Après les 400.000 exemplaires de Ring premier du nom sorti en 1998, c'est tout naturellement que Philippe Druillet et Arxel Tribe se sont de nouveau associés pour mettre en chantier une suite à ce succès du jeu d'aventure. Une suite évidemment dotée d'un thème et d'un concept relativement proches de son aîné, mais bénéficiant des progrès réalisés en quatre ans d'évolution technique. Une suite qui devait ravir les amateurs, quelque peu délaissés, de jeux d'aventure : Ring 2.
Présentée par Arxel Tribe lors de l'ECTS 2002 (cf. notre article sur le salon londonien), Ring 2 ne nous avait pas fait l'effet d'une bombe, mais semblait présenter la plupart des ingrédients pour faire un jeu d'aventure très convenable. Il ne faut pas être trop exigeant dans ce domaine en ce moment, vu le peu de titres développés et depuis le très sympathique Syberia de Microïds (cf. notre test), c'était tout simplement le vide absolu...
Siegfried et l'Anneau des Niebelungen
L'histoire contée au cours de Ring 2 ne commence pas là où s'arrêtait celle du premier volet... Pas du tout même. En fait, le nouveau jeu de Philippe Druillet nous invite à partager le destin de Siegfried fils de Siegmund et Sieglinde. Comment, ça ne vous dit rien ? Mais si voyons, Siegfried ? Le gars qui a tué le dragon Fafner ? Non, Vraiment rien ? Bon, ben c'est pas grave, vous pourrez au moins vous dire qu'avec Ring 2 vous en apprendrez un peu plus sur l'une des légendes les plus célèbres de la mythologie scandinave. Une légende qui a inspiré beaucoup d'écrivains et en particulier un petit anglais dont on parle beaucoup en ce moment : J.R.R. Tolkien.Perdu entre les corniches invisibles, les pièges résolus avant d'arriver et les énigmes incompréhensibles.
En apprendre un peu plus sur cette légende sera cependant la seule chose à espérer de ce jeu complètement indigne de l'épopée de Siegfried. Il n'est d'ailleurs pas plus digne de cette aventure, que de l'immense oeuvre de Druillet ou même des logiciels certes plus modestes mais tout à fait corrects édités par Arxel tribe. Ring ne nous avait pas franchement enthousiasmé, mais après quelques minutes de "jeu", il n'y a plus de doutes possibles : Ring 2 est bien pire !
Réalisation anachronique pour gameplay asthmatique
En nous confiant le rôle de Siegfried, Arxel Tribe oriente son jeu vers une aventure plus simple. Il n'y a en effet dans Ring 2 qu'un seul et unique personnage à contrôler tout au long de la partie. Un personnage que l'on guide au travers de séquences qui sont autant de tableaux retraçant une étape de sa vie. Voilà l'un des principaux reproches que l'on fera aux développeurs de Ring 2. Ils content l'histoire de Siegfried de manière incroyablement décousue. Le résultat ne se fait pas attendre et à moins de connaître toute l'épopée, on n'y comprend pas grand chose et on s'ennuie bien vite.
La réalisation n'aide d'ailleurs pas vraiment le joueur à s'y plonger tant elle est déficiente. Il n'y a pas grand chose à reprocher aux décors de Philippe Druillet et s'ils ne plaisent pas à tous c'est simplement une question de goûts. En revanche, la pixellisation des personnages 3D incrustés à ces mêmes décors est absolument indigne d'un jeu actuel ! Pire encore lorsqu'on contemple les "30 minutes de superbes cinématiques venant ponctuer le souffle épique de cette saga" dont parle la boîte ! Ces séquences tiennent davantage de l'immonde bouillie de pixels de ce que j'ai coutume d'appeler "vidéo" : c'est moche, c'est mal animé et il n'est pas possible d'imaginer voix plus mal choisies pour doubler les personnages !
Si certains passages sont tellement ratés qu'ils prêtent carrément à rire, il faut bien avouer que le plus souvent c'est l'impression d'un immense gâchis qui domine. Ce sont les développeurs d'Arxel Tribe qui le disent : les gens n'aiment pas se prendre la tête sur des jeux d'aventures trop compliqués.... Pourquoi pas, mais je suis bien certain que les gens n'aiment pas non plus finir un jeu à 45€ en moins de 6 heures en ayant comme seules difficultés : une gestion hasardeuse des collisions, des angles de caméra incongrus et un casse-tête incompréhensible (un seul je vous rassure) ! Le jeu se résume la plupart du temps à explorer trois ou quatre écrans d'une scène, y découvrir quelques objets et les utiliser dans le bon ordre au bon endroit... Palpitant, non ? Pas le moindre humour, le moindre effet spectaculaire pour relever tout ça ! Simplement quelques petites séquences "actions" plus énervantes et ridicules qu'autres chose, histoire de voir une bonne quinzaine de fois l'écran, que l'on ne peut interrompre, de votre mort prématurée !
Certaines phrases sont dignes du Vercingétorix de Jacques Dorfmann !
Malgré certains passages un peu plus retors que d'autres du fait de bugs ou d'incohérences exaspérantes (il fallait la voir cette satanée corniche !), la durée de vie de Ring 2 n'excède pas 10 heures. L'expérience se termine en fait très rapidement et sans vraiment avoir pu commencer. Rarement un jeu d'aventure n'aura laissé aussi indifférent au sort de son héros et on regrette finalement bien vite de s'y être essayé. On regrette d'ailleurs de l'avoir simplement installé (400 Mo) et on regrette même d'avoir pensé un seul instant que cela pouvait constituer un divertissement...
Conclusion
Ring 2 est un jeu à éviter absolument : on ne peut pas être plus clair. Développer une aventure grand public est certes une idée louable, mais il ne faut pas que ça devienne un prétexte pour faire n'importe quoi. C'est pourtant tout à fait le cas ici. La réalisation est évidemment ce qui choque le plus avec des cinématiques d'un autre temps et une incrustation des personnages 3D complètement ratée. L'aventure en elle-même n'est cependant pas mieux lotie avec une partie qui commence sans même avoir pris le temps d'expliquer au joueur le pourquoi du comment.L'ennui gagne rapidement et le découpage du jeu en petites saynètes n'arrange rien à l'affaire. Les énigmes sont d'une facilité déconcertante et même un enfant de huit ans devrait terminer le jeu en moins de 10 heures... S'il en a la patience ! Il faut vraiment être testeur pour "s'amuser" à aller jusqu'au bout de Ring 2, le crépuscule du jeu ?