Novembre 2000, un petit développeur pratiquement inconnu surprenait tout le monde en lançant un véritable pavé dans la mare du jeu de stratégie temps réel. Un pavé intitulé Sudden Strike et mis au point par la talentueuse équipe de Fireglow. Travaillant toujours en partenariat avec l'éditeur qui a su leur faire confiance, Focus, et simplement après avoir pris le temps de développer une petite extension pleine de charme (Sudden Strike Forever), les petits gars de Fireglow nous reviennent aujourd'hui avec une suite fort prosaïquement dénommée : Sudden Strike 2.
Le succès de Sudden Strike s'est vérifié à peu près partout même s'il fut encore plus éclatant en Allemagne, terre d'origine des concepteurs. Malgré un prix assez élevé, l'extension Sudden Strike Forever avait, elle aussi, connu son petit succès, d'ailleurs largement mérité. Tant et si bien qu'aujourd'hui on trouve encore de nombreux joueurs prêts à en découdre sur Internet aussi bien qu'en réseau local. Fireglow comptait évidemment sur ce fort capital sympathie pour faire de ce Sudden Strike 2 une nouvelle réussite...
Second Strike !
Fireglow aime la Seconde Guerre Mondiale et nous le fait savoir puisque cette période historique des plus troubles, sert encore une fois de cadre à leur jeu de stratégie temps réel. Les développeurs ont également conservé leur approche "réaliste" du combat : il n'y a pas de ressources à collecter et nul besoin d'établir la moindre base pour produire des armées. Le joueur se voit confier une mission et dès le début de celle-ci, il dispose de tout ce qui lui est nécessaire pour la mener à son terme. Seule entorse à cette règle : des troupes parachutées pourront parfois venir en renforts.Quelques vidéos parsèment le jeu et égayent un peu des menus tristounets
Le concept général de Sudden Strike est en fait repris dans son intégralité. C'est ainsi que les moyens de parvenir au terme d'une mission sont à peu près les mêmes dans Sudden Strike 2. Les commandes et les ordres que l'on peut donner à ses troupes n'ont pas changé d'un pouce et le "réalisme" des combats est identique : pas la peine d'espérer mettre en déroute un char Tigre avec vos seuls fusiliers anglais. Il faudra également faire attention à ne pas foncer la fleur au fusil et utiliser au mieux les variations de terrain : le relief autant que les différents éléments du décor (bois, bâtiments, champs...) ont leur importance !
La partie solo du jeu est un peu plus riche que celle de son ancêtre et c'est avec plaisir que l'on découvre l'intégration d'un nouveau belligérant : le Japon. Cela porte donc au nombre de cinq les participants au conflit : le Japon donc, mais aussi l'Allemagne, l'Angleterre, les Etats-Unis et l'URSS. Avec une campagne pour chacun d'entre eux et un total d'environ 50 missions de difficulté progressive, Sudden Strike 2 peut se vanter de posséder une bonne durée de vie, d'ailleurs encore supérieure à celle du premier volet. Ces cinq campagnes se basent sur des événements précis de la Seconde Guerre Mondiale qui vous permettront de refaire l'histoire ! De la contre-offensive allemande sur Kharkov à l'attaque de Berlin par les Soviétiques, en passant par l'opération Market-Garden ou la prise du Rhin, vous aurez largement de quoi faire avec, cerise sur le gâteau, les opérations japonaises dans le Pacifique entre 1942 et 1945
Rafraîchissement des troupes
Si la présentation du jeu, les menus et les briefings de missions sont pratiquement identiques à ceux du premier Sudden Strike, il ne faut tout de même pas bien longtemps pour apercevoir la première innovation apportée par les gars de Fireglow : les cartes des champs de batailles sont nettement plus grandes qu'auparavant. Cette taille permet évidemment des affrontements de plus grande envergure (un maximum de 1000 unités simultanément !), mais elle permet également une plus grande variété des décors. Elle implique bien sûr de faire encore plus attention au monde qui nous entoure (les contre-offensives sont plus nombreuses) et accroît le rôle de l'observation.La venue d'un nouveau belligérant (le Japon) est évidemment l'occasion de nouvelles unités. On regrettera d'emblée et particulièrement en multijoueurs, le fait que les différentes factions soient assez déséquilibrées, mais après tout, c'est aussi une manière de donner un handicap aux meilleurs joueurs. Alors que Sudden Strike nous offrait un nombre assez hallucinant d'unités d'infanterie, la version 2 nous apporte de nombreux véhicules. Les habituels médecins, bazookas, commandos sont évidemment de la partie, mais vous pourrez aussi contrôler avec plaisir quelques babioles plus "robustes" !
Quelques-unes des très nombreuses unités disponibles
Sachez enfin que l'aspect logistique des affrontements s'est considérablement enrichi par rapport au volet précédent. Il devient ainsi possible d'emprunter de temps à autre des tunnels pour rester à couvert et surgir à des endroits que l'adversaire n'avait pas forcément prévus. Assez novateur également, le joueur pourra exploiter de nombreux appareils de transports pour acheminer troupes, matériel et renforts : avions, bateaux ou trains, vous n'aurez que l'embarras du choix. Certaines unités (les sapeurs) pourront également vous apporter leur aide en construisant des ponts ou des structures provisoires de protection.
Pour changer un peu des adversaires "virtuels", Sudden Strike 2 permet bien sûr de se lancer dans des affrontements avec d'autres humains. Comme on pouvait déjà le remarquer avec le premier volet, ce sont ces combats qui sont les plus intéressants. L'intelligence artificielle proposée dans la partie solo ne peut évidemment pas égaler la perversité d'un autre joueur de chair et de sang. On regrettera par contre que rien n'ait été fait pour rendre les batailles plus vivantes, plus rapides. On s'amuse toujours énormément lors de ces combats, mais comme la moindre erreur est rapidement fatale, on se surprend à pratiquer une guerre beaucoup plus basée sur l'observation et la prise de positions clefs que sur le mouvement.
Un petit coup de vieux ?
Forcément, avec autant d'emprunts au précédent volet, Sudden Strike 2 finit, parfois, par faire un peu vieillot. La réalisation est d'ailleurs la première à pâtir de ce relatif manque d'originalité. Etant donné ses moyens plus limités que d'autres studios, Fireglow n'a pas voulu prendre de risques et a de ce fait utilisé un moteur très proche (pour ne pas dire identique) de celui de Sudden Strike. Agé de près de deux ans ce moteur graphique commence à prendre de sérieuses rides et si l'esbroufe 3D des Empire Earth ou autres Warcraft 3 n'est pas forcément nécessaire, il faut reconnaître qu'ici, certaines fonctions manquent vraiment à l'appel : pas de rotation, pas de zoom et l'ensemble est parfois un peu confus du fait de la taille des unités.L'aviation dans tous ses états : au sol, en patrouille ou prête à l'attaque !
La réalisation pêche donc par un aspect graphique franchement daté, mais il faut aussi reconnaître que passée cette déception, la méthode de représentation, qui exploite une sorte de 3D isométrique, est loin d'être mauvaise. La confusion qu'elle peut engendrer est par contre bien réelle et elle est encore renforcée par la présence de nombreux petits défauts. Pris séparément ils sont insignifiants, mais mis à la suite les uns des autres, ils rendent le jeu un peu pénible parfois. Le brouillard de guerre est une bonne idée bien sûr, mais l'utilisation des jumelles pour observer certaines zones n'est toujours pas très pratique. Le déplacements des troupes est assez lent et, associé à un pathfinding perfectible, cela pourra énerver plus d'un joueur. Enfin les décors ne sont pas toujours très lisibles malgré la faiblesse de la résolution graphique (du 640x480 au 1024x768).
Parmi les défauts les plus gênants du premier volet, nul doute que la gestion des troupes figurait en bonne place. Hélas, Fireglow n'a absolument pas revue sa position dans ce domaine et le joueur pestera encore contre ces soldats incapables de garder une formation. L'amateur consciencieux sera contraint de pratiquer le micro-management à outrance s'il veut clairement positionner ses troupes en fonction de leur équipement et de leurs caractéristiques. Bien souvent le joueur renoncera à cette gestion pénible et se contentera d'une sélection plus approximative qui vient, hélas, mettre à mal une partie des éléments stratégiques, pourtant bien développés, que nous avons déjà mentionnés.
Pour changer, parlons un peu de la réalisation sonore, qui brille par sa discrétion. Sudden Strike 2 est là encore très proche de son ancêtre, mais cette fois pour la bonne cause. La musique d'ambiance est de bonne qualité et sa discrétion permet de se concentrer sur le jeu. On pourra regretter les bruitages peut-être un peu sommaires, mais finalement ceux-ci servent bien davantage la réflexion stratégique qu'ils ne la perturbent : on se concentre sur les mouvements de troupes et l'observation du terrain, les bruitages n'étant là que pour nous informer d'un quelconque danger.
Le mot de la fin sera pour la configuration nécessaire au bon fonctionnement du jeu. Oubliez immédiatement ce qu'il est possible de lire sur la boîte : un Pentium II 333 MHz n'est pas suffisant pour jouer. Tablez plutôt sur un processeur à 500-600 MHz et 128 Mo de mémoire vive. La carte graphique n'a par contre pratiquement aucune importance ce qui n'est bien sûr pas surprenant compte tenu des remarques graphiques que nous avons pu faire.
Les briefings sont clairs et pendant la mission, les objectifs sont clairement identifiables.
Bilan
Malgré des qualités indéniables, Sudden Strike 2 pourrait bien être perçu comme une petite déception. Fireglow a visiblement tenu à rester très proche du concept initié par le premier volet. Cette attitude tout à fait louable permettra aux habitués de retrouver rapidement leurs marques et de se lancer sans peine dans les nouveaux défis offert par Sudden Strike 2. Mais, à contrario, elle risque aussi de limiter la portée de ce nouveau titre : sa réalisation pourra paraître un peu austère pour un jeu de Noël 2002 et quelques-uns des défauts déjà critiqués dans le premier opus sont encore bel et bien présents.Attention, Sudden Strike 2 dispose toujours d'un excellent gameplay et devrait donner du fil à retordre à tous les stratèges en herbe. Les joueurs qui ne sont pas adeptes des dieux ATI ou NVIDIA découvriront avec plaisir ce jeu de stratégie au style inimitable qui devrait les tenir en haleine pendant un bon moment. En revanche, d'un côté les habitués, regretteront évidemment de retrouver les mêmes défauts qu'ils avaient relevés dans le premier volet autant qu'ils seront déçus par le manque d'innovation, et de l'autre, ce sont les amateurs de jeux à la réalisation plus flamboyante qui préféreront certainement attendre la venue d'un Age Of Mythology par exemple.
Pourtant Fireglow signe encore un fois, un jeu très riche doté de cartes aux dimensions étonnantes et à la stratégie foisonnante sans cesse renouvelée. Dans le monde de la stratégie temps réel, Sudden Strike 2 est finalement un jeu presque aussi atypique que son ancêtre mais deux ans après nul doute que la sauce prendra moins facilement : une excuse suffisante pour l'ignorer ? Assurément, non.