carte RAID pour lui offrir des fonctions plus complètes. La carte RAID n'est bien sûr pas indispensable mais permettrait d'exploiter les emplacements réservés au lecteurs de CD-ROM et lecteur de disquettes afin d'y mettre par exemple deux disques de 120Go en RAID afin d'avoir un vrai petit NAS parfaitement au point.Pour une telle utilisation l'addition peut rapidement être assez salée, mais ce n'est pas de la faute du SS50 en lui-même. Cela dépendra de vos besoins et donc des Disques durs, carte RAID et carte sans-fil que vous choisirez. Des disques IDE 120Go se trouvent maintenant à moins de 200€, tout le monde devrait donc pouvoir trouver son bonheur. Pensez également à lui adjoindre suffisamment de mémoire (512Mo n'est pas superflu) : ce genre d'utilisation peut rapidement se révéler gourmande.
Relativement proche de l'utilisation précédente, le serveur web se distingue évidemment par le besoin d'une connexion Internet de préférence permanente. Il faudra donc bien sûr prévoir, en plus du matériel précédent revu et corrigé (un disque dur plus petit suffira largement), un abonnement en conséquence pour évaluer le coût de revient d'un tel mode de fonctionnement. Enfin, en utilisant un simple DNS dynamique (du type dyndns.org), il sera facile d'obtenir une adresse "fixe" pour son serveur.
Web-TV
Du fait de sa petite taille et de sa discrétion, le Shuttle SS50 peut facilement devenir une excellente Web-TV. Son prix est certes un peu dissuasif et certains utilisateurs pourraient lui préférer des solutions moins coûteuses, mais à n'en pas douter, il dispose de toutes les caractéristiques nécessaires. S'il peut également servir à autre chose, histoire d'amortir l'investissement, il constituera donc un excellent moyen de surfer sur grand écran.La sortie TV du SiS650 est de bonne qualité et permettra donc d'exploiter très convenablement le 800x600 sur votre écran de télévision. Si une carte graphique est mise sur un port PCI il faudra par contre s'assurer que celle-ci offre encore une qualité suffisante. Cette utilisation est d'ailleurs la seule à ne nécessiter aucun investissement réel. Il faudra simplement un proceseur (n'importe quel Pentium 4 sur Socket 478 fera l'affaire), un peu de mémoire (à prendre en fonction du système d'exploitation mais la Web-TV n'a pas besoin de plus de 128Mo) et un disque dur (10Go en 5400tr/mn. suffiront largement).
Magnétoscope numérique
Voici pour finir la fonction qui m'a le plus intéressé dans ces mini-PC. Avec la carte Tuner-TV adéquat et un simple logiciel, il est en effet possible de transformer n'importe quel PC et donc bien sûr le Shuttle SS50 en magnétoscope numérique avec gestion du "Time-Shifting". L'intérêt de la première est assez évident puisqu'il sera possible d'enregistrer n'importe quelle émission avec une qualité meilleure que sur un magnétoscope standard et sans avoir à s'embêter avec les bandes. La seconde fonction est encore plus sympathique et si elle peut paraître "gadget", ceux qui s'en servent régulièrement ont bien du mal à s'en passer. Il s'agit de mettre l'émission regardée en "pause" afin de, par exemple, répondre au téléphone ou ouvrir au livreur de pizzas ! Le disque dur prend alors le relais et stocke la suite de l'émission. A votre retour, une simple pression sur "lecture" et votre programme reprend là où vous vous étiez arrêté. Le disque dur continue à enregistrer la suite et vous le restitue en fait avec un décalage.Pour la conservation des émissions enregistrées un magnétoscopes aura toujours l'avantage sur notre magnétoscope numérique, mais avec un peu de connaissances et de la patience, il est tout à fait envisageable de les conserver sur CD voire sur DVD. Le coût d'une telle solution est en revanche nettement plus élevée que les magnétoscopes traditionnels mais n'oublions pas le confort offert par le Time-Shifting et les nombreuses autres possibilités offertes.
Le Shuttle dispose de deux ports PCI, rien n'empêche donc de cumuler plusieurs configurations proposées. Pour notre magnétoscope, il faudra veiller bien sûr à installer une carte Tuner-TV sur l'un des ports d'extension. Cette carte doit posséder des pilotes WDM afin que Windows et les nombreux logiciels tierces puissent la reconnaître simplement. Il n'existe en effet pour le moment par de carte bon marché livré avec le nécessaire pour le Time-Shifting. La solution que je propose est donc l'achat d'une Studio PC-TV Rave à moins de 80€ (par exemple) et son association à un logiciel tel que PowerVCR ou WinDVR. L'un comme l'autre des deux programmes offrent toutes les fonctions nécessaires (dont le Time-Shifting)
Le reste de la machine sera relativement simple et dépendra beaucoup de vos objectifs. Le plus petit Pentium 4 fera évidemment l'affaire et la taille de disque dur pourra aller de 20Go à 120Go. S'il ne doit servir que pour le magnétoscope alors un 20Go sera amplement suffisant. Pensez également au graveur de CD / DVD si vous souhaitez conserver les enregistrements ainsi qu'à 256Mo suffisants pour ce genre d'utilisation.
Conclusion
Comment ne pas être enchanté par le Shuttle SS50 ? Malgré certains défauts de jeunesse et un prix peut-être pas aussi faible que certains l'auraient souhaité, la conception de cette petite machine est vraiment très séduisante. En moins de 3 kg, vous disposez d'un système 5.1 capable de lire n'importe quel DVD, DivX ou VideoCD, d'une machine capable de vous servir de station bureautique performante ou même avec quelques modifications de machine d'appoint pour les jeux en réseau par exemple. Grace à sa sortie TV de bonne qualité il est possible de l'associer à un téléviseur pour en faire un périphérique proche des "Web-TV". Il peut également devenir un très intéressant magnétoscope numérique et je suis sûr que de nombreuses autres utilisations peuvent lui être trouvées.
Il faudra par contre investir une somme d'argent relativement conséquente pour lui permettre de faire toutes ces fonctions simultanément et les moins fortunés préféreront certainement se reporter sur les plus anciens SV24 et SV25 qui offrent une polyvalence certes moins importante mais qui sont aussi nettement moins chers (un C3 n'est pas au prix d'un Pentium 4 !).
Sachez enfin que ce marché n'en est encore qu'à ses débuts. Shuttle ne s'endort pas sur ses lauriers et a déjà deux produits très intéressants à venir : le Shuttle SS51 qui est imminent et intègre un port AGP, et le SN40 destiné aux Athlon et doté du dernier nforce2. Enfin la concurrence s'intéresse de près à ces drôles de petites machines alors nul doute que l'avenir nous promet d'être toujours plus surprenant dans le domaine !