Alors que le graveur de CD est devenu monnaie courante dans la plupart des configurations du commerce, une nouvelle révolution se prépare tout doucement : celle du graveur de DVD. Cela fait un peu plus d'un an que nous entendons régulièrement parler de produits capables de graver quelques 4.7 Go de données sur un disque de 12cm et Pioneer, qui fait partie des pionniers (hi hi hi) sort des produits, estampillés DVD-RW, de plus en plus accessibles. Le fabricant japonais pourrait cependant se faire voler la vedette par une norme certes un peu moins répandue mais qui bénéficie du soutien de nombreux constructeurs : le DVD+RW, soutenu par Philips, Sony et d'autres compagnies comme ou Ricoh.
Ricoh n'est pas le premier venu en matière de gravure de CD. Le constructeur japonais figure d'ailleurs parmi les marques les plus réputées et les plus innovantes. Ce MP5125 est là pour témoigner de cette faculté d'innovation puisqu'il s'agit du premier graveur de DVD compatible avec le récent format DVD+R. La mécanique qui équipe ce modèle se retrouve sur un autre graveur relativement célèbre : le DVDRW228 de Philips. Nous avons pour notre test fait confiance au produit original, le Ricoh.
DVD-R, DVD-RW, DVD+R, DVD+RW, DVD-RAM ?
Avant de commencer la description du graveur proprement dit, il faut apporter quelques précisions sur les différents formats de DVD inscriptibles actuellement disponibles. Le DVD-RAM est le plus ancien et sans aucun doute celui qui possède le moins d'avenir. Son format propriétaire le rend peu compatible en lecture et ne le destine pas vraiment à une utilisation domestique. Les graveurs disponibles à ce format sont relativement rares et à en croire les différentes annonces des constructeurs, cette situation ne risque pas de changer de sitôt. Intéressons-nous donc plutôt aux deux vrais formats en compétition.Bien qu'ils soient parfaitement incompatibles l'un avec l'autre, ces deux formats s'avèrent en fait très proches tant en termes de performances que de caractéristiques techniques. Pioneer est à l'origine du DVD-R et de sa déclinaison réinscriptible, le DVD-RW, alors que c'est un consortium rassemblant les plus grands noms de l'industrie qui a initié le DVD+R/+RW. Cette seconde norme est celle qui semble devoir s'imposer à l'avenir mais Pioneer dispose de nombreux atouts pour faire valoir son standard, qui techniquement n'a pas grand chose à envier au DVD+R/+RW.
Si le DVD+RW Consortium, qui rassemble les plus grands noms et profite du soutien de Microsoft, dispose d'atouts indéniables pour s'imposer, Pioneer a encore largement de quoi faire pencher la balance en sa faveur avec en particulier un argument prix nettement en sa faveur (les médias vierges sont environ 50% moins chers). Ce sont finalement les consommateurs qui décideront du format que l'industrie devra adopter, la seule chose que l'on puisse souhaiter étant que cela se produise le plus rapidement possible.
Ricoh MP-5125A
Pour notre premier test d'un graveur DVD, nous avons porté notre choix sur un produit DVD+RW pour des raisons de disponibilité puisque pour le moment c'est le format le plus répandu. Ensuite, si nous avons choisi un Ricoh, c'est pour la réputation de la marque et le rapport qualité / prix généralement très intéressant qu'elle propose. Rapport qui pousse d'ailleurs nombre de fabricants à faire confiance à ses mécaniques pour mettre au point leurs propres modèles. Ce MP5125 sert en effet de base aux graveurs Aopen (DVRW-2412PRO), Hewlett Packard (DVD200i/e), Memorex (DVD 100), Philips (DVDRW228) et Sony (DRU-120A)... En gros pratiquement tout le monde quoi ! Puisque nous en sommes à parler de prix, le MP5125 se trouve justement à environ 500€ chez la plupart des revendeurs. Ce tarif, bien sûr élevé, est assez représentatif de l'état du marché des graveurs DVD.Pour une telle somme, l'acheteur se retrouve avec le graveur en lui-même, mais aussi un certain nombre d'accessoires. Ricoh livre par exemple quatre disques vierges immédiatement utilisables : 1 CD-R, 1 CD-RW, 1 DVD+R et 1 DVD+RW. En plus des classiques pièces de montage (vis, nappe IDE et câble audio), Ricoh a également soigné l'accompagnement logiciel, puisque rien de moins que cinq titres sont de la partie : Nero Burning Rom pour le mastering de CD et DVD, InCD pour l'écriture Packet Writing (un peu comme sur une disquette) sur CD et DVD, NeoDVD pour la création de DVD Vidéo, WinProducer pour la création et la manipulation de vidéos et enfin, plus classique, WinDVD pour la lecture de DVD. Pour ceux que ça intéresse, voici les dimensions de la bête : 145.6 mm. x 196.4 mm. x 41.6 mm. (largeur x profondeur x hauteur).
Le manuel livré avec l'appareil est pour le moins limité, mais comme l'installation du graveur et des logiciels ne devrait poser de problème à personne ce n'est pas trop grave. On regrettera tout de même que rien ne nous renseigne davantage sur les capacités du graveur et en l'absence d'un quelconque descriptif technique, on se rabattra sur Nero InfoTool pour obtenir ces précieuses informations. Notre capture ci-contre nous permet de voir qu'il est compatible avec la plupart des normes exception faite du DVD-RAM et bien sûr des DVD-R/-RW. Notons toutefois qu'il ne pourra même pas simplement lire des disques à ces formats.
La norme Mount Rainier ne fait pas non plus partie de ses attributions, ce qui n'est pas surprenant puisqu'à l'heure actuelle aucun graveur DVD ne supporte ce format d'écriture. En revanche, le nombre de mode qu'il peut exploiter est impressionnant. Rien ne manque à l'appel, pas même les modes "/96" capables de reproduire des disques aux formats "exotiques" et sa fonction JustLink lui permettra de palier à une interruption du flux de données sans gâcher le média. Enfin, la possibilité DAO Raw indiquée ici sera à vérifier lors des tests et comme tout lecteur DVD, le MP5125 est évidemment RPC II, donc zoné.
Terminons cette rapide présentation par l'un des éléments les plus intéressants : les capacités théoriques de gravure et de lecture parfaitement résumées par le logo officiel ci-contre. Les DVD pourront effectivement être lus à la vitesse de 11040 Ko/s. (8X) alors que les CD le seront à 4800 Ko/s. (32X). Les gravures devront bien sûr être effectuées un peu plus lentement et il faudra se contenter d'un 3312 Ko/s. pour les DVD (+R et +RW), d'un 1800 Ko/s. (12X) pour les CD-R et enfin d'un 1500 Ko/s. (10X) pour les CD réinscriptibles (CDRW). Des performances théoriques tout à fait satisfaisantes, si tant est qu'elles soient confirmées par nos tests.
Face à la faiblesse de la concurrence en matière de DVD, les performances ont une importance finalement relativement modeste. En France seuls trois modèles de graveurs DVD paraissent en effet dignes d'intérêt au vu des tarifs proposés : le Pioneer A04, le Ricoh MP5125 et le Philips DVDRW228. Le premier est un cas à part puisqu'il est à la norme DVD-R et n'entre donc pas tout à fait dans la même catégorie. Comparer les deux autres n'a pas beaucoup d'intérêt puisqu'ils sont faits sur la même base, une mécanique Ricoh.
Notre Ricoh était pour l'occasion associé à une configuration que l'on peut qualifier de moyenne. Il était donc brancher en maître du second port IDE alors que le premier port était occupé par un 120 Go 7200 tr/mn. La carte mère était, quant à elle, une Abit KG7 associée à 512 Mo de DDR et un Athlon XP 1800+.
Performances en lecture
Qui peut le plus, peut le moins comme dit le proverbe. Aussi les graveurs actuels peuvent très bien remplacer la plupart des lecteurs. Un graveur de DVD présente même l'avantage de pouvoir remplacer aussi bien un lecteur de CD qu'un lecteur de DVD. Pour ces quelques tests nous avons fait confiance à des logiciels très réputés dans leur domaine : Nero CD Speed fourni avec le célèbre logiciel édité par Ahead, permet d'avoir de nombreuses informations sur le comportement du lecteur alors que Nero CD DAE renseigne de manière plus précise sur les capacités d'extraction audio du périphérique.En lecture CD, le MP5125 est censé se comporter comme un modèle 32X, mais il faut bien reconnaître que sans être catastrophiques, les résultats ne sont pas conformes à cette valeur théorique. La lecture se termine bien à 33.20X sur notre CD d'exemple (une compilation de 700 Mo), mais, en moyenne, on ne dépasse que de justesse le 25X. Cela suffira heureusement pour la plupart des utilisations et permet d'ailleurs de conserver un niveau de bruit relativement faible.
La lecture de DVD donne des résultats un peu plus surprenants et pas vraiment conformes à ce que l'on pouvait attendre d'un tel produit. Nous avons procédé à trois types de lectures afin de couvrir la plupart des possibilités. Avec des DVD gravés (un DVD+R et un DVD+RW pratiquement saturés de données), le MP5125 est largement en dessous de ses capacités théoriques. Rappelons qu'il s'agit d'un 8X en lecture et comme vous pouvez le voir sur les graphiques ci-dessus, il peine déjà à atteindre les 5X ! En moyenne, nous sommes même en-dessous des 4X !
Ces 4X permettent tout de même un taux de transfert très correct (5520 Ko/s.) puisqu'à peu près équivalent au 36X des lecteurs de CD-ROM, tout en restant parfaitement silencieux. Mais compte tenu des performances avancées par le fabricant, on est en droit d'être déçu. Nous avons également décidé d'ajouter un test toujours réalisé avec Nero DVD Speed mais à l'aide, cette fois, d'un DVD Vidéo double-couche de 7.86Go (The Talented Mr. Ripley, disque 1) et ceci pour plusieurs raisons.
Un tel test est intéressant pour plusieurs raisons. Il permet tout d'abord de vérifier que le MP5125 est suffisant pour lire des DVD Vidéo, comme il suffit d'une vitesse de 1X le contraire serait malheureux ! Il permet en outre d'entrevoir ce que donnera le graveur lorsque des DVD-ROM double-couches arriveront sur le marché. Enfin, il nous offre la possibilité de tester un DVD pressé au contraire des DVD gravés des autres tests.
Le bilan de ce test DVD Vidéo n'est pas très convaincant puisque le MP5125 obtient même des résultats encore un peu plus faibles que précédemment avec une moyenne de 3.19X... On est bien loin des 8X théoriques !
L'extraction audio est un domaine particulier qui met souvent à mal les lecteurs de CD, bien que d'énormes progrès aient été accomplis ces derniers temps. Le MP5125 n'est pas un mauvais compétiteur mais il est loin de rivaliser avec les meilleurs de la catégorie. Avec notre CD Audio de test et ses 80 minutes d'enregistrement (No Quarter de Jimmy Page et Robert Plant), le Ricoh est parvenu à une moyenne de 20,1X et des pointes à presque 27X. Un résultat moyen mais qui devrait tout de même être suffisant pour de nombreux utilisateurs, d'autant que la qualité d'extraction ne souffre aucune critique.
Performances en gravure
Qu'un périphérique comme le MP5125 puisse faire office de lecteur de CD/DVD est certes une bonne chose, mais ce n'est tout de même pas sa vocation première. Il est donc temps de voir plus précisément son attitude face aux gravures de CD et plus important encore de DVD ! Espérons cette fois que les performances avancées par le fabricant soient confirmées par nos tests réalisés sous Nero Burning Rom en version 5.5.9.0.Pour tester la vitesse de gravure nous avons tout bonnement réalisé une compilation CD (701 Mo) et une compilation DVD (4479 Mo) que nous avons gravées sur un support standard puis sur un support réinscriptible. Les résultats rassemblés dans le tableau ci-dessus parlent d'eux-mêmes. Les valeurs obtenues sont assez proches des valeurs théoriques et le moins que l'on puisse dire est que ce Ricoh MP5125 remplit très bien la tâche qui lui est dévolue... Nous n'en attendions pas moins de la part d'un tel fabricant !
Après la gravure, vérifions la vitesse de formatage d'un disque réinscriptible. Pour ce test nous avons continué à faire confiance à Nero Burning Rom et nous avons, pour chaque media, fait deux tests de formatage : rapide et complet. On pourra le plus souvent se contenter du premier mais de temps à autre il peut être utile de procéder à un formatage complet en particulier lorsque la gravure s'est mal passée.
Le MP5125 s'est montré incroyablement véloce sur les tests rapides et il n'a fallu que 32 secondes pour effacer un CD-RW de 650 Mo ! Encore plus incroyable, 8 petites secondes ont suffit pour effacer les quelques 4.7 Go de données de notre DVD+RW de test... Remarquable ! Les formatages complets se sont bien sûr révélés beaucoup plus lents, mais rien de catastrophique : ils sont restés dans des normes très acceptables. Moins de 8 minutes pour un CD-RW et un petit peu plus de 24 minutes pour un DVD+RW.
Terminons ces tests de gravure avec un autre logiciel, CloneCD dans sa version 4.0.0.1. Mis au point par Elaborate Bytes, ce logiciel se distingue par son mode de fonctionnement : il effectue en effet des copies en mode DAO-RAW, ce qui lui permet de reproduire à l'identique pratiquement n'importe quel CD pourvu que le graveur utilisé soit capable d'exploiter ce mode de fonctionnement. Un petit tour dans les options de CloneCD nous permet justement d'avoir des informations sur notre périphérique. La liste retournée par CloneCD est assez complète, mais seules les lignes de la fin nous intéressent et en particulier celle-ci : "Support du mode DAO-RAW".
Tout n'est cependant pas parfait et comme nous l'avions déjà remarqué lors du test du Yamaha CRW-F1E, il ne suffit pas que cette technique soit implémentée pour garantir des copies parfaites. Le MP5125 de Ricoh souffre en effet du même défaut que le Yamaha : il ne supporte pas la correction EFM avec les dernières versions de SafeDisc. Un disque protégé de cette manière et reproduit avec ce graveur fonctionnera donc parfaitement à condition de n'être utilisé qu'avec un Ricoh MP5125.
Conclusion
Bien qu'il faille certainement attendre encore quelques mois avant de voir se diffuser en masse les graveurs de DVD, ce Ricoh MP5125 nous a déjà fait très bonne impression. Capable d'enregistrer 4.7Go en moins de 30 minutes, il pourra également remplacer vos lecteurs de CD / DVD même si ses performances dans ce domaine restent moyennes. Il est bien sûr capable de graver sans encombre les CD-R et RW. Doté des derniers raffinements, il ne ternit pas l'excellente réputation de Ricoh dans le domaine de la gravure et il ne lui manque que quelques fonctions particulières pour être absolument complet.
Reste qu'à près de 500€, il ne peut évidemment toucher le plus grand nombre. C'est toutefois un problème presque mineur dans la mesure où le principal frein est celui du prix des médias vierges. En France, il faut compter environ 12€ pour un seul et unique DVD+R et même 15€ pour le modèle réinscriptible, le DVD+RW. Ces tarifs prohibitifs ne devraient toutefois pas durer, car de plus en plus de constructeurs proposent de tels produits et que déjà, aux Etats-Unis, on peut trouver des disques "sans-marque" aux environs de 3-4€ !
En l'état actuel des choses le DVD enregistrable reste confiné à un public de passionnés relativement restreint mais nul doute que l'année 2003 sera celle du déclin pour les graveurs traditionnels, pourvu que les fabricants parviennent à se mettre d'accord sur un standard unique et que "DVD+" / "DVD-" arrêtent de se faire la guerre sur un marché simplement en devenir.